lundi 30 septembre 2019

Une pastelliste de Loire

Françoise Réthoré
Pastelliste de France




Pour mieux la découvrir encore allez sur son site : www,francoiserethore.com
Bonjour, vous êtes sensible à la Loire que vous aimez peindre. Pouvez-vous nous expliquer les origines de ce lien affectif ?
Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai dessiné et peint. Mon premier tableau exposé (à l’âge de quinze ans) est une marine…déjà !



Pouvez vous vous présenter en quelques dates clefs pour vous ?
Enseignante de formation, je découvre la technique du pastel sec, il y a 25 ans .Je tombe sous le charme de ces petits bâtonnets de poudre magique…et décide de me consacrer entièrement à cette technique.
En 2001,la Société des Pastellistes de France découvre mon travail et m’invite à exposer dans ses salons internationaux (Feytiat, Tournus, Charenton, Yerres, La Rochelle, Saint-Florent-le-Vieil, Allemagne…)
En 2009,La Société des Pastellistes de France me confie l’organisation des Estivales Internationales du Pastel à l’abbaye de Saint-Florent-le-Vieil. Cette manifestation attirera 15000 visiteurs dans cette bourgade des bords de Loire en 2009 et perdurera jusqu’en 2016.



Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Mes tableaux vous invitent à une balade au fil de l’eau. Mon sujet préféré est l’eau. Je ne peins que les paysages que je connais et qui sont pour moi une source d’émotion infinie. Ce sont les paysages de mon enfance, sur les bords de Loire (je suis née au Mesnil-en vallée ,en Anjou) qui m’ont donné envie de peindre.


J’arpente les bords de Loire ,depuis toujours…Je peins inlassableent les bords de Loire et sa batellerie.
C’est à Montjean –sur-Loire ou encore à La Possonniére que je trouve mon inspiration.
Je suis attachée à l’histoire et à la culture de ma région et mes tableaux se font le témoignage de la richesse des paysages ligériens.




Que ressentez-vous devant un paysage ligérien ou fluvial ?
Je suis passionnée par l’eau et ses reflets. Sur le motif ,je m’imprègne de l’ambiance du paysage, de sa poésie, de sa musique. Je laisse ensuite reposer mes impressions jusqu’à ce que le tableau naisse de lui-même dans ma tête.


Comment décririez-vous vos tableaux ? 
Je recrée alors,à l’atelier,à partir des sensations. J’essaie d’être fidèle à l’émotion originelle et à l’âme des lieux ,mais en utilisant mes couleurs qui ne sont pas celle de la réalité. Je peins, en quelque sorte, ma « Loire intime »



Vos tableaux semblent être reconnus
Mes tableaux ont été maintes fois primés en France et à l’étranger. Mon travail a fait l’objet d’articles dans des revues spécialisées :Pratique des Arts, Dessins  et Peintures, Plaisirs de peindre


Que représente l’art pour vous ?
Pour moi l’Art est partage et je suis très attachée à la transmission .Depuis 20 ans, j’initie les enfants à la technique du pastel, dans mes ateliers ou en milieu scolaire et je donne aussi des cours aux adultes.


Quand peut-on vous retrouver ?

J’ai le plaisir d’inviter vos amis ligériens au vernissage du Salon International du Pastel, le vendredi 4 octobre 2019, 18 heures ,en l’espace Séguier , rue des Ruets, à Saint-Brisson-sur-Loire.

Le 1er Salon International du Pastel, Région Centre Val de Loire,aura lieu du 5 au 27 octobre à Saint-Brisson-sur-Loire à l'Espace Siguier .



Ce salon est organisé par l'Association Culturelle et Artistique ,en partenariat avec la Société des Pastellistes de France.

Ouvert tous les jours, de 14 h à 18 h et les dimanches de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h

dimanche 29 septembre 2019

L’éphèbe et la carpe


Il suffit de réfléchir




Il était une fois en bord de Loire, Bélénos, un jeune homme d’une beauté si extraordinaire qu’il passait son temps à vouloir s’admirer sur/dans les reflets de la rivière. Mais si la chose est aisée sur un étang ou une eau stagnante, elle n’est jamais facile quand l’eau court et s’agite au gré des variations infinies de son cours. Son image était toujours déformée, imparfaite, marquée de rides et des remous.

Bélénos ne parvenait pas à croire ceux et celles surtout qui vantaient sans cesse la finesse de ses traits, la délicatesse de son visage, la grâce infinie qui se dégageait de toute sa personne. Il voulait s’en rendre compte par lui-même et jurait ses grands Dieux que s’il en avait le pouvoir, il figerait à jamais les eaux de la Loire afin de pouvoir s’y mirer tranquillement.

Ce que Dieu veut, il l'obtient et dans l’instant suivant, les eaux furent prises par un froid terrible et se transformèrent en glace. Hélas, la Loire n’est ni une mare ni même un lac, l'embâcle s’accompagne de mouvements désordonnées, qui accumulent les blocs de glace, constituant des monticules qui s’enchevêtrent dans le plus grand chaos. Nulle image n’y peut se réfléchir. Bélénos en était pour ses frais.

Il se désolait quand un rossignol voletant au dessus de lui, lui siffla un air joyeux. C’était encore une époque où les hommes comprenaient la langue des oiseaux. Le joyeux animal lui chantait : « Puisque tu es si beau, charmant Bélénos, tu n’as qu’à admirer les yeux d’un animal capable de refléter parfaitement ta magnificence ». L’idée était excellente, il lui fallait trouver créature à son image, la plus parfaite possible.

C’est sans hésiter un seul instant qu’il se précipita dans les bois. Il avait pensé que personne n’égalait la grâce de la biche, dont les yeux étaient des diamants étincelants. C’est en la regardant de près qu’il pourrait s’admirer tout à loisir. Hélas, séduire une biche quand on ne sait pas bramer, n’est pas à la portée du premier venu, fut-il un Dieu Celte, précurseur d'Apollon. Sa quête s’avéra inutile, l’animal était aussi farouche qu’élégant. Jamais il n’eut le loisir de regarder une biche dans le blanc de son œil.

Il retint la leçon. Il convenait d’aller quérir un animal domestique. L’homme avait entendu parler des vaches de l’Aubrac. La route était longue pour aller jusque là mais l’enjeu en valait la chandelle, il partit cap au sud pour atteindre sa destination. Sur sa longue route, il entendit bien des propos flatteurs, les dames se pâmaient à sa vue. Pourtant, loin de se convaincre qu’il était le plus beau spécimen de la création, Bélénos, voulait s’en rendre compte par lui-même.

Il fut déçu. La vache de l’Aubrac a certes des yeux splendides, mais son regard reste bovin, on ne peut changer sa destinée. Bélénos en éprouva un profond dépit. Tant de chemin pour rien ! Il convenait d’ailleurs de ne pas s’éterniser, un taureau, portant déjà des cornes, trépignait dangereusement du pied. La bête semblait ne pas vouloir partager sa belle qu’il couvait d’un regard jaloux. Notre Narcisse de pacotille se sauva précipitamment.

Quand il retrouva son souffle, il était revenu à son point de départ. La Loire avait arrêté sa fuite. La peur avait été si grande de perdre la face devant un mâle en colère que Bélénos avait couru ainsi sept jours et sept nuits sans interruption. Il était en nage, un bon bain lui remettrait les idées en place. Il se dévêtit totalement, provoquant alentour des sifflements d’admiration, des exclamations et mêmes quelques évanouissements. Il aurait pu se satisfaire de ces marques sincères d’admiration, mais c’était plus fort que lui, il voulait apprécier de visu l’extraordinaire beauté dont la providence l’avait gratifié.

Totalement nu, comme au premier jour de la création, il plongea dans la rivière. C’est au fond d’une passe profonde qu’il trouva ce qu’il cherchait depuis si longtemps. Une carpe miroir dormait paisiblement là. Bélénos put alors se mirer tout à loisir, se regarder sous toutes les coutures si cette curieuse expression peut encore avoir un sens dans la plus parfaite nudité qui était le sienne.

Il s’admira tant et si bien qu’il eut enfin la révélation tout autant que la confirmation qu’il était bien la plus parfaite créature de l’univers. Il n’en revenait pas, voulant prolonger indéfiniment ce spectacle si plaisant à son orgueil. Il tournait tout autour de la carpe miroir, jouissant pleinement de son image. Cela dura longtemps, très longtemps, trop longtemps. Bélénos en oublia de respirer et finit par se noyer, enivré qu’il était de sa propre image.

Quant à la carpe, elle se réveilla et assista aux derniers instants de Bélénos. Ce qu’elle vit alors, personne n’en saura jamais rien. Elle resta définitivement muette à ce propos. Vous pouvez bien essayer de la faire parler, elle a le cuir dur et ne symbolise pas le courage et la persévérance pour rien.

Admirablement sien.


samedi 28 septembre 2019

Histoire de la voir

En hommage à Yves Fougerat

Le bateau dyonisien.


Il était une fois, en 1869, un vieux pêcheur de Loire ayant effectué toute sa carrière dans son village de la Nièvre. Gaston était né, avait grandi, s’était marié puis s’était retrouvé veuf dans son beau village de Neuvy-sur-Loire où il avait vécu en bord de Loire. Il était venu le temps pour lui de renoncer à affronter les rigueurs d’un métier qui vous contraint à de longues périodes sur l’eau au cœur de l’hiver. Ses rhumatismes le poussaient à raccrocher ses filets, ses nasses et son carrelet. Le temps était venu d’un repos bien mérité.
Le hasard de la destinée lui avait octroyé un héritage. Une charmante petite maison de pêcheur à Saint Denis-de-l’Hôtel, perché sur le coteau de la rive nord. Il s’était dit que c’était là une occasion inespérée pour lui d’effacer les mauvais souvenirs attachés au départ de sa pauvre femme. Il décida de déménager et en bon marinier qu’il était, il déménagea à bord de sa toue cabanée, effectuant par les flots le long déplacement de Neuvy à Saint Denis.
Le voyage se passa sans encombre. La Loire était à l’afflôt, le temps propice. Ce fut une formalité pour ce fin connaisseur de la rivière. C’est alors qu’il tombait des cordes, qu’il fit son entrée dans son nouveau village. Il passa devant sa maison, poussant jusqu’après le pont du diable pour s’amarrer le long de la cale nord, face au beau village de Jargeau.
C’est là qu’il la vit. Une belle jeune femme, Lilith, laveuse de son état, à genoux sur sa caisse à savon. Elle nettoyait des draps sous des trombes d’eau. La pauvrette était trempée comme une soupe. Gaston eut pitié d’elle, touché à la fois par sa beauté, sa jeunesse et sa détresse. Il accosta, vint vers la belle et tout en la plaignant de tout son cœur, il lui déclara : « Mon enfant, j’ai grande pitié de vous voir ainsi œuvrer à tous les vents, sous une pluie battante ! Vous voir ainsi dans la peine vient de me donner une idée ! »
Gaston lui déclara qu’il n’avait plus besoin de son bateau. Il venait de songer que quelques légères modifications en feraient un abri fort convenable pour permettre à la jeune femme de laver le linge à l’abri des précipitations. L’homme avait des doigts d’argent, il entreprit, une fois son déménagement effectué, de transformer sa toue cabanée en petit bateau lavoir. Il rallongea la cabane, ouvrit une façade, installa une bordée rétractable et mit en place d’autres petites innovations qui firent le succès de son idée.
Il en fit cadeau à Lilith à la seule condition que le bateau fut toujours visible de sa petite demeure. Il aurait ainsi une distraction qui égayerait ses vieux jours. Il exigea encore une faveur à toutes les laveuses du village : le droit de s’installer au fond du bateau sur un banc qu’il avait posé là dans ce but. Jamais il ne s’ennuierait en écoutant les conversations des dames dont chacun sait qu’elles manient la langue bien mieux encore que le battoir !
Gaston vécut heureux le reste de son âge. La verdeur des propos des laveuses lui redonna une seconde jeunesse. Il eut même le privilège de leur confier son linge, chacune à tour de rôle se chargeant avec plaisir de ce petit service. Le cadeau du vieux pêcheur leur ayant transformé l’existence.
Le temps passa. Gaston rejoignit l’autre rive un jour d’une grande tristesse pour toutes les laveuses qui lui seront éternellement reconnaissantes. Lilith demeurait toujours aussi belle, aussi jeune. Le temps passa, les années ne semblaient pas avoir de prise sur la laveuse. C’est bien des années plus tard que nous la retrouvons, toujours aussi rayonnante alors que le petit fils de Gaston, Yves, venu vivre de son métier de pêcheur (une tradition familiale) s’est installé dans la petite maison de son aïeul.
Lui aussi tomba sous le charme mystérieux de la laveuse qui ne prenait pas une ride. Lilith était toujours présente parmi ses commères, aussi fraîche que le jour lointain où Gaston lui avait fait offrande de son embarcation pour la transformer en lavoir flottant. Yves est non seulement sous le charme mais il est véritablement envoûté par la jeune femme. C’est le coup de foudre, il ne pense, ne vit que pour l’admirer, espérer un regard, un sourire. Hélas, la belle semble totalement indifférente à ce grand nigaud qui vient tendre ses filets devant les eaux savonneuses du lavoir. Inutile de vous dire que la pêche est toujours mauvaise. Yves remonte des filets désespérément vides sous les moqueries des femmes, amusées de ses pauvres manières de pêcheur toujours bredouille. Aucune n’est dupe de la comédie qui se joue sous leurs yeux. Seule Lilith ne se rend compte de rien, elle est ailleurs, elle est si différente !
Une des femmes un jour eut pitié du pauvre garçon qui dépérissait à vue d’œil, se consumant d’un amour incompris. Elle alla le voir discrètement dans sa demeure pour lui glisser à l’oreille que seule, Irène, la sorcière de Mardié, serait susceptible de lui proposer une potion, un breuvage à sa façon pour conjurer le maléfice et qui sait, ouvrir les yeux de la belle laveuse mystérieuse.
Yves était si désespéré qu’il accepta cette ultime solution pour enfin recueillir, ne serait-ce qu’un regard de la terrible indifférente. Il se rendit à Mardié, toqua à la porte de dame Irène qui fut toute surprise qu’on puisse venir vers elle en plein jour. Elle savait sa réputation qui poussait ceux qui avaient recours à ses services de ne la visiter que nuitamment dans le plus grand secret. Notre birette écouta, amusée l’histoire d’amour impossible du pauvre pêcheur, elle qui s’était justement enfermée dans cette méchante folie par la faute d’une romance brisée.
Elle eut pitié du quémandeur, lui concocta un breuvage qu’elle glissa dans une petite fiole. La préparation fut longue, Yves regardait cette femme, repoussante de crasse qui se transformait véritablement lorsqu’elle constitua ses savants mélanges. Elle lui sembla rajeunir devant lui, se faire moins sale, plus aimable également. L’alchimiste peut transformer le plomb en or, la sorcière subissait elle aussi cette incroyable métamorphose, le temps de son travail.
Quand elle eut terminé, elle passa la fiole au-dessus d’une pierre aux vertus philosophales, prononçant alors des paroles envoûtantes dans une langue incompréhensible, une sorte de mélopée gutturale. Puis, elle confia le flacon au jeune homme en lui disant simplement : « Ne faites pas comme moi, soyez heureux tous les deux, profitez pleinement de cette occasion unique qui se présente à vous. Ceci sera mon cadeau pour votre amour éternel ! »
Yves ne saisit pas la portée de ce message. Il remercia la dame qui de nouveau était vieille, laide et repoussante. Nonobstant, il lui déposa un baiser sur le front, geste qui laissa Irène totalement éberluée ; il y avait si longtemps qu’un humain lui avait accordé ce geste simple. Ils se séparèrent et le pêcheur s’en alla, d’un pas décidé, rejoindre sa barque devant le lavoir.
Il s’installa devant sa désirée, sa belle indifférente. Il but l’élixir de la sorcière, fit grande grimace tant la potion était amère, lança son épervier, le remonta péniblement. Il ne remarqua pas alors ce qui se tramait dans le lavoir, tout occupé qu’il était à ramener à lui une prise énorme. Dans l’épervier, une carpe miroir dorée, gigantesque. Il la saisit à bras le corps pour la montrer à celle qu’il voulait conquérir ; la belle avait disparu.
Fou de rage, furieux d’avoir été leurré par la sorcière, il fit un pas en avant pour remettre la carpe à l’eau : « À quoi bon cette prise si son adorée ne tombait pas dans ses rets ? » Il glissa, emporté par le poids de l’énorme bête et tomba dans la Loire avec la carpe. On ne le revit plus jamais et son corps demeura introuvable !
Il se murmure qu’au pied du pont du diable, juste à proximité du bateau lavoir, pour peu que vous soyez accompagné de celle que vous désirez ardemment, il vous sera permis d’apercevoir deux très gros poissons dansant une étrange sarabande. Un murmure monte alors des flots, une mélopée qui insufflera en vous une étrange transe amoureuse. Sachez en profiter ...
Le bateau lavoir est toujours là, il ne vous reste plus qu’à ouvrir grand les yeux et votre cœur. Lilith et Yves sont certainement à deux pas de là, tapis tout au fond de la rivière.
Lavandièrement sien.
à consulter => http://www.foretorleans-loire-sologne.com/depot_fichiers/GAL/UserFiles/File/Diaporama_reunion3_bateaux_18-12-13.pdf

vendredi 27 septembre 2019

Des fûts, deux trônes et une chaise percée.


Henri III.



Henri trois, dernier des Valois mérite qu’on s’attarde sur son parcours chaotique. L’homme peut choquer par ses mœurs, lui qui défraya, sans doute à tort, la chronique avec ses mignons. Nous ne nous attarderons pas sur la face cachée du bonhomme qui a traversé bien des tourments. S’il a mis en avant ses favoris, c'est qu’ils étaient ses spadassins, les instruments armés de ses vengeances. À ce titre, il peut se rattacher à notre actualité récente.

Henri III soigne avant tout son apparence. Il fait des frais de toilette et de maquillage. Si le monarque est entouré de favoris, il ne diffère en rien de ses successeurs. N’y voyez aucune allusion graveleuse, il forme assurément un couple uni et soudé avec son épouse : Louise de Lorraine. Nous abandonnerons ici les bruits d'alcôve, pour nous soucier exclusivement de son parcours politique.

Il débuta dans la carrière en devenant roi de Pologne sous le nom de Henryk premier de 1573 à 1575, manière sans doute de se former avant que de devenir roi de France à partir de 1574. C’est peu de temps après son avènement que le parlement de Paris en 1577 vote l’arrêté des vingt lieues (88 km) dit de l’octroi qui va changer du tout au tout la vie dans l’orléanais.

Le 14 août 1577, il est fait interdiction aux marchands de vin et cabaretiers Parisiens de s'approvisionner à moins de  vingt lieues de leur ville. C’est ainsi que pour répondre à la grande demande, ils se tournèrent tout naturellement vers des régions facilement accessible tel l'Orléanais et la Touraine... Ne pouvant plus vendre leur vin, les vignerons parisiens gardèrent cependant quelques vignes pour leur consommation personnelle.

À partir de ce moment-là, de Châteauneuf-sur-Loire jusqu’à Beaugency, les bords de Loire se couvrirent de vignes. Plus de 30 000 hectares qui firent la richesse de la région. Comme dans le même temps, Henri III se soucie de reformer les pratiques de la cour, on dit de lui qu’il est à l’origine de l’étiquette. Celle-ci aurait-elle un rapport avec celle que l’on accole aux bouteilles, j’en doute d’autant que le vin passe le plus souvent du tonneau à la chopine.

Mais revenons à notre lascar. Il a quelques soucis avec la Religion. Il est vrai que le vin de messe fait tourner les têtes. Il se trouve en butte avec les fameuses guerres de religion. En cette époque lointaine, Orléans est la capitale Protestante de la France. Ceci ne doit d’ailleurs pas être ébruité, nos adorateurs patentés de la Sainte Jeanne d’Arc font tout pour effacer cet aspect de l’histoire locale.

Auparavant, en 1563, le chef du parti catholique, François de Guise, décide de marcher sur Orléans. Le 5 février, il dresse son camp à Olivet en face d’Orléans. Grâce à son armée de 20 000 hommes, il s’empare des Tourelles le 9 février et prépare l’assaut d’Orléans pour le 19. La veille de l’assaut, le 18 février au soir, après avoir traversé le Loiret en barque pour regagner son logis des Vaslins, il est atteint dans le dos par un coup de pistolet tiré par un gentilhomme de son armée en embuscade, nommé Poltrot de Méré. Celui-ci, arrêté le lendemain, avoue avoir agi à l’instigation de l’amiral Gaspard de Coligny. Les Guise n’auront de cesse de se venger de ce chef protestant, finalement assassiné lors du massacre de la Saint-Barthélemy (1572).

C’est dans ce contexte délétère que le vin va tourner vinaigre dans la région d’Orléans. Les trois principaux personnages du Royaume sont des Henri : Le roi, le duc de Guise et Navarre. Le 23 décembre 1588 alors que les états généraux ont été convoqués à Blois (Il y instaure l’écu d’or, ça ne s’invente pas), Henri III fait assassiner le duc de Guise dans le château de Blois. Pour achever le travail, le lendemain c’est le Cardinal de Guise qui passe de vie à trépas. On ne plaisante pas en cette période trouble.

Le roi aura naturellement droit au retour de bâton. À toujours pousser le bouchon trop loin, c’est souvent ce qui finit par arriver. C’est donc le premier août 1589 que notre homme reçoit le procureur général flanqué de Jacques Clément, un moine appartenant à la Ligue. Il est sur sa chaise percée, situation très favorable pour recevoir une balle. C’est paradoxalement avec un couteau que Clément le frappe au bas ventre. Le coup n’est pas fatal, le roi arrache l’arme du crime et crie : « Ah mon Dieu ! ». Dans un accès de rage, il frappe son assaillant au visage en lui jetant : « Méchant, tu m’as tué ! »

Jacques Clément va devancer sa victime. Quarante-cinq hommes en armes arrivent, transpercent l’assassin et le jettent par la fenêtre. Les chirurgiens raccommodent tant bien que mal le roi qui se sentant mieux trouve la force de désigner Henri de Navarre comme son successeur. La péritonite gagne la partie et le lendemain, le roi meurt en d’atroces souffrances. Henri IV lui succède et avec lui, les vins de l’Orléanais et du Sancerrois seront à l’honneur. Le canal de Briare sera commandité par le bon roi, justement pour acheminer du vin dans sa capitale par voie d’eau. Malheureusement pour lui, il ne verra pas aboutir ce projet, lui aussi mourant d’un coup de couteau, dans le dos cette fois.

Le vin n’est pas tiré mais bien plus à couteau tiré. C’est peut-être lui qui échauffait ainsi les esprits de ces curieux monarques, prompts à laver dans le sang les affaires du royaume. Quant à moi, j’abuse sans trop de ce délicieux breuvage pour rendre clairement compte de cette histoire trouble. Je vous laisse à vos interrogations, ne voulant pas pousser le bouchon plus loin.

Viticolement leur


jeudi 26 septembre 2019

Le chocolat et la Loire, une belle histoire humaine

mercredi 25 septembre 2019

L’Écho-Côtier au complet


L’Écho-Côtier



Le journal Pirate du Festival de Loire.

Les Noix d’Écho-Côt

La Noix de Cajou



La première brève de conte Loire toucha un adepte du quart. Vedette du Festival, le garçon ne pouvait arpenter les quais sans être convié à bord d’un bateau. C’est ainsi qu’une troupe en joie l’invita à rejoindre de rudes lascars au cul du rafiot. Véritable traquenard, l’endroit recelait des trésors totalement fongibles et le plus souvent liquides. L’imprudent tendit son quart et dégusta une potion qui avait tout de diabolique. Poussé par l’euphorie de l’instant, il donna dans la démesure en doublant la mise. Le quart se faisait moitié et la tête lui tournait en une fraction de seconde.

Revenu sur le pierré, la nature l’appela vers les tinettes. La queue en ce lieu situé en dehors du périmètre de sécurité le contraignit à faire les cent pas, à piétiner sur place pour éviter de lâcher-prise avant l’heure. Quand son tour arriva, le soulagement immense lui redonna des ailes et c’est d’un pas altier qu’il s’en retourna vers la foule. La rue était en pente, le pavé irrégulier, le quart se décrocha, chut, roula quelque temps avant de sombrer dans la bouche d’égout qui justement recevait les résidus du réticule qu’il venait de quitter. La potion se faisait fétide. Adieu le quart et même le tiers, il n’avait pas fait les choses à moitié !




Le brou de Noix

Un de ses compères, non pas le souffleur mais leur cher acolyte, avait opté pour la corne à boire. Un relent de celtitude, esthétique certes mais exigeant de terminer toujours un flacon qui ne pouvait que se tenir à la main tant qu’il y avait liquide. Hérité des Vénètes ce récipient au charme indéniable fut cependant à l’origine du drame…

Un quidam mal embouché, tenait propos déplacé à une dame. Notre vaillant buveur de bière, offusqué, se mêla de l’algarade. Dans sa volonté de doucher le nerveux, il voulut d’un geste ample arroser le malotru. Son récipient effleura la face de son adversaire, écornant en toute logique, une arcade aussi sourcilière que sourcilleuse. Le sang coula comme il le fait toujours en cet endroit : abondamment !

Notre cornu buveur ne se soucia guère de ce qui à ses yeux, n’était qu’un incident de taverne comme il en arrive souvent dans sa Bretagne. Hélas en Orléans, le chien après avoir aboyé, s’être fait poser trois points au poste de secours (c’est vous dire l'extrême gravité de sa blessure) prévint la police qui jusqu’alors n’avait pas eu d’os à ronger.

Une escouade arriva, s’empara du délinquant factice qui n’avait nullement songé à s’éloigner du lieu de ce qui était déjà devenu une rixe. Il fut prestement conduit au poste pour une garde à vue de 48 heures. Traité comme le dernier des derniers dans des conditions déplorables, accusé d’ivresse sur la voie publique, de port d’armes, la corne devenant immédiatement une arme par destination, auteur d’une agression ayant entraîné trois jours d’arrêt de travail, le délinquant purgea sa honte dans un cul de basse-fosse.

Il faut l’écouter narrer ce qu’il a vécu durant ces longues heures d'infamie pour comprendre le souci de réduire à l’état animal celui qui tombe sous les pattes de quelques geôliers irascibles. C’est le lundi soir que j’hébergeai celui qui hébété, sortait de ce trou noir. Ces compagnons l’attendaient eux aussi, déplorant cette tache à un Festival qu’ils avaient animé pour le plus grand plaisir des visiteurs.

La presse locale fit écho de la chose. La page ad-hoc se faisant pour l’occasion rubrique des chiens écornés. Je n’ai pu m’écraser et je tiens à rétablir la vérité si peu vérifiée par le pigiste de service. L’objet du crime n’était qu’une corne à boire et non de brume. Le brouillard se lève, vous savez désormais tout sur ce qui sera jugé en janvier.



Pont de noix

Les bateaux à passagers ont été bien malgré eux victimes d’une attaque combinée des opposants au Pont de Mardié.

Alors que les équipages étaient concentrés sur la navigation, les explications à donner aux passagers, les militants ont discrètement déployé des banderoles le long des bordées extérieures visibles des quais.

Il faut bien reconnaître que les mariniers, en toute bonne foi n’avaient rien vu. Il fallu l’intervention des responsables d’EVT pour que la stratégie soit démasquée, tout cela se déroulant fort heureusement dans le plus grand calme. Les slogans furent repliés et l’incident fut clos. La fête pouvait continuer.



Casse noisette

L’animateur patenté de la fête, l’homme qui tient le micro toute la journée mérite vraiment la noisette d’honneur. Son débit lancinant, son ton sans modulation ni conviction, sa méconnaissance du thème, son lexique tout autant que sa syntaxe et son manque d’entrain font de ses commentaires un long chemin de croix.

Il conviendrait de s’interroger sur cette stratégie de super-marché qui consiste à occuper l’espace sonore le plus possible avec parfois des contenus lénifiants. La fête devrait se suffire à elle même sans que soit imposé au public un animateur soporifique sous tranxene.

En écrivant ceci hier matin, j’ignorais que le sus dit joyeux drille du microphone allait omettre d’annoncer un concert. Vous n’avez pas longtemps à chercher pour savoir lequel est tombé dans les oubliettes de la communication officielle : celui des Aquadiaux dont j’ai l’honneur de faire partie. Ceci constitue une insulte qui ne se peut pardonner aisément. Il ne pourra se rattraper du reste car nous avons le privilège de n’être programmer qu’une fois. Sommes nous donc si mauvais qu’il convient de nous effacer à ce point ?



La Noix du labeur

Le marché sur l’eau, une formidable idée que je ne peux qu’applaudir des deux mains (mais oui !) Le maraichage du Val est intiment lié à l’histoire de la Loire, il est tout naturel que les marchands de fruits : pommes – poires – pêches de vigne – prunes et ceux qui proposent des légumes du pays soient mis ainsi à l’honneur.

Historiquement leurs terres furent enrichies par les crues successives, apportant ce limon qui en fit leur gloire. C’était alors une époque à l’eau qui monte n’était pas ressentie comme une catastrophe. Puis avec les levées, il y a des techniques d’amendement des sols avec des vases et du sable fin : la mignonnette !

Enfin les maraîchers venaient en Orléans en barque pour ceux qui étaient en bord de Loire tandis que les femmes d’Olivet venaient quant à elle avec leur chargement sur la tête dans de large panier rond en osier : les coulouères. Sur leur chemin, deux barres métalliques étaient fichées sur certains murs avant qu’elles puissent reposer leur dos quelques instants en y laissant leur lourd fardeau.



Une Noix de pleurs

Le bateau lavoir trône au début du Festival et je ne peux manquer d’avoir à chaque passage en bateau, une pensée émue pour Yves Fougerat qui a si bien écrit sur ce sujet. Son travail de documentation fut remarquable. Il déboucha également sur la mise à l’eau d’une réplique du petit bateau lavoir de Saint Denis de l’Hôtel grâce à ses amis d’Ancre et Loire.

Ses obsèques auront lieu samedi 21 septembre à 10 heures à Saint Denis de L’hôtel et il y aura durant quelques heures, un peu moins de mariniers d’Orléans sur le Festival. Nous adressons tous nos pensées affectueuses à sa famille, ses proches et ses amis mariniers et amoureux de la Loire.


Noix de Cola

Il existe également des ligériens d’au-delà du barrage de Villerest. Ils sont parfois les oubliés du Festival et je profite de l’occasion de la sortie du livre :

« Portraits de Loire – Récit d’un bord de fleuve »
de Véronique Popinet

pour rendre un hommage tout particulier à l’association : « Loire, fleuve fertile ! » qui fait un travail remarquable de défense et de promotion de la rivière.

Quant à ce livre, il propose des portraits d’hommes et de femmes qui vivent en bord de Loire, qui y travaille, s’amuse ou la mettent en valeur. Il y a également des paysages qui ne peuvent vous laisser indifférents.

En plus des légendes, trois textes viennent apporter un éclairage particulier à ce magnifique ouvrage :

    • Loire vivante de Sophie Bonin
    • Paysages des gorges de Loire : une question de retenue de Claude Janin
    • Les redécouvertes des fleuves de André Micoud
    • Remonter le fleuve de Armandes Jammes
Vous pouvez trouver ce très beau livre aux éditions Libel de Lyon
=> www.editions-libel.fr


Noix d’horreur

Pour se déplacer sur le Festival, certains ont adopté le vélo et d’autres la trottinette quand certains ajoutent la propulsion électrique à cette folie. Il apparaît clairement qu’ils se pensent tout permis tant cette idée ne me serait jamais venue à l’esprit avec autant de monde dans la rue et sur le front de Loire.

Il est indispensable que le fameux trottoir partagé, cesse de l’être durant le Festival ou alors, il y aura des incidents, des accidents, des esclandres, des querelles et peut-être même des rixtes. La sagesse s’impose parfois même quand on veut flatter les uns, potentiels électeurs mais en la matière, entrave à la libre circulation des piétons visiteurs.



Bruit de Noix

Pour inaugurer en fanfare le festival de Loire, les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands, les décibels furent de la partie tandis que la cerise sur le bateau fut ce nouveau concept qui risque de faire fureur chez tous ceux qui ne sont pas noctambules : le feu d’artifice diurne.

Nous pouvons que nous réjouir de cette formidable faculté d'innovation de nos joyeux lurons de l’animation. Au bruit de ce que beaucoup prirent pour des coups de canons, le souvenir du chien d’Orléans revint en mémoire des lettrés et des érudits tandis que le commun des festivalier pensait que les Anglois avait décidé de faire à nouveau le siège de la ville. 

 


Noix d’honneur

Jeudi 19 septembre à 14 heures sur le Bateau Lavoir, quai du Châtelet, vous aurez l’immense privilège de pouvoir assister à la projection du documentaire de François Guillement :

« À Contre-Courant »

C’est le récit de la folle aventure d’Anthony Gorius qui a décidé de remonter la Loure à la voile et à la bourde comme nos glorieux mariniers d’antan. Une épopée humaine également faite de rencontres, de difficultés, de coups de mou et de grands bonheurs.

Le navigateur presque solitaire (il avait son chien avec lui) sera présent au Bateau Lavoir pour poursuivre la projection par des discussions.



Noix de Cajou

Voici les fêtes de Loire ! À cette occasion, La Ruche vous propose  des contes de Loire au 24 bis Rue de la Tour Neuve à Orléans, à deux pas du Festival :

"Histoire d'eaux"

Ces légendes traditionnelles sont racontées par Suzel Emey et Joelle Mazoyer, jeudi 19 septembre ....Et c'est gratuit !
Attention: le spectacle commence à 19 heures .


Des mots qui chantent

  Un livret qui chante … Si vous tendez l'oreille En parcourant ses pages Il n'aura pas son pareil Pour sortir ...