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Les
uns contre ces maudits autres
Ce
samedi, d’un bout à l’autre de la Loire, des milliers de
bénévoles vont s’armer de gants, de patience et d’un sac
poubelle pour nettoyer les abords de la Loire. Ils aiment que la
Loire demeure propre en dépit du comportement détestable d’une
toute petite partie de leurs semblables, ceux-là qui méprisent les
règles du bien vivre ensemble. Mais qui donc sont ces malotrus
chroniques, salopards ordinaires qui méprisent à ce point
l’environnement ?
Il
est bien difficile d’en établir un portrait robot. Aucune
catégorie sociale n’échappe à la plaie purulente de l’incivisme
environnemental. Les détritus qu’ils laissent derrière eux
cependant nous renseignent sur leurs comportements, leurs pratiques
et hélas leur absence totale de conscience écologique. Suivons-les
à la trace, c’est assez facile, partout où ils passent, ils
abandonnent leurs immondices comme une glorieuse signature.
Il
y a en premier lieu les fêtards. Ceux-là aiment se retrouver, boire
et manger, faire grand vacarme et laisser place souillée. Les uns
préfèrent les quais de la ville, la foule qui rendra anonyme, les
reliefs qu’ils laisseront derrière eux, les autres, plus désireux
sans doute d’une discrétion commode, cacheront leurs dérapages
dans des coins secrets, à l’écart de tout.
Tous
nous gratifient glorieusement de bouteilles et de cannettes. Ils ont
grand soif, boivent même plus que de raison et n’ont jamais
l’intention de récupérer les cadavres qu'ils sèment sur leur
passage. Bières, sodas, boissons énergisantes, alcools forts ont
leur préférence, le vin arrive bien loin derrière. Nous avons
ainsi une petite idée de leur profil.
Les
mêmes ou bien d’autres ont besoin de se restaurer. Avec ce qu’ils
boivent, on aimerait louer cette sage précaution s’ils ne se
fournissaient pas chez des marchands de mal-bouffe, emballant ce
qu’ils nomment encore de l’alimentation dans des paquets légers,
dégoulinant de mayonnaise ou un bien d’une sauce tomate infâme et
sucrée, le tout accompagné en toute logique de papier gras et de
serviettes en papier.
Il
ne faut pas leur jeter la pierre. Ils ne pensent jamais à ramasser
leurs détritus simplement par étourderie, ne songeant pas à se
munir d’un sac destiné à cette pratique civique. Ils sont tout au
plaisir de se retrouver, eux seuls existent et la Planète est le
cadet de leurs soucis. Sans quoi jamais ils n’iraient se fournir
chez ces marchands de mort.
Il
y a encore la grande cohorte des fumeurs qui ne se résolvent pas à
user d’un cendrier portable. Ils sèment à tout va leurs mégots,
de préférence dans l’eau pour effacer la honte qu’ils ont de
continuer à prendre ce poison. C’est sans doute pourquoi, ils
veulent partager avec la rivière, les merveilleux supplices auxquels
les invitent les industriels du cancer tabagique. Mal-bouffeurs,
buveurs et fumeurs aiment à fréquenter nos guinguettes interlopes
qui se font un devoir de participer activement à la « caca-philie »
des rives !
D’autres
préfèrent des plaisirs plus expéditifs. Il leur faut des seringues
ou des bombes d’air comprimé, des ballons et des cuillères
tordues. Dans l’euphorie d’un décollage réussi, ils ne
songeront nullement à laisser derrière eux place nette. Ne les
blâmons pas, ils ont la tête ailleurs, dans les étoiles sans doute
qui regardent horrifiées ce qu’ils abandonnent sous la Lune.
Il
n’y a pas que les amateurs de sensations fortes qui aiment à
marquer leur territoire. Des pêcheurs ou des chasseurs, des
promeneurs encore, notables exceptions dans des catégories qui le
plus souvent ont pris conscience de la nécessité de ramasser
derrière eux, se permettent encore de pratiquer le geste auguste du
semeur. Ceux-là, vous pouvez vous aventurer à leur adresser une
petite remarque, la piqûre de rappel est souvent efficace.
Il
y a hélas les gros cons, les salopards à grande échelle. Ils
déménagent, se séparent d’un vieux canapé ou d’une gazinière,
d’un lit défoncé ou de gravats encombrants. La déchetterie est
bien trop éloignée pour abandonner ce qui dérange. Il faut trier,
éventuellement faire la queue. Les bords de Loire sont
merveilleusement commodes pour agir en toute impunité. Parmi ces
gougnafiers à grande échelle, il y a hélas des petits artisans qui
n’en peuvent plus de devoir payer leur écot pour ces encombrants
que leur refilent leurs clients. Alors ils réduisent les frais en
prenant le même chemin.
Il
y en a d’autres. Parmi eux, et c’est curieusement assez fréquent,
des parents ayant un jeune enfant portant couche culotte. L’objet,
une fois merdeux, est fort malcommode à transporter. Il se trouve
des géniteurs ayant donné la vie qui ne songent nullement qu’en
jetant dans la nature le fruit des entrailles de leur rejeton, ils
lui promettent une planète détestable. Fort heureusement ils sont
peu nombreux mais je m’interroge toujours sur ce que peuvent avoir
dans la tête ces pauvres gens.
Bien
sûr, ces petites incivilités quotidiennes ne sont rien en
comparaison des immenses dégâts provoqués par les industriels, les
avions, les agriculteurs de la FNSEA amoureux du glyphosate, la
chimie, EDF et d’autres encore. Mais commençons par amender toutes
nos pratiques et cherchons à effacer ces pratiques détestables. La
Loire n’est pas un dépotoir, n’hésitez jamais à le clamer haut
et fort devant tous ces salopards et surtout venez nous rejoindre
pour nettoyer les abords de la rivière !
Délatoirement
leur
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