mercredi 31 janvier 2024

Un hérisson se piquait

 

Un hérisson se piquait




Un hérisson se piquait

De dévorer des limaces

Sans que ô grand jamais

Il ne fit de grimaces


Refusait obstinément

De croquer les escargots

Pour une raison assurément

Qui justifiait ses repas frugaux


La coquille l'exaspérait

Y voyant une menace

Expliquant un désintérêt

Qui bien sûr le tracasse


Le risque potentiel

Qu’on le prenne pour un niglot

L'ami des romanichelles

Quand il finit en gigot


C'est ainsi qu'il estimait

En se voilant la face

Que la coquille roulait

Sur toutes les surfaces


Que ce curieux bâtiment

Valait maison sur le dos

Caravane tout autant

Et non point fardeau


Maudite comparaison

L'animal a des antennes

Même si dans sa maison

L'image est incertaine


Hérisson doit garder raison

Revers de la médaille

Éviter toute confusion

Pour qui n'aime pas l’ail


Il cherche une occasion

De se faire végane

Pour redorer la réputation

De tous ses amis tsiganes


On se trouve bien des prétextes

Pour justifier des comportements

Qui sortis de leur contexte

Sont totalement aberrants

•••




mardi 30 janvier 2024

Conflit de génération.

 

Drame bovin sur le Ségala.






Il était une fois deux fermes voisines sur le Ségala. Les familles y vivaient en paix, on peut même dire que la concorde et l'amitié régnaient en maîtresses des lieux. Tout allait bien, du moins en apparence, car comme souvent, le mal sournois de la jalousie ronge même les esprits les moins sujets à ce genre de stupide gangrène sociale.


Revenons à nos taureaux, car à défaut de moutons, c'est eux qui tiennent la vedette de cet épisode peu glorieux de la bataille ancestrale du dominant et du dominé. Pour la famille Coubyr, le taureau depuis des générations se nommait « Pompon ». Les injonctions bruxelloises pour identifier tous les animaux agricoles à quatre pattes n'y faisaient rien. Et même si ce Pompon là était né en une année en « A », qu'il avait papier officiel et numéro d'immatriculation sous le patronyme «d'Affreux », il était Pompon comme tous les autres …


De l'autre côté du fil barbelé, chez les « Malcou », il y a avait « Pataud ». Lui aussi était assigné à ce prénom charmant de père en fils, même si la génétique naturelle, depuis fort longtemps n'était plus responsable de la succession des générations dans ces fermes d'élevage du Haut-Ségala. L'autre était d'une année en « C », plus jeune, bien plus fougueux que son rival et voisin aveyronnais.


Les relations taurines eurent dû continuer ainsi comme le firent bien avant eux les premiers Pompon et Pataud de la longue succession qui les a précédés. Mais voilà que l'impondérable et les soucis sécuritaires dans l'élevage moderne ont apporté leur grain de sel. Pompon quand il était encore chez son éleveur sélectionneur fut privé de ses cornes. On le devinait agressif et chafouin, il fallait préserver le futur fermier qui l'aurait en charge !



De cette terrible ablation, Pompon ne s'était moralement jamais remis, d'autant plus que l'infâme Pataud, ce jeune paltoquet, en portait fièrement une belle paire sur la tête, à vous faire damner de jalousie. Chez les bêtes aussi, les questions d'apparence prennent des proportions énormes, nous allons bientôt nous en rendre compte …


Pompon, manifestement traumatisé, détourna son sentiment de frustration en une énorme agressivité contre son jeune rival. Leurs relations en permanence conflictuelles, vinrent sonner le glas de la belle harmonie historique qui régnait jadis entre les Pompons d'en haut et les Pataud d'en bas. Les familles Coubyr et Malcou ignoraient alors tout du changement d'époque qui était en train de se produire ...


Des regards de travers, des mouvements du sabot, des souffles vengeurs, des beuglements discourtois furent les premiers signes d'une guerre larvée. Pompon bénéficiait encore du bénéfice de l'âge et en profita l'an passé, pour mettre une belle rouste à ce jeune encorné. Mais la vengeance est un plat qui, chez les taureaux aussi, se mange froid. Ce qui devait advenir, advint en ces premiers jours d'août 2012.


À l'heure où l'éleveur fait rentrer ses bêtes à l'étable pour nourrir les veaux sous la mère, il manquait trois bêtes à l'appel … Pompon était des absents, ce qui ne manqua pas de l'alarmer même si le taureau n'est que de peu d'utilité pour nourrir les veaux, sa présence tutélaire rassure ses femelles et ses quelques rejetons. Beaucoup sont hélas les fruits de l'inséminateur, plus régulier que le brave géniteur …


Le père Coubyr, les soins aux veaux achevés, entreprit de s'enquérir des absents. Il ne tarda pas à retrouver ses bêtes et ce qu'il vit alors lui indiqua en peu de temps la nature du drame qui venait de se nouer. Les clôtures étaient sens dessus-dessous, le fil électrique jeté à terre comme un fétu de paille et pire, la solide quadruple rangées de barbelés totalement arrachée. Il y avait eu bataille titanesque à n'en point douter !


Pire, Pompon gisait au sol, mourant ou peu s'en faut. Incapable de la plus petite réaction, le solide limousin était sur le flanc, vaincu par son rival, humilié, fauché comme la seconde coupe de foin. Il n'était plus que l'ombre du fier et arrogant chef de troupeau. Il n'avait plus qu'à se laisser mourir tant la défaite avait été cuisante.


Car, non seulement, l'abominable Pataud lui avait mis une rouste dont on ne se remet pas au pays des mâles reproducteurs, mais pire encore, il avait emporté, pour trophée de sa victoire, deux des plus belles femelles du troupeau. Le forfait dont on ne peut se remettre quand on a de la dignité et de l'amour propre. Vaincu, passe encore mais cocu quand on n'a plus de cornes, comment garder la tête haute et revenir à l'étable ?


Voilà, vous savez tout ou presque de ce drame bovin. Les relations entre les deux fermes vont-elles pâtir de ce qui se noua sur la pâture ? Nous n'en savons rien, pour l'heure, c'est le duel des experts qui va prendre le devant de la scène. Pompon va fermer les yeux définitivement, l'euthanasie est sa seule porte de sortie.


Voilà comment finit la triste histoire d'un taureau à qui l'on a coupé les cornes. Que les hommes se souviennent qu'il ne faut pas se mêler de ce que la nature a fait, ils seront alors plus sages ! Il y aura un autre Pompon, qu'importe la lettre qui sortira du chapeau. C'est ainsi depuis toujours, il n'y a pas de raison pour que ça change dans ce petit coin de France !

 


 





lundi 29 janvier 2024

L'orientation ligérienne.

 

Faire de ses rêves des destins …







Il était une fois une famille installée en bord de Loire. De génération en génération, il y avait un rituel de passage, un moment particulier dans la vie des enfants. C'est à cette étrange occasion que se jouait le destin de chacun. Tout avait commencé il y a si longtemps que nul désormais ne savait l'origine de cette étrange liturgie familiale. Il se dit parfois, dans les soirées autour de la cheminée que c'est un barde breton de la pointe de Corsen qui était venu ici semer la curieuse pratique …


Au seuil de l'adolescence, quand l'enfant cessait de l'être pour laisser place à un futur adulte, le grand-père se chargeait de celui qui allait être initié. L'ancêtre emmenait le long de la rivière celui ou celle qui allait devoir faire un choix décisif. Personne dans la famille n'en ayant soufflé mot, l'enfant pensait aller à une partie de pêche, une balade ou une cueillette quelconque.


L'ancien et le jeune avaient alors une longue et profonde conversation. Des propos s'y tenaient qui n'avaient pas souvent leur place autour de la grande table ou lors des veillées. Il y avait de la gravité dans cette sortie, une solennité que percevait immédiatement le plus jeune. La voix du plus vieux était chargée d'émotion.


Puis, quand les mots échangés avaient cessé de devenir utiles, le grand-père se taisait, sortait son couteau de sa poche, le dépliait lentement et choisissait avec soin un bois flotté de Loire. Silencieusement, devant son petit-enfant interloqué, il creusait un bateau tout pareil à ceux qui naviguaient sur la rivière.


Puis, toujours sans dire un mot, lui qui avait été si loquace l'instant d'avant, il prenait une branche bien droite qu'il fixait à la verticale de ce petit bateau de fortune. Il sortait alors de sa poche, ce qu'il avait préparé dans le secret de la demeure : un joli mouchoir brodé marqué aux initiales de celui ou de celle qui allait subir le rite de passage.

L'ancien avait construit un petit bateau de Loire, un futreau armé pour l'aventure navale. Il le posait alors doucement sur le flot et avant de le laisser filer au gré du courant et des vents, il s'adressait à nouveau à son petit-enfant : « Ce bateau, c'est ton destin. Pour qu'il choisisse ton devenir, tu dois le charger de tous tes rêves, de tes espoirs et de tes envies. Réfléchis bien ; ta vie va prendre le cours que tu voudras bien lui donner ! ».


De génération en génération, chacun comprenait le sens de ce propos sentencieux. Aucun enfant n'avait jamais pris ces paroles à la légères. Il y avait dans cette famille de lointaines et puissantes croyances celtes, un respect sacré pour les éléments naturels et surtout pour cette Loire qui était la source de bien des activités familiales.


L'enfant fermait les yeux, il mettait toute son énergie à se concentrer sur cette petite maquette comme si sa vie même en dépendait (ce qui était finalement le cas). Il tenait souvent la main de son ancêtre au moment où celui-ci abandonnait l'embarcation aux fantaisies de la rivière. C'est dans un silence profond que tous deux suivaient alors des yeux le devenir du frêle esquif. De sa manière de naviguer dépendrait l'orientation future du plus jeune …



Jamais la Loire ne se trompa. Bien souvent la petite embarcation allait bon train, filait en suivant le courant. Quand elle disparaissait au loin, le grand-père et l'enfant savaient que les dés en étaient jetés. Une fois encore, dans la famille, il y aurait un nouveau voiturier d'eau, un batelier qui irait sur la rivière pour gagner sa vie et tenter de ne pas la perdre.



D'autres fois, plus rarement certes, il se passait des choses imprévues qui faisaient basculer le destin de celui ou de celle qui se démarquerait de la tradition familiale. Ainsi cette demoiselle qui vit le petit bateau traverser de part en part la rivière, poussé par un vent du sud, exceptionnellement puissant. Elle avait compris qu'elle tiendrait le bac, devenant de ce fait, la première passeuse de l'endroit et resterait vivre en ce pays qu'elle aimait tant !


Une autre fois, le bateau n'alla pas bien loin. Il se brisa bien vite contre un rocher qui affleurait là. Ni l'ancien ni son petit fils n'y virent un mauvais présage, bien au contraire ils comprirent le sens de ce message. L'enfant deviendrait charpentier de bord et sa vie durant , réparerait les bateaux endommagés par les aléas de la navigation, tout en construisant de temps en temps de magnifiques embarcations.


Il se dit qu'une fois, poussé par un puissant vent d'ouest, le petit rafiot remonta le courant pour disparaître au loin. Il était allé à l'envers de la marche ordinaire. C'était celui d' une petite fille prénommée Marie-Madeleine. Son grand-père comprit qu'elle aurait un destin très particulier. Elle devint en effet la première historienne de la marine de Loire.


Plus loin encore dans le temps, le petit bateau chavira et sombra immédiatement. Les deux spectateurs eurent alors un curieux frisson dans le dos mais l'enfant laissa bien vite passer ce moment de doute. Il avait compris le message de la dame Liger. Il serait sauveteur, consacrant sa vie à aller au secours de ceux qui seraient en détresse sur la rivière.


Enfin, il se trouva une maquette qui refusa obstinément de prendre les flots. Le bateau resta sur le bord de la rive sans bouger. Il se tenait à quelques centimètres de la berges, curieusement immobile. Quelques années plus tard, le garçon concerné ouvrit le premier-bateau lavoir de la région ; il avait compris lui aussi, le message de la rivière.


Le rituel se prolongea ainsi de génération en génération. Il se dit qu'il continue encore mais que désormais les signes en sont bien plus difficiles à décrypter. Pourtant, cette famille a encore offert à la Loire un chanteur, une conteuse, un écrivain et une animatrice du musée de la Loire. Je ne saurais vous dire ce que fit le petit bateau ce jour-là. Les signes du destin sont de plus en plus complexes à déchiffrer et la Loire aime à garder ses mystères.


Quelle morale faut-il retenir de cette histoire ? J'aurais tendance à penser qu'il est parfois plus simple de suivre ses rêves et d'observer les signes de son destin plutôt que de croire aux injonctions des conseillers d'orientation. Mais je ne sais si lire dans le cours de l'eau demeure une manière raisonnable de penser l'avenir !


En hommage à un grand conseiller d'Orientation

 





dimanche 28 janvier 2024

Toutes les plumes au vent

 

Motésie






Toutes les plumes au vent

Sur son quatrain à vapeur

Allant toujours de l'avant

Il se prétend écriveur


Sans même compter ses pieds

Il croise quelques rimes

Dessus un presse-papier

Sans la moindre déprime


Soudain versificateur

À l'insu de son plein gré

Il se pensait prosateur

Privé de tout pédigrée


On ne prête qu'aux riches

Sans qu'il faille des sonnets

Pout tant de strophes chiches

Qu'il convient d'arrimer


Ne pouvant faire la césure

D'un hémistiche incertain

Paie en petite coupure

L'allégorie du refrain


Économe en litote

Il investit l'anaphore

N'étant pas polyglotte

Évite la métaphore


Devant l'anacoluthe

La phrase se rétracte

Privant ainsi la turlutte

De son tendre impacte


Usant de mots sévères

La licence poétique

Glisse dans un profond dévers :

Vertige extatique


La vapeur est condamnée

Et le quatrain déraille

Le poète sera damné

Lui qui s'exclut du sérail


Dans l'instant on le maudit

Pour cet affreux outrage

De tant de mots contredits

Pour noircir une page

•••




Des histoires à écouter

 Faites votre choix






Bonne soirée

vendredi 26 janvier 2024

LocaLuna et la Loère

 

Deux aventuriers du bon vivre.






À l'écart de la vie trépidante et délirante de nos grandes villes, il y a de plus en plus de pionniers du retour à l'authentique qui tentent l'aventure de vivre autrement tout en s'émancipant de la recherche d'une prospérité factice. Tirer de quoi joindre les deux bouts, assurer l'ordinaire et s'accorder parfois un peu de confort, sans trahir leurs valeurs, c'est ainsi qu'ils agissent pour vivre au pays en donnant à beaucoup le plaisir de partager un temps leur aventure.


Ils se lancent dans le maraîchage biologique, la brasserie artisanale, la viticulture en bio dynamique, l'artisanat d'art, les réseaux courts et la volonté indécrottable de faire des clients des amis et non point des dindons à plumer, à tromper, à leurrer à coups de publicités agressives et intrusives, de promotions illusoires et de grimaces de composition. Chez eux, recevoir est un bonheur, conseiller une vocation, expliquer un passage obligé pour convaincre sans artifices.


Le commerce de proximité, le lien retrouvé entre celui qui vend et celui qui achète, non par manipulation, mais par adhésion pleine et entière à un projet qui place l'humain au centre d'une relation qui n'est pas biaisée par des propos enjôleurs. Le client est un ami, une personne reconnue dans son humanité et non point pour sa seule carte bleue.

 



Avec eux, point de discours sur les parts de marché, le taux de rentabilité, les futurs plans d'investissement, la recherche des économies d'échelle et tout ce fatras dogmatique enseigné dans des écoles où le commerce est élevé au rang de brigandage de grand centre marchand. Bien sûr, il y a une différence de prix, mais n'est-ce pas le prix à payer pour reprendre le destin de la planète en nos mains loin de la folie d'un système à l'agonie ?


Cyril a commencé il y a quelques années à mettre son ambition de vivre par lui-même de son rêve en mettant en bouteille des boissons sodaïfiées de sa composition. Une folie que de croire qu'il pourrait vivre de son estampille « La Loère ! » qu'il a fini par rendre possible à force de travail, d'acharnement et d'années à manger de la vache enragée.


 


Il parvient tout juste à faire de sa petite entreprise une opération viable qu'il ne reste pas sur ses lauriers pour accompagner sa compagne Lucile dans un dessein plus fou encore : créer une cave à manger, chambre d'hôtes, un lieu de convivialité avant tout. Ils se mirent au boulot, se retroussant les manches pour repousser les murs et les obstacles, les réticences et les critiques.


Depuis quatre mois, leur LocaLuna n'est plus une Lune folle ni même une vieille Lune sortie d'esprits malades. Elle brille au firmament d'un possible qui se réalise, d'un meilleur qui se concrétise pour eux mais aussi pour ceux qui deviendront leurs complices, leurs commensaux de Chenonceau tout en découvrant les produits d'autres défricheurs du véritable monde d'après ce système destructeur.

 



Je ne tiens pas à vous dévoiler les secrets de la chose. L'alchimie exige que l'on prenne le temps de la découvrir soi-même, d'en humer l'esprit avant que d'en jouir à son tour au hasard d'une visite qui ne peut se satisfaire d'être unique. L'envie de revenir s'imposera à vous parce que tel est le charme de tous ces gentils défricheurs d'un monde à reconstruire : il n'est pas possible de se suffire de sa propre réussite, elle doit s'accompagner de la pleine et entière adhésion, participation, satisfaction de ceux qu'ils associent à leur épanouissement : leurs amis et pas seulement leurs clients.


Ils sont deux parmi bien d'autres et j'entendais à travers eux honorer tous ces colibris de l’improbable refonte d'une relation commerciale qui ne se fonde plus sur la sempiternelle spirale des affaires. Une relation commerciale qui ne se contente plus de ne remplir qu'un ticket de caisse mais bien ouvrir une nouvelle page en décrochant la Lune, fut-ce là une pensée totalement folle et utopique.

 


 



jeudi 25 janvier 2024

Souffle le vent

 

Souffle le vent




Souffle souffle souffle le vent

Lui qui décide du temps

Écoute les souffleurs de vent

Pour remonter à contre-courant


Quand il nous vient de l'ouest

La voilure se gonfle à loisir

Tandis que Galerne n'est pas en reste

Pour que la pluie nous comble de plaisir


Virant alors au nord-ouest

Il faut nous couvrir du gariot

Le froid se fait plus leste

Même si Galarne pousse notre rafiot


Sans qu'il vous veuille du bien

Soudain le girouet indique le nord

Pour que le redoutable horsain

Nous enveloppe d'un froid qui mord


En se tournant vers le nord-est

Tous les craintes sont permises

Quand la nature lâche du lest

Devant la redoutable Bise


Poursuivant sa rotation

De l'est nous vient ce garnement

Un signe de dégradation

Soulaire et tous ses tourments.


Pour se faire plus acceptable

Il traverse tout le pays

Du sud-est à l'accent aimable

Le Suet nous donne la pépie


Puis le soleil nous éclabousse

Du Sud nous provient ce zéphyr

Le Forain montre sa frimousse

Quand toute la nature transpire


Il pourrait être notre choix

Du sud-ouest attendant leur heure

Vent de Mar ou de Suroît

Nous mettent de bonne humeur


Soufflent soufflent soufflent les vents

Eux qui décident du temps

Accompagne les souffleurs de vent

Pour chanter à contre-courant

•••

Du vent dans les étoiles 






mercredi 24 janvier 2024

Un aquéréliste de Loire ...

 

Jacques Duval





Touche-à-tout sublime, il agace ou bien suscite l’admiration comme ces gens qui jamais ne laissent indifférents. Figure historique et emblématique de la marine de Loire, il fut mis sur le devant de la scène par l’émission La Chasse au trésor en une époque où les médias ne parlaient guère de notre rivière. Son bateau d’alors «  Le Grand mouflé » était à l’honneur ainsi qu’un curieux ustensile : « un moufle ... »



Jacques a fait le choix de vivre de ses passions, en artiste authentique qu’il est, lui le lorrain venue dans le Val d’Or par amour pour une belle ligérienne.



Examinons toutes les facettes de ses expressions artistiques.

Le peintre


 

 
Aquarelliste, on peut le rencontrer lors de fêtes marinières où notre homme propose ses tableaux, le plus souvent inspirés par la Loire, ses paysages, ses lumières, ses bateaux. Il donne aussi quelques cours, lui qui, en parfait autodidacte ne se retrouve dans aucune école. Il peint avec son cœur tout simplement sans avoir le soucis d’imposer un regard qui échappe au réel.




Le charpentier naval

 


Le grand Mouflé il l’a construit sous la grande halle de Chateauneuf-sur-Loire avec les mariniers de la ville, un chantier pédagogique qui depuis fit bien des émules. Il avait trouvé son style, son modèle qu’il peaufina par la suite en fabriquant l’Arc’hant Avel, premier d’une longue série de futreaux que l’on peut voir à Combleux et dans d’autres associations du Loiret.



Le sculpteur

 


Il aime le travaille du bois qu’il modèle à sa fantaisie. Il est dans la veine figurative, aimant les courbes et les belles formes; le grain du végétal et le mystère de la vie immobile.

 


 Le musicien

 


Le gars de Metz a toujours chanté, en chorale d’abord, ce qui peut paraître surprenant de le voir se plier ainsi à une discipline collective puis dans les feux de camp, lors de ses très nombreux centres de vacances où il était animateur.

Quand il expose ses tableaux, qu’il attend le chaland, il s’entraîne inlassablement sur sa guitare, finissant par devenir un excellent spécialiste qui donne là aussi des cours appréciés de ses élèves. Il deviendra tout naturellement le guitariste du groupe La Bouline tout en aimant à se retrouver en duo avec son ami Benoit à l’accordéon.


La voile

 


Avant d’évoquer La Bouline, lui le musicien d’un instrument à corde, s’est fait souffleur de vent. Grand amateur à l’époque de planche à voile, il fut un des premiers à naviguer sur la Loire dès qu’il en avait la possibilité. L’occasion faisant toujours le larron, il passa aux bateaux de bois et se fit un des plus adroits dans le maniement de la grand voile carrée lors des Caravanes de Loire et des premiers Festivals de Loire..



Le luthier

 


Nouvelle corde à son arc, c’est en fait la réalisation d’un désir d’adolescent qui vient de sortir de sa boîte magique. Il y a deux ans, il fabriquait son premier Dulcimer, cet instrument à corde du moyen-âge. Depuis il en a refait d’autres et se lance en ce moment sur son premier Ukulélé.

 


La Bouline


 

Le groupe est crée en 1996, Jacques ne tarde pas à rejoindre Christian LE CROHENEC à l’accordéon diatonique et Raymond PHUEZ au chant. Il viendra avec sa guitare et sa voix juste en contre-point en venant avec la Loire dans ses valises et quelques compositions personnelles dont la fameuse Balade à Jacquot que nous apprécions tout particulièrement.

.Daniel Grall apporte alors sa voix, ses textes et donne une belle coloration aux créations d’un groupe en perpétuelle évolution. Christian LE CROHENEC s’en va vers son Morbihan natal tandis que Michel PARISOT le remplace (violon, vielle à roue rejoint le groupe avec une sensibilité traditionnelle suivi de Laurent GENDROT à l’accordéon diatonique.

Raymond PHUEZ quitte à son tour le groupe tandis que Patrice LE ZAG (bouzouki irlandais, banjo, chant) renforce la belle équipe qui commence à se faire un nom. Le temps est venu des premiers enregistrements en studio professionnel. Puis Benoît LE TOUMELIN (accordéon diatonique, clarinette, flûtes, harmonica et chant) et Nicolas BRUNG (accordéon chromatique, percussions) apportent un petit souffle nouveau à ce groupe qui est convié à de nombreux festivals à l’étranger (Angleterre, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Québec) L’enregistrement de deux nouveaux albums ponctue cette période faste…

Les départs en 2014 de Daniel GRALL et de Nicolas BRUNG qui se tournent vers un répertoire plus intimiste ont été compensés par l’arrivée de deux musiciens, Philippe WAIN (basse électro-acoustique, guitare, flûte à bec, chant), et Christian LE SIMPLE (bodhran, percussions, chant) pour évoluer une fois encore vers de nouvelles sonorités.

Fin 2016, Michel Parisot décide de jeter l’ancre à son tour…

Récemment, Jacques et Benoît ont décidé à leur tour de mettre en sourdine la Bouline pour une aventure plus personnelle qui se termina avec le départ de Benoît en Bretagne.




Jamais en peine de renouvellement Jacques peut partir pour de nouvelles épopées. Nous lui souhaitons bon vent pour la suite de ses aventures artistiques et nous vous invitons à la retrouver à la maison des associations jusqu'au samedi 27 janvier



mardi 23 janvier 2024

Spécial Cabinet Vert

 

Le Cabinet vert

 


 


    Nos amis du Cabinet Vert ont reçu une fort vilaine visite. Un chauffard est venu nuitamment détruire leur terrasse et mettre à mal l'entrée du restaurant. Naturellement, le furieux a pris la fuite, laissant un décor chamboulé et mettant à mal l'outil de travail de cette belle équipe.


 Patrice, Valérie et leur équipe ne vont pas baisser les bras ! Ils vous invitent à venir manger dans leur salle de l'étage. C'est le plus beau geste de solidarité que vous puissiez faire. Je vous recommande cette table d'exception, vous passerez un excellent moment tout en montrant ce qu'est véritablement la solidarité ligérienne. Je ne doute pas un seul instant que vous suivrez ce conseil.


Le Cabinet vert


Qu’il fut cabaret ou bien guinguette

Vendant du vin ou servant de bordeau

Repère des pêcheurs avec sa buvette

Il s’accota toujours tout au bord de l’eau


Le Cabinet vert fut un repère

Un point de chute à la demande

Une main tendue sur la rivière

Pour une belle étape gourmande


Se nichant au pied de la falaise

Entourée de nos plus belles vignes

Ses habitués étaient bénaises

Lorsqu’ils vidaient cul sec des chopines


Pour un compagnon qui venait du Val

Gaétan Froger le tireux d’jard

Laissait sa besogne au premier signal

Se faisant passeur pour un coup d’pinard


Leurs godets se choquaient jusqu’à ce que

Une envie soudaine échauffe les gaillards

Sans tirer le diable par la queue

La satisfaisait dans ce lupanar


Depuis, l’eau a coulé dans la Loire

Ces turpitudes à jamais passée

Si on continue à bien y boire

On ne fait anuit que s’y restaurer


Nonobstant, si le diable vous y invite

Au-delà de ses délicats couverts

La maison vous ouvrira son gîte

Pour une nuit la tête à l’envers


L’estaminet toujours dans les mémoires

Le Cabinet Vert reprend son nom

En un adieu aux Terrasses de Loire

Il conserve son éternel renom 


 

En direct du Cabinet Vert



Gourmand devant l'Éternel, j'ai toujours voulu voir de l'intérieur la vie d'une cuisine au sein d'un restaurant de tradition française. Patrice et Valérie m'ont permis de satisfaire ma curiosité maladive. C'est armé de mon tablier de cuisine et de mon inséparable ordinateur portable que je fis donc irruption dans ce temple de la gastronomie locale.


Il est 18 h 30, ce vendredi, Patrice est, depuis une demi-heure déjà, sur le pont à bricoler. L'homme sort juste d'une petite intervention chirurgicale le mercredi pour une petite hernie. Le chirurgien lui a demandé de rester tranquille durant trois semaines mais bien sûr, deux jours plus tard, il est déjà à ses fourneaux. Les deux premiers employés arrivent, Quentin apprenti cuisinier en deuxième année, Noémie en mention complémentaire «  dessert de restaurant » après deux années de pâtisserie classique.


Le serveur assure l'accueil des client en compagnie de la maîtresse de maison avec une lycéenne en première, qui fait des extra comme serveuse. Le fils de la maison vient faire la plonge quand il y a le coup de feu. Belle-maman, ancienne plongeuse du restaurant précédent, vient rendre visite à l'équipe. Thierry, l'éminence grise de la cuisine, a croisé ma route quand il jouait au rugby sous mes directives ; il s'est mis au boulot sans que je le voie passer.


19 heures, tout le monde est sur le pied de guerre. J'ai écrit ces quelques lignes en écoutant le patron me vanter l'ambiance de sa jeune équipe, le plaisir qu'il avait d'avoir des employés capables de répondre toujours présents aux impératifs d'un métier complexe et exigeant. Pendant que le chef parlait avec le curieux du jour, sa brigade s'était mise en branle sans qu'il ne demande rien.


J'enfile mon tablier de cuisine pour aller observer de plus près l'animation qui règne dans le laboratoire. Thierry coupe des pommes de terre tout en surveillant deux ou trois cuissons, prépare une sauce au poivre et au Porto ainsi qu'une autre sauce au whisky et à l’échalote. Quentin se charge de la mise en bouche : une purée de pois cassés ; il n'a pas pris le récipient adéquat, d'une remarque moqueuse, le chef le lui fait remarquer.


De son côté, la patissière prépare sa sauce caramel et annonce sa proposition du soir. La serveuse retient la longue description qu'elle proposera ensuite aux clients sous l'appellation prometteuse de « Dessert de l'artiste apprentie ». Pour vous mettre en appétit tandis que la brigade s'active dans une sérénité qui n'est pas l'agitation des émissions télé, je vous nomme cette merveille : « Tartelette au chocolat sauce caramel avec des brunoises de poire de Semoy déglacées à la poire d'Olivet, accompagnée d'un beurre de cacahuètes et de noisettes caramélisées … »


Le chef a profité de son après-midi pour ramasser quelques lactaires délicieux qui vont venir améliorer l'ordinaire déjà fort convenable. Quand on est maître-restaurateur on s'honore de tels petits détails qui apportent cette touche si particulière qui fait que les clients reviennent avec plaisir. Hélas, les champignons seront réservés au personnel : la législation interdisant une telle pratique. Si le Cabinet Vert sert de la friture de Loire c'est que Robert, le pêcheur professionnel, leur fournit sa récolte du jour.


Le pain sort du four, il est préparé juste avant l'arrivée des clients. Ceux-ci tardent à franchir la porte ; il est déjà 19 H 45 quand un couple d'habitués fait son apparition. Ils sont comme chez eux ici. Il y a une surprise pour les amis : le patron leur offre au comptoir, une coupe et des œufs brouillés avec ses merveilleux champignons qu'il a magnifiés avec amour. Ce n'est pas vendu, c'est simplement le plaisir, la convivialité élevée en principe de vie.


Je repasse en cuisine et je comprends que ce principe s'applique à la lettre avec l'équipe. Il y a du bonheur devant le piano, c'est une évidence. Pas de cris, pas de coup de gueule : ce qui se trame en coulisse est en rapport avec la sérénité des lieux. Je suis surpris que tous parviennent ainsi à maintenir ce climat tandis qu'il faut envoyer les plats au rythme souhaité par les clients.


J'en ai assez vu ; je me fais client à mon tour, passant de l'autre côté du décor afin de profiter de cette belle ambiance. J'opte pour le menu du marché, un trait d'union avec le rendez-vous du lendemain matin. Il est minuit quand nous nous quittons ; les patrons ont laissé filer leur belle équipe, ils rangeront encore deux ou trois choses avant de regagner leurs pénates.


Le lendemain.



Leur sommeil a dû être court. À 7 h 30, ils sont tous deux sur le marché. Valérie ouvre sa buvette, Patrice se fournit en légumes chez un maraîcher spécialiste des légumes anciens et adepte d'une agriculture raisonnée de bon aloi. C'est d'ailleurs chez cet ancien joueur de rugby que je me fournis moi aussi depuis fort longtemps.


Valérie assurera sa mission sur le marché, offrant café et chocolatines aux clients comme aux vendeurs, accueillant les uns et permettant aux autres de faire un pause chaleureuse. De curieux lascars viennent perturber son estaminet en ouvrant des huîtres. C'est un petit plus qui va égayer la matinée et ravir quelques gourmets. La buvette fermera à 13 heures, Valérie se dépêchant de regagner son restaurant.


Il y a longtemps que Patrice s'est mis en action pour faire avancer le travail, préparer les légumes afin qu'ils puissent rapidement entrer dans une composition. Sa brigade le rejoint et chacun s'est affairé. C'est un temps calme, ô combien nécessaire, pour que, lors du coup de feu, tout se passe le mieux possible.


Le fameux coup de feu ne manquera pas de survenir. Le restaurant va recevoir près de 40 clients qui vont mettre la brigade en ébullition. J'ai peur de déranger ; chacun allant et venant à un rythme qui ne supporte pas un inactif prenant des notes. Là encore, le calme l'impressionne alors que chacun semble se multiplier, réalisant dans le même temps plusieurs tâches.


C'est un bonheur de les voir s'activer, de comprendre que chacun a son rôle dans cette chorégraphie mystérieuse, dans ce mouvement incessant qui aboutit à la création dans le même temps des plats pour une même table. Cela tient de l'alchimie et du miracle. Il y a là une science des cuissons, de la chronologie des tâches qui m'émerveille. C'est, à n'en point douter, un métier bien loin des agitations domestiques que je peux avoir dans ma cuisine.


Je suis ébloui de ce ballet qui ne prendra fin qu'à la sortie des derniers convives. Je suis encore admiratif devant le souci du cuisinier et de son inséparable second qu'il ne soit rien perdu, que les assiettes reviennent vides, que les poubelles ne regorgent pas de déchets. Il y a là plus qu'un souci louable, c'est une ligne de conduite, un impératif qui affirme les valeurs de la maison.


Quand le calme est revenu, l'équipe, après avoir nettoyé le laboratoire, se retrouve pour prendre tranquillement un repas. C'est le même menu que pour les clients ; Patrice tient à ce que son personnel soit traité de la même manière. Il met également un point d'honneur à ce que ce repas ne précède pas le service et ne soit avalé à coup de lance-pierre.


C'est le moment de décompresser, de plaisanter, de se chambrer un peu. C'est encore l'heure d'un bilan dans le calme, de quelques remarques qui passent mieux qu'à chaud. Il y a un esprit de famille ; les patrons sont heureux de me raconter qu'ils ont emmené leurs enfants et leur brigade au Puy du Fou pour une sortie de fin d'année. C'est l'esprit de la maison, ils y tiennent.


L'heure est largement dépassée. Dans ce métier, on ne regarde pas la pendule, ou bien cela n'a plus aucun sens. Il est 15 H 30 quand chacun va goûter un petit repos mérité. Patrice reste sur place ; il a un projet d'aménagement de son restaurant afin qu'il retrouve son nom historique : celui qui n'a jamais disparu dans le cœur des Orléanais. Ce sera chose faite l'année prochaine avec des travaux qu'il faut surveiller attentivement.


Il est 18 heures, la brigade reprend le collier. Je les laisse, ayant un autre rendez-vous à honorer. J'ai passé vingt-quatre heures cuistot avec eux et je suis admiratif et épuisé. Eux sont en pleine forme. Quel est donc ce miracle qui leur donne une telle énergie ? Je leur avoue une dernière fois mon admiration. Cette activité n'est pas qu'un simple métier : il y a quelque chose qui relève de la vocation, d'un art de vivre, d'une conception du partage qui me fascine.


Si vous passez en bord de Loire, prenez donc la peine de leur rendre une petite visite. Venez de ma part ; il n'est pas impossible que la patronne vous offre un petit verre de nos bons vins de Loire. Valérie a d'ailleurs une connaissance des vins qui vous enchantera. Ne tenez pas compte des affirmations vont au fil de l'eau ; c'est bien ici la plus belle Terrasse qui donne sur la Loire !

Pour en savoir plus

 

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/le-conducteur-qui-a-percute-le-restaurant-le-cabinet-vert-a-orleans-place-en-garde-a-vue-3510371

https://www.larep.fr/saint-jean-de-la-ruelle-45140/actualites/une-voiture-fracasse-la-terrasse-du-cabinet-vert-a-orleans-le-restaurant-contraint-de-fermer-provisoirement_14438949/

https://www.larep.fr/orleans-45000/actualites/le-conducteur-de-la-voiture-qui-a-pulverise-la-terrasse-du-cabinet-vert-a-orleans-toujours-recherche_14439460/

 

Un écureuil s'éprit d'une taupe

  Amours énantiotropes Un écureuil s'éprit d'une taupe Comble d'un amour énantiotrope Lui perché sur son gra...