samedi 14 mai 2022

Un bec hors de l'eau - chapitre 7 -

 

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16 mai 2022

Une hirondelle qui fait le printemps


« Un seul bœuf chie plus que cent hirondelles »

 





Un petit tour sur la Zad de Mardié, village d’Europe s’impose, se dit un commissaire de vilaine humeur après l’élimination de son club fétiche. Que son équipe de cœur perde, passe encore mais contre des Parisiens, c’est à ses yeux totalement intolérable. Ce drame intime explique peut-être le fort mal au crâne de Grillepain qui a la mine des mauvais jours, à moins que la demi-douzaine de bières avalée à grandes lampées vengeresses n’en soit véritablement la cause. Une balade au grand air, loin de la ville, lui sera profitable tout en lui éclaircissant ses idées noires.


Mais avant cela, il lui faut consulter les fiches établies par ses collègues même s’il doute d’en apprendre grand-chose. S’il ne le fait pas, il en ira de sa réputation d’individualiste déjà fort prononcée dans la maison. Quand on demande du travail, il convient d’en prendre connaissance, même sans illusion.


Gaétan Desjoutes, 65 ans, est un curieux personnage qui chine à longueur de temps sur les puces de la ville et dans les brocantes. Il passe son existence à la recherche d’archives ou de documents évoquant tout à la fois l’histoire locale du rugby, celle des joutes à Orléans, l’aventure des chansonniers et caricaturistes de l’orléanais. Grand collectionneur, il se passionne pour les étiquettes de vin et de camembert, domaines dans lesquels, il exprime une gourmandise sans pareille. Il a passé sa vie professionnelle à enrichir ses collections et à mener ses recherches, si bien qu’il est passé pour un original désinvolte et un travailleur inefficace.

Le bonhomme est un assidu des concerts qui se déroulent chez des particuliers. Il y brille pour sa constance auprès du buffet. Son appétence est légendaire, ce qui en fait non seulement un spécialiste, mais un défenseur acharné de la viticulture du Val de Loire. Ce bon vivant vit seul, côtoie de très nombreux amis, se rend très souvent à des festivals et des expositions quand il n’accompagne pas son club de joutes nautiques dont il est à la fois le président et l’historien.

Toutes les personnes interrogées à son propos le présentent comme un gentil original inoffensif. Il fréquente cependant des individus qui ont eu affaire à la justice et qui auraient pu lui servir d’hommes de main, tant ils le respectent. Mis à part cette éventualité peu crédible, il ne peut être raisonnablement suspecté de crime de sang.


Gérard Archandot a une personnalité plus trouble. L’homme, âgé de 70 ans, est le doyen des agités du bocal. Il est à la fois le chef d’orchestre et l’instrumentiste de cette bande. Il a eu une carrière administrative qui en fait un spécialiste de la communication. Il profite de ses connaissances en la matière pour faire grand bruit autour des activités de ses comparses avec un talent consommé de la manipulation.

Natif des Charentes, son attachement à la Loire est moins profond que celui de  ses camarades. Il se peut qu’il agisse plus pour leur faire plaisir que par véritable conviction, ce qui n’en fait sans doute pas un candidat sérieux au passage à l’acte.

C’est seulement dans sa quête d’aventures que notre homme, en dépit de son âge, devient un larron et un collectionneur. Seul un mari jaloux pourrait le pousser à la faute, même s’il ne jette habituellement son dévolu que sur les dames délaissées. Il constitue en ce sens le dernier candidat au rôle de criminel, n’étant capable de faire du mal à une mouche que pour quelques instants de bonheur.


Le commissaire sourit à ces portraits. Décidément il a levé des lièvres qui ne sont pas des perdreaux de l’année. Voilà une constatation qui rassure l’ancien chasseur qu’il est ! C’est pourtant en les interrogeant et éventuellement en les poussant dans leurs retranchements, qu’il découvrira la vérité. En attendant, il va se rendre à Mardié, un endroit qui vit la victime s’illustrer de pitoyable manière.


La construction du pont qui enjambe la Loire de ce côté-là est bien avancée. Pourtant, les militants n’entendent pas rendre les armes. Les opposants continuent d’occuper ce lieu de manière symbolique, sans espoir d’infléchir une décision que leurs nombreux recours et leurs actions n’ont jamais pu entraver sérieusement. Les militants veulent témoigner de cette folie qui consiste à toujours donner la primauté au transport routier, tout autant que de l’absurdité du choix de cet emplacement. Ils condamnent aussi les dégâts irréversibles sur la faune et la flore que fera ce pont. Le classement de la Loire au patrimoine mondial et immatériel de l’humanité est une vaste illusion si des travaux destructeurs comme celui-ci sont permis. Les activistes n’en démordent pas et maintiennent donc une sorte de base de la contestation pour titiller les consciences.


Le commissaire, s’il a une certaine sympathie pour le combat environnemental, se sent immédiatement mal à l’aise en arrivant sur place. Il juge sans doute hâtivement les derniers soldats de la nature à leur tenue et leur allure, qui dans le vocabulaire policier sont rangés dans la catégorie hirsute. Comme de plus, il présente sa carte tricolore, une inimitié palpable s’installe entre ses interlocuteurs et lui. Il y a manifestement un meneur qui s’avance vers lui tandis que les autres, retournent vaquer à leurs occupations, indifférents qu’ils sont à la gente volaillère, eux qui sont végétariens.


  • Je viens comme vous devez vous en douter, m’enquérir de ce que vous savez à propos de Monsieur Gontran de La Motte Sanguin, qui un jour a croisé votre route !

  • Et pourquoi diantre devrais-je m’en douter ?

  • Vous n’êtes pas sans ignorer que ce grand serviteur de la métropole a été assassiné le 8 mai.

  • Vous me faites là grand plaisir avec une telle nouvelle. En auriez-vous une autre pour me réjouir un peu plus ?


Le ton est donné. Ni respect, ni courtoisie. La joute promet de ne pas être piquée des hannetons, quoique simplement oratoire. Se montrer urbain en pleine campagne n’a aucun sens, ni pour l’un, occupant irrégulier de l’endroit, ni pour l’autre, investi par la puissance publique.


  • J’imagine que vous n’êtes pas au courant. Ni radio ni journaux, seuls les oiseaux vous informent de la marche du monde.

  • Je ne vois pas pourquoi nous leur ferions moins confiance que vous, aux canards.

  • Effectivement, voilà réplique susceptible de clouer le bec à n’importe quel poulet mais voilà, c’est loin d’être mon cas. Je vais vous voler dans les plumes, mon gaillard.

  • Cessons de jouer les coqs de combat, voulez-vous et venons-en aux faits.

  • C’est ce que j’attendais de vous. Merci. Qu’avez-vous à me dire sur notre homme ?

  • Que c’est une belle canaille qui a tenté de nous intimider avec son jet-ski. Il a foncé sur des militants qui manifestaient au milieu de l’eau. Ce fut un miracle que personne ne soit blessé.

  • Que vous reprochait-il ?

  • De nous opposer à un projet défendu par ses amis politiques et auquel il était attaché par des intérêts économiques.

  • Comment le savez-vous ?

  • Nous avons des informateurs dans le sérail.


Le commissaire n’est pas un perdreau de l’année. Il connaît les mœurs politiques, les imbrications en affaires louches et les décideurs. Les dessous de table permettent de financer des campagnes électorales toujours plus onéreuses. Une pile de pont engloutit autant de béton que l’on veut bien le dire, surtout dans un sous-sol qui ressemble à du gruyère. C’est idéal pour qui veut faire son trou ! Même s’il n’a guère de sympathie pour ces trublions de la contestation systématique, il n’en a pas plus pour les barons et autres potentats locaux.


  • N’avez-vous pas porté plainte pour mise en danger de la vie d’autrui ?

  • À quoi bon ? Nous savions que le monsieur avait de la famille au palais.

  • Vous êtes bien renseignés, dites-donc.

  • La société, sous des allures de consentement n’est pas dupe. Beaucoup nous soutiennent en nous informant, même s’ils n’osent pas se mouiller ou se montrer à nos côtés.

  • Venons-en si vous le voulez bien à ce qui m’amène vraiment. J’aimerais en savoir plus sur un de vos activistes : Gérard Archandot.

  • Ne comptez pas sur moi pour vous dire quoi que ce soit.

  • C’est tout ce que je voulais savoir. Merci.


Le flic tire sa révérence faute de déférence, laissant son interlocuteur particulièrement circonspect. Voilà une conversation sans queue ni tête qui tient davantage de la farce que de l’enquête. Que venait vérifier ce diable de bonhomme, se demande le meneur. Cependant, chose curieuse chez lui, il se sent une étrange sympathie pour le flic. Il a l’intuition qu’il ne sera pas sensible aux pressions qui ne manqueront pas de venir du camp adverse. Un de ces collègues vient à lui :


    • Que voulait-il au juste ?

    • Prendre le pouls et se faire son propre jugement, à mon avis. Voilà enfin quelqu’un qui ne nous fera pas de petit dans le dos. C’est du moins mon sentiment. Indirectement, nous lui apporterons notre aide en cas de besoin pour que la lumière soit faite.


Contrairement à ce qu’il a prétendu, Gaétan Desjoutes, l’homme qui vient de converser avec le policier, est parfaitement au courant de la mort et des circonstances du drame telles que la presse les a relatées. Quant à Ignace, il se dirige désormais vers les travaux au niveau du fleuve. Le chantier est interdit au public. Là aussi, la carte de police lève les difficultés. Un chef d’équipe s’approche :


    • Monsieur le commissaire, un ouvrier m’a averti de votre visite. Que voulez-vous ?

    • J’aimerais comprendre les griefs les plus sérieux que vous opposent vos adversaires.

    • Ils s’appuient sur les rapports du BRGM qui mettent en doute la stabilité des fondations que nous établirons dans un terrain karstique particulièrement instable. Ils n’ont pas tout à fait tort. Ce pont est une gageure, un pari incertain sur son avenir.

    • Dites donc, vous êtes franc du collier, mon ami !

    • C’est parce que je vous connais, monsieur Grillepain et que je ne veux pas vous raconter de salades. Gamin, j’allais vous voir jouer à Garcin avec mon père.

    • Merci. J’ai encore une question. Pourquoi le pont prend-il une direction oblique ?

    • C’est pour éviter la Darse de Darvoy et ses fameuses hirondelles des rivages.

    • D’où vient cet intérêt subit pour ce petit oiseau ?

    • C’est un écrit d’un certain Gérard Archandot qui a influencé cette décision.

    • Merci, c’est ce que je voulais savoir. Au revoir, mon ami.

    • Bonne journée, monsieur Grillepain.

Le commissaire a bien mené sa barque. Il a compris que le combat des uns n’est pas dénué de raison, que les autres font leur possible pour ne pas s’aliéner totalement les défenseurs de l’environnement et que dans cette affaire, Gontran était sans doute des plus radicaux. Il n’est pas venu sans quelques billes. Il a justement consulté l’article qui a poussé les tenants du pont à mettre un peu d’eau de Loire dans leur vin. Le flic prend son cellulaire et compose un numéro. C’est celui de Fred, un marinier des passeurs de Latingy. Quelques minutes plus tard, un bateau arrive et s’approche de la rive. Le policier embarque et se fait conduire sur la fameuse darse. Durant la traversée, il relit cette nouvelle qui eut plus de répercussions que les référés devant les tribunaux. Décidément, les voies de la contestation sont parfois complexes.



L’hirondelle des rivages




Un éclair brun dans les airs avec un gazouillis roulé lancé à toute vitesse, c’est un petit oiseau au vol saccadé qui arrive en bord de Loire. Nous sommes au mois de mars, notre petite hirondelle avec sa bande pectorale d'un brun cendré qui contraste avec sa gorge et son dessous blancs, a élu domicile chez nous. Voilà l’éclaireuse de la bande, elle est la première des hirondelles, celle qui annonce, avant toutes les autres, le retour du printemps.


Son chant, constitué de gazouillis rapides et sonnants m’enchante tandis que son cri d’alarme, plus bref, me rappelle le sifflet des arbitres. Quel acrobate quand elle vole au ras de la rivière, à la recherche des insectes dont elle se régale ! Mais avant de songer à sa nourriture, elle doit faire son trou.


Toute petite, elle n’en est pas moins sacrément gaillarde. Avec ses douze centimètres de longueur, elle va se mettre à l’ouvrage comme un vrai terrassier. Ses ancêtres devaient être les amis des tailleurs de Tuffeau et de Faluns de nos régions, elle creuse au milieu d’une berge abrupte le long de la rivière. Elle a choisi un terrain sableux, mêlé d’argile pour se préparer un palais somptueux.


Sans se prendre de bec avec son compagnon, la demoiselle a besoin d’une petite chambre douillette pour ses amours secrètes et pour y donner la vie. Craignant par-dessus tout les importuns, elle a choisi une berge qui ne peut s’atteindre par la rive. La Loire a creusé là une petite falaise de quelques mètres de hauteur. L’hirondelle en quinze jours va percer un tunnel de 50 à 70 cm de long qui débouchera sur la chambre nuptiale.


Un travail de romain pour elle qui vient des lointains rivages du Pakistan. Venue ici sans passeport, elle se doute que la clandestinité exige pareille cachette. Les humains sont impitoyables pour les plus faibles, ils ont bien tort pourtant, elle qui leur rend tellement de services. Le moustique qui les pique, elle en fera son affaire !


Hélas, dans le Val de Loire, nombreux sont encore les tenants de l’industrie « phytomortifère » qui lui préfèrent les redoutables insecticides qui risquent de la mettre au pain sec. Si ces furieux n’y prennent garde, elle et ses congénères vont bientôt disparaître de ce si beau pays, pourtant. En attendant, elle cesse de se poser des questions et aménage son nid afin qu’il soit le plus douillet possible.


Elle tapisse avec amour sa chambre de paille, de plumes, de tiges souples que son cher mari et elle vont quérir alentour. Il faut bien admettre qu’elle n’est pas prête à se retrouver sur la paille, elle a tendance à manquer cruellement dans un Val qui préfère les cultures maraîchères. Elle devrait faire du foin pour alerter les agriculteurs sur la nécessité de diversifier leurs productions. La timidité lui cloue le bec, elle n’ose aller revendiquer !


Elle a bien tort car voilà que devant son gîte, des hommes équipés de casques s’agitent, le plus souvent à bord de gros engins. Le vent porte jusqu’à son refuge le bruit d’un chantier qui l’intrigue. Que veulent-il bâtir en ce lieu si paisible ? L’hirondelle reste dubitative. Que se trame-t-il donc au bout de son tunnel ? Quelle déveine ! Venir de si loin pour se retrouver précisément là où la tranquillité n’est plus assurée…


Pourtant, mon dieu qu’elle l’aime, sa petite falaise ! La Loire est ici sauvage, loin des habitations et de la folie des villes. Juste derrière, à deux coups d’ailes, elle dispose d’un merveilleux garde-manger, une réserve d’insectes au cœur de la darse de Sandillon. Quel bonheur ineffable que de survoler cet endroit qui semble figé avec ses arbres fossilisés et son mystère envoûtant ! Ils sont déraisonnables de vouloir jeter un pont ici.


En attendant, elle a d’autres chats à fouetter. La loi du sang s’impose à elle. Une première couvée l'attend. Elle a pondu 5 petits œufs tout blancs à la mi-mai. Elle était fière, elle fut la première de sa petite troupe de copines. L’hirondelle des rivages aime à vivre en colonies plus ou moins importantes. Durant quatorze jours, elle va couver d’une aile protectrice ses petits œufs. Les enfants arrivent, ils vont attendre 19 jours avant que de prendre leur envol et découvrir à leur tour la magnificence du lieu. Deux mois après leur premier vol, les petits, ingrats, seront totalement autonomes. Le temps est propice et la région, malgré les maudits épandages, riche en insectes volants comme les tipules, les syrphes, les libellules, les mouches, ou les fourmis volantes qui font ses délices.


Avant la fin septembre, elle devra plier bagage et retrouver copains et copines pour un vol long-courrier vers ses quartiers d’hiver. Elle espère revenir dans son trou l’année prochaine pourvu que les ouvriers lui en laisse la possibilité. Ils ne se rendent pas compte, mais creuser un tunnel et aménager une chambre, c’est un travail titanesque et elle et son compagnon ne disposent pas d’engins comme ces cossards.


À l’année prochaine, petite et charmante hirondelle des rivages, si rien de fâcheux ne t’arrive durant ton long périple ! En espérant, pour favoriser ton retour, qu’ici on préserve cet endroit où tu as installé ta résidence estivale. J’évoquerai ta légitime préoccupation aux responsables de cette agitation qui a quelque peu troublé ton séjour. J’espère de tout cœur qu’ils ne feront pas un trou dans la rivière. Il y a sûrement moyen de s’arranger, entre gens raisonnables…


* * *



Durant leur approche, le commissaire découvre pour la première fois la Loire depuis son lit. Il s’extasie, demande des explications à son pilote qui se fait un plaisir de partager son émotion et ses connaissances. Grillepain touche du doigt l’amour que vouent beaucoup de gens ici pour ce cours d’eau, ce fleuve comme aime à le décrire géographes et béotiens. Le meurtre s’inscrit sans nul doute dans cette volonté de préserver par tous les moyens ce que certains considèrent comme un joyau unique.


Il en est là de ses réflexions quand le bateau surprend deux tourtereaux dans une posture non sans équivoque. Ils ont fui la levée pour trouver un refuge discret au bord de l’eau sans se douter que des curieux viendraient par les flots. Les deux passagers s’amusent des gesticulations désordonnées des deux amoureux, surpris dans des ébats qui supposent discrétion et tranquillité. Fred qui est habitué à ce genre de rencontre, s’amuse de la gêne de son passager.

  • Voilà un spectacle charmant qui s’offre à nous assez souvent. Faire l’amour au bord de l’eau est une sorte de passage obligé pour les vrais ligériens.

  • Vous avez de drôles de mœurs. Ce n’est pourtant pas l’endroit idéal.

  • C’est que vous n’avez jamais pratiqué, mon cher.

  • Le risque est grand d’être dérangé en plein travail.

  • En effet. Parfois ça tourne au vinaigre comme la fois où le père de La Motte Sanguin s’est mêlé de courser ceux qu’il avait surpris.

  • Tiens donc ! Racontez-moi ça !

  • Cette histoire a fait le tour des ports du département. Le bonhomme et son jet-ski n’était pas le bienvenu quand il faisait le kakou près de nos passagers. Un jour, alors qu’il emmenait un de ses amis sur son cachalot …

  • Son cachalot ?

  • Oui, sa machine crachait de l’eau comme un cétacé. C’est ainsi qu’on désignait la chose pétaradante qui n’avait rien à faire sur la Loire.

  • Et alors ?

  • Ils sont tombés sur un couple en pleine action. La vague du cachalot a refroidi leurs ardeurs. Ils étaient tout trempés. Le type, au lieu de se rhabiller, a sauté dans l’eau pour injurier le pilote.

  • L’autre a fait demi-tour, blessé dans son orgueil d’autant que l’insulte en question lui avait tout particulièrement déplu.

  • C’est à dire ?

  • Le type avait naturellement reconnu le bolide et savait quoi dire à son pilote.

  • Je ne vous comprends pas.

  • Notre ami Gontran eu une préférence pour les garçons.

  • Je devine la suite. Il a voulu rouler des épaules et ensuite …

  • Il est tombé sur plus fort que lui. Le type lui a mis une vraie raclée.

  • Naturellement, vous savez qui est cet homme.

  • Bien sûr. C’est un marinier, lui aussi mais comme il est marié, comprenez-moi, je préfère ne rien dire.

  • Je peux le comprendre. »


Le commissaire vient d’en apprendre de belles. Les pratiques du notable étaient donc de notoriété sinon publique mais pour le moins circonscrites au petit monde de la Loire. Les mœurs légères de Gontran n’avaient pas de secret pour les authentiques amoureux de la rivière. Ça fait une longue liste de suspects, tout ça si tous ces gens s’amusent à des parties de jambes en l’air dans le secteur.

 


 

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