samedi 16 décembre 2017

L’épicéa de Noël


Conte de l'Avent
La belle histoire.



Il était une fois un petit arbre chétif perdu dans une grande et vaste forêt peuplée de grands arbres fiers. Le malheureux était écrasé par la hauteur et la puissance de ses voisins. Il avait à subir leurs moqueries tout autant que leur mépris. Il s’en désolait d’autant que lorsque des enfants passaient non loin de lui, ils n’avaient pas un regard pour lui.

Le brave petit sapin voulait qu’on lui accorde un peu de considération, lui qui contrairement aux feuillus prétentieux gardait ses épines toute l’année. Il en vint à les jalouser, se mit à croire que c’est parce que, à l’automne, ils se parent de toutes les couleurs avant de perdre leurs feuilles qu’ils étaient ainsi l’objet de l’admiration de tous.

Il en appela à Merlin, le mage de la nature, le brave sorcier qui vivait non loin de là. « Gentil Merlin, accorde-moi des épines de toutes les couleurs. Que l’on me regarde enfin ! » Merlin s’amusa de cette requête, elle lui sembla quelque peu déplacée, le vert sied aux arbres pour assurer la fonction chlorophyllienne, mais le sapin était bien trop petit pour comprendre cela. Il demanda aux lutins de la forêt de venir peindre les aiguilles de leur ami à la condition de prendre une peinture à l’eau pour ne pas le tuer.

Ainsi fut fait selon le désir du petit arbre. Les lutins firent si bien que les enfants s’arrêtaient devant le sapin, s’exclamant devant cet arbre de toutes les couleurs. Ils firent grande ronde autour de lui. Mais l’hiver approchait, la pluie chassa tout les gamins de l’endroit et quand ils revinrent, ses épines avaient retrouvé leur couleur verte.

Le petit sapin avait connu son heure de gloire, il devait s’en satisfaire. C’est alors qu’il remarqua qu’à l’approche de Noël, les adultes venaient dans les bois ramasser des branches de houx et du buis pour décorer leurs demeures. Il en fut jaloux et s’interrogea sur cette curieuse préférence. « Voilà deux plantes qui gardent leurs feuilles, qu’ont-elles de plus que moi ? »

Il se gratta le faîtage avant de comprendre que les petites boules rouges devaient égailler les intérieurs austères au moment de cette belle fête. Il sollicita une fois encore son ami Merlin. « S’il te plaît gentil mage, demande à tes lutins d’aller chercher des pommes de toutes les couleurs dans les bois et de les accrocher à mes branches ! » Ce qu’on demande à Merlin quand on est sage, on l’obtient toujours.

Les lutins choisirent des petites pommes rouges et d’or qui donnèrent à notre épicéa fière allure. Une fois encore, les enfants se précipitèrent pour l’admirer. Ils s’exclamèrent avant que de voler un à un les jolis fruits pour les dévorer. Le petit sapin se retrouvait à nouveau nu et abandonné, n’ayant plus de raison d’attirer l’attention.


La Nuit de Noël arriva, le ciel se para cette nuit -là de milliers d’étoiles. Que c’était beau, que c’était émouvant. Le petit sapin levait les yeux au ciel. Il se dit que jamais il n’avait vu plus merveilleux spectacle. Il eut alors une idée et une fois encore sollicita Merlin. « Gentil mage, pourrais-tu ordonner à tes lutins de décrocher quelques étoiles au ciel pour venir les poser sur mes branches ? ».

Merlin ne voulut pas contrarier l’épicéa. Dans sa naïveté, il ignorait sans doute que l’on ne peut décrocher pas plus la Lune que les étoiles. Il se dit qu’il pouvait mettre à l’ouvrage ses lutins et leur demanda de découper des étoiles dans des cartons dorés et pour faire bonne mesure, de leur associer des bougies éclairées pour leur donner la lumière du ciel.

Les lutins firent ainsi et le lendemain, jour de Noël, le petit sapin brillait de mille flammes. Les enfants, qui en ce temps lointain n’étaient pas couverts de cadeaux, avaient encore du temps après avoir mangé le pain d’épices et l’orange qu’on leur avait offerts, pour courir les bois. Ils se précipitèrent autour du sapin magnifique. Lui firent des compliments pour sa beauté. Le petit sapin était aux anges.

Les bougies finirent par s’éteindre, les étoiles en carton doré tombèrent elles aussi au fil du temps. Le sapin pourtant avait cette fois conservé l’amitié d’un enfant qui avait aimé toutes ses transformations. Il venait chaque jour lui rendre visite, lui parlait, lui disait qu’il avait une belle idée et qu’il devait patienter une année pour retrouver son jour de gloire.

Le sapin était heureux. Il avait un ami. Il n’en demandait pas plus. Le temps passa ainsi jusqu’au Noël suivant. Quelques jours avant, l’ami du sapin arriva avec son père. L’homme avait une pelle à la main. Il fit un grand trou autour de l’arbre, le déposa délicatement dans une vaste caisse remplie de terre. Puis tous deux flanqués du sapin, rentrèrent chez eux.

Durant cette curieuse journée, le gamin accrocha des pommes de toutes couleurs sur les branches de son ami, il ajouta des brins de laine pour retrouver les couleurs de l’automne et découpa à son tour des étoiles dorées. Il fixa aussi quelques bougies et ainsi fit le premier sapin de Noël. La maison de l’enfant brillait dans la nuit. Tout autour, des curieux vinrent regarder par la fenêtre cet arbre qui donnait de la couleur à la plus longue nuit de l’année.

Parmi eux, Merlin vint lui aussi faire le curieux, flanqué de ses lutins. C’est l’une de ses petites créatures qui glissa quelque chose à l’oreille du vieux magicien. Le temps était passé pour lui de créer le monde. Il s’ennuyait depuis quelques temps et la belle idée du lutin fit son chemin. L’année suivante, la nuit précédant Noël, toutes les maisons du pays avait leur sapin décoré. Des sapins dans des caisses remplies de terre afin de les replanter ensuite.

Merlin, quant à lui s’habilla d’une grande cape rouge, demanda à ses lutins de préparer des pains d’épices et des oranges pour tous les enfants du Monde. Toute la nuit, là où un sapin était décoré, il déposa à ses pieds quelques friandises pour les gamins de la maison. Merlin n’était plus, il devint ce soir-là le Père Noël, il restait un gentil magicien et cette fois, il aurait désormais du travail pour les temps à venir.

C’est ainsi que cette merveilleuse histoire n’aurait jamais débuté si un petit sapin n’avait pas voulu se faire beau. Merlin retint la leçon et mit désormais comme condition pour récompenser les enfants qu’ils aient été sages durant l’année. J’espère qu’il n’a pas oublié cette réserve, de nos jours, ils ont trop tendance à penser que tout leur est dû.

Sylvestrement leur


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