lundi 22 juillet 2019

Canicule



L'été sera chaud …



Je sors de ma troisième douche, je suis dans une tenue que je me refuse à vous dévoiler même s'il ne reste plus grand chose à retirer. Je ne me suis pas essuyé, comptant sur ces quelques instants de répit pour goûter un peu de fraîcheur. Je sens déjà l'effet désastreux de la chaleur sur ma peau. Il est inutile de lutter, je vais passer la journée entre transpiration collante et odeurs aigres. Mon adiposité se paie cash en période de canicule.

La soirée d'hier avait fini par la même quête désespérée. Une ultime douche avant de me coucher. Il était tard, l'ouverture de toutes les fenêtres de la maison était un espoir déraisonnable de trouver enfin un peu de fraîcheur dans cette étuve. Rien n'y a fait pourtant, une simple illusion de mieux être le temps que de sournois et trompeurs courants d'air se glissent à l'intérieur.

Ce matin, il faut en toute hâte fermer fenêtres et volets. Le soleil n'a pas attendu d'être à son zénith pour darder ses rayons de feu. Je vis dans l'obscurité. La lumière électrique apporte elle aussi une chaleur qu'il faut fuir. Je suis condamné à l'immobilité. Ne rien faire et transpirer quand même. Dire qu'il y en a qui pensent que je m'amuse. L'été est une corvée torride !

Manger est encore une autre affaire pénible. Ne rien faire chauffer surtout. Tant pis pour cette belle récolte de haricots verts. Ils auraient été délicieux en salade avec quelques tomates mais la seule idée de faire bouillir de l'eau m'électrise. J'attendrai la nuit prochaine pour tenter l'aventure. En attendant, tomates crues, concombre et pêches constitueront le menu du jour.

Sortir est une épreuve plus redoutable que toutes les autres. Il faut entrer dans la fournaise, subir cette vague de chaleur qui vous étouffe et vous submerge. Il n'est pas question d'aller à pied par ce temps, s'exposer à la brûlure et au ridicule du maillot mouillé d'une longue et humiliante traînée humide qui court dans le dos.. Prendre la voiture alors ? Pas plus raisonnable. Mes stupides convictions m'ont fait choisir un véhicule sans climatisation, je suis condamné à me brûler les cuisses et à cuire à petit feu dans cette caisse en fusion !

Car, vous devez le comprendre maintenant, il n'y a dans ma maison aucun instrument pour échapper à ce supplice. Ni climatiseur, ni ventilateur. Je suis un incorruptible de l'écologie et c'est au prix fort que je paie cette posture absurde. L'été, quand il est caniculaire, devrait vous exonérer de vos croyances imbéciles. Les pragmatiques, les sans convictions fixes, les nantis ne vivent pas mon calvaire actuel. Ils profitent de tous les instruments que cette consommation du réchauffement climatique met à leur disposition pour éviter le piège dans lequel ils nous plongent par de tels excès.

La chaleur me fait délirer. Je me mets à écrire n'importe quoi. Il me faut pourtant sortir pour avoir un peu de pain. Je me lamente et ne pense même pas à ce pauvre boulanger qui a sué sang et eau pour remplir sa mission quotidienne. Faire du pain par ce temps est une pure folie. Je me dois de lui marquer ma solidarité en me rendant dans sa boutique. Mais comment ? En scooter ? Ce ne serait pas écologique et porter un casque par ce temps, c'est risquer l'apoplexie. Alors, le vélo, à allure modérée, en allant chercher un peu de fraîcheur en bord de Loire semble être la meilleure solution.

Mon ordinateur sur les genoux, j'écris ce billet inutile. La machine apporte elle aussi des degrés supplémentaires. Rien désormais dans tout ce que nous faisons n'échappe à la folle production de chaleur. Regarder la télévision donnerait le même résultat et en plus, je risquerais l'abrutissement. Lire est sans doute la dernière possibilité qui échappe à la sur-consommation énergétique !

Je sens à nouveau des gouttes perler sur mon front. J'ai beau avoir choisi la pièce la moins chaude, je suis à nouveau victime d'une bouffée de chaleur n'en déplaisent aux tenant de la théorie du genre. Je n'en puis plus. Vivement cet hiver que je grelote tout à mon aise. J'ai besoin de douceur, de fraîcheur et de repos. La canicule est l'exact contraire. Je devine une fois encore les ravages que fera ce coup de chaud dans les rangs de nos anciens. J'ai une pensée émue pour eux. N'avez-vous pas remarqué que pas une seule petite minute de silence n'avait été demandé pour les quinze mille victimes de la fois précédente ? Les vieux, ça compte moins que les victimes des tours jumelles qui en eurent trois alors qu'ils étaient cinq fois moins nombreux !

Je déraisonne. La chaleur sans doute. Il est grand temps que j'abandonne ce billet brûlant. Je vais le confier à la toile, cette grande vague qui m'apportera peut-être un peu de fraîcheur venue du large. Bonne journée à vous dans la douceur de vos foyers équipés, climatisés, ventilés et piscinisés. Le mien n'a jamais aussi bien porté son nom, c'est une fournaise diabolique. À la douche !

Chaudement vôtre.

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