mardi 25 juin 2024

Je brasse du vent

Je brasse du vent

Rohan Le Barde






Je brasse du vent car je suis un penseur

Je pense les mots, je pense les sons

Je pense le verbe et pense le ton,

Je suis un penseur,  je brasse du vent.



Je brasse du vent, car je suis un rêveur

Je pense la forme, je pense le fond

Je pense les couleurs, pense les dimensions,

Je suis un rêveur,  je brasse du vent.



Je brasse du vent, car je suis un chanteur

Je pense la rime, je pense le temps

je pense l'harmonie, je pense l’accent

Je suis un chanteur,  je brasse du vent.



Je brasse du vent, car je suis un conteur

Je pense l’histoire, je pense la clameur

Je pense la fable, je pense la rumeur

Je suis un conteur,  je brasse du vent.


lundi 24 juin 2024

J'ai largué les amarres

 

Sur la route





J'ai largué les amarres

Un matin plein d'espoir

J'ai suivi les copains

Vers de nouveaux chemins

Trouvé d'autres ailleurs

Des jours enfin meilleurs


J'ai aboli mes doutes

Abandonnant en route

Mes chagrins, mes regrets

A jamais oubliés

J'étais homme nouveau

Soulagé des fardeaux


Le rêve en mes chaussures

J'allais à l'aventure

Je marchais au hasard

En espérant un phare

J'ai sorti la grand voile

Pour suivre mon étoile


J'ai trouvé des cailloux

Laissés par d'autres fous

Ils m'ont tendu la main

Moi j'n'espérais plus rien

M'ont dit de poursuivre :

Mon rêve va survivre ...


Ne cesse de marcher

Suivant ma destinée

Vent pousse moi toujours

Je cherche un grand amour

Mes semelles ont des ailes

C'est pour aller vers elle


J'ai largué les amarres

Un matin plein d'espoir

J'ai suivi les copains

Vers de nouveaux chemins

Trouvé d'autres ailleurs

Des jours enfin meilleurs

 


dimanche 23 juin 2024

Je veux vous offrir quelques mots

Quelques mots





Je veux vous offrir quelques mots

Pour qu'ils deviennent de belles chansons

Des mots tendres qu'on dit sans façon

Des mots doux qui donnent des frissons


Les mots salés venus du large

Les mots copiés remplissant la marge

Les mots chantés sur un air joyeux

Les mots priés le regard aux cieux


Les mots pourris, envoyés à la face

Les mots gentils, brisant la glace

Les mots vomis blessant la bouche

Les mots bannis parfois si louches


Les mots composés d'un seul trait

Les mots avalés quand on bégaie

Les mots fléchés, pour aller plus loin

Les mots croisés perdus dans un coin


Les mots gourmands dans un festin

Les mots troublants pour un destin

Les mots savants tombant des nues

Les mots brigands, surgis de la rue


Les mots brisés quand on s'effondre

Les mots soudés qui nous confondent

Les mots crachés qui vous reviennent

Les mots oubliés, quelle déveine !


Les mots douteux qu'on nous impose

Les mots heureux sentant la rose

Les mots frileux dans une flamme

Les mots vicieux pour quelques larmes


Les mots clarté chantés dans la nuit

Les mots bonté pour toi mon ami

Les mots enchaînés par notre peur

Les mots aimés qu'on dit en douceur


Les mots certains de leur puissance

Les mots malins qui ont confiance

Les mots gredins qu'il faut corriger

Les mots lointains aimant voyager


Les gros mots qu'on lâche dans la peur

Les petits mots, offerts pour un cœur

Les vilains mots qu'on lâche à son insu

Les vieux mots qui ne sont pas perdus


Je vous adresse tous mes mots

Pour briser les laideurs du moment

Des mots durs qui deviennent tourments

Des mots forts qu'on hurle dans le vent



samedi 22 juin 2024

Frappe, frappe au bord du ruisseau le linge sale des familles ...

 

Caquetoir et lavoir




Frappe, frappe au bord du ruisseau

Le linge sale des familles

Lave lave tout le trousseau

Tout au bord de la charmille


Abandonnant le caquetoir

Filons en bord de rivière

Frotter à grands coups de battoir

La réputation des commères

••

Pour laver plus blanc nos voisins

De la langue nous abusons

Médisances et propos malsains

Remplacent fort bien le savon


®


Nous sommes les lavandières

Les dames bavardes du lavoir

Plus sournoises que des vipères

Nous vous habillons tous en noir


Nous vous frottons les oreilles

Qui vous sifflent en toute saison

Pour les ragots, sommes sans pareille

À toute heure et sans raison


®


Ce travail est si douloureux

Qu'il martyrise notre dos

Pour courber l'échine c'est heureux

Nous vous rinçons au fond de l'eau


Par la saleté qu'on combat

En la recouvrant de cendre

Vous retrouverez vos beaux draps

Comme neufs à si m'éprendre


®


Nous retournant au village

En poussant la lourde brouette

La perfidie en sillage

Redevenons vos soubrettes


Nous vous ferons révérence

Tout autant que belles grimaces

Avalant vos remontrances

Pour une tache plus tenace


®


 

vendredi 21 juin 2024

Déballage intime.

 

L'impudique réseau.





Phénomène de société, mal-être civilisationnel, besoin d'exister au travers de ce qui se fait de plus futile, recherche effrénée à moins qu'elle ne soit désespérée d'avoir son petit quart d'heure de célébrité à moins tout simplement que ce ne soit une excroissance démesurée du nombril, les réseaux sociaux bruissent indéfiniment du quotidien le plus insipide et sans intérêt des naufragés de la toile.


C'est ainsi que nous apprenons, médusés et forcément admiratifs, le menu de ce que mange celui-ci tandis que cet autre nous fait part de l'apparition inopinée et traitresse d'un furoncle mal placée. Mettre en place des trésors de technologie pour que parviennent jusqu'à nous de telles informations relève de la plus parfaite farce.


Le déballage est incessant. Nous pouvons tout savoir pour peu que l'on prenne un peu garde à ces bouteilles à la mer qui sont déversées par convois entiers sur ce lien ténu qui n'avait certes pas été imaginé pour atteindre de tels bas-fonds. Faut-il que nos semblables aillent mal pour éprouver le besoin de se mettre ainsi à nu, prenant le risque d'être lus par de parfaits inconnus ?


Mais qu'ont-ils besoin de raconter de telles inepties si ce n'est de tenter de se faire une infime place dans un monde qui broie l'individu, ne laisse plus la place au dialogue et à la conversation de visu ? Le dernier rhum du petit dernier prend place à côté des pirouettes et des facéties de l'animal domestique, tandis que chacun prend la peine d'informer la planète entière de la mort d'une vedette, information du reste largement relayée par les autres médias ?


Le plus surprenant encore sont les bulletins météorologiques en direct, annonçant à tout un chacun que la pluie, la neige ou la grêle tombent chez eux, leur évitant ainsi de mettre le nez à la fenêtre et surtout, leur épargnant de quitter des yeux leur merveilleux écran. C'est ainsi que ce qui était autrefois la spécialité de la boulangère, pour agrémenter la vente, devient aujourd'hui un contenu essentiel et filmé sur la toile. Des big datas, des satellites, des ordinateurs et une folle débauche d'énergie pour un tel truisme. C'est à pleurer de rage.


Le phénomène est si puissamment ancré que rien désormais ne permettra un retour en arrière d'autant que la comptabilisation des pouces en l'air permet à ses naïfs de croire qu'ils existent dans le cœur de ceux qui leur font offrande d'un intérêt virtuel. Le désespoir se mesure ainsi et ne laisse que peu de place à la formulation sincère que chacun aimerait écrire sous ces messages ridicules.


Mais comment dire sans être méchant ? Mais pourquoi s'immiscer dans cette confession publique sans la moindre valeur ? Il faut laisser dire ces êtres au cœur de leur naufrage qui s'agrippent à ces messages misérables. Ils n'ont même pas conscience de la vacuité de leur démarche pas plus qu'ils ne prennent en compte le coût carbone de leur SOS pathétique.


Peut-on encore qualifier de social ce qui relève désormais de l'exhibition intime ? Notre époque s'empare de ces formidables instruments de la technologie pour en faire ce qui se faisait de plus dérisoire dans nos sociétés archaïques. Le café du commerce amplifié à l'infini, le propos de comptoir transmis au monde entier, la confession publique servie à des inconnus qui n'en ont cure et tout ça avec la complicité d’algorithmes qui doivent se creuser les circuits imprimés pour donner du sens à cette bouillie infâme.


Pouvons-nous espérer un sursaut d'intelligence ? Le risque tout au contraire est de voir ceci devenir la norme pour toujours plus abaisser les humains au rang de pions robotisés sans le moindre jugement ni la plus petite distance intellectuelle. Comme c'est le but recherché par les instigateurs de cette machine infernale, il y a peu de chance que s'inverse cette diabolique mécanique du vide.


 


jeudi 20 juin 2024

Le mystère de la langue.


La Loire source de toute chose.





Il était un temps si lointain que nul ne peut en témoigner de nos jours. Le monde n'était pas soumis aux mêmes forces que celles qui animent notre planète aujourd'hui. Les lois de la physique ne répondaient pas aux mêmes règles. Ainsi, les eaux ne coulaient pas sous les ponts qui d'ailleurs n'existaient pas. Seuls les mages, les fées, les sorcières et les elfes vivaient alors au bord de notre rivière nourricière.


Nous sommes en un lieu que l'on nommera par la suite le Val d''Or. Les hommes pour y commémorer ce que je vais vous conter y bâtirent ensuite la Basilique de Fleury. Des forces mystérieuses y célèbrent le mariage de la lumière et des eaux de la Loire.


Mais alors, en cette époque reculée, bien au-delà des hommes, nul mouvement dans les eaux comme dans le ciel. Un paysage figé, une immobilité parfaite de carte postale. Merlin ne pouvait plus supporter ce qu'il prenait pour une absence de vie, une image factice. D'autres prétendaient vivre au paradis, c'est sans doute parce qu'on n'y manquait de rien. Mais la vie suppose des envies et des frustrations, des désirs et des refus. Il fallait mettre un peu de mouvement dans ce décor figé.


Merlin eut alors géniale intuition. Rien ne bougeait en cet Éden magnifique car les choses n'étaient pas nommées. Il prit alors sa baguette magique et d'un geste solennel entreprit de donner un nom à tout ce qu'il voyait. Chaque partie du décor ainsi désigné se mettait à se mouvoir au gré du vent et des eaux. Car, en bon ligérien qu'il était, c'est la Loire que Merlin baptisa en premier.


De ce jour mémorable d'entre tous, des noms désignent toutes les plantes, les animaux et les idées qui venaient à notre mage en regardant son œuvre. Arbres, fleurs, insectes, poissons, nuages, paysage, chacun avait son appellation et tout semblait prendre de la vie.


Pourtant bien vite, Merlin comprit qu'il manquait encore quelque chose. Que s'il y avait mouvements et variétés dans ce décor en évolution, il semblait lui manquer un peu de fantaisie, un souffle de volupté. Rien de nouveau n'apparaissait. Après quelque temps, quand il eut finit de constituer son lexique initial, il ne se passait plus rien de neuf et de surprenant.


Merlin réfléchit longuement. Il fallait apporter un petit brin de folie, un désir qui venait du plus profond de chaque chose. C'est une petite fée friponne qui lui souffla dans le cou ce petit frisson qui le mit dans le droit chemin. Il créa alors des petits mots qui, placés devant les noms, leur donna un genre et un nombre. Voilà une idée fort singulière et si déterminante. Il y avait des garçons et des filles, du désir et des attirances. La vie pouvait prendre un tout autre essor.


Une fois encore, après une longue période d'euphorie et de volupté, Merlin comprit que sa création manquait encore de vérité. Si les mouvements et les amours étaient désormais partie intégrante du décor, il lui semblait que rien ne changeait, que tout restait en l'état. Il manquait des différences, des variations, des débuts et une fin. Mais comment s'y prendre ?


C'est en observant la Loire qui n'est jamais tout à fait pareille, tout à fait la même qu'il se dit qu'un mot devait se parer de mille et une facettes. Son monde avait besoin de nuances, de couleurs et de caractère. Il créa, pour notre plus grand bonheur l'immense troupe des adjectifs. Il y avait des plus jeunes, des plus vieux, des moins gros, des plus grands, des lestes et des balourds, des gentils et des méchants …. La vie était désormais pleine de surprises comme de déceptions.


Encore une fois Merlin n'était pas encore tout à fait satisfait de son œuvre. Si de ses yeux, il assistait à un merveilleux spectacle, il ne parvenait pas trouver tous ses mots. Il lui fallait une autre catégorie de termes pour décrire le mouvement. Contrairement à ce que prétend la bible, c'est Merlin qui inventa le verbe bien après avoir donné un nom à chaque chose de la création.


Il pouvait désormais jouir du spectacle qu'il avait créé tout en ayant le bonheur de pouvoir le traduire en mots pour en faire part aux autres mages. Les eaux roulaient, grondaient, s'endormaient, se réveillaient, brillaient. Le vent soufflait, tombait, tempêtait. Le soleil pouvait enfin se lever ou se coucher et le ciel s'empourprait. La vie était devenue cette merveille pour laquelle la Loire constituait un écrin.


Merlin était fier de ce qu'il avait accompli. Il prit grand plaisir à se raconter des histoires, à s'inventer des aventures merveilleuses qui se passaient en bord de Loire. Il s'arrêta pourtant au milieu du gué. Il n'avait pas inventé les adverbes et les prépositions, les pronoms et les conjonctions. Mais c'était là besoins bien trop complexes pour nos mages. Il lui semblait en avoir assez fait ! Tout le monde n'écrit pas des bonimenteries ...


Grammaticalement sien.

mercredi 19 juin 2024

Avoir quelqu'un dans le nez.

 

Normal c'est un morveux.




Depuis plusieurs années, je ne cesse à chaque instant d'avoir quelqu'un dans le nez, un locataire insupportable, un être détestable qui a élu domicile dans mon tarin. Une véritable obsession car pas un jour ne passe sans que je n'essaie de l'en déloger et ceci sans le moindre succès. Je pensais jusqu'alors être le seul dans ce cas, le seul à vivre ce calvaire de souffrir d'un locataire nasal que personne ne peut contraindre à expulser.


Les lois sont mal faites et ne protègent pas les propriétaires d'un nez ordinaire qui ne peuvent jouir à loisir de leur cher appendice. C'est vraiment la crotte comme le diraient mes enfants qui voient le loup partout. J'en viens parfois à penser qu'ils sont de mèche avec cet indésirable, ce parasite qui m'irrite, me tourmente, m'exaspère, me rend la vie impossible.


Qui plus est, ce squatteur est un petit morveux. C'est sans doute la raison qui lui fit porter son choix sur mon nez plutôt que sur son palais. Il est vrai que dès que je le vis se pointer dans le paysage, je le gratifiai d'un pied de nez irrespectueux. Attitude enfantine que je ne cesse de regretter. L'autre profita de ce geste pour me couper l'herbe sous le pied afin de pouvoir aisément s’incruster dans mes narines.


Curieusement, cet indésirable, ce parasite nasal, ne manque pas d'air si bien qu'il ne cesse de me gonfler à longueur de temps. J'aimerais tant qu'il prenne la poudre d'escampette au lieu de quoi, c'est une toute autre poudre qu'il m'introduit de force dans mes naseaux. J'étouffe, je perds contenance devant ses comportements douteux, ses marques de mépris.


Je voudrais me moucher du nez mais voilà qu'il m'est revenu aux oreilles que je n'avais nulle légitimité à expulser l'immonde personnage. Il serait dans mon nez par la volonté d'un suffrage auquel je n'ai pas apporté ma voix. Je suis donc condamné à le supporter encore de longues années, un calvaire tant mon nez me pique, me gratte, m'insupporte.


J'ai parfois des mouvements d'humeur vite réprimés par mon locataire qui frappe là où ça fait mal. Je saigne alors du nez sans raison apparente, frappé que je suis par son comportement détestable. Je perds mon sang, je me retrouve en situation de faiblesse tandis que la tension monte autour de moi. Je découvre alors, ébahi et circonspect, que nombre de mes semblables se plaignent du même phénomène.


Le même parasite a investi leurs propres nez. Je ne suis donc pas le seul à l'avoir dans le nez. L'indésirable aurait donc don d'ubiquité y compris à travers la planète. Voilà qui me fait une belle jambe. Je ne peux me satisfaire de ce constat sans réagir. L'idée m'est venue de proposer une union sacrée de toutes les victimes de ce ruissellement nasal. Évacuons l'intrus, mouchons-nous du nez et cessons le de le faire du coude comme nous l'ont imposé ses complices.


Je n'avais jusqu'alors pas saisi le but précis de cette absurdité. Se moucher du pli caudal et non du coude (car il s'agit toujours de nous prendre pour des imbéciles) n'avait d'autre intérêt que de laisser en place le petit morveux. Il est grand temps de prendre le taureau par les cornes, de laisser tomber qui plus est le mouchoir en papier à usage unique, incapable d'extirper l'immonde morve. Emparons-nous d'un tire-jus, d'un grand mouchoir à carreaux et évacuons du nez ce pitoyable personnage.


Le laisser sur le carreau, voilà bien la seule perspective réjouissante, pourvu qu'il soit de Cholet, le mouchoir servira de réceptacle à ce triste épisode d'une Raie Publique pestilentielle qui fait son chou gras dans nos appendices. À vue de nez, le temps est venu de se moucher très fort.


 


mardi 18 juin 2024

Lépidoptère

 

Lépidoptère




Quand tu virevoltes, gracieux et léger

Nous nous réjouissons tous de ta présence

Tu symbolises à toi seul le bel été

Le retour des joies, des amours, des naissances.


Plus délicat que les fleurs que tu butines

De tes ailes tu apportes belles nuances

Dans une nature soudain devenue mutine

Par le miracle de ta douce influence


Longtemps pourtant, tu nous cacha quelque chose

De mues en mues à la quête d'une transformation

En une succession de métamorphoses

Qui font de toi la plus belle création


De l'œuf à la chenille, loin d'être frivole

Afin que la nymphe se fasse chrysalide

Ultime étape avant ton envole

Que fera de toi, des fleurs l’astéroïde


Alors tu papillonnera en un ballet

Dont le puissant dessein pour transmettre la vie

Est de virevolter pour polliniser

Folle passion de la plus belle des envies


Tu ne colores plus guère nos campagnes

Trop de mortels poisons ont été déversés

L'agriculture n'est plus ta saine compagne

Le rendement impose de te supprimer


Les amoureux qui veulent encore compter fleurette

En trouvant refuge dans une verte prairie

Ne partagerons plus dans leur discrète cachette

Le délicat frôlement du jaune Rhamni


Pour accompagner leurs champêtres émois

Ils se contenteront d'un hélicoptère

Énorme insecte tonitruant qui ma foi

Ne passera pas pour un lépidoptère


Les doux plaisirs des fripons céderont le pas

Aux puissants impératifs économiques

Ce coquin pavillon du tendre mis à bas

Prive les amants de joutes bucoliques

•••

Un conte pour vivre une belle journée dans son cœur


 



lundi 17 juin 2024

Mieux qu'un écran plat.

 

Le nez à la fenêtre …

 




Une fenêtre, à la condition qu'elle se fut libérée d'un volet qui l'obstruait est une lucarne ouverte sur le monde, un écran plat d'une redoutable efficacité sans le moindre recours au moindre satellite. En cela, elle pourrait constituer une bonne source d'économie d'énergie dans une société où le premier quidam venu prend son portable pour quérir des informations au bout de son nez.


Je devine votre incompréhension alors que vous fixez désespérément la vitre couverte de buée qui se trouve derrière ce petit rectangle bleu qui vous a envoûté. Que peut-on découvrir de ce côté-là de la vie ? Existe-t-il d'ailleurs une existence en dehors de la boîte à malice que vous avez dans les mains ? Je ne sais pas quel bout commencer pour vous expliquer l'usage de la chose alors qu'il n'existe aucun tutoriel pour le faire.


Prenons tout par le début. La buée sur votre vitre indique qu'il existe un phénomène dont, je vous l'accorde, on peut trouver l'explication sur la toile. Sachant votre attachement à ce vecteur, je vais ici me contenter d'un copier-coller afin de ne pas perturber pour l'instant, vos repères habituels : « L'air chaud peut généralement absorber plus d'humidité que l'air froid. Si l'air chaud et chauffé de l'intérieur touche les surfaces froides des fenêtres ou des portes, l'air se refroidit sur ces espaces. Étant donné que l'air froid ne peut pas transporter l'humidité aussi bien que l'air chaud, l'humidité se condense. »


Autre élément que cette merveilleuse prouesse technologique peut vous offrir par le truchement d'une transparence éloquente, gratuitement et sans le moindre satellite, elle vous permet de constater de visu – c'est à dire pour vous même, de vos propres yeux - si une précipitation quelconque vient perturber l'air du temps. J'entends par précipitation, pluie, neige, grêle, grésil, éléments du langage pour désigner les éléments du ciel. Le lexique reste à quelques subtilités vernaculaires près dès qu'il s'agit de l'eau du ciel, aquadiaux, secouée, arnapée, drache auxquels il convient d'ajouter averse, crachin, bruine… entre autres.


Vous voilà informés sur l'essentiel bien qu'il vous manquera sans nul doute, le détail dont dépendra votre accoutrement vestimentaire. Là encore, tout ceci n'est qu'une question de ressentiment. C'est donc à vous d'observer ceux qui affrontent avant vous cet extérieur, lieu de toutes les variations possibles. À leur tenue, vous aurez déjà une bonne indication sur la température, à leur démarche vous saurez s'ils se trouvent en difficulté. Vous pouvez aussi observer leur visage avec des indices qui échappent à votre écran de poche : la vapeur qui sort de leur bouche, la goutte qui pend sous le nez, la nature du pas pour les rares piétons, la vêture des cyclistes et bien d'autres détails encore.


Vous pouvez pousser l'investigation plus loin encore et sans doute un peu plus haut en regardant les nuages, la couleur du ciel et surtout le sens du vent. Je sais vous désorienter en vous proposant de comprendre d'où vient le vent. Sans GPS, comment identifier les points cardinaux, ces indices aujourd'hui obsolètes. Pourtant ils vous en diront bien plus sur le temps qu'il fait dehors si vous aviez une girouette sous les yeux et un peu de végétation peut mesurer la force d'un vent que vous prendriez alors plaisir à nommer.


Je devine votre perplexité. Votre vitre serait-elle en plexiglas à moins que le double vitrage vous isole désormais de tout ce qui passe dehors. Retournez précipitamment à votre petit écran si ça peut vous rassurer. Le monde réel est si effrayant que je peux admettre votre frilosité à l'affronter. Tachez de ne pas mettre le nez dehors tout en ayant tout appris du bulletin météorologique. Vous serez ainsi conforme à la pratique commune. Vous pourriez tout aussi bien remplacer ces maudites fenêtres par des écrans plats sur lesquels vous choisiriez le décor et le climat de votre choix. Patience, ça viendra bientôt.

 Est-ce ce qu'on appelle un temps de Chien ?


 

dimanche 16 juin 2024

Paradis fiscal

 

Parachute doré




Vole, vole le fraudeur vers son paradis fiscal

Surfe, surfe le trader sur son bouclier bancal


Je vole sur mon tapis de dollars

Bien gagnés sur le dos de ces toquards

Qui pensent qu'il suffit de travailler

Pour s'enrichir et pouvoir prospérer


Vole, vole le fraudeur vers son paradis fiscal

Surfe, surfe le trader sur son bouclier fatal


J'entasse toujours plus de capitaux

Que je vais retrancher de mes impôts

Car je suis plus malin que les pigeons

Qui ont le percepteur à la maison


Vole, vole le fraudeur vers son paradis fiscal

Surfe, surfe le trader sur son bouclier chacal



Je vampirise les p'tits épargnants

Bande de naïfs qui me paient comptant'

Et se retrouvent bientôt sur la paille

Alors que moi, dans la joie je ripaille


Vole, vole le fraudeur vers son paradis fiscal

Surfe, surfe le trader sur son bouclier frugal


Je sais rebondir à chaque faillite

Récupérant quelques grosses pépites

Quand les autres se retrouvent au chômage

Envers ces pauvres gus, c'est mon partage


Vole, vole le fraudeur vers son paradis fiscal

Surfe, surfe le trader sur son bouclier fécal



J'oublie à chaque fois de déclarer

Tout les sous que je vous ai soulevés

Faut aussi se faire un gros matelas

Pour les combines qui ne marchent pas


Vole, vole le fraudeur vers son paradis fiscal

Surfe, surfe le trader sur son bouclier brutal !


Vole, vole le fraudeur tout ça sera illégal

Surfe, surfe le trader vers son issue carcérale !


 



samedi 15 juin 2024

Calembour et calembredaines

Salon du livre de Nogent sur Vernisson





Si le calembour est selon Victor Hugo la fiente de l'esprit, il n'en a pas moins tiré la quintessence avec cette charade qui fit le tour du pays.


Mon 1er est un oiseau.
Mon 2ème
est ce que disait Alexandre Dumas fils à Alexandre Dumas père pour lui faire remarquer que les domestiques espionnaient par le trou de la serrure alors qu’il était tard et qu’ils auraient mieux fait d’aller se coucher.
Mon tout est ce qu’on dit quand on a perdu sa montre à Nogent-le-Rotrou.
Réponse:

J’ai perdu ma montre à Nogent-le-Rotrou

Explication:
1. Geai
2. Père Dumas, montre à nos gens l’heure au trou.



D'un Nogent à l'autre il est permis de suivre à distance les traces du grand homme pour évoquer un salon du livre qui s'y tient ce jour.



Ce ne sera que calembredaine à l’embonpoint certain, billevesée maladroite ou coquecigrue déplacée écrit à la plume trempée dans un jaune d'œuf. Mais qu'importe, l'essentiel est de jeter l'ancre sur ce petit affluent du Puiseaux dans lequel j'ai puisé mon inspiration désastreuse.





Que peut-on dire à cette occasion littéraire ?



Qu'à Nogent les vers y sont sages

ou bien encore

Qu'à Nogent les vers y sont pages



Faire salon du livre ici suppose de débuter par un vernissage



Car à Nogent c'est sûr, vernissons !



Devant ces piètres propositions, le mieux est de plier bagage

 et de ne pas me montrer en ce lieu.



vendredi 14 juin 2024

Un joli caboulot

 

Guinguette





Quatre planches et un toit

Un joli p'tit abri

Rien que pour vos émois

Jusqu'au bout de la nuit


Le plaisir de l'instant

Sous la voute étoilée

Rendez-vous des amants

Et des cœurs délaissés


Lové au bord de l'eau

Un délicat écrin

Un joli caboulot

La guinguette du coin


Quelques tables bancales

Des tabourets en bois

La musique pour le bal

Un loisir qui se boit


Le temps s'est mis au beau

La fête bat son plein

La vie nous fait cadeau

D'un merveilleux refrain


®


Un trouvère égaré

Vous invite à le suivre

Dans un monde enchanté

Qu'ici il vous livre


À la fin du dîner

Il vous tend son chapeau

Quémandant un denier

Qui remplace vos bravos


®


Pour qui l'a écouté

L'offrande s'impose

Quand beaucoup ont boudé

Celui qui indispose


Héritant du mépris

Mêlé de quolibets

Il s'en va démuni

Vers un autre troquet


®


Les noceurs trop bruyants

Ne l'ont pas écouté

Rien n'est plus important

Que leur seule volupté


Et la note à payer

Mon dieu que c'est triste

Sera celle du caf'tier

Tant pis pour l'artiste


®


Si le client est roi

Par delà l'addition

On s'demande de quoi

C'est bien là la question


La guinguette n'est plus

Ce doux lieu de plaisir

Y'a tant de malotrus

Qui n'y font que rugir



Posé au bord de l'eau

Un vulgaire cabouin

Un simple bistrot

La bouiboui des gredins



La guinguette n'est plus

Ce doux lieu de plaisir

Y'a tant de malotrus

Qui n'y font que rugir


Si le client est roi

Par delà l'addition

On s'demande de quoi

C'est bien là la question


 




jeudi 13 juin 2024

Elles ne coulent pas de source.

Mes fariboleries





N'est pas La Fontaine qui veut, il convient de savoir rester à sa place d'autant plus que je n'ai guère la réputation d'être un individu affable. Partant de ces constats qui poussent à l'humilité et la prudence, il était hors de question de prétendre écrire des fables même si la tentation de la morale et le goût exacerbé de dépeindre notre société peuvent donner l'illusion que le maître demeure source d'inspiration.


Comme il est plus raisonnable de ne jamais affirmer : « Fontaine, je ne boirai jamais de ton eau ! » il a fallu biaiser et trouver niche littérale pour y glisser quelques sornettes animalières à visée éducative et plaisante. Singeant le grand homme, le manichéisme y est de bon aloi tandis que la faune y conserve la part du lion.


Ainsi donc sont nées des fariboleries qui ne resteront pas dans les annales tant il n'est plus permis de se gausser de nos travers et plus encore de ceux des canailles qui se pensent les maîtres du monde. Le genre est d'autant plus obsolète qu'il se prive des deux mamelles du succès de l'époque : grossièreté et vulgarité tout en empruntant le chemin escarpé et totalement délaissé de la rime et de la métrique.


Pour ce dernier point, votre auteur, loin d’être un homme de plume, s'émancipe largement de la rigueur versificatrice qu'il convenait autrefois à nos chers fabulistes. Ces petits textes ne sont que pauvres fariboles, misérables sornettes, humbles facéties qui ne prétendent ni à la postérité, ni même à un lectorat de masse. Quant aux enfants, il est fort improbable qu'un enseignant s'aventure à leur offrir de telles âneries. Il a bien mieux en rayon en ce domaine, dans la littérature destinée à la jeunesse.


Il ne reste donc plus qu'une poignée d'irréductibles dinosaures antédiluviens pour prendre le risque de perdre leur précieux temps à décrypter des textes qui sont écrits en français, handicap suprême, avec pour ne rien arranger, des mots écrits dans leur entièreté. S'il faut ajouter à ce triste tableau, des formulations alambiquées, des mots compliqués, des verbes qui sont conjugués sur tous les modes et vous comprendrez que seul un public averti et en voie de disparition pourrait faire l'effort de lire une Faribolerie.

 Article

République du Centre
 


Si jamais vous êtes du nombre des élus, prenez donc la peine d'en parcourir quelques-unes. Il convient cependant d'ajouter une réserve supplémentaire et de taille. La pratique m'a administré terrible constat et j'ai grand souci de vous épargner pareille déconvenue. Mes fariboleries mettant en scène des animaux, j'ai eu la fort mauvaise idée de les illustrer de photographies animalières. La facilité tout autant que l'usage désormais habituel m'a valu des encouragements, des appréciations et parfois des commentaires de la part de cossards qui n'avaient regardé que les illustrations, s'épargnant le pensum de la lecture. J'en fus à chaque fois fort marri tout autant qu'exaspéré que ces gens se permettent une telle facilité.


Autre curiosité, le nombre de ces fameux pouces bleus pointant le ciel, forme la plus élaborée de la pensée contemporaine, ne sont nullement en relation avec le compteur des petites vidéos accompagnant la faribole. Ceci démontre à l'évidence, que l'appréciation est désormais une aimable preuve de politesse, sans que ce fut une réaction subséquente. L'absence de fondement à l'opinion étant naturellement la marque de fabrique de notre société.


Vous disposez désormais de l'information utile à votre venue éventuelle dans l'univers de mes fariboleries. Si l'épreuve vous parait insurmontable, je ne peux vous en tenir rigueur à la condition que vous n’en veniez pas troubler mon onde pure. Épargnez-vous donc toute forme de flagornerie illusoire, mon misérable ramage n'a pas à se mesurer à l'aulne de votre plumage.

 


 


Je brasse du vent

Je brasse du vent Rohan Le Barde Je brasse du vent car je suis un penseur Je pense les mots, je pense les sons Je ...