Des ronds : point !
Moi le bateau bien trop vieux
Je me languis sur mon rond point
Le mat tourné vers les cieux
Mais la coque au ras du foin
•
Jadis parfumé des embruns
Me faut respirer leur goudron
Pas celui du calfat marin
L'affreux bitume des camions
Ma voile demeure en berne
Sans nul espoir d'évasion
Prisonnier d'la terre ferme
Loin de la navigation
•
J'aimerais qu'un batelier
Discrètement s'autorise
À libérer le prisonnier
Au nom de sa bell' devise
N'étais-je pas : « Le diablotin ! »
Qui défie les coups de tabac
Les tempêtes et les grains
Dont souvent on ne revient pas
•
J'aurai toujours le mal des flots
La nostalgie des épopées
Avec de vaillants matelots
Le cœur si souvent en bordée
Alors que maintenant je sombre
Pauvre épave sans eau
Se contentant d'une tombe
Loin des cimetières à bateaux
•
Ces voitures impavides
M'ignorent souverainement
Faut-il qu'elles aient le cœur vide
Pour naviguer sans armement
Dire que la circulation
Pour eux doit être fluide !
J'en perds ma belle fonction
Avec ce bouchon stupide
•
Car pour eux un navigateur
N'a rien d'un commandant de bord
Ce n'est que leur ordinateur
Qui les dépose à bon port
Qu'ils tournent tous en bourrique
Tous ces buveurs de pétrole
Pour qui la moindre barrique
Vaut des points et leur pactole
•••
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire