En chamboulant le temps
En bousculant l'histoire
En martyrisant la chronologie
En travestissant la vérité
En défiant la logique
Et en grimant les personnages
Le bonimenteur vous invite à le suivre
Lorsqu'il vous déclare avec gravité :
« Il advint une bonne fois pour toute !
Qu'il vous faudra bien accroire »
Il
était une fois deux fermes voisines sur le Ségala. Les familles y
vivaient en paix, on peut même dire que la concorde et l'amitié
régnaient en maîtresses des lieux. Tout allait bien, du moins en
apparence, car comme souvent, le mal sournois de la jalousie ronge
même les esprits les moins sujets à ce genre de stupide gangrène
sociale.
Revenons
à nos taureaux, car à défaut de moutons, c'est eux qui tiennent la
vedette de cet épisode peu glorieux de la bataille ancestrale du
dominant et du dominé. Pour la famille Coubyr, le taureau depuis des
générations se nommait « Pompon ». Les injonctions
bruxelloises pour identifier tous les animaux agricoles à quatre
pattes n'y faisaient rien. Et même si ce Pompon là était né en
une année en « A », qu'il avait papier officiel et
numéro d'immatriculation sous le patronyme «d'Affreux », il
était Pompon comme tous les autres …
De
l'autre côté du fil barbelé, chez les « Malcou », il y
a avait « Pataud ». Lui aussi était assigné à ce
prénom charmant de père en fils, même si la génétique naturelle,
depuis fort longtemps n'était plus responsable de la succession des
générations dans ces fermes d'élevage du Haut-Ségala. L'autre
était d'une année en « C », plus jeune, bien plus
fougueux que son rival et voisin aveyronnais.
Les
relations taurines eurent dû continuer ainsi comme le firent bien
avant eux les premiers Pompon et Pataud de la longue succession qui
les a précédés. Mais voilà que l'impondérable et les soucis
sécuritaires dans l'élevage moderne ont apporté leur grain de sel.
Pompon quand il était encore chez son éleveur sélectionneur fut
privé de ses cornes. On le devinait agressif et chafouin, il fallait
préserver le futur fermier qui l'aurait en charge !
De
cette terrible ablation, Pompon ne s'était moralement jamais remis,
d'autant plus que l'infâme Pataud, ce jeune paltoquet, en portait
fièrement une belle paire sur la tête, à vous faire damner de
jalousie. Chez les bêtes aussi, les questions d'apparence prennent
des proportions énormes, nous allons bientôt nous en rendre compte
…
Pompon,
manifestement traumatisé, détourna son sentiment de frustration en
une énorme agressivité contre son jeune rival. Leurs relations en
permanence conflictuelles, vinrent sonner le glas de la belle
harmonie historique qui régnait jadis entre les Pompons d'en haut et
les Pataud d'en bas. Les familles Coubyr et Malcou ignoraient alors
tout du changement d'époque qui était en train de se produire ...
Des
regards de travers, des mouvements du sabot, des souffles vengeurs,
des beuglements discourtois furent les premiers signes d'une guerre
larvée. Pompon bénéficiait encore du bénéfice de l'âge et en
profita l'an passé, pour mettre une belle rouste à ce jeune
encorné. Mais la vengeance est un plat qui, chez les taureaux aussi,
se mange froid. Ce qui devait advenir, advint en ces premiers jours
d'août 2012.
À
l'heure où l'éleveur fait rentrer ses bêtes à l'étable pour
nourrir les veaux sous la mère, il manquait trois bêtes à l'appel
… Pompon était des absents, ce qui ne manqua pas de l'alarmer même
si le taureau n'est que de peu d'utilité pour nourrir les veaux, sa
présence tutélaire rassure ses femelles et ses quelques rejetons.
Beaucoup sont hélas les fruits de l'inséminateur, plus régulier
que le brave géniteur …
Le
père Coubyr, les soins aux veaux achevés, entreprit de s'enquérir
des absents. Il ne tarda pas à retrouver ses bêtes et ce qu'il vit
alors lui indiqua en peu de temps la nature du drame qui venait de se
nouer. Les clôtures étaient sens dessus-dessous, le fil électrique
jeté à terre comme un fétu de paille et pire, la solide quadruple
rangées de barbelés totalement arrachée. Il y avait eu bataille
titanesque à n'en point douter !
Pire,
Pompon gisait au sol, mourant ou peu s'en faut. Incapable de la plus
petite réaction, le solide limousin était sur le flanc, vaincu par
son rival, humilié, fauché comme la seconde coupe de foin. Il
n'était plus que l'ombre du fier et arrogant chef de troupeau. Il
n'avait plus qu'à se laisser mourir tant la défaite avait été
cuisante.
Car,
non seulement, l'abominable Pataud lui avait mis une rouste dont on
ne se remet pas au pays des mâles reproducteurs, mais pire encore,
il avait emporté, pour trophée de sa victoire, deux des plus belles
femelles du troupeau. Le forfait dont on ne peut se remettre quand on
a de la dignité et de l'amour propre. Vaincu, passe encore mais cocu
quand on n'a plus de cornes, comment garder la tête haute et revenir
à l'étable ?
Voilà,
vous savez tout ou presque de ce drame bovin. Les relations entre les
deux fermes vont-elles pâtir de ce qui se noua sur la pâture ? Nous
n'en savons rien, pour l'heure, c'est le duel des experts qui va
prendre le devant de la scène. Pompon va fermer les yeux
définitivement, l'euthanasie est sa seule porte de sortie.
Voilà
comment finit la triste histoire d'un taureau à qui l'on a coupé
les cornes. Que les hommes se souviennent qu'il ne faut pas se mêler
de ce que la nature a fait, ils seront alors plus sages ! Il y aura
un autre Pompon, qu'importe la lettre qui sortira du chapeau. C'est
ainsi depuis toujours, il n'y a pas de raison pour que ça change
dans ce petit coin de France !
Il
était une fois une famille installée en bord de Loire. De
génération en génération, il y avait un rituel de passage, un
moment particulier dans la vie des enfants. C'est à cette étrange
occasion que se jouait le destin de chacun. Tout avait commencé il y
a si longtemps que nul désormais ne savait l'origine de cette
étrange liturgie familiale. Il se dit parfois, dans les soirées
autour de la cheminée que c'est un barde breton de la pointe de
Corsen qui était venu ici semer la curieuse pratique …
Au
seuil de l'adolescence, quand l'enfant cessait de l'être pour
laisser place à un futur adulte, le grand-père se chargeait de
celui qui allait être initié. L'ancêtre emmenait le long de la
rivière celui ou celle qui allait devoir faire un choix décisif.
Personne dans la famille n'en ayant soufflé mot, l'enfant pensait
aller à une partie de pêche, une balade ou une cueillette
quelconque.
L'ancien
et le jeune avaient alors une longue et profonde conversation. Des
propos s'y tenaient qui n'avaient pas souvent leur place autour de la
grande table ou lors des veillées. Il y avait de la gravité dans
cette sortie, une solennité que percevait immédiatement le plus
jeune. La voix du plus vieux était chargée d'émotion.
Puis,
quand les mots échangés avaient cessé de devenir utiles, le
grand-père se taisait, sortait son couteau de sa poche, le dépliait
lentement et choisissait avec soin un bois flotté de Loire.
Silencieusement, devant son petit-enfant interloqué, il creusait un
bateau tout pareil à ceux qui naviguaient sur la rivière.
Puis,
toujours sans dire un mot, lui qui avait été si loquace l'instant
d'avant, il prenait une branche bien droite qu'il fixait à la
verticale de ce petit bateau de fortune. Il sortait alors de sa
poche, ce qu'il avait préparé dans le secret de la demeure :
un joli mouchoir brodé marqué aux initiales de celui ou de celle
qui allait subir le rite de passage.
L'ancien
avait construit un petit bateau de Loire, un futreau armé pour
l'aventure navale. Il le posait alors doucement sur le flot et avant
de le laisser filer au gré du courant et des vents, il s'adressait à
nouveau à son petit-enfant : « Ce bateau, c'est ton destin.
Pour qu'il choisisse ton devenir, tu dois le charger de tous tes
rêves, de tes espoirs et de tes envies. Réfléchis bien ; ta
vie va prendre le cours que tu voudras bien lui donner ! ».
De
génération en génération, chacun comprenait le sens de ce propos
sentencieux. Aucun enfant n'avait jamais pris ces paroles à la
légères. Il y avait dans cette famille de lointaines et puissantes
croyances celtes, un respect sacré pour les éléments naturels et
surtout pour cette Loire qui était la source de bien des activités
familiales.
L'enfant
fermait les yeux, il mettait toute son énergie à se concentrer sur
cette petite maquette comme si sa vie même en dépendait (ce qui
était finalement le cas). Il tenait souvent la main de son ancêtre
au moment où celui-ci abandonnait l'embarcation aux fantaisies de la
rivière. C'est dans un silence profond que tous deux suivaient alors
des yeux le devenir du frêle esquif. De sa manière de naviguer
dépendrait l'orientation future du plus jeune …
Jamais
la Loire ne se trompa. Bien souvent la petite embarcation allait bon
train, filait en suivant le courant. Quand elle disparaissait au
loin, le grand-père et l'enfant savaient que les dés en étaient
jetés. Une fois encore, dans la famille, il y aurait un nouveau
voiturier d'eau, un batelier qui irait sur la rivière pour gagner sa
vie et tenter de ne pas la perdre.
D'autres
fois, plus rarement certes, il se passait des choses imprévues qui
faisaient basculer le destin de celui ou de celle qui se démarquerait
de la tradition familiale. Ainsi cette demoiselle qui vit le petit
bateau traverser de part en part la rivière, poussé par un vent du
sud, exceptionnellement puissant. Elle avait compris qu'elle
tiendrait le bac, devenant de ce fait, la première passeuse de
l'endroit et resterait vivre en ce pays qu'elle aimait tant !
Une
autre fois, le bateau n'alla pas bien loin. Il se brisa bien vite
contre un rocher qui affleurait là. Ni l'ancien ni son petit fils
n'y virent un mauvais présage, bien au contraire ils comprirent le
sens de ce message. L'enfant deviendrait charpentier de bord et sa
vie durant , réparerait les bateaux endommagés par les aléas de la
navigation, tout en construisant de temps en temps de magnifiques
embarcations.
Il
se dit qu'une fois, poussé par un puissant vent d'ouest, le petit
rafiot remonta le courant pour disparaître au loin. Il était allé
à l'envers de la marche ordinaire. C'était celui d' une petite
fille prénommée Marie-Madeleine. Son grand-père comprit qu'elle
aurait un destin très particulier. Elle devint en effet la première
historienne de la marine de Loire.
Plus
loin encore dans le temps, le petit bateau chavira et sombra
immédiatement. Les deux spectateurs eurent alors un curieux frisson
dans le dos mais l'enfant laissa bien vite passer ce moment de doute.
Il avait compris le message de la dame Liger. Il serait sauveteur,
consacrant sa vie à aller au secours de ceux qui seraient en
détresse sur la rivière.
Enfin,
il se trouva une maquette qui refusa obstinément de prendre les
flots. Le bateau resta sur le bord de la rive sans bouger. Il se
tenait à quelques centimètres de la berges, curieusement immobile.
Quelques années plus tard, le garçon concerné ouvrit le
premier-bateau lavoir de la région ; il avait compris lui
aussi, le message de la rivière.
Le
rituel se prolongea ainsi de génération en génération. Il se dit
qu'il continue encore mais que désormais les signes en sont bien
plus difficiles à décrypter. Pourtant, cette famille a encore
offert à la Loire un chanteur, une conteuse, un écrivain et une
animatrice du musée de la Loire. Je ne saurais vous dire ce que fit
le petit bateau ce jour-là. Les signes du destin sont de plus en
plus complexes à déchiffrer et la Loire aime à garder ses
mystères.
Quelle
morale faut-il retenir de cette histoire ? J'aurais tendance à
penser qu'il est parfois plus simple de suivre ses rêves et
d'observer les signes de son destin plutôt que de croire aux
injonctions des conseillers d'orientation. Mais je ne sais si lire
dans le cours de l'eau demeure une manière raisonnable de penser
l'avenir !
À l'écart de
la vie trépidante et délirante de nos grandes villes, il y a de
plus en plus de pionniers du retour à l'authentique qui tentent
l'aventure de vivre autrement tout en s'émancipant de la recherche
d'une prospérité factice. Tirer de quoi joindre les
deux bouts, assurer l'ordinaire et
s'accorder parfois un peu de confort, sans trahir leurs valeurs,
c'est ainsi qu'ils agissent pour vivre au pays en donnant à beaucoup
le plaisir de partager un temps leur aventure.
Ils se lancent
dans le maraîchage biologique, la brasserie artisanale, la
viticulture en bio dynamique, l'artisanat d'art, les réseaux courts
et la volonté indécrottable de faire des clients
des amis et non point des dindons à
plumer, à tromper, à leurrer à coups de publicités agressives et
intrusives, de promotions illusoires et de grimaces de composition.
Chez eux, recevoir est un bonheur, conseiller une vocation, expliquer
un passage obligé pour convaincre sans artifices.
Le commerce de
proximité, le lien retrouvé entre celui qui vend et celui qui
achète, non par manipulation, mais par adhésion pleine et entière
à un projet qui place l'humain au centre d'une relation qui n'est
pas biaisée par des propos enjôleurs. Le client est un ami, une
personne reconnue dans son humanité et non point pour sa seule carte
bleue.
Avec eux, point
de discours sur les parts de marché, le taux de rentabilité, les
futurs plans d'investissement, la recherche des économies d'échelle
et tout ce fatras dogmatique enseigné dans des écoles où le
commerce est élevé au rang de brigandage de grand centre marchand.
Bien sûr, il y a une différence de prix, mais n'est-ce pas le prix
à payer pour reprendre le destin de la planète en nos mains loin de
la folie d'un système à l'agonie ?
Cyril a commencé
il y a quelques années à mettre son ambition de vivre par lui-même
de son rêve en mettant en bouteille des boissons sodaïfiées de sa
composition. Une folie que de croire qu'il pourrait vivre de son
estampille « La Loère ! »
qu'il a fini par rendre possible à force de travail, d'acharnement
et d'années à manger de la vache enragée.
Il parvient tout
juste à faire de sa petite entreprise une opération viable qu'il ne
reste pas sur ses lauriers pour
accompagner sa
compagne Lucile
dans un dessein plus fou encore : créer une cave à manger,
chambre d'hôtes, un lieu de convivialité avant tout. Ils se mirent
au boulot, se retroussant les manches pour repousser les murs et les
obstacles, les réticences et les critiques.
Depuis quatre
mois, leur LocaLuna n'est plus
une Lune folle ni même une vieille Lune sortie d'esprits malades.
Elle brille au firmament d'un possible qui se réalise, d'un meilleur
qui se concrétise pour eux mais aussi pour ceux qui deviendront
leurs complices, leurs commensaux de Chenonceau tout en découvrant
les produits d'autres défricheurs du véritable monde d'après ce
système destructeur.
Je ne tiens pas
à vous dévoiler les secrets de la chose. L'alchimie exige que l'on
prenne le temps de la découvrir soi-même, d'en humer l'esprit avant
que d'en jouir à son tour au hasard d'une visite qui ne peut se
satisfaire d'être unique. L'envie de revenir s'imposera à vous
parce que tel est le charme de tous ces gentils défricheurs d'un
monde à reconstruire : il n'est pas possible de se suffire de
sa propre réussite, elle doit s'accompagner de la pleine et entière
adhésion, participation, satisfaction de ceux qu'ils associent à
leur épanouissement : leurs amis et pas seulement leurs
clients.
Ils sont deux
parmi bien d'autres et j'entendais à travers eux honorer tous ces
colibris de l’improbable refonte d'une relation commerciale qui ne
se fonde plus sur la sempiternelle spirale des affaires. Une relation
commerciale qui ne se contente plus de ne remplir qu'un ticket de
caisse mais bien ouvrir une nouvelle page en décrochant la Lune,
fut-ce là une pensée totalement folle et utopique.
Touche-à-tout
sublime, il agace ou bien suscite l’admiration comme ces gens qui
jamais ne laissent indifférents. Figure historique et emblématique
de la marine de Loire, il fut mis sur le devant de la scène par
l’émission La Chasse au trésor en une époque où les médias ne
parlaient guère de notre rivière. Son bateau d’alors « Le
Grand mouflé » était à l’honneur ainsi qu’un curieux
ustensile : « un moufle ... »
Jacques
a fait le choix de vivre de ses passions, en artiste authentique
qu’il est, lui le lorrain venue dans le Val d’Or par amour pour
une belle ligérienne.
Examinons
toutes les facettes de ses expressions artistiques.
Le
peintre
Aquarelliste,
on peut le rencontrer lors de fêtes marinières où notre homme
propose ses tableaux, le plus souvent inspirés par la Loire, ses
paysages, ses lumières, ses bateaux.Il
donne aussi quelques cours, lui qui, en parfait autodidacte ne se
retrouve dans aucune école. Il peint avec son cœur tout simplement
sans avoir le soucis d’imposer un regard qui échappe au réel.
Le
charpentier naval
Le
grand Mouflé
il l’a construit sous la grande halle de Chateauneuf-sur-Loire avec
les mariniers de la ville, un chantier pédagogique qui depuis fit
bien des émules. Il avait trouvé son style, son modèle qu’il
peaufina par la suite en fabriquant l’Arc’hant Avel, premier
d’une longue série de futreaux que l’on peut voir à Combleux et
dans d’autres associations du Loiret.
Le
sculpteur
Il
aime le travaille du bois qu’il modèle à sa fantaisie. Il est
dans la veine figurative, aimant les courbes et les belles formes; le
grain du végétal et le mystère de la vie immobile.
Le
musicien
Le
gars de Metz a toujours chanté, en chorale d’abord, ce qui peut
paraître surprenant de le voir se plier ainsi à une discipline
collective puis dans les feux de camp, lors de ses très nombreux
centres de vacances où il était animateur.
Quand
il expose ses tableaux, qu’il attend le chaland, il s’entraîne
inlassablement sur sa guitare, finissant par devenir un excellent
spécialiste qui donne là aussi des cours appréciés de ses élèves.
Il deviendra tout naturellement le guitariste du groupe La Bouline
tout en aimant à se retrouver en duo avec son ami Benoit à
l’accordéon.
La
voile
Avant
d’évoquer La Bouline, lui le musicien d’un instrument à corde,
s’est fait souffleur de vent. Grand amateur à l’époque de
planche à voile, il fut un des premiers à naviguer sur la Loire dès
qu’il en avait la possibilité. L’occasion faisant toujours le
larron, il passa aux bateaux de bois et se fit un des plus adroits
dans le maniement de la grand voile carrée lors des Caravanes de
Loire et des premiers Festivals de Loire..
Le luthier
Nouvelle
corde à son arc, c’est en fait la réalisation d’un désir
d’adolescent qui vient de sortir de sa boîte magique. Il y a deux
ans, il fabriquait son premier Dulcimer, cet instrument à corde du
moyen-âge. Depuis il en a refait d’autres et se lance en ce moment
sur son premier Ukulélé.
La
Bouline
Le
groupe est crée en 1996, Jacques ne tarde pas à rejoindre
Christian LE CROHENEC à l’accordéon diatonique et Raymond PHUEZ
au chant. Il viendra avec sa guitare et sa voix juste en contre-point
en venant avec la Loire dans ses valises et quelques compositions
personnelles dont la fameuse Balade à Jacquot que nous
apprécions tout particulièrement.
.Daniel
Grall apporte alors sa voix, ses textes et donne une belle coloration
aux créations d’un groupe en perpétuelle évolution. Christian LE
CROHENEC s’en va vers son Morbihan natal tandis que Michel PARISOT
le remplace (violon, vielle à roue rejoint le groupe avec une
sensibilité traditionnelle suivi de Laurent GENDROT à l’accordéon
diatonique.
Raymond
PHUEZ quitte à son tour le groupe tandis que Patrice LE ZAG
(bouzouki irlandais, banjo, chant) renforce la belle équipe qui
commence à se faire un nom. Le temps est venu des premiers
enregistrements en studio professionnel. Puis Benoît LE TOUMELIN
(accordéon diatonique, clarinette, flûtes, harmonica et chant) et
Nicolas BRUNG (accordéon chromatique, percussions) apportent un
petit souffle nouveau à ce groupe qui est convié à de nombreux
festivals à l’étranger (Angleterre, Pays-Bas, Belgique,
Allemagne, Québec) L’enregistrement de deux nouveaux albums
ponctue cette période faste…
Les
départs en 2014 de Daniel GRALL et de Nicolas BRUNG qui se tournent
vers un répertoire plus intimiste ont été compensés par l’arrivée
de deux musiciens, Philippe WAIN (basse électro-acoustique, guitare,
flûte à bec, chant), et Christian LE SIMPLE (bodhran, percussions,
chant) pour évoluer une fois encore vers de nouvelles sonorités.
Fin
2016, Michel Parisot décide de jeter l’ancre à son tour…
Récemment,
Jacques et Benoît ont décidé à leur tour de mettre en sourdine la
Bouline pour une aventure plus personnelle qui se termina avec le départ de Benoît en Bretagne.
Jamais
en peine de renouvellement Jacques peut partir pour de nouvelles
épopées. Nous lui souhaitons bon vent pour la suite de ses
aventures artistiques et nous vous invitons à la retrouver à la maison des associations jusqu'au samedi 27 janvier
Nos amis du Cabinet Vert ont reçu une fort vilaine visite. Un chauffard est venu nuitamment détruire leur terrasse et mettre à mal l'entrée du restaurant. Naturellement, le furieux a pris la fuite, laissant un décor chamboulé et mettant à mal l'outil de travail de cette belle équipe.
Patrice, Valérie et leur équipe ne vont pas baisser les bras ! Ils vous invitent à venir manger dans leur salle de l'étage. C'est le plus beau geste de solidarité que vous puissiez faire. Je vous recommande cette table d'exception, vous passerez un excellent moment tout en montrant ce qu'est véritablement la solidarité ligérienne. Je ne doute pas un seul instant que vous suivrez ce conseil.
Gourmand
devant l'Éternel, j'ai toujours voulu voir de l'intérieur la vie
d'une cuisine au sein d'un restaurant de tradition française.
Patrice et Valérie m'ont permis de satisfaire ma curiosité
maladive. C'est armé de mon tablier de cuisine et de mon inséparable
ordinateur portable que je fis donc irruption dans ce temple de la
gastronomie locale.
Il
est 18 h 30, ce vendredi, Patrice est, depuis une demi-heure déjà,
sur le pont à bricoler. L'homme sort juste d'une petite intervention
chirurgicale le mercredi pour une petite hernie. Le chirurgien lui a
demandé de rester tranquille durant trois semaines mais bien sûr,
deux jours plus tard, il est déjà à ses fourneaux. Les deux
premiers employés arrivent, Quentin apprenti cuisinier en deuxième
année, Noémie en mention complémentaire « dessert de
restaurant » après deux années de pâtisserie classique.
Le
serveur assure l'accueil des client en compagnie de la maîtresse de
maison avec une lycéenne en première, qui fait des extra comme
serveuse. Le fils de la maison vient faire la plonge quand il y a le
coup de feu. Belle-maman, ancienne plongeuse du restaurant précédent,
vient rendre visite à l'équipe. Thierry, l'éminence grise de la
cuisine, a croisé ma route quand il jouait au rugby sous mes
directives ; il s'est mis au boulot sans que je le voie passer.
19
heures, tout le monde est sur le pied de guerre. J'ai écrit ces
quelques lignes en écoutant le patron me vanter l'ambiance de sa
jeune équipe, le plaisir qu'il avait d'avoir des employés capables
de répondre toujours présents aux impératifs d'un métier complexe
et exigeant. Pendant que le chef parlait avec le curieux du jour, sa
brigade s'était mise en branle sans qu'il ne demande rien.
J'enfile
mon tablier de cuisine pour aller observer de plus près l'animation
qui règne dans le laboratoire. Thierry coupe des pommes de terre
tout en surveillant deux ou trois cuissons, prépare une sauce au
poivre et au Porto ainsi qu'une autre sauce au whisky et à
l’échalote. Quentin se charge de la mise en bouche : une
purée de pois cassés ; il n'a pas pris le récipient adéquat,
d'une remarque moqueuse, le chef le lui fait remarquer.
De
son côté, la patissière prépare sa sauce caramel et annonce sa
proposition du soir. La serveuse retient la longue description
qu'elle proposera ensuite aux clients sous l'appellation prometteuse
de « Dessert de l'artiste apprentie ». Pour vous mettre
en appétit tandis que la brigade s'active dans une sérénité qui
n'est pas l'agitation des émissions télé, je vous nomme cette
merveille : « Tartelette au chocolat sauce caramel avec des
brunoises de poire de Semoy déglacées à la poire d'Olivet,
accompagnée d'un beurre de cacahuètes et de noisettes caramélisées
… »
Le
chef a profité de son après-midi pour ramasser quelques lactaires
délicieux qui vont venir améliorer l'ordinaire déjà fort
convenable. Quand on est maître-restaurateur on s'honore de tels
petits détails qui apportent cette touche si particulière qui fait
que les clients reviennent avec plaisir. Hélas, les champignons
seront réservés au personnel : la législation interdisant une
telle pratique. Si le Cabinet Vert sert de la friture de Loire c'est
que Robert, le pêcheur professionnel, leur fournit sa récolte du
jour.
Le pain sort du four, il est préparé juste avant l'arrivée des
clients. Ceux-ci tardent à franchir la porte ; il est déjà 19
H 45 quand un couple d'habitués fait son apparition. Ils sont comme
chez eux ici. Il y a une surprise pour les amis : le patron leur
offre au comptoir, une coupe et des œufs brouillés avec ses
merveilleux champignons qu'il a magnifiés avec amour. Ce n'est pas
vendu, c'est simplement le plaisir, la convivialité élevée en
principe de vie.
Je
repasse en cuisine et je comprends que ce principe s'applique à la
lettre avec l'équipe. Il y a du bonheur devant le piano, c'est une
évidence. Pas de cris, pas de coup de gueule : ce qui se trame
en coulisse est en rapport avec la sérénité des lieux. Je suis
surpris que tous parviennent ainsi à maintenir ce climat tandis
qu'il faut envoyer les plats au rythme souhaité par les clients.
J'en
ai assez vu ; je me fais client à mon tour, passant de
l'autre côté du décor afin de profiter de cette belle ambiance.
J'opte pour le menu du marché, un trait d'union avec le rendez-vous
du lendemain matin. Il est minuit quand nous nous quittons ; les
patrons ont laissé filer leur belle équipe, ils rangeront encore
deux ou trois choses avant de regagner leurs pénates.
Le
lendemain.
Leur
sommeil a dû être court. À 7 h 30, ils sont tous deux sur le
marché. Valérie ouvre sa buvette, Patrice se fournit en légumes
chez un maraîcher spécialiste des légumes anciens et adepte d'une
agriculture raisonnée de bon aloi. C'est d'ailleurs chez cet ancien
joueur de rugby que je me fournis moi aussi depuis fort longtemps.
Valérie
assurera sa mission sur le marché, offrant café et chocolatines aux
clients comme aux vendeurs, accueillant les uns et permettant aux
autres de faire un pause chaleureuse. De curieux lascars viennent
perturber son estaminet en ouvrant des huîtres. C'est un petit plus
qui va égayer la matinée et ravir quelques gourmets. La buvette
fermera à 13 heures, Valérie se dépêchant de regagner son
restaurant.
Il
y a longtemps que Patrice s'est mis en action pour faire avancer le
travail, préparer les légumes afin
qu'ils puissent rapidement entrer dans une composition. Sa brigade le
rejoint et chacun s'est affairé. C'est un temps calme, ô combien
nécessaire, pour que, lors du coup de feu, tout se passe le mieux
possible.
Le
fameux coup de feu ne manquera pas de survenir. Le restaurant va
recevoir près de 40 clients qui vont mettre la brigade en
ébullition. J'ai peur de déranger ; chacun allant et venant à
un rythme qui ne supporte pas un inactif prenant des notes. Là
encore, le calme l'impressionne alors que chacun semble se
multiplier, réalisant dans le même temps plusieurs tâches.
C'est
un bonheur de les voir s'activer, de comprendre que chacun a son rôle
dans cette chorégraphie mystérieuse, dans ce mouvement incessant
qui aboutit à la création dans le même temps des plats pour une
même table. Cela tient de l'alchimie et du miracle. Il y a là une
science des cuissons, de la chronologie des tâches qui m'émerveille.
C'est, à n'en point douter, un métier bien loin des agitations
domestiques que je peux avoir dans ma cuisine.
Je
suis ébloui de ce ballet qui ne prendra fin qu'à la sortie des
derniers convives. Je suis encore admiratif devant le souci du
cuisinier et de son inséparable second qu'il ne soit rien perdu, que
les assiettes reviennent vides, que les poubelles ne regorgent pas de
déchets. Il y a là plus qu'un souci louable, c'est une ligne de
conduite, un impératif qui affirme les valeurs de la maison.
Quand
le calme est revenu, l'équipe, après avoir nettoyé le laboratoire,
se retrouve pour prendre tranquillement un repas. C'est le même menu
que pour les clients ; Patrice tient à ce que son personnel
soit traité de la même manière. Il met également un point
d'honneur à ce que ce repas ne précède pas le service et ne soit
avalé à coup de lance-pierre.
C'est
le moment de décompresser, de plaisanter, de se chambrer un peu.
C'est encore l'heure d'un bilan dans le calme, de quelques remarques
qui passent mieux qu'à chaud. Il y a un esprit de famille ; les
patrons sont heureux de me raconter qu'ils ont emmené leurs enfants
et leur brigade au Puy du Fou pour une sortie de fin d'année. C'est
l'esprit de la maison, ils y tiennent.
L'heure
est largement dépassée. Dans ce métier, on ne regarde pas la
pendule, ou bien cela n'a plus aucun sens. Il est 15 H 30 quand
chacun va goûter un petit repos mérité. Patrice reste sur place ;
il a un projet d'aménagement de son restaurant afin qu'il retrouve
son nom historique : celui qui n'a jamais disparu dans le cœur
des Orléanais. Ce sera chose faite l'année prochaine avec des
travaux qu'il faut surveiller attentivement.
Il
est 18 heures, la brigade reprend le collier. Je les laisse, ayant un
autre rendez-vous à honorer. J'ai passé
vingt-quatre heures cuistot avec eux et je suis admiratif et
épuisé. Eux sont en pleine forme. Quel est donc ce miracle qui leur
donne une telle énergie ? Je leur avoue
une dernière fois mon admiration. Cette activité n'est pas qu'un
simple métier : il y a quelque chose qui relève de la
vocation, d'un art de vivre, d'une conception du partage qui me
fascine.
Si
vous passez en bord de Loire, prenez donc la peine de leur rendre une
petite visite. Venez de ma part ; il n'est pas impossible que
la patronne vous offre un petit verre de nos bons vins de Loire.
Valérie a d'ailleurs une connaissance des vins qui vous enchantera.
Ne tenez pas compte des affirmations vont au fil de l'eau ;
c'est bien ici la plus belle Terrasse qui donne sur la Loire !