dimanche 15 mai 2022

Un bec hors de l'eau - chapitre 8 -

 

8

17 mai 2022

Gai comme pinson

 


 


« Les oiseaux peuvent oublier le piège

mais le piège n’oublie jamais les oiseaux »




La découverte de la darse est un ravissement. Maintenant, l’heure n’est plus au tourisme. Il convient de tirer les choses au clair, si Ignace peut s'autoriser pareille allusion graveleuse de bon matin. Gontran est-il de la jaquette ou non ? L’information a-t-elle une quelconque répercussion dans la résolution de l’énigme ? Quoiqu’il en soit, savoir pour mieux comprendre est un impératif chez ce flic qui aime avoir toutes les cartes en mains avant que de retourner le chien, même s’il est maigre, selon la formule chère à Roger Couderc.


Mais avant, il a une corvée détestable à remplir : ouvrir le courrier abondant qui lui est destiné personnellement. Sans surprise, il devine la nature de cette littérature qu’il qualifie d’excrémentielle : les lettres anonymes de délation gratuite et néanmoins spontanée. Par acquit de conscience, il établit le palmarès de la notoriété du moment.

Gaston Le Prince arrive largement en tête avec 12 citations à l’ordre de la cité, suivi de son compère Gustave Faubert, 9 nominations. Arrivent ensuite au coude à coude Gaétan Desjoutes et Gérard Archandot avec respectivement 5 et 4 suffrages. Les trois Agités du bocal sont quatre comme il se doit, dans la détestation des autochtones également. Viennent ensuite une petite dizaine de candidats à la gloire judiciaire qui ne récoltent que des accessits. Le seul intérêt de la liste réside dans le fait que ce soit tous d’anciens scouts ou des petits chanteurs réformés. La vox populi dispose de l’intuition du contexte mais certes pas de la science infuse. La chorale le met sur la voie, il suffit de tirer la queue du chat.


Inutile de déclencher une nouvelle affaire au sein du clergé local même si l’évêque actuel serait tout disposé à collaborer sur de tels dossiers embarrassants. Nous ne sommes pas à Lyon, ici. Un simple travail d’archive devrait permettre de tirer les fils de l’écheveau. Le parcours du page au notable doit être semé de cailloux qu’il convient de repérer. Le commissaire a pris les devants en demandant les fichiers d’adhésion et de départ des deux associations concernées. Il apparaît que des retraits en cours d’exercice surviennent parfois au fil des saisons sans qu’un déménagement accompagne ces abandons. Gontran devient alors chef de compagnie ou bien harmoniciste. Quand il disparaît deux années pour une mission à l’étranger, hasard ou lubricité, nul mouvement suspect n’apparaît. Pas une seule plainte, comme il se doit dans pareil cas mais un nom qui revient deux fois et dans un délai rapproché. Voilà une personne à contacter discrètement !


Deux heures plus tard, la chance est du côté de notre enquêteur. Il sonne à la porte d’un dénommé Lucien Lacombe, vingt-cinq ans, barbier de son état, rue des Carmes. L’homme n‘a pas de client, Ignace ne s’est pas rasé ce matin. Il fait d’une pierre à fusil deux coupes : la barbe et les cheveux. De cils en épis, les propos se font plus précis. Grillepain n’a pas caché ce qui l’envoie et le merlan ne cherche nullement à éviter la conversation. Il est même soulagé de vider son sac sans couper les poils en quatre. Il avait ça sur le cœur depuis si longtemps ! Ses phrases sont brèves, tranchantes, sans frisettes :


  • Oui, il a quitté les scouts à cause de Gontran.

  • Non, il n’en a pas parlé à ses parents.

  • Oui, il y a eu des gestes déplacés.

  • Non, aucun à caractère sexuel.

  • Oui, il a recommencé à la chorale.

  • Non, il n’y a rien eu de plus.

  • Oui, il est venu comme client.

  • Non, nous n’avons pas évoqué cette période.

  • Oui, je lui en ai toujours voulu.

  • Non, je n’ai jamais entendu des camarades se plaindre.

  • Oui, je connaissais sa réputation trouble.

  • Non, je n’en ai jamais parlé autour de moi.

  • Oui, je l’appelais moi aussi : « Le cachalot ! »

  • Non, cette coupe est pour moi. Je me sens soulagé ...

Ignace, bien dégagé autour des oreilles et sa mèche rebelle oubliée, y voit enfin plus clair. Le sieur Gontran avait de quoi défriser les dames patronesses qui curieusement, lui vouaient une admiration sans borne. Pas surprenant dans une cité qui honore Gilles de Rais y compris au sein de sa cathédrale ! Décidément, on devrait toujours se rendre chez un coiffeur pour débroussailler les dossiers épineux. Voilà un conseil tiré par les cheveux certes, mais qui devrait figurer au programme de l’école de Police. C’est le dernier salon où les langues se délient en toute confiance même si elles sont chargées d’un peu de venin. D’ailleurs Grillepain profite toujours de ses vacances dans des coins à l’écart de la folie touristique pour effectuer sa première visite chez le merlan. Il y a souvent glané de précieux conseils pour passer quinze jours originaux et agréables avec des adresses de première main.


Le flic est persuadé que la piste pédophile est une illusion. La pression sociale, le poids de la notoriété tout autant que la rumeur si prompte à se propager dans la ville ont contraint notre gaillard à refréner ses pulsions. S’il a mis de côté ce penchant coupable à la fois du point de vue de la morale mais surtout dans son cas, du côté de la bonne société, adulte, il a dû assumer plus ou moins ouvertement des amitiés viriles. Le jour de la rixe sur la Loire, c’était un passager et non une dame qu’il tentait d’impressionner par son gros jet puissant. J’aimerais bien le retrouver celui-là, se dit le penseur dégagé au-dessus des oreilles. Le rappel de cette scène, évoquée par le marinier produit alors un électrochoc dans son esprit en ébullition :

« Cachalot ! L’expression n’est pas choisie par hasard. Le sobriquet en bord de Loire a toujours un sens caché, une explication destinée aux initiés. Le jeu de mot colle aux basques de ceux qui vont pieds nus sur leurs bateaux. Cache à l’eau, le gros engin, c’est donc ça ! Un moyen de gagner les coins discrets et souvent inaccessibles des berges pour y vivre quelques frasques sans défroques. Quel petit canaillou ce Gontran ! »


Pour célébrer ce pas décisif dans son enquête, une avancée considérable qui néanmoins ne le mènera nulle part s’il ne dégote pas deux ou trois gitons du garçon, Grillepain s’offre une Fine Champagne au Bar de la Demi-Lune. Il s’étonne lui-même de sa capacité à donner des interprétations scabreuses à tous ses actes innocents. Il se met à soliloquer : « Il est temps désormais que je m’occupe des têtes d’affiche. Le pinson ne chantera pas plus fort, à mon avis. Le petit oiseau faisait des siennes dans les fourrés, je dois maintenant aller à la pêche aux gros poissons ! J’en avais deux dans mes rets que j’ai laissé filer et j’en ai deux autres à ferrer au plus vite. Il est temps de les appâter un peu ! » C’est ainsi que sa fine avalée, il retourne au commissariat central devant des clients interloqués par ce qu’ils ont entendu.


Sur son bureau, il y a du nouveau : un article publié sur un blog en juin 2020 qui évoque certainement l’amateur de sensations fortes. L’explicite n’est pas au rendez-vous, certes mais la signature est sans équivoque. Le dénommé Gérard n’y va pas par le dos de la cuillère. Il est vrai qu’à quelques jours du second tour différé des municipales, il était bon de lancer un pavé dans la mare ou comme aime à dire cette bande de frappadingues, dans le bocal orléanais.



Vous avez le bonjour d’Alfred


Ça n’a pas tardé. Le déconfinement engagé, les tenants de la fin de l’humanité se précipitent vers leurs loisirs préférés. Les moteurs tournent à plein régime, ils vrombissent pour mieux attester de la morgue de ceux qui veulent accélérer le réchauffement climatique, la catastrophe environnementale tout en affirmant magistralement leur détestation de la nature. Ils nous brisent les oreilles, relayant ainsi les chants d’oiseaux dans le catalogue nostalgique des souvenirs du confinement.


Demeure encore le problème du rayon des 100 kilomètres qui limite leur capacité de nuisance à leur seul environnement proche. Qu’importe ! L’essentiel est de se faire plaisir, même si le lieu n’est pas tout à fait opportun. De toute manière, ils sont les alliés du pouvoir, les forces vives et dépensières d’une Macronie qui ne flatte que les hauts revenus au pouvoir d’achat confortable. Alors tout leur est permis.


Il est vrai que des jeunes gens assis à deviser joyeusement sont bien plus néfastes qu’un quadragénaire engoncé dans une seyante combinaison de plongée, chevauchant un monstre mécanique évoluant sur l’eau. Les gardiens de l’ordre factieux ne ferment pas les yeux, n’allons pas leur faire injure ! Ils les écarquillent tout au contraire, admirant le spectacle qui secrètement les rend jaloux. Ils aimeraient tellement être à la place du contrevenant, qu’ils découvrent soudainement leur capacité de discernement qui jusqu’alors leur avait fait si cruellement défaut.


C’est donc en toute impunité que notre homme, venu apporter son jouet mécanique avec un énorme quatre-quatre pour affirmer définitivement son mépris des espèces vivantes, se lance dans un rodéo aquatique sur la Loire. La manette des gaz à fond, il provoque une vague d’admiration chez les promeneurs qui n’ont aucune conscience écologique. Cela démontre à l’évidence que le monde d’après ne sera pas différent de celui d’avant. Les fossoyeurs de la planète peuvent dormir sur leurs deux oreilles…


Le motard des flots provoque une vague de près d’un mètre de hauteur. Son batillage est une lourde menace pour les grèves voisines. Qu’importe les œufs de sterne ! Les petites mouettes migratrices n’avaient qu’à s’installer ailleurs. Pour l’absurde griserie d’un seul, il leur faudra entreprendre une nouvelle ponte si le temps le leur permet... On ne se fait pas une « branlette » sans noyer les œufs !


Sur les berges fragilisées par l’absence d’entretien depuis des décennies, le passage du terrible engin ajoute à l’usure du temps son travail de sape. Une contribution qu’il convient d’encourager puisqu’aucune autorité ne viendra interdire ce loisir innocent, pourvoyeur de croissance ! Les poissons ferment leur bec, les dégâts sur les alevins ne seront pas évoqués, les malheureux ne sont pas électeurs…


L’abruti dépasse allègrement la vitesse autorisée. Il est vrai qu’il a besoin de se montrer pour exister. Pour le coup, l’effet est réussi. On ne voit que lui et sa grande gerbe d’eau, cette éjaculation majestueuse qui lui provoque tant de jouissance. Il fonce et détruit tout ce qu’il peut, sans la moindre conscience environnementale. C’est un homme résolument moderne et sans aucun doute, grand admirateur de la mondialisation puisque rien de ce qu’il utilise pour cette manifestation spectaculaire en faveur d’une économie déréglée n’a été fabriqué en France.


Le furieux, certain que nul ne viendra le contrôler, est en territoire conquis. Il est vrai que dans notre belle cité ligérienne, on s’est ému à juste titre de ces promeneurs qui foulaient les bancs de sable sans écart pour les nichées. Personne ne viendra stigmatiser le digne représentant de la bourgeoisie locale. Il sème la mort derrière son gros engin il ne récoltera que mon inutile tempête dans un verre d’eau de Loire. Qu’ils aillent au diable, lui et son terrible scooter! Je me suis fait un devoir de le maudire, c’est le moins que je puisse faire.


* * *



Ce serait presque un aveu, si les dates coïncidaient. Mais deux années se sont écoulées et beaucoup d’eau a coulé sous le pont Royal. Grillepain se doit absolument d’interroger ce personnage qui aime à jouer la provocation dès qu’il s’agit de défendre l’eau et de pourfendre les plaisirs innocents. Il s’est renseigné. Le Gérard ne baigne pas dans le milieu marinier, pas plus qu’avec les pêcheurs. C’est un véritable acteur du combat contre le refus de la marchandisation de l’eau. Il participe à des groupes de réflexion au niveau national, intervient dans des colloques et de nombreuses émissions. Sa parole porte et le militant est reconnu comme un interlocuteur valable par les autorités. Il convient de prendre des gants avec lui, le moindre écart pourrait entraîner une vive réaction des écologistes. Prudence et doigté ! Le commissaire ne veut pas se mettre à dos cette frange de l’échiquier politique pour laquelle il a quelque sympathie.


C’est donc discrètement qu’il fixe un rendez-vous avec celui qui est dans le haut du chapeau des suspects. Ils se rencontrent à la terrasse du Cabinet Vert, non loin des lieux du crime. L’endroit est agréable. Un Menetou-Salon blanc de Chez Clément servi avec une assiette de friture de Loire pour un apéritif informel, seront de nature à détendre son invité. Gérard arrive à l’heure, sans la moindre inquiétude apparente. Le flic est sensible à cette première impression. Sa poignée de main est ferme, un détail auquel il tient beaucoup avec son passé viril. Leurs yeux se croisent, le regard est franc.

L’écologiste a un large sourire en observant le comité d’accueil servi sur la table. Ignace avait craint soudain d’avoir affaire à un végétarien qui aurait repoussé les merveilleux petits goujons frits. La conversation peut s’engager :


  • Je vous ai demandé de venir pour évoquer l’affaire dont tout le monde parle en ce moment e et profiter de votre éclairage, puisque vous êtes un grand spécialiste de l’eau.

  • Je m’en doutais un peu et je suppose aussi qu’il y a dans votre dossier un de mes pamphlets vieux de deux ans.

  • Je vois que vous n’y allez pas par quatre chemins, j’aime ça. Débarrassons-nous de ce sujet en l’évoquant tout d’abord. J’attends vos explications.

  • C’est simple. Je regarde d’un très mauvais œil l’usage du moteur sur la Loire. Je ne suis donc pas en phase avec les mariniers qui même s’ils se déplacent lentement, devraient envisager un autre mode énergétique. Mais passons…

  • Oui en effet, c’est ce fameux jet-ski qui est pour vous un sujet de friction tout autant qu'un motif de conflit.

  • Vous ne croyez pas si bien dire. Cette semaine encore, j’ai eu la désagréable surprise de voir un homme voler au-dessus de l'eau, accroché par un tuyau à un jet-ski sans pilote qui tournait en rond à toute allure. Complètement hallucinant !

  • Je vois le spectacle. Où était-ce ?

  • À la binette. Le bassin permet ce genre de fantaisie nocive à l’environnement.

  • Et votre article alors ?

  • Un coup de gueule au sortir du confinement. J’ai craqué quand j’ai aperçu ce type faire le kéké en dépit de toutes les interdictions, profitant de sa position.

  • Avez-vous eu des répercussions ?

  • Comme toujours, des commentaires haineux, mais c’est la loi du genre. Presque une récompense, en somme.


Jefferson, le serveur revient vers eux pour remplir leurs verres. Il fait chaud, les poissons sont salés. La conversation s’interrompt quelques instants. Il convient de rester discrets. Gérard en profite pour éteindre son portable, un détail qui touche le commissaire. Voilà un homme qui a du savoir-vivre se dit-il in petto.


    • Pourquoi le jet-ski constitue-t-il une hérésie sur la Loire ?

    • C’est un engin sportif, destiné aux émotions fortes. La vitesse réglementée est incompatible avec sa pratique. Nos champions de la poignée de gaz dépassent scandaleusement les règles.

    • Et alors ?

    • Ils provoquent un sillage qu’on nomme batillage désastreux pour tout le microcosme de la rivière : les berges, les poissons, les animaux, les œufs des oiseaux nicheurs sur le sable... un vrai carnage pour la jouissance égoïste d’un type qui veut épater son passager.

    • Tiens donc, pourquoi son passager ?

    • C’était de notoriété publique que le défunt ne transportait que des hommes. Vous devez le savoir, je ne vais pas jouer au plus malin avec vous.

    • Pouvez-vous m’en dire plus ?

    • Non, j’avoue que je m’en fiche. Chacun fait ce qu’il veut en ce domaine, pourvu que ce ne soit pas prétexte à pollution. On trouve tellement de capotes sur les berges que je mets une réserve sur la chose à défaut de l’index.

    • Plaît-il ?

    • Pardon, une allusion pontificale de mauvais aloi.


Gérard a prévu les curiosités du flic. Il lui donne des dépliants sur lesquels il défend sa position contre cet usage déplacé de la rivière. Il lui laisse le temps de les consulter, tout en dégustant ce blanc frais et fruité, avec une délicate nuance de pierre à fusil. Un schéma et des tableaux valent mieux qu’une longue discussion. Le commissaire fait semblant de s’intéresser, épiant du coin de l’œil celui qui n’a pourtant rien d’un tueur potentiel. Cependant, il ne peut laisser échapper la question qui brisera ce moment de convivialité :


  • Que faisiez-vous le 8 mai dans l’après-midi ?

  • Enfin ! Vous avez mis le temps. Je sais que mon nom circule dans cette affaire. On ne prête qu’aux gueux dans cette ville, surtout ceux qui disent pis que pendre de leurs maudites fêtes.

  • Répondez à ma question sans noyer le poisson !

  • Je n’étais certes pas à la comédie johannique. J’ai répondu à l’invitation de mon camarade Gaëtan, grand amateur de vin lui aussi puis en fin de soirée, nous nous sommes rendus à la contre-fête à Mardié. Nous y sommes arrivés vers 17 h, il y a de nombreux témoins.

  • Cependant à l’heure du crime, votre seul témoin est lui aussi sur la liste noire !

  • Lui aussi. Mais dites donc, ne vous feriez-vous pas là, le défenseur des bourgeois de barrique ?

  • Encore cette expression ! Que signifie-t-elle au juste ?

  • Que les grandes fortunes de l’endroit se sont faites sur le vin et les alcools, le vinaigre, le sucre, l’huile d’olive et le savon de Marseille et que tout ça arrivait ici dans des barriques au temps qu’on dit glorieux de la marine de Loire et accessoirement du commerce triangulaire, beaucoup moins glorieux quant à lui.

  • Vous avez la dent dure.

  • La dent incisive, si vous voulez.

  • Beaucoup d’eau a passé sous les ponts depuis.

  • C’est ce que vous croyez. On trouve encore aux manettes de la ville des héritiers dont les ancêtres ont baigné dans des affaires pas très claires, si j’ose dire.

  • Feriez-vous allusion à la traite négrière ?

  • Entre autres, en effet.

  • Et la victime, dans tout ça ?

  • C’est l’héritier d’une grande famille sucrière.

  • Nous évoquerons tout ça une fois prochaine. Vous serez invité au commissariat.

  • J’irai la conscience tranquille, soyez en certain.

  • Je n’en doute pas une seconde.

     


     

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