vendredi 30 novembre 2018

Le bon Saint Nicolas





Bon Nicolas, toi qui es notre saint patron
Accorde-nous le retour nous t'en conjurons
Même si nous ne sommes pas très respectables
Non, nous ne faisons pas commerce avec le diable

Au temps jadis où ils allaient sur la rivière
Les marins lui adressaient beaucoup de prières
Pour naviguer ils regardaient tous le grand ciel
Guettant le vent, un signe ou bien un pieux conseil
Et les femmes à la maison faisaient de même
Espérant ainsi retrouver ceux qu'elles aiment

Bon Nicolas, toi qui es leur très saint patron
Accorde le retour à nos joyeux lurons
Même s'ils ne paraissent pas très respectables
Ils ne font pas du tout commerce avec le diable

Épargne-leur les morsures du mauvais temps
Ainsi que les meurtrissures du cabestan
Détourne encore d'eux la colère du flot
Que l'avarie ne blesse jamais leur bateau
Garde-les tous sous ta si tendre bienveillance
Nous t'offrirons alors des cierges en Recouvrance

Bon Nicolas, toi qui es leur très saint patron
Accorde le retour à nos joyeux lurons
Même s'ils ne paraissent pas très respectables
Ils ne font pas du tout commerce avec le diable

Indique-nous la route loin des noirs écueils
Que ce navire ne soit pas notre cercueil
Permets-nous de revenir entiers en ce port
Et ferme les yeux sur ces pauvres réconforts
Que nous nous octroyons durant quelques escales
La vie est si difficile pour la Navale !

Bon Nicolas, toi qui es notre saint patron
Accorde-nous le retour nous t'en conjurons
Même si nous ne sommes pas très respectables
Non, nous ne faisons pas commerce avec le diable

Alors Saint Nicolas dans sa mansuétude
Pour se concilier leur tendre gratitude
Exauça toujours les prières des matelots
Sous condition qu'ils descendent de leurs bateaux
Le 6 décembre pour défiler dans les rues
Tous en procession derrière sa statue …

Cette prière a été écrite pour le musée de la Loire de Cosnes
Merci pour leur invitation


jeudi 29 novembre 2018

La racontée sans retour


Briser le mur de leur silence.



Le monde du handicap mental est souvent un univers qui relève de la planète lointaine et mystérieuse. Il est bien difficile voire totalement impossible de comprendre ni même d’appréhender ce qui se passe dans l’esprit de ceux qui sont touchés par cet étrange présent de la destinée. J’avoue devoir chercher mes mots pour caractériser ce qui échappe à la fois à notre entendement et à notre perception de la norme. Pourtant, la vie est présente, une personne de chair et de sentiments se cache derrière le mur du silence.

Un éducateur aventureux et fougueux m’a demandé de proposer des contes dans une Maison d’Accueil Social, une MAS comme on aime à se réfugier derrière les sigles qui éloignent souvent la réalité de sa désignation. Ici : des adultes cérébro-lésés, formule encore plus énigmatique et distante pour effacer une symptomatologie redoutable. Redoutable surtout pour celui qui se trouve ainsi confronté à des manifestations spectaculaires dont il ne perçoit ni les causes ni les conséquences.

Face à moi, des hommes et des femmes dont inconsciemment j’ai bien du mal à reconnaître la dimension adulte. Faute de langage, j’ai la terrible tentation de leur servir des contes pour enfants. Il me faut combattre cette facilité en acceptant de leur offrir des récits qui mettent en jeu des considérations plus élaborées, nécessitant une réflexion étayée par le poids de l’expérience. Une fois encore, exprimer ce contexte me pousse à user de circonlocutions prudentes pour éviter de blesser ou bien de heurter, pourtant ce sont bien là les tourments auxquels je dus faire face.

Une fois le choix des contes effectués, il m’appartenait de me jeter à l’eau, de me lancer dans leur représentation. C’est là alors que je me heurtai à l’absence quasi totale de réactions de leur part, du moins de mon point de vue de personne étrangère à leur quotidien. Là où habituellement je recevais réponse ou rire, exclamation ou stupeur, j’héritais d’une apathie désarmante.

Je me donnais l’impératif de n’en rien montrer. J’en rajoutais même dans les pitreries ou bien les expressions théâtrales. Puis, le conte terminé, la chute tombant à plat, j’étais désemparé. Quel est le sens de tout-cela ? Que perçoivent-ils de mes facéties ? Que comprennent-ils de mes messages ? Leur absence de communication verbale, souvent visuelle constituant un choc pour moi.

J’en fis part à mon commanditaire qui tout au contraire, répondit à mon dépit par un enthousiasme que je trouvais flatteur et même suspect, considérant qu’il ne voulait ni m’offenser ni me blesser. Je repris mon bâton de Bonimenteur, toujours dans le même silence pesant. Que c’est dur de raconter sans écho, de prêcher ainsi dans un apparent désert.

Pourtant, la fois suivante, ils étaient tous là et d’autres s’étaient joints aux premiers. Je pouvais légitimement me demander s’ils avaient véritablement le choix, eux qu’il fallait mener jusqu’à moi en les poussant sur des chariots qui sont parfois des lits ou des fauteuils recevant des corps en distorsion. Quelques signes pourtant se manifestaient, un pouce tendu, une petite lueur dans l’œil ou bien une tentative discrète et incomplète d'applaudissement, des grognements ou une main qui vous agrippe pour ne plus vous lâcher.

Je recommençai donc avec un peu plus de certitudes tout en me trouvant toujours confronté au choix du récit et cette terrible passivité supposée. Faut-il leur parler d’amour ? Peut-on évoquer le monde réel ? Faut-il seulement arpenter un imaginaire de pacotille ? Je pris le risque d’oser des thèmes plus sérieux ; l’amour, la mort, la guerre, la méchanceté des hommes, la pauvreté, la vieillesse. Le Conte ne doit jamais s’interdire les turpitudes de l’existence et je n’avais pas le droit de les exonérer de cet univers.

Une fois encore les réactions, plus ténues qu’elles soient semblaient me donner raison. L’animateur avait raison, il se passait quelque chose. Quoi au juste ? Je ne puis en mesurer véritablement la nature ni même le degré de compréhension réel. Est-ce simplement le fait de les considérer comme des adultes ordinaires qui justifiait leur écoute ? Je n’en saurai jamais rien.

Pourtant, en dépit de la difficulté, je recommencerai et je crois en apprendre beaucoup plus sur moi et sur ma manière de raconter que sur eux. Finalement, ils me rendent un incroyable service, me poussant à repenser sans cesse, avec eux, la nature même de ma conception de l’humanité. Je vous invite tous, un jour, à oser cette confrontation qui n’est pas sans conséquence à la seule et essentielle condition que vous ne les preniez pas pour des bêtes curieuses, des monstres effrayants, des individus déclassés. Ils sont nos égaux et nos pareils, vous leur devez de leur donner le meilleur de vous-même !

Expressivement leur.

Illustrations : http://www.emmanuelaugier.com/galerie/vieux_mur_gallerie/


lundi 26 novembre 2018

Marinier, la fine fleur du sel.



Un régime draconien !



Il était un temps où le sel était denrée si précieuse que notre bon roi, toujours attentif au bien-être de ses sujets, décida de le taxer au prix fort d'un impôt aussi injuste que scélérat. Tous les pouvoirs excellent dans l'art de ponctionner les pauvres gens là où cela fait le plus mal, nous en avons encore des exemples aujourd'hui. En ce temps-là, c'est la Gabelle qui épiçait les colères des contribuables contraints…

En cet époque, le sel était bien plus qu'une denrée nécessaire à la santé des individus. C'était aussi l'un des moyens de conserver les viandes et les poissons et certains légumes qui aimaient se baigner en saumure. Il était indispensable pour passer la mauvaise saison, faire des salaisons et démontrer que tout est bon dans le cochon !

Taxer le sel, c'était s'attaquer à la subsistance même des pauvres gens, c'était leur retirer le pain de la bouche quand déjà, la pitance était bien maigre. La Gabelle n'était qu'un impôt inique et la gloire de la marine de Loire fut de participer activement au trafic du précieux condiment, pour le soustraire, autant que possible aux appétits royaux et fiscaux !

Les mariniers étaient naturellement aux premières loges pour se lancer dans l'approvisionnement clandestin des régions ligériennes. Autour de Saint Nazaire, de Guérande et d'ailleurs, les sauniers fournissaient sous le manteau cet or blanc qu'il fallait dissimuler aux méchants gabelous ! Car, le roi, dans sa folie fiscale avait eu la délicatesse de créer une escouade redoutable, « pourchasseuse » des fraudeurs et de toutes les contrebandes.

C'est le combat impitoyable du marinier coquin et des vilains gabelous du roi qui fit le sel des longues soirées à quai. Chacun dans la marine avait histoire à conter pour narrer la déconfiture de ces terribles douaniers redoutables. Il fallait bien vite oublier le vilain sort réservé aux pauvres gars qui s'étaient fait prendre la main dans le sac à sel …

On préférait naturellement décrire les mille manières marinières pour tromper les gabelous, passer sous leur nez ce sel si précieux. Chacun avait en mémoire le regard déconfit des soldats qui après avoir, sur le fleuve, arraisonné un bateau, avaient fouillé vainement pont et proue, poupe et chargement. Ce plaisir rare de la rouerie s'ajoutait aux bénéfices de la fraude et donnait à ce trafic des allures d'épopée.

Chacun avait trouvé moyen de passer en douce cette fleur si fragile qui craignait tant l'eau. Il fallait user de bien des ingéniosités pour trouver sur un bateau à fond plat des cachettes pour échapper à la sagacité des chiens du roi. C'est qu'ils avaient du flair ces maudits gabelous, mais nos mariniers avaient eux aussi plus d'un tour à malice …

On vit l'industrie de la charpente marine se lancer hardiment dans la construction de pièces à double fond : des futs et des coffres ou bien s'essayer à creuser le cœur d'un mât pour en faire cachette introuvable. Chaque opération relevait de la prouesse technique et n'était pas sans inconvénients.

Le Gabelou, pour mauvais qu'il puisse être avait, tout comme le marinier, une préférence affirmée pour les fûts de bon vin. Il ne manquait jamais de vérifier le contenu et si par malheur, le breuvage était un peu salé, la note le serait tout autant. Il avait aussi l'art de prendre des mesures pour contrôler la profondeur de chaque contenant. Cacher le sel mettait un peu de poivre dans la vie …

C'est les mâts creux qui connurent les plus grands succès et les plus terribles naufrages. Fragiliser ainsi cette pièce essentielle dans la manœuvre marinière n'était naturellement pas sans risque. Bien souvent, quand le vent se faisait trop fort ou quand il fallait, au passage du pont, baisser en toute hâte cet élan de bois vers le ciel, il arrivait que la cachette cède et provoque pluie de cristaux sur le chargement.

Chacun avait dans sa besace à malices bien d'autres astuces pour tromper son monde. Même quand il faisait abus de chopine, il gardait précieusement ce secret. On murmure que bien des brêlages des cordes de chambre constituaient des cachettes à petits sacs de sel, que les chapeaux étaient bien grands pour garder petite cachette aussi. Les Girouets étaient tout aussi creux que les caboches de nos braillards. C'était du gagne petit, de la fraude à la petite semaine, mais nos gars mariniers étaient eux-aussi des gagne-misère. On triche à sa mesure, c'est ce qui fait le sel de la vie !

Salinement leur.


samedi 24 novembre 2018

Le petit matin frisquet


Rallumer le feu





    La nuit s’est achevée ; je suis le premier à me lever et j’ai la désagréable surprise de trouver la cheminée éteinte. Chacun a bénéficié, pour s’endormir, de la douce tiédeur octroyée par les bûches qui se consumaient, accompagnée d’un ronflement délicat et de quelques craquements intempestifs. À mon tour je souhaite faire plaisir à mes amis, rallumer ce feu qui saura les accueillir à leur réveil, leur permettre de prendre un petit déjeuner tout contre la cheminée. Je veux leur offrir cette délicate attention.

    Mais voilà que je me trouve aux prises avec les difficultés de la tâche. Le petit bois vient à manquer, le vieux papier journal, trouvé là au fond du garage, est humide et les pommes de pin sont toutes parties en fumée. Il y a bien une cagette ; la briser va réveiller les dormeurs à qui je désire faire une surprise. Le bruit dévoilera mes intentions tout autant qu’il suspendra leur sommeil ...

    Je dois œuvrer en douceur ; en suis-je capable, maladroit comme je suis ?  Il me faut rester silencieux. Le papier se froisse aisément. J’ai appris en Berry que, pour plus d’efficacité, il convient de le rouler et d’en faire un nœud. Il tiendra plus longtemps le feu et me permettra sans doute de réussir mon pari avec le réveil du gros de la troupe. Je « mascagne » ! Le papier se refuse au nœud, il se déchire sournoisement, il a pris l’humidité dans cette maison vide depuis quelques mois.

    Je parviens tant bien que mal à tapisser l’âtre de ce journal pense-bête. Il n’attend plus qu’un tapis facilement inflammable de brindilles et autres bois  combustibles pour me garantir le plein succès. Je trouve quelques brindilles qui traînent au fond du panier à bois ; des copeaux et des écorces complètent ce qui doit mettre le feu aux poudres ; en farfouillant j’ai dû faire du bruit : je m’en rends compte à regret. Deux ou trois pommes de pin toutes racornies ont échappé à la flambée de la veille : elles vont constituer la base, le boutefeux de mon entreprise.

    Je craque une allumette. Elle se brise. On ne dira jamais assez la maladresse du non fumeur en la matière. Il conviendrait d’organiser des cours de mise à feu pour les malheureux de mon espèce qui n’ont jamais eu de briquet dans leur poche. Je décide de coupler deux petites bûchettes soufrées pour être certain de ma prochaine tentative. Elles s’enflamment sans difficulté mais s’éteignent avant de parvenir au papier journal. J’aurais fait un mauvais bourreau pour dame Jehanne.

    Cette fois j’y vais de bon cœur ; un joli paquet de bûchettes me rappelle le temps lointain de ma découverte de la numération. Le fagot s’enflamme, quelques-unes supportent le déplacement et mettent le feu au papier. Le journal s’embrase pour finalement s’étouffer misérablement. Je suis bien embarrassé.

    J’ai oublié d’ouvrir la trappe à moins que ce fût la soufflerie qui soit restée inactive. Il me faut recommencer, recharger le tapis inflammable ; je me salis les mains dans les cendres inertes de la veille. Je râle ; tout le monde doit savoir ce que j’essaie vainement d’entreprendre.  Cette fois, j’ai le coup de main, les flammes naissent dans la cheminée, promesse d’une belle flambée qui compensera le tintamarre que j’ai provoqué pour lever mes amis.

    Que nenni. J’ai chanté victoire trop tôt. Ce n’était qu’un feu de paille, une parfaite illusion, une fausse joie. Le feu finit par s’étouffer, je dois tout reprendre à zéro. Je m’agace, je peste contre l’absence de produits, pourtant douteux, qui favorisent la réussite d’une mise à feu. Après quelques pensées chimiques, je reviens à plus de sagesse, le feu démarrera naturellement : je ne peux faire autrement.

    Cette fois, tout semble bien parti. Les flammes lèchent le petit bois, le papier a fait son œuvre, le second étage du décollage est en marche. Il me reste à trouver du bois de taille intermédiaire pour assurer la pleine et entière réussite de l’opération. Pour mon plus grand désappointement, il n’y a que de grosses et solides bûches. Je dois sortir en petite tenue, affronter le froid et la nuit pour trouver des bûchettes qui seront parfaites. j’arrive, triomphant, alors que le feu est en train de périr par la faute de ma négligence. J’ai pris froid et j’éternue bruyamment.

    Je recharge une fois encore de ce petit bois qui ne tient que quelques instants. L’opération, fort heureusement, est facilitée par le petit tapis de braises qui s’est formé. Je peux passer à la phase bûchettes, cette fois, la réussite semble acquise et mon  triomphe garanti. Tout fonctionne à merveille, mes  amis ne sont pas encore levés et je peux charger le foyer de grosses bûches qui leur garantiront un petit déjeuner dans la tiédeur d’une pièce accueillante.

    Je suis satisfait, je prépare les bols et le café, les confitures et le miel. Ils se lèvent. Ils vont me gratifier d’un grand sourire : je n’en doute pas un seul instant. Que nenni. La cheminée a fumé, l’atmosphère en fait tousser quelques-uns. J’ai droit à la soupe à la grimace. Certains m’accusent d’avoir fait un bruit d’enfer et un feu de purgatoire. La prochaine fois, ils auront froid à leur réveil ...

    Matinalement vôtre.

jeudi 22 novembre 2018

La voiture en question.


De quelle essence est cette divinité ?



Est-ce la plus belle conquête de l'homme depuis le cheval ?
Dispose-t-on d'un volant pour ne pas en être esclave ?
Faut-il se serrer la ceinture avant de pouvoir l'attacher ?
Pourquoi les passagers de devant tournent-ils le dos à leurs amis de derrière ?
Ne peut-on pas demander un permis saignant plutôt qu'à point ?

Pourquoi les automobiles disposent-elles de 3 pédales pour 4 roues ?
Le pot d'échappement nous permet-il de nous évader en voiture ?
Ma voiture est-elle forcément la plus bielle ?
L'Audi fait-elle forcément le moine ?
Faut-il manquer de cœur pour la laisser coucher dehors ?

Pourquoi faut-il si souvent passer à la pompe alors que nous ne marchons plus ?
Trouve-t-on toujours une petit place pour aile ?
Faut-il rester sur la défensive pour faire un créneau ?
Quand on arrose sa voiture, faut-il actionner l'essuie glace ?
Le pare-brise protège-t-il également des grandes tempêtes ?

Le phare du recul constitue-t-il une grande avancée technique ?
Est-ce la batterie qui donne le tempo ?
Le compteur nous raconte-t-il des histoires ?
Peut-on voyager à la carte avec un GPS ?
Un coupé est-il un véhicule à part entière ?

Pourquoi les phares ne clignotent-ils pas au bord de la mer ?
Faut-il aussi claquer la portière au nez des malotrus ?
Un pneu crevé manque-t-il seulement d'air ?
L'avertisseur sonore a-t-il une quelconque utilité lorsqu'il y a de la brume ?
Doit-on allumer ses feux pour griller un feu rouge ?

Quand vous froissez la tôle d'un ami, ne risquez-vous pas de le contrarier ?
N'y a-t-il pas d'autres priorités dans l'existence que celle à droite ?
Peut-on faire une queue de poisson sur un dos d'âne ?
N'est-il pas étonnant que les décapotables sont des voitures propices à la séduction ?
Faut-il avoir du coffre pour voyager loin ?

Peut-on trouver au pied levé une première main ?
Un timide peut-il rouler longtemps sans assurance ?
Quand on n'a pas le permis, doit-on toujours faire banquette ?
Un automobiliste est aussi une vache à lait pour le trésor public ?
Peut-on mettre à frein à son expansion ?

Peut-on voyager en grande pompe dans un véhicule électrique ?
Les voitures hybrides peuvent-elles se multiplier entre elles ?
Que peut bien dissimuler une boite de vitesse ?
La propulsion automobile a-t-elle été aussi une attraction ?
Le véhicule individuel offre-t-il parfois l'opportunité de transports amoureux ?

Celui qui veut voyer loin doit-il ménager sa voiture ?
Que peuvent bien dissimuler les vitres teintées ?
Faut-il bien se conduire pour piloter une automobile ?
N'y a-t-il pas une saison pour récolter les amendes ?
Faut-il vous envoyer un pneumatique pour vous prévenir de notre visite ?

Automobilistement vôtre. 


La chanson offerte





Madame je vous en conjure
Oh ne me faites pas l'injure
De refuser cette chanson
Que j'ai écrite sans façon
Madame je vous le demande
Faites-vous donc un peu gourmande
Accordez-lui sa mélodie
Pour enchanter ma poésie

Par un matin très ordinaire
Un de ces jours sans manière
Moi qui voyageais sur la toile
Sans avoir sorti la grand voile
J'allais au hasard du destin
Il m'est apparu en chemin
Prenant la forme d'un message
Quelques pauvres mots sans ambages

Madame je vous en conjure
Oh ne me faites pas l'injure
De refuser cette chanson
Que j'ai écrite sans façon
Madame je vous le demande
Faites-vous donc un peu gourmande
Accordez-lui sa mélodie
Pour enchanter ma poésie

Oui c'était un presque inconnu
Que j'avais à peine entrevu
Juste un bateleur de passage
Un baladin pas vraiment sage
Qui me fit ce joli cadeau
Qui me confia tous ses mots
Certes une offrande magnifique
Ne manque plus que la musique

Madame je vous en conjure
Oh ne me faites pas l'injure
De refuser cette chanson
Que j'ai écrite sans façon
Madame je vous le demande
Faites-vous donc un peu gourmande
Accordez-lui sa mélodie
Pour enchanter ma poésie

Je me suis demandé pourquoi
Il s'adressait ainsi à moi
Je n'ai pas cherché à comprendre
Ce bonheur, il fallait le prendre
Et devenue enfin gourmande
J'ai donc accepté son offrande
Sans plus tarder je lui consent
Ce qu'il espère intensément


Madame je vous en conjure
Oh ne me faites pas l'injure
De refuser cette chanson
Que j'ai écrite sans façon
Madame je vous le demande
Faites-vous donc un peu gourmande
Accordez-lui sa mélodie
Pour enchanter ma poésie

La mélodie s'est imposée
Des notes que j'aime chanter
Que j'ai fredonnées en silence
Pour combler mon impatience
C'est vrai qu'il me fallait bien vite
Répondre à sa touchante invite
En lui envoyant par la toile
Quelques poussières d'étoile

Madame je vous en conjure
Oh ne me faites pas l'injure
De refuser cette chanson
Que j'ai écrite sans façon
Madame je vous le demande
Faites-vous donc un peu gourmande
Accordez-lui sa mélodie
Pour enchanter ma poésie

Vidéo ici 

https://www.facebook.com/MrChapeaux/videos/820285631330689/?hc_ref=ARSaU-D9GdiKpOwrd7jNCDcFFqxDetyGezQDXSEOb0XnW6MQSMI_KytcRNxf8tDJKes&__xts__[0]=68.ARAnT7ZGVg_i76xhsEs3uDzaSP0c980ox8ZECfaY0Wuk4dqc9DzCaDa9D-bLN6Sq-nyai4dEmN9NXoRWb-AVdLz34NVeyO5BfVbVxs1NBWfiDg90I1a7fTZFTPf7y1xLjJYAdTzoUhEWs3pp2fsuS7MGv-UlrTkvkrryfXgSqvAtBA2GpPEYPcDEQMO0MFGg6wfV7EMjl_3iIiPd4PbbjJjH9kSQTKXVsBweM4RCSOcONWCdE_NWgcgpMgaqTpAiwe3s-fUJ9A80BHm0tRV6Y7VFId-Oiokg9_jlmSM-rXnpzAS3_CIOMMb0Ul8fp-UzLgd0dFhCHurTIR7JyuX1Y6aRbimvy7X5SncVxuCp4an9Qfjo9tFfJxQwft3DWe8xhVjsJStj5VBcafvcontUQ0qLbyH7MsuX_BaWhutnwd5rYCS4_GWLOuh5fSFXbS3lS0XbL5RVPilUBpjWIfno2x1r-luthwlT7Mj0jbs8S4MHCPNdi9ucQALzv23rtIK-tA&__tn__=FC-R 




mercredi 21 novembre 2018

Ses habits de lumière




J'aimerais tant vous parler d'elle
De ses habits de lumière
Des reflets qui la font si belle
Dans les yeux des lavandières

Elle se glisse dans son lit
Majestueuse et docile
Se donne à toutes vos envies
Quand elle se fait gracile

Elle vous chasse sans pitié
Coléreuse et farouche
Gronde le long des sentiers
Arrachant toutes les souches

J'aimerais tant vous parler d'elle
De ses habits de lumière
Des reflets qui la font si belle
Dans le creux des sablières

Elle se répand sans retenue
Gracieuse et câline
Se montre alors toute nue
Pour une nuit coquine

Elle se refuse soudainement
Frondeuse et violente
Repousse sans ménagement
Celui qui la croyait dolente

J'aimerais tant vous parler d'elle
De ses habits de lumière
Des reflets qui la font si belle
Le long de ses gravières




Elle se prélasse sans détour
Paresseuse et offerte
S'abandonnant à votre amour
Sans vous avouer sa défaite

Elle vous chasse un peu plus tard
Rageuse et cinglante
Affirmant sans aucun fard
Qu'elle ne sera plus votre amante

J'aimerais tant vous parler d'elle
De ses habits de lumière
Des reflets qui la font si belle
Au détour de la rivière

Vous l'avez sans doute compris
Elle est ma merveilleuse Loire
Aimée beaucoup, à la folie
D'une passion à ne pas croire

Vous l'avez sans doute compris
Et il vous faudra bien me croire
Je l'aime plus qu'à la folie
Ma si douce et tendre Loire

J'aimerais tant vous parler d'elle
De ses habits de lumière
Des reflets qui la font si belle
A mes envies marinières


mardi 20 novembre 2018

Poussières d'étoiles


Loin de ce monde artificiel




J'allais le long de ce chemin
À la poursuite du destin
C'est alors qu'elle m'est apparue
Moi qui ne l'espérais plus

Une étoile brula dans le ciel
Annonçant que c'était elle
Ma douce dame brume
Surgit d'un rayon de Lune

Elle m'invita à danser
Me voulant pour fiancé
D'où me venait cet honneur
Qui bouleversa mon cœur ?

Sans chercher à comprendre
Il me fallait la prendre
La serrer fort dans mes bras
Pour partager ce moment là

Tout au long de cette nuit
Nos âmes furent unies
Quand arriva ce matin
Qui me plongea en chagrin

La dame s’est évanouie
Alors qu'elle m'avait promis
De ce si tendre partage
Bien plus qu'un mariage

Mes larmes coulaient à flot
Quand au milieu du halo
De ses poussières d'étoiles
Elle me tendit une voile

Je quittais cette terre
Pour aller vers l'éther
Ce merveilleux domaine
De celle qui sera ma reine

Nous dansons main dans la main
Sans nous soucier de demain
Nous nous aimons dans le ciel
Loin de ce monde artificiel


dimanche 18 novembre 2018

Ce sera mon dernier mot


Le commissaire aux contes.



Il est né à Argent, entre Sologne et Berry, tout près de la cité des Stuarts, nos chers amis écossais. Fidèle à ses origines, il voulait entrer dans la légende, naviguer dans ses rêves et pourfendre les faiseurs d’histoires. Il a été exaucé : il est le premier commissaire aux contes de la brigade des légendes. C’est ainsi que je le vis débarquer un beau matin pour éplucher mes livres de contes. J’avais, paraît-il une dette avec la société : celle des décideurs locaux, gens importants et trop sérieux pour se satisfaire de mes balivernes, plus soucieux de favoriser les desseins des commerçants que des prosateurs de l’imaginaire. Je devais payer pour tous mes crimes d’irrespect et de fiction.

Je crus, sur le coup, à une farce, une belle blague comme aiment à les concevoir les espiègles de tous poils, les jaloux et les médiocres. Pour ces derniers, la liste est si longue, que je ne cherchai même pas à savoir d’où venait le trait. Hélas, il ne s’agissait pas d’une blague, l’homme était muni d’une commission rogatoire, un mandat d’apnée textuelle ; il ne riait pas à moins que ce ne fût sous cape. Il lui fallait examiner mes sources, vérifier mes personnages, contrôler mes dires et les écrits. Il m’interrogea, cherchant à savoir si je ne dissimulais rien, si je ne cherchais pas à blanchir des faits-divers sous le couvert de l’invention.

Il examinait mes réponses qui, par la magie de sa fonction, devenaient des assertions. J’étais suspecté de mensonges, de falsifications, de travestissement de l’Histoire, celle qui se pare d’un H majuscule. J’avais été dénoncé : cela ne faisait aucun doute. Mais par qui ? Un grand historien local, un homme important, un quidam respecté de tous, une icône des médias ou encore un des ces pantins adulés des uns, encensés par les autres ? le doute était permis. Mon compte était bon, j’allais tomber sous les fourches caudines de la loi pour le plus grand bonheur de l'establishment, comme disent ceux qui parlent si bien notre langue .

Comment vous défendre quand, petit pot de terre, vous vous trouvez sous les coups croisés de la Justice, de la coterie et d’une opinion publique, toujours prompte à croire le matraquage médiatique et la bonne mine des aigrefins ? Pour le Bonimenteur, l' affaire était réglée sans autre forme de procès. Le commissaire aux contes pouvait me sanctionner sans retenue. Il avait tant de griefs à mettre à mon débit.

Plus je cherchais à me défendre, plus je m’enfonçais dans les sables mouvants de notre Loire. Il y avait derrière mes écrits un sillage douteux, une trace honteuse. Je fraudais le passé, j’altérais la vérité officielle, je salissais les héros estampillés de la saga locale. Il n’y avait pas de doute : il me fallait payer pour les affirmations gratuites que j’avais étalées sur la place publique.

Mon crime devait être châtié de manière exemplaire. La place de grève m’était promise, à moins que ce ne fût le bûcher, à moi qui avais mis le feu aux poudres avec mon histoire de dragon. Le commissaire aux contes se frottait les mains : l’affaire était entendue ; je ne bénéficierais d’aucune circonstance atténuante, n’étant pas même natif de cette ville, si bienveillante avec les siens et impitoyable envers les autres.

Comment sortir de ce guêpier ? Comment faire valoir votre droit quand, justement, vous n’avez rien à vous reprocher ? Comment obtenir la possibilité de plaider ma propre défense quand, trop de fois, je m'étais fait avocat du diable ? J’étais au bord du précipice. Un mot de plus et j’étais perdu. Ne l’étais-je pas de toute manière, n’appartenant pas à la secte qui tient en coupe réglée notre cité ?

C’est alors que j’eus une intuition, une pensée soufflée par la Divine Providence. L’homme avait commis grave confusion, erreur impardonnable. Il avait dû se fourvoyer sur l’orthographe de sa lettre de mission. Les bons comptes font davantage les bons amis que les mauvais payeurs. Il avait perdu une lettre dans la bataille et confondu deux consonnes voisines. L’homme devait enquêter sur une affaire fiscale, un possible conflit d’intérêt, des avantages indus et des écritures suspectes. Il s’était trompé de Ligérien.

N’étant pas de nature, contrairement à ce que vous insinuez souvent, à faire des histoires, je me contentai de ses excuses et le laissai partir, penaud et confus, sans même lui souffler la cible qui devait être sienne. Je ne mange pas de ce pain -là. J’ai ma conscience pour moi et même si mon courroux est grand, je n’irai pas dénoncer ceux qui réinventent l’histoire, qui la plient à leurs désirs, qui se dressent des lauriers pour leur seul bénéfice.

Le commissaire aux comptes quitta la place. Il avait pris pour argent comptant les mirages qui l'avaient conduit jusqu’à moi. Il n’aurait eu qu’à ouvrir les yeux pour enfin découvrir le pot aux roses, la planche vermoulue au milieu des flots. Je ne doute pas une seule seconde qu’on eût su le détourner de la vérité, l’induire une nouvelle fois en erreur, favoriser une cécité fort commode . Il ne fait pas bon écouter le chant des sirènes quand elles se prennent pour des bourses trop gourmandes …

Comptablement leur.

samedi 17 novembre 2018

L'aventure au creux de la main.


La dissolution du Temps.



Il était une fois un vieil homme pour lequel le temps s’étirait sans fin, il s'ennuyait à longueur de journées interminables. La vie l'avait laissé sur le bord de la route, à moins qu'il ne se fût lassé de la vie elle-même. Il allait sans envie ni désir, regardant s'écouler les heures et les jours avec une monotonie sans espoir. Son corps avait suivi le chemin de son mal-être, se signalant à lui en maintes douleurs, en multiples signaux d'alerte. Quand on est ainsi, la vie s'étiole et ne tarde pas à vous devenir intolérable.

Pourtant, c'est au plus profond de son marasme que notre ami Ange trouva en lui les ressources pour retrouver joie et jeunesse, dynamisme et bonheur tout en se réconciliant avec la fuite du temps. Bien sûr, la chose va paraître improbable aux esprits cartésiens. Que ceux-là passent leur chemin et continuent de conseiller des psychotropes et des consultations douteuses ! Le remède dont je vais vous livrer le secret n'est pas de nature à enrichir les mandarins.

Ange n'était plus le bel hédoniste, si fier de son prénom évocateur. Il passait désormais pour un mauvais diable en fin de partie. Il décida de mettre un terme à cette inexorable descente aux enfers d'une bien étrange manière. Ange choisit un livre : un de ces livres d'aventures qui avaient bercé sa jeunesse. Il relut « les Trois Mousquetaires » et sélectionna une page après bien des hésitations.

Il se rêvait d'Artagnan et, en ce passage, son héros vivait des aventures exaltantes. Il se concentra longuement, fit le vide, pratiqua bien des exercices respiratoires pour enfin, après de nombreuses vaines tentatives, parvenir à se glisser dans cette page. C'est alors qu'il vécut en boucle le petit récit dans lequel il avait posé ses bagages de voyageur littéral !

Il était d'Artagnan, vigoureux, intrépide, ardent, jeune et beau. Il affrontait les périls et sortait vainqueur des méchants pour les beaux yeux d'une belle. Quel bonheur ! Hélas, Ange était à l'étroit dans sa page ; le récit manquait d'envergure, l'aventure ne pouvait s'achever en si peu de lignes. Il revenait frustré de son expérience à chaque fois.

Il lui fallut améliorer la technique, se concentrer plus encore, choisir un autre livre pour pénétrer plus avant dans l'exaltation de l'intrigue. Il se fit fort de conquérir une double page, un espace plus important où l'action prenait plus de place, où son héros avait plus joli rôle encore et, si possible, quelques doux baisers. Dumas se montra vite décevant de ce côté-là. Ange décida de chercher ailleurs, d'aller du côté des « Chevaliers de la table ronde » pour trouver rôle à sa convenance.

Il jeta son dévolu sur Accolon, simplement pour avoir le bonheur immense d’être aimé de la fée Morgane. Ange était ainsi ; il avait aimé les femmes au-delà du possible et c'est par elles qu'il voulait retrouver ses tendres années. Il plongea dans un nouvel univers. Il était enveloppé de mystère, de forces surnaturelles. Il revenait de ses voyages épuisé et fourbu. Le port de l'armure n'était plus de son âge …

Une fois encore, après bien des satisfactions, il se sentit à l'étroit dans cette double page. Il devait absolument se concentrer pour investir tout un chapitre, pour y vivre pleinement une aventure complète, aboutie, achevée. Le choix du livre s'avérait essentiel, il lui fallait se tourner vers les feuilletonistes, ces auteurs capables de narrer un rebondissement par page. Il devait dénicher un joli récit concentré, haletant, exaltant, l'espace de quelques pages.

Il serait Boro le reporter. L'homme était toujours entouré de jolies femmes, vivait dangereusement dans une Europe sous le joug du Nazisme. Ange allait pouvoir lutter contre les forces du mal, porter fièrement son prénom et séduire des belles. Il partit à nouveau au plus profond du bonheur livresque. Il se fondit, des heures durant, dans un chapitre qui lui permettait de voyager, courir des dangers et aimer à la folie.

Il sortait de sa lecture avec une vigueur incroyable. Ange se métamorphosait. Il oubliait ses douleurs, retrouvait la jambe alerte et l'humeur pétillante. Il s'autorisa à nouveau quelques joyeux excès. Il allait mieux, au grand dam de son médecin et de ses enfants. Ceux-là, ne pouvaient imaginer les raisons du miracle …

Hélas, Ange en eut assez d'être pourchassé par les nazis. La Gestapo n'est pas de nature à faire jouir pleinement des délices de la vie. Il lui fallait trouver un autre livre de chevet. Un livre merveilleux qui lui permettrait de passer d'étape en étape, de vivre une myriade d'aventures. Il confia à Shéhérazade le privilège de le conduire par le cœur. Mille et une nuits, c'était déjà beaucoup ; il suffisait de vivre plusieurs fois chaque nuit pour disposer d'un temps infini en voluptés et plaisirs.

Ange se fit Persan, vieux matou ronronnant au retour de chaque voyage sur son tapis volant. Il allait de mieux en mieux, il rajeunissait. Il devinait bien qu'il se passait quelque chose d'étrange dans son corps comme dans son âme. Il profitait de sa transformation sans plus s'en inquiéter. Il était devenu la doublure des héros de son livre. Il vivait par procuration.

Puis tout bascula étrangement. Un autre livre, un roman que son auteur avait intitulé « Tendresse » avant que de se résoudre à changer de titre. Dans ce grand roman fripon, Ange voulait essayer sa nouvelle vigueur. Cela le fit basculer totalement. Par la force de son immense désir, Ange, à force de s'immiscer dans le récit, en devint le garde-chasse plein énamouré de la charmante Constance. Il vivait ses voyages littéraires sans crainte, pensant en revenir en fermant le livre.

Ce jour-là, Ange ne revint pas. Durant son séjour dans ce magnifique livre coquin, il avait pris la place du héros. Le texte même du livre s'était transformé lors de sa venue. L'intrigue n’avait pas subi une métamorphose, elle avait simplement accepté un changement de personnage . Ange n'était plus, ou du moins n'était plus ce vieil homme qui voyageait dans les livres. Il s'était dissout dans son dernier livre, il était devenu l'amant de sa patronne, il s'était glissé pour toujours dans les pages de ce roman.

Quelque temps après, les enfants inquiets de n’avoir plus de nouvelles, rendirent visite à ce vieux père qui était devenu si insupportable, excentrique, extravagant. Les adjectifs ne font jamais défaut quand on veut qualifier ce qu'on ne comprend pas. Ils manquèrent finalement de mots pour expliquer la disparition de leur père. Les recherches ne donnèrent jamais rien : Ange avait disparu corps et biens.

Il laissa seulement sa bibliothèque à ses rejetons indignes. Ils ne surent qu'en faire. Ces individus résolument modernes faisaient partie de l'immense cohorte des gens qui ne lisent pas. Ils vendirent ce fardeau et oublièrent ce père disparu à jamais. C'est en fouillant chez un bouquiniste que je fis cette incroyable découverte. Je tombai sur deux livres identiques : le même titre, le même récit.

Sur le premier, le héros masculin s'appelait Olivier Mellors . Sur le second, en tous points semblable : même couverture, même auteur, même éditeur, Ange avait pris la place d'Olivier. Nulle rature, nulle faute de typographie, son prénom s’était substitué à celui du garde-chasse. Sous la couverture, Ange s’était immiscé dans l’histoire, il avait réalisé son désir de voyager à jamais dans le monde des livres, d’y vivre l’éternité promise par toutes les chapelles. Il s’était dissout dans ce roman, vivant jusqu’à la nuit des temps son amour pour Constance

Je n'avais pas besoin de plus pour réaliser le fin mot de l’énigme de sa disparition. Ange avait fait son entrée dans le paradis des lecteurs, il était devenu l'amant de la belle Constance, la pulpeuse Lady de Chatterley. Puissiez-vous, vous aussi, trouver le livre dans lequel vous aimeriez vous dissoudre. Le Monde est si vilain que voilà un joli refuge pour vivre l'éternité.

Livresquement vôtre


vendredi 16 novembre 2018

Quelques évidences


Pour Elle




Quand j'entre dans la danse
Pour quelques évidences
Je décroche la Lune
Et mon infortune
Le monde s'ouvre à moi
Et à tous nos émois
Elle devient ma bulle
Ma belle libellule

C’est un évidence
Elle me met en transe
C’est une certitude
Ma béatitude


Elle sera ma princesse
Ma si tendre déesse
Une fleur épanouie
Au chœur de toutes mes nuits
Le rêve se réalise
Elle sera ma promise
Le destin qui bascule
En lettres majuscules

C’est un évidence
Elle me met en transe
C’est une certitude
Ma béatitude

Nous partageons sans cesse
De merveilleuses caresses
Nous nous embrassons sans fin
En nous tenant par la main
Je découvre des plaisirs
Qui éclairent son sourire
Une vague de frissons
Nous unit à l'unisson

C’est un évidence
Elle me met en transe
C’est une certitude
Ma béatitude

Elle me montre le chemin
Celui des plus beaux câlins
Elle se fait libertine
Et tendrement mutine
Elle abat les obstacles
Me guide au pinacle
Que toutes ses émotions
Nourrissent notre passion




Je suis venu j’ai vu et me voilà vaincu


 

Quel est ce mal étrange, quelles sont ces douleurs ?
Je m’enfonce dans les tourments sans nul secours
Et les flots en furie de tous côtés m'entourent,
Bientôt mes amis m’offriront d' ultimes fleurs ;

Jadis la rivière était pour moi douce fête,
J’y vécus librement mes plus belles amours
Elle m'offrait ses charmes en mes plus heureux jours
Et de tendres rencontres que je gardais secrètes

Aujourd’hui cette crue fait de moi un vaincu ;
Oubliées à jamais demoiselles aux joues roses,
Dans les profondeurs de la Loire je repose
Moi qui toujours près d’elle, ai aimé, ai vécu.

C’est désormais le temps de quitter cette terre.
Sans frisson, je dirai au Seigneur, me voici.
Combien mon existence a été adoucie,
Par ma rivière qui m’offrit son beau mystère.

Chaque instant de ma vie, la Loire m’a veillé,
Effaçant tendrement chacune de mes peines .
Elle m'a préservé de cette odieuse haine,
La rongeuse qui sur terre peut vous travailler.

Grâce à elle je me suis octroyé des ailes,
Certes bien plus utiles que mes pauvres main
Quand bien même je m’éloignais du genre humain,
C’était pour gagner une espérance éternelle.

Maintenant, mon espoir ne s'ouvre qu'à demi
Car la postérité ne veut pas qu’on me nomme
Je n'ai pas place dans la mémoire des hommes
Troublé par un cauchemar, je n'ai pas dormi

Je succombe à cette redoutable paresse
Ce mal sournois qui hante mes jours et mes nuits.
Qui tout au long de mon existence m’a nui
Avant que je me meure et que je disparaisse !



jeudi 15 novembre 2018

La barque pleine


La barque pleine




C'est la barque de mon tonton
Qui du matin jusqu'au soir
Ne pense qu'à tourner en rond
Car s'il va sur l'eau c'est pour boire
Drôle de pêcheur sans matériel
Quand il met à l'eau un bouchon
C'est celui d'une bouteille
D'un délicieux vin de Chinon !

Au petit matin le bateau
Même si rien ne l'explique
Se prend déjà pour un radeau
Construit avec des barriques
Tonton qui ne boit jamais d'eau
Se contente d'une seule rame
Avant de partir sur les flots
Pour noyer son vague à l'âme

Puis en milieu de matinée
Après de bonnes rasades
La têt' finit par lui tourner
De ce vin bu en cascade
S'il veut terminer sa journée
Tonton doit casser la croûte
Il s'offre un joli goûter
Et quelques verres de goûte

Juste avant l'heure du repas
Il tourne dans l'autre sens
Pour aller de ce nouveau pas
En pays de réjouissance
Voulant avancer son trépas
Il déguste alors au pichet
Un bon petit coteau du giennois
Qu'il vous sifflera tout d'un trait

Et jusqu'au soir mon vieux tonton
Tournoyant sur la rivière
Aura vidé plus d'un flacon
Cul sec et sans manière
Il rentrera en sa maison
Pour rejoindre son épouse
Faire sauter d'autres bouchons
Pour qu'elle ne soit pas jalouse ...



Un écureuil s'éprit d'une taupe

  Amours énantiotropes Un écureuil s'éprit d'une taupe Comble d'un amour énantiotrope Lui perché sur son gra...