Adélaïde
Dufrénoy
Née à Nantes en 1765, elle devient de ce fait une femme de Loire qui dans les siècles passés écrivit de la poésie. Il convient de déplorer le peu d'écrits attribués à des femmes disponibles en ces temps lointain, comme si les femmes n'étaient qu'amante ou princesse.
L'Amour
Passer ses jours à
désirer,
Sans trop savoir ce qu'on désire ;
Au même instant
rire et pleurer,
Sans raison de pleurer et sans raison de rire
;
Redouter le matin et le soir souhaiter
D'avoir toujours droit
de se plaindre,
Craindre quand on doit se flatter,
Et se
flatter quand on doit craindre ;
Adorer, haïr son tourment ;
À
la fois s'effrayer, se jouer des entraves ;
Glisser légèrement
sur les affaires graves,
Pour traiter un rien gravement,
Se
montrer tour à tour dissimulé, sincère,
Timide, audacieux,
crédule, méfiant ;
Trembler en tout sacrifiant,
De n'en
point encore assez faire ;
Soupçonner les amis qu'on devrait
estimer ;
Être le jour, la nuit, en guerre avec soi-même ;
Voilà
ce qu'on se plaint de sentir quand on aime,
Et de ne plus sentir
quand on cesse d'aimer.
Le
Besoin d'aimer
Pourquoi depuis un temps, inquiète
et rêveuse,
Suis-je triste au sein des plaisirs?
Quand tout
sourit à mes désirs,
¨Pourquoi ne suis-je pas
heureuse?
Pourquoi ne vois-je plus venir à mon réveil
La foule des riants mensonges?
Pourquoi dans les bras du sommeil
Ne trouvé-je plus de doux songes?
Pourquoi, beaux-arts,
pourquoi vos charmes souverains
N'enflamment-ils plus mon
délire?
Pourquoi mon infidèle lyre
S'échappe-t-elle de mes
mains?
Quel est ce poison lent qui pénètre mes veines,
Et
m'abreuve de ses langueurs?
Quand mon âme n'a
point de peines,
Pourquoi mes yeux ont-ils des pleurs ?
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