dimanche 30 juin 2024

C’est le tango des bords de l’eau,

Le Tangu’eau





C’est le tango des bords de l’eau, 

La danse de nos rivières 

C’est un tango sur bateau, 

Une danse marinière. 

C’est le tango de nos guinguette, 

Qui se danse le long des pontons 

C’est un tango en goguette, 

Que l’on danse avec passion. 

 

Tu as largué les amarres 

Pour oublier tes misères 

Tu pénètres dans un bar 

Cherchant une cavalière 

Puisque t’es un peu coquin, 

Tu l’invites à embarquer 

Pour un p’tit tango marin 

Qui veut la faire chavirer.

®

Tu oublies ton capitaine, 

Te voilà seul maître à bord 

Cette fille n’est pas vilaine, 

Te fera perdre le nord

 Frétille dans la tourmente, 

La demoiselle vacille 

Belles approches troublantes 

Pour ce couple qui godille. 

 

®

 

Tu chavires à chaque pas 

Pour la serrer contre toi 

Ce n’est pas une rumba, 

Tu dois garder ton sang-froid 

C’est un tango Argentin, 

Une danse chaloupée 

Que tu danses avec les mains 

Pour séduire ta fiancée. 

 

®

 

Tu resteras seul au port, `

Seul et la tête à l’envers

Ta belle à virée de bord 

Pour un gabier de Quimper

Tu le pensais ton ailier, 

Ce pirate devait avoir

Plus d’un tour dans son casier 

Pour gruger un gars de Loire. 

 


C’est le tango des bords de l’eau, 

La danse de nos rivières 

C’est un tango sur bateau, 

Une danse marinière. 

C’est le tango de nos guinguette, 

Qui se danse le long des pontons 

C’est un tango en goguette, 

Que l’on danse avec passion. 



 

 

samedi 29 juin 2024

Jeanne, femme de marinier

 

La belle confiante ...





Jeanne, femme de marinier

Le regard tourné vers le fleuve

Attendait son petit dernier

Et son mari dans l'épreuve

Bébé naquit sans problème

Qu'il était mignon cet enfant

Mais la Loire prit celui qu'elle aime

dans un terrible accident

Jeanne surmonta l'épreuve

Trimant dur pour nourrir l'orphelin

Lavant le linge dans le fleuve

Des bourgeois et des riverains

Quand le petit fut assez grand

Elle changea le cours de sa vie

Tout en conjurant ses tourments

La veuve défia son ennemie

Jeanne pensait à se venger

Liger ayant pris son chéri

La femme bravant le danger

Se fit passeuse par défi

Rapidement elle excella

Dans l'art de la navigation

Traversant sans nul embarras

Qu'elles qu'en soient les conditions

Son fils grandit à ses côtés

Apprenant les nombreux secrets

D'une Loire qu'il voulait dompter

Comme un capitaine discret

Quand il embarqua à son tour

L'âge n'attendant pas la valeur

Il se décida sans détour

Pour un grand bateau à vapeur

La roue à l'aube d'un destin

Pour cet enfant de marinier

Devenu un jour par chagrin

Marin en mémoire du noyé

La Loire inscrite dans le sang

Se transmet par la passion

Un héritage si puissant

Par delà les déceptions

Jeanne, femme de marinier

Le regard tourné vers le fleuve

ne s’est pas découragée,

de tout son coeur s’est mise à l’oeuvre.

La Loire prise dans les gènes

Se propage sans conditions

Au delà de la mort qui emmène

Par delà les générations 


 

vendredi 28 juin 2024

Le prix de la culture.

Il y a de quoi manger chapeau.





De plus en plus de lieux, initialement destinés à tout autre chose, proposent en catimini des spectacles l’information circulant le plus souvent de bouche à oreille ou par la magie des courriels afin d’échapper à l’hydre Sacem. La musique se meurt de ce monstre avide qui réclame sa part pour servir les plus grands et ignorer les petits artisans locaux de la chanson. Beaucoup s’efforcent de contourner ce Racket en agissant ainsi et tendent ensuite un chapeau pour dédommager les artistes.


Nous n’ignorons pas que pour le fisc, cela s’apparente à du travail au noir. C’est un affreux crime contre le Trésor Public, une odieuse dissimulation de revenus, colossaux à n’en point douter. Il est préférable d’en rire avant que de plonger la main dans ledit chapeau pour en compter les pièces. Certains n’ont pas oublié le temps lointain où ils se rendaient à la messe et leur reconnaissance se mesure à l’aulne de quelques piécettes …


Il se joue là, non pas la farce de la pingrerie, je ne me permettrais pas de pointer du doigt cet affreux travers, mais bien la considération que ces gens peuvent avoir pour ceux qui viennent les distraire. Ils ne se rendent nullement compte de la somme de travail et d’investissement humain et financier qui se cache derrière un spectacle, fut-il modeste. Des heures de création, de réflexion, répétition, de mise au point ainsi que l’achat d’un matériel toujours plus onéreux et sophistiqué.


C’est certes pour nombre de ces amateurs éclairés, un plaisir tout autant qu’un loisir. Ils ne désirent ni fortune ni d’en faire un métier, ils souhaitent simplement qu’on reconnaisse à sa juste valeur ce qu’ils font du mieux de leur possible. Il est certain que souvent ils souffrent de la comparaison avec les vedettes exposées sur les écrans, mais de là à penser que ce qu’ils proposent ne vaut que des roupies de sansonnet, il y a un monde.


J’ai eu le déplaisir de découvrir dans un chapeau une somme si considérablement ridicule que j’en tirai deux conclusions diamétralement opposées. Ma prestation était d’une insignifiance et d’une médiocrité rares, ce qui m’interroge alors sur la résistance de ces gens qui sont restés jusqu’à son terme, supportant plus de 90 minutes d’inepties abracadabrantes sans même songer à partir alors qu’il n’avait rien déboursé pour être là ou bien ces braves gens n’avaient strictement aucune idée de la somme à débourser pour un spectacle.


Je penche, sans doute par orgueil et vanité pour la seconde hypothèse. Mettre ainsi dans le chapeau en moyenne un tout petit peu plus de deux euros par personne, cela relève du denier de l’inculte. La somme récoltée ne couvrant même pas les frais de déplacement, la mesure était bien plus pleine que la bourse.


Vous pouvez penser à juste raison que ces spectateurs se sont en agissant ainsi honorés d’une obligation avant que de s’enfuir à toutes jambes. Ce serait légitime tant leur geste semble exprimer un mécontentement profond. Mais il n’en est rien, ils sont restés pour discuter, dire leur satisfaction et le bon moment qu’ils avaient passé en ma compagnie. C’est donc qu’il n’avait aucune conscience de la signification exacte de ce chapeau qui circula dans la salle…



C’était pour l’essentiel un public qui n’avait sans doute pas l’habitude de se rendre dans une salle de spectacle. Dans un petit bistrot très rural, ils étaient venus passer un bon moment, se divertir et prendre une ou deux consommations. Leur geste atteste simplement du peu de crédit qu’ils accordent au spectacle vivant, de l’absence totale de repères qu’ils ont en ce domaine et non d’un mépris ou d’une indifférence désolante. Ironie du sort, le soir-même, j’étais à mon tour spectateur d’un spectacle au chapeau. Il fut formidable et je glissai dans ce réceptacle à obole autant que ce que j’avais laissé à mon partenaire quelques heures auparavant ce qui fit sourire un ami averti de mes déboires et qui m’en fit la remarque.


Qu’en conclure ? J’avoue ne pas trop savoir même si j’ai la ferme intention de ne pas renoncer à me rendre à de tels rendez-vous, fusse au prix de quelques désagréments pécuniaires. Je suis convaincu de la nécessité de me produire là où le conte habituellement ne vient jamais, loin d’un public averti et habitué. Si le risque est de recevoir de tels chapeaux, j’en accepte le prix à payer. À votre bon cœur messieurs dames.





jeudi 27 juin 2024

Il espérait qu'on l'écoute

 

Ça te play ?





Il espérait qu'on l'écoute

Drôle d'exigence sans doute

Se contente d'être filmé

Illusoire notoriété


Son tour de chant en public

Provoque un effet magique

Tout au bout d'une main tendue

L'écran pour qui a la berlue


Saltimbanque se réjouit

Des œilletons braqués sur lui

Sa musique immortalisée

Lui promet la célébrité

•••

Si l'appareil enregistre

L'opérateur quel cuistre

Au beau milieu du refrain

Bavarde avec son voisin


Et le chanteur de s'étonner

Qu'on puisse ainsi lui dérober

Tout une part de lui même

Sans récolter ce qu'il sème

•••

Le petit extrait oublié

Un autre sera enregistré

Le repoussant dans le néant

De cette mémoire sans présent


L'artiste ne fut qu'un décor

Pour ces trop nombreux pécores

Un misérable prétexte

Sans se soucier de ses textes

•••

Quand se présente le chapeau

Les téléphones sont fardeau

Pour qui a pris sans demander

Et surtout n'entend rien donner


L’intermittent que c'est navrant

A grand besoin de cet argent

Que lui refuse désormais

Qui ne dispose plus de monnaie

•••

Pourtant ce maudit portable

Pour payer carte sur table

Facilite opportunément

Tous les nombreux autres paiements


Le musicien n'a pas accès

Au petit boîtier qui permet

De recevoir rétribution

Pour sa belle prestation

•••

Il espérait qu'on l'écoute

Drôle d'exigence sans doute

Se contente d'être filmé

Illusoire notoriété


mercredi 26 juin 2024

Il court dans le bois joli ...

 

Le Furet





Loin de courir le guilledou

Dans le joli bois mesdames

Il lambine au fond d'un trou

En une quête infâme


Domestiqué pour débusquer

Lapins, lapereaux lapines

Il s'insinue dans leurs terriers

Pour mener belle rapine


Sans nul permis de chasse

Il provoque grands ravages

Pour des humains sans audace

À l'affut dans son sillage


Au détour d'une galerie

Sans qu'il ne faille s'exposer

Font grands tableaux par veulerie

Tous ces monstrueux pavoisés


Et comme ils ne sont pas futés

Le pelage de leur complice

Pour apparaître dans la futaie

Blanc sera pendant l'office


Pour un plaisir dominical

Albinos est leur complice

D'une discipline monacale

Il est privé du calice


Passe sa vie dans une cage

Ne voyant le bout du tunnel

Que pour faire des ravages

Et remplir des escarcelles


Triste destinée du furet

Au sort si peu enviable

Qui bien loin de nous enchanter

Nous semble fort misérable


Loin de repasser par ici

Facilitons lui la fuite

Qu'il s'évade du bois joli

Par une cavité fortuite


Quoique son air semble charmant

La comptine nous fait chagrin

Quand pour distraire les enfants

Il leur faut des peaux de lapin

•••


 

mardi 25 juin 2024

Je brasse du vent

Je brasse du vent

Rohan Le Barde






Je brasse du vent car je suis un penseur

Je pense les mots, je pense les sons

Je pense le verbe et pense le ton,

Je suis un penseur,  je brasse du vent.



Je brasse du vent, car je suis un rêveur

Je pense la forme, je pense le fond

Je pense les couleurs, pense les dimensions,

Je suis un rêveur,  je brasse du vent.



Je brasse du vent, car je suis un chanteur

Je pense la rime, je pense le temps

je pense l'harmonie, je pense l’accent

Je suis un chanteur,  je brasse du vent.



Je brasse du vent, car je suis un conteur

Je pense l’histoire, je pense la clameur

Je pense la fable, je pense la rumeur

Je suis un conteur,  je brasse du vent.


lundi 24 juin 2024

J'ai largué les amarres

 

Sur la route





J'ai largué les amarres

Un matin plein d'espoir

J'ai suivi les copains

Vers de nouveaux chemins

Trouvé d'autres ailleurs

Des jours enfin meilleurs


J'ai aboli mes doutes

Abandonnant en route

Mes chagrins, mes regrets

A jamais oubliés

J'étais homme nouveau

Soulagé des fardeaux


Le rêve en mes chaussures

J'allais à l'aventure

Je marchais au hasard

En espérant un phare

J'ai sorti la grand voile

Pour suivre mon étoile


J'ai trouvé des cailloux

Laissés par d'autres fous

Ils m'ont tendu la main

Moi j'n'espérais plus rien

M'ont dit de poursuivre :

Mon rêve va survivre ...


Ne cesse de marcher

Suivant ma destinée

Vent pousse moi toujours

Je cherche un grand amour

Mes semelles ont des ailes

C'est pour aller vers elle


J'ai largué les amarres

Un matin plein d'espoir

J'ai suivi les copains

Vers de nouveaux chemins

Trouvé d'autres ailleurs

Des jours enfin meilleurs

 


dimanche 23 juin 2024

Je veux vous offrir quelques mots

Quelques mots





Je veux vous offrir quelques mots

Pour qu'ils deviennent de belles chansons

Des mots tendres qu'on dit sans façon

Des mots doux qui donnent des frissons


Les mots salés venus du large

Les mots copiés remplissant la marge

Les mots chantés sur un air joyeux

Les mots priés le regard aux cieux


Les mots pourris, envoyés à la face

Les mots gentils, brisant la glace

Les mots vomis blessant la bouche

Les mots bannis parfois si louches


Les mots composés d'un seul trait

Les mots avalés quand on bégaie

Les mots fléchés, pour aller plus loin

Les mots croisés perdus dans un coin


Les mots gourmands dans un festin

Les mots troublants pour un destin

Les mots savants tombant des nues

Les mots brigands, surgis de la rue


Les mots brisés quand on s'effondre

Les mots soudés qui nous confondent

Les mots crachés qui vous reviennent

Les mots oubliés, quelle déveine !


Les mots douteux qu'on nous impose

Les mots heureux sentant la rose

Les mots frileux dans une flamme

Les mots vicieux pour quelques larmes


Les mots clarté chantés dans la nuit

Les mots bonté pour toi mon ami

Les mots enchaînés par notre peur

Les mots aimés qu'on dit en douceur


Les mots certains de leur puissance

Les mots malins qui ont confiance

Les mots gredins qu'il faut corriger

Les mots lointains aimant voyager


Les gros mots qu'on lâche dans la peur

Les petits mots, offerts pour un cœur

Les vilains mots qu'on lâche à son insu

Les vieux mots qui ne sont pas perdus


Je vous adresse tous mes mots

Pour briser les laideurs du moment

Des mots durs qui deviennent tourments

Des mots forts qu'on hurle dans le vent



samedi 22 juin 2024

Frappe, frappe au bord du ruisseau le linge sale des familles ...

 

Caquetoir et lavoir




Frappe, frappe au bord du ruisseau

Le linge sale des familles

Lave lave tout le trousseau

Tout au bord de la charmille


Abandonnant le caquetoir

Filons en bord de rivière

Frotter à grands coups de battoir

La réputation des commères

••

Pour laver plus blanc nos voisins

De la langue nous abusons

Médisances et propos malsains

Remplacent fort bien le savon


®


Nous sommes les lavandières

Les dames bavardes du lavoir

Plus sournoises que des vipères

Nous vous habillons tous en noir


Nous vous frottons les oreilles

Qui vous sifflent en toute saison

Pour les ragots, sommes sans pareille

À toute heure et sans raison


®


Ce travail est si douloureux

Qu'il martyrise notre dos

Pour courber l'échine c'est heureux

Nous vous rinçons au fond de l'eau


Par la saleté qu'on combat

En la recouvrant de cendre

Vous retrouverez vos beaux draps

Comme neufs à si m'éprendre


®


Nous retournant au village

En poussant la lourde brouette

La perfidie en sillage

Redevenons vos soubrettes


Nous vous ferons révérence

Tout autant que belles grimaces

Avalant vos remontrances

Pour une tache plus tenace


®


 

vendredi 21 juin 2024

Déballage intime.

 

L'impudique réseau.





Phénomène de société, mal-être civilisationnel, besoin d'exister au travers de ce qui se fait de plus futile, recherche effrénée à moins qu'elle ne soit désespérée d'avoir son petit quart d'heure de célébrité à moins tout simplement que ce ne soit une excroissance démesurée du nombril, les réseaux sociaux bruissent indéfiniment du quotidien le plus insipide et sans intérêt des naufragés de la toile.


C'est ainsi que nous apprenons, médusés et forcément admiratifs, le menu de ce que mange celui-ci tandis que cet autre nous fait part de l'apparition inopinée et traitresse d'un furoncle mal placée. Mettre en place des trésors de technologie pour que parviennent jusqu'à nous de telles informations relève de la plus parfaite farce.


Le déballage est incessant. Nous pouvons tout savoir pour peu que l'on prenne un peu garde à ces bouteilles à la mer qui sont déversées par convois entiers sur ce lien ténu qui n'avait certes pas été imaginé pour atteindre de tels bas-fonds. Faut-il que nos semblables aillent mal pour éprouver le besoin de se mettre ainsi à nu, prenant le risque d'être lus par de parfaits inconnus ?


Mais qu'ont-ils besoin de raconter de telles inepties si ce n'est de tenter de se faire une infime place dans un monde qui broie l'individu, ne laisse plus la place au dialogue et à la conversation de visu ? Le dernier rhum du petit dernier prend place à côté des pirouettes et des facéties de l'animal domestique, tandis que chacun prend la peine d'informer la planète entière de la mort d'une vedette, information du reste largement relayée par les autres médias ?


Le plus surprenant encore sont les bulletins météorologiques en direct, annonçant à tout un chacun que la pluie, la neige ou la grêle tombent chez eux, leur évitant ainsi de mettre le nez à la fenêtre et surtout, leur épargnant de quitter des yeux leur merveilleux écran. C'est ainsi que ce qui était autrefois la spécialité de la boulangère, pour agrémenter la vente, devient aujourd'hui un contenu essentiel et filmé sur la toile. Des big datas, des satellites, des ordinateurs et une folle débauche d'énergie pour un tel truisme. C'est à pleurer de rage.


Le phénomène est si puissamment ancré que rien désormais ne permettra un retour en arrière d'autant que la comptabilisation des pouces en l'air permet à ses naïfs de croire qu'ils existent dans le cœur de ceux qui leur font offrande d'un intérêt virtuel. Le désespoir se mesure ainsi et ne laisse que peu de place à la formulation sincère que chacun aimerait écrire sous ces messages ridicules.


Mais comment dire sans être méchant ? Mais pourquoi s'immiscer dans cette confession publique sans la moindre valeur ? Il faut laisser dire ces êtres au cœur de leur naufrage qui s'agrippent à ces messages misérables. Ils n'ont même pas conscience de la vacuité de leur démarche pas plus qu'ils ne prennent en compte le coût carbone de leur SOS pathétique.


Peut-on encore qualifier de social ce qui relève désormais de l'exhibition intime ? Notre époque s'empare de ces formidables instruments de la technologie pour en faire ce qui se faisait de plus dérisoire dans nos sociétés archaïques. Le café du commerce amplifié à l'infini, le propos de comptoir transmis au monde entier, la confession publique servie à des inconnus qui n'en ont cure et tout ça avec la complicité d’algorithmes qui doivent se creuser les circuits imprimés pour donner du sens à cette bouillie infâme.


Pouvons-nous espérer un sursaut d'intelligence ? Le risque tout au contraire est de voir ceci devenir la norme pour toujours plus abaisser les humains au rang de pions robotisés sans le moindre jugement ni la plus petite distance intellectuelle. Comme c'est le but recherché par les instigateurs de cette machine infernale, il y a peu de chance que s'inverse cette diabolique mécanique du vide.


 


jeudi 20 juin 2024

Le mystère de la langue.


La Loire source de toute chose.





Il était un temps si lointain que nul ne peut en témoigner de nos jours. Le monde n'était pas soumis aux mêmes forces que celles qui animent notre planète aujourd'hui. Les lois de la physique ne répondaient pas aux mêmes règles. Ainsi, les eaux ne coulaient pas sous les ponts qui d'ailleurs n'existaient pas. Seuls les mages, les fées, les sorcières et les elfes vivaient alors au bord de notre rivière nourricière.


Nous sommes en un lieu que l'on nommera par la suite le Val d''Or. Les hommes pour y commémorer ce que je vais vous conter y bâtirent ensuite la Basilique de Fleury. Des forces mystérieuses y célèbrent le mariage de la lumière et des eaux de la Loire.


Mais alors, en cette époque reculée, bien au-delà des hommes, nul mouvement dans les eaux comme dans le ciel. Un paysage figé, une immobilité parfaite de carte postale. Merlin ne pouvait plus supporter ce qu'il prenait pour une absence de vie, une image factice. D'autres prétendaient vivre au paradis, c'est sans doute parce qu'on n'y manquait de rien. Mais la vie suppose des envies et des frustrations, des désirs et des refus. Il fallait mettre un peu de mouvement dans ce décor figé.


Merlin eut alors géniale intuition. Rien ne bougeait en cet Éden magnifique car les choses n'étaient pas nommées. Il prit alors sa baguette magique et d'un geste solennel entreprit de donner un nom à tout ce qu'il voyait. Chaque partie du décor ainsi désigné se mettait à se mouvoir au gré du vent et des eaux. Car, en bon ligérien qu'il était, c'est la Loire que Merlin baptisa en premier.


De ce jour mémorable d'entre tous, des noms désignent toutes les plantes, les animaux et les idées qui venaient à notre mage en regardant son œuvre. Arbres, fleurs, insectes, poissons, nuages, paysage, chacun avait son appellation et tout semblait prendre de la vie.


Pourtant bien vite, Merlin comprit qu'il manquait encore quelque chose. Que s'il y avait mouvements et variétés dans ce décor en évolution, il semblait lui manquer un peu de fantaisie, un souffle de volupté. Rien de nouveau n'apparaissait. Après quelque temps, quand il eut finit de constituer son lexique initial, il ne se passait plus rien de neuf et de surprenant.


Merlin réfléchit longuement. Il fallait apporter un petit brin de folie, un désir qui venait du plus profond de chaque chose. C'est une petite fée friponne qui lui souffla dans le cou ce petit frisson qui le mit dans le droit chemin. Il créa alors des petits mots qui, placés devant les noms, leur donna un genre et un nombre. Voilà une idée fort singulière et si déterminante. Il y avait des garçons et des filles, du désir et des attirances. La vie pouvait prendre un tout autre essor.


Une fois encore, après une longue période d'euphorie et de volupté, Merlin comprit que sa création manquait encore de vérité. Si les mouvements et les amours étaient désormais partie intégrante du décor, il lui semblait que rien ne changeait, que tout restait en l'état. Il manquait des différences, des variations, des débuts et une fin. Mais comment s'y prendre ?


C'est en observant la Loire qui n'est jamais tout à fait pareille, tout à fait la même qu'il se dit qu'un mot devait se parer de mille et une facettes. Son monde avait besoin de nuances, de couleurs et de caractère. Il créa, pour notre plus grand bonheur l'immense troupe des adjectifs. Il y avait des plus jeunes, des plus vieux, des moins gros, des plus grands, des lestes et des balourds, des gentils et des méchants …. La vie était désormais pleine de surprises comme de déceptions.


Encore une fois Merlin n'était pas encore tout à fait satisfait de son œuvre. Si de ses yeux, il assistait à un merveilleux spectacle, il ne parvenait pas trouver tous ses mots. Il lui fallait une autre catégorie de termes pour décrire le mouvement. Contrairement à ce que prétend la bible, c'est Merlin qui inventa le verbe bien après avoir donné un nom à chaque chose de la création.


Il pouvait désormais jouir du spectacle qu'il avait créé tout en ayant le bonheur de pouvoir le traduire en mots pour en faire part aux autres mages. Les eaux roulaient, grondaient, s'endormaient, se réveillaient, brillaient. Le vent soufflait, tombait, tempêtait. Le soleil pouvait enfin se lever ou se coucher et le ciel s'empourprait. La vie était devenue cette merveille pour laquelle la Loire constituait un écrin.


Merlin était fier de ce qu'il avait accompli. Il prit grand plaisir à se raconter des histoires, à s'inventer des aventures merveilleuses qui se passaient en bord de Loire. Il s'arrêta pourtant au milieu du gué. Il n'avait pas inventé les adverbes et les prépositions, les pronoms et les conjonctions. Mais c'était là besoins bien trop complexes pour nos mages. Il lui semblait en avoir assez fait ! Tout le monde n'écrit pas des bonimenteries ...


Grammaticalement sien.

mercredi 19 juin 2024

Avoir quelqu'un dans le nez.

 

Normal c'est un morveux.




Depuis plusieurs années, je ne cesse à chaque instant d'avoir quelqu'un dans le nez, un locataire insupportable, un être détestable qui a élu domicile dans mon tarin. Une véritable obsession car pas un jour ne passe sans que je n'essaie de l'en déloger et ceci sans le moindre succès. Je pensais jusqu'alors être le seul dans ce cas, le seul à vivre ce calvaire de souffrir d'un locataire nasal que personne ne peut contraindre à expulser.


Les lois sont mal faites et ne protègent pas les propriétaires d'un nez ordinaire qui ne peuvent jouir à loisir de leur cher appendice. C'est vraiment la crotte comme le diraient mes enfants qui voient le loup partout. J'en viens parfois à penser qu'ils sont de mèche avec cet indésirable, ce parasite qui m'irrite, me tourmente, m'exaspère, me rend la vie impossible.


Qui plus est, ce squatteur est un petit morveux. C'est sans doute la raison qui lui fit porter son choix sur mon nez plutôt que sur son palais. Il est vrai que dès que je le vis se pointer dans le paysage, je le gratifiai d'un pied de nez irrespectueux. Attitude enfantine que je ne cesse de regretter. L'autre profita de ce geste pour me couper l'herbe sous le pied afin de pouvoir aisément s’incruster dans mes narines.


Curieusement, cet indésirable, ce parasite nasal, ne manque pas d'air si bien qu'il ne cesse de me gonfler à longueur de temps. J'aimerais tant qu'il prenne la poudre d'escampette au lieu de quoi, c'est une toute autre poudre qu'il m'introduit de force dans mes naseaux. J'étouffe, je perds contenance devant ses comportements douteux, ses marques de mépris.


Je voudrais me moucher du nez mais voilà qu'il m'est revenu aux oreilles que je n'avais nulle légitimité à expulser l'immonde personnage. Il serait dans mon nez par la volonté d'un suffrage auquel je n'ai pas apporté ma voix. Je suis donc condamné à le supporter encore de longues années, un calvaire tant mon nez me pique, me gratte, m'insupporte.


J'ai parfois des mouvements d'humeur vite réprimés par mon locataire qui frappe là où ça fait mal. Je saigne alors du nez sans raison apparente, frappé que je suis par son comportement détestable. Je perds mon sang, je me retrouve en situation de faiblesse tandis que la tension monte autour de moi. Je découvre alors, ébahi et circonspect, que nombre de mes semblables se plaignent du même phénomène.


Le même parasite a investi leurs propres nez. Je ne suis donc pas le seul à l'avoir dans le nez. L'indésirable aurait donc don d'ubiquité y compris à travers la planète. Voilà qui me fait une belle jambe. Je ne peux me satisfaire de ce constat sans réagir. L'idée m'est venue de proposer une union sacrée de toutes les victimes de ce ruissellement nasal. Évacuons l'intrus, mouchons-nous du nez et cessons le de le faire du coude comme nous l'ont imposé ses complices.


Je n'avais jusqu'alors pas saisi le but précis de cette absurdité. Se moucher du pli caudal et non du coude (car il s'agit toujours de nous prendre pour des imbéciles) n'avait d'autre intérêt que de laisser en place le petit morveux. Il est grand temps de prendre le taureau par les cornes, de laisser tomber qui plus est le mouchoir en papier à usage unique, incapable d'extirper l'immonde morve. Emparons-nous d'un tire-jus, d'un grand mouchoir à carreaux et évacuons du nez ce pitoyable personnage.


Le laisser sur le carreau, voilà bien la seule perspective réjouissante, pourvu qu'il soit de Cholet, le mouchoir servira de réceptacle à ce triste épisode d'une Raie Publique pestilentielle qui fait son chou gras dans nos appendices. À vue de nez, le temps est venu de se moucher très fort.


 


mardi 18 juin 2024

Lépidoptère

 

Lépidoptère




Quand tu virevoltes, gracieux et léger

Nous nous réjouissons tous de ta présence

Tu symbolises à toi seul le bel été

Le retour des joies, des amours, des naissances.


Plus délicat que les fleurs que tu butines

De tes ailes tu apportes belles nuances

Dans une nature soudain devenue mutine

Par le miracle de ta douce influence


Longtemps pourtant, tu nous cacha quelque chose

De mues en mues à la quête d'une transformation

En une succession de métamorphoses

Qui font de toi la plus belle création


De l'œuf à la chenille, loin d'être frivole

Afin que la nymphe se fasse chrysalide

Ultime étape avant ton envole

Que fera de toi, des fleurs l’astéroïde


Alors tu papillonnera en un ballet

Dont le puissant dessein pour transmettre la vie

Est de virevolter pour polliniser

Folle passion de la plus belle des envies


Tu ne colores plus guère nos campagnes

Trop de mortels poisons ont été déversés

L'agriculture n'est plus ta saine compagne

Le rendement impose de te supprimer


Les amoureux qui veulent encore compter fleurette

En trouvant refuge dans une verte prairie

Ne partagerons plus dans leur discrète cachette

Le délicat frôlement du jaune Rhamni


Pour accompagner leurs champêtres émois

Ils se contenteront d'un hélicoptère

Énorme insecte tonitruant qui ma foi

Ne passera pas pour un lépidoptère


Les doux plaisirs des fripons céderont le pas

Aux puissants impératifs économiques

Ce coquin pavillon du tendre mis à bas

Prive les amants de joutes bucoliques

•••

Un conte pour vivre une belle journée dans son cœur


 



À quoi rêvent les bateaux qui restent à quai ?

  Partir À quoi rêvent les bateaux qui restent à quai ? Ces éternels prisonniers de leurs entraves Ils ont pour seules v...