La Loire, femme amoureuse
« La Loire est une femme, amoureuse et pâmée,
Blonde peu sûre, au longs sommeils, aux réveils fous,
Sa câline langueur dort sur les sables roux
Et baise les contours de sa vie charmée.
La Loire est une reine, et les rois l'ont aimée.
Sur ses cheveux d'Azur, ils ont posé, jaloux,
Des châteaux ciselés ainsi que des bijoux ;
Et de ces grands joyaux sa couronne est formée.
Vous passez votre vie, ô peupliers tremblants,
A la voir s'égarer en détours nonchalants,
Muette, énigmatique, et souple, et lente, et bleue…
Tels, éternellement debout sur le chemin
D'une reine, deux rangs d'estafiers, pique en main,
Regardent fuir en serpentant sa robe à queue…
Jules LEMAITRE
Ce poème de Jules Lemaitre, Yves l'avait déjà choisi dans son livre : « Le chemin qui marche », il avait souhaité qu'il soit en quatrième de couverture de celui-ci. Il exprime encore mieux que le poème de Germaine Briffault cette personnalisation au féminin de la rivière que d'autres ont exprimés, parfois plus maladroitement. Yves s'amusait des efforts littéraire de ce garçon fougueux à qui il montra le chemin.
C'est ainsi que tous deux, comme bien d'autres ligériens, voyaient en la Loire, avec les yeux d'amoureux éternellement éconduits, une femme qu'il convenait de ne jamais qualifier de Capricieuse.
La Fille Liger
C'est une fille sauvage
Qui vous conduit dans son lit
C'est une femme rivage
Qui s’écoule à l'infini
A sa naissance on lui fit
Un berceau tressé de joncs
Elle aurait grandi au Puy
Avant de rejoindre des garçons
Ils étaient de bons marins
Cœur gros et mœurs légères
Ils suivirent son chemin
Jusqu’à sa tribu Liger
L'été elle se prélasse
Alanguie, prenant son temps
Sans fin elle rêvasse
Dormant le long de ses bancs
En automne, elle forcit
Elle devient fréquentable
Si elle reste dans son lit
C'est qu'elle se sait aimable
En hiver elle s'emporte
Par ses fortes colères
Mais elle se fait accorte
Pour les marins en galère
Au printemps elle se lâche
Débordant de toutes parts
C'est alors qu'elle se fâche
Nous refusant le départ
Elle est jamais si belle
Qu'en notre soleil levant
Lorsque la brume l'éveille
Aux petits matins naissants
Elle se pare en majesté
Dans la splendeur du couchant
Quand un ciel illuminé
Embrase tout le Ponant
C'est une Loire volage
Qui roucoule dans son lit
C'est un fleuve sans visage
Qui s'écoule sans souci
Anonyme XXI° siècle
Photos de
Christian Beaudin
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