mercredi 12 juillet 2023

Femmes de Loire : présentation

 

Femmes de Loire




La Loire, ce fleuve féminin, a de tous temps inspiré les peintres, les poètes et les romanciers. Entre Guillaume de Lorris et Louis Aragon, de nombreux écrivains, plus ou moins célèbres, ont immortalisé notre belle vallée ligérienne. Ils étaient tous hommes, ce qui explique sans doute que la Loire pour eux était une dame. Nos premiers pas se porteront vers cette rivière aimé à la folie d'une passion à ne pas croire ...

Pendant des siècles, le jardin de France attira les rois, leurs épouses, leurs favorites et toute une cour. Ce fleuve royal a été comparé à une femme, parfois à une reine, grâce à sa beauté, souvent changeante, toujours charmante. Sa fantaisie, son indolence, ses colères, ses emportements, ses douceurs, ses torpeurs ne peuvent laisser indifférents les rois et les manants, les Princes et ses humbles riverains qui se sont tous pâmés d'amour pour la belle

Comme dans toute relation amoureuse, des crises, des incidents sont venus ternir le tableau. Ses sautes d'humeur, ses débordements, ses embâcles, ses débâcles, ses sécheresses, ses drames ont laissé leur terrible cortège de tristesse, de malheur, de drames humains et de morts innombrables. Curieusement, les auteurs préfèrent décrire leur l'admiration pour la Loire et peu peu de littérateur s'attachèrent à la face noire de la dame.

La Touraine et L'Anjou plus particulièrement en tant que résidences privilégiées des grands du Royaume ont donné naissance à des belles et célèbres amoureuses. Parmi elles Gabrielle d'Estrées qui fit tourner la tête d'Henri IV, Agnès Sorel qui troubla le pourtant très austère Charles VII, La duchesse de Lavallière qui eut les honneurs de Louis XIV.

D'autres femmes s'imposèrent non par la jarretière et le cotillon mais par un véritable rôle qu'il soit politique ou bien culturel. Celles-ci sont loin de l'image de frivolité des précédentes. Elles ont nom Marie d'Anjou qui fut reine de France, Anne de Beaujeu la fille de Louis XI, Marie de Médicis épouse de Henri IV puis régente, Aliénor d'Aquitaine deux fois reine et plus encore, … Bien sûr, il est impossible de ne pas évoquer Jeanne d'Arc qui tissa son chemin de gloire en bord de Loire avant que de périr en bord de Seine.

Pendant des siècles la Loire fut la grande voie de communication préférentielle pour les marchandises voulant circuler dans le royaume. Que ce fut de l'intérieur du pays comme de l'Atlantique ou même de la Méditerranée, la rivière Loire et les fleuves allant à icelle furent le poumon économique du pays. Les voyageurs eurent eux aussi la possibilité d'emprunter de réseau et de participer à des aventures dont on trouve trace dans les récits épiques de la Marquise de Sévignée. Sa correspondance nous en dit beaucoup sur la vie quotidienne des mariniers et des riverains 

Mais c'est d'abord à ces femmes anonymes qui tout au long du fleuve ployèrent sous des travaux harassants, délicats ou inconvenants qu'il convient de rendre hommage. Il est bien sûr beaucoup plus délicat d'en trouver trace. Fort heureusement la chanson leur fit une petite place. Elles étaient femmes de mariniers et parfois marinières elle-même, lavandières ou plus exactement laveuses à la langue bien pendue, hôtesses, serveuses ou filles de joie dans les tavernes, bordeaux et autres auberges riveraines.

Il y avait encore les dames de l'eau, sirènes, fées ou bien sorcières qui hantaient l'imaginaire et pouvaient donner la main aux marins en détresse. Il n'est qu'à évoquer la fée Houlippe propre au folklore de l'orléanais, Morgane ou Mélusine plus à l'ouest tandis que la Vouivre n'est pas que le fruit de l'imaginaire de Jean-Pierre Simon. De toutes celles-ci et de bien d'autres nous nous attacherons à narrer l'existence.

Les siècles passés n'ont guère rendus hommages aux femmes, les cantonnant dans ce rôle de muse ou d’intrigante qui convenait si bien à ces hommes de plumes ou de pouvoir qui prenaient toute la place de la postérité. Vouloir trouver une femme de lettres ou bien une artistes dans ce passé voué à la domination masculine n'est pas aisé. Ce travail m'aura permis de découvrir à quel point, la Femme a été reléguée au rang de faire-valoir.

Bien-sûr, nous n'échapperons pas à l'évocation de celles qui ont laissé leur nom dans l'histoire grâce à leur charme incomparable. Il convient pourtant de reconnaître que la belle bergère n'a les honneurs que des contes de fées mais jamais ô grand jamais des anthologies et des chroniques. La seconde partie de cet ouvrage sera une sorte de chronique mondaine des grandes dames de Loire.

Auparavant, je le répète dans c'est nécessaire, acceptez de découvrir par d'autres biais des femmes qui ont vécu en bord de Loire et qui n'ont inspiré que les auteurs de chanson. C'est alors la Femme, comme entité et non individualité qui est évoquée.

Notre quête nous entraînera ensuite à découvrir des créatrices, des actrices de la vie ligérienne sans pour autant à de rares exceptions prêt, les trouver dans les siècles passés. C'est pourquoi, je tiens ici à rendre hommage à ces innombrables femmes anonymes qui ont vécu au bord de la rivière, lui a donné leur énergie et leur courage, l'ont aimée ou maudite, lui ont sacrifié leurs espoirs et leurs rêves et dont les noms et les ouvrages resteront à jamais oubliés. Les véritables Femmes de Loire, sont celles-ci.

 

à suivre 

Illustration

« Requiem de Loire »  

Sculptures Anne Boisaubert 

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