lundi 17 juillet 2023

La Loire, femme amoureuse

 

La Loire, femme amoureuse





« La Loire est une femme, amoureuse et pâmée,

Blonde peu sûre, au longs sommeils, aux réveils fous,

Sa câline langueur dort sur les sables roux

Et baise les contours de sa vie charmée.


La Loire est une reine, et les rois l'ont aimée.

Sur ses cheveux d'Azur, ils ont posé, jaloux,

Des châteaux ciselés ainsi que des bijoux ;

Et de ces grands joyaux sa couronne est formée.


Vous passez votre vie, ô peupliers tremblants,

A la voir s'égarer en détours nonchalants,

Muette, énigmatique, et souple, et lente, et bleue…

Tels, éternellement debout sur le chemin

D'une reine, deux rangs d'estafiers, pique en main,

Regardent fuir en serpentant sa robe à queue…


Jules LEMAITRE



Ce poème de Jules Lemaitre, Yves l'avait déjà choisi dans son livre : « Le chemin qui marche », il avait souhaité qu'il soit en quatrième de couverture de celui-ci. Il exprime encore mieux que le poème de Germaine Briffault cette personnalisation au féminin de la rivière que d'autres ont exprimés, parfois plus maladroitement. Yves s'amusait des efforts littéraire de ce garçon fougueux à qui il montra le chemin.

C'est ainsi que tous deux, comme bien d'autres ligériens, voyaient en la Loire, avec les yeux d'amoureux éternellement éconduits, une femme qu'il convenait de ne jamais qualifier de Capricieuse.



La Fille Liger


C'est une fille sauvage

Qui vous conduit dans son lit

C'est une femme rivage

Qui s’écoule à l'infini


A sa naissance on lui fit

Un berceau tressé de joncs

Elle aurait grandi au Puy

Avant de rejoindre des garçons

Ils étaient de bons marins

Cœur gros et mœurs légères

Ils suivirent son chemin

Jusqu’à sa tribu Liger

L'été elle se prélasse

Alanguie, prenant son temps

Sans fin elle rêvasse

Dormant le long de ses bancs

En automne, elle forcit

Elle devient fréquentable

Si elle reste dans son lit

C'est qu'elle se sait aimable


En hiver elle s'emporte

Par ses fortes colères

Mais elle se fait accorte

Pour les marins en galère

Au printemps elle se lâche

Débordant de toutes parts

C'est alors qu'elle se fâche

Nous refusant le départ


Elle est jamais si belle

Qu'en notre soleil levant

Lorsque la brume l'éveille

Aux petits matins naissants

Elle se pare en majesté

Dans la splendeur du couchant

Quand un ciel illuminé

Embrase tout le Ponant


C'est une Loire volage

Qui roucoule dans son lit

C'est un fleuve sans visage

Qui s'écoule sans souci 

 

Anonyme XXI° siècle 

 

Photos de 

Christian Beaudin 



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