Un billet à garder dans les annales de la toile.
J'ai offert à la toile un billet sur les cabanes au fond du jardin qui a réveillé bien des souvenirs d'une réalité vieille de moins de cinquante ans. J'ai eu le privilège d'introduire ce sujet de conversation à table en différents endroits et bien des gens avaient à dire.
Chacun ayant alors un souvenir précis. Les uns ayant connu ce lieu d'aisance au grand air, d'autres se souvenant seulement des toilettes communes sur le palier, quelques-uns n'usant alors que du tas de fumier. J'ai même croisé des adeptes du seau hygiénique, dont certains restèrent en usage bien après l'arrivée du tout à l'égout.
Un autre monde, une autre société se révèle ainsi, du temps où la chasse d'eau n'était pas un signe de notre société du gaspillage des ressources naturelles. Les toilettes publiques sont devenues payantes, uriner dans le domaine public est même passible d'amende. Ce qui jadis était naturel est rentré dans le seul domaine privé. Nous sommes bien loin des latrines publiques de nos amis romains.
Laissez remonter ces vieux souvenirs. Humez ce doux parfum nostalgique. Que ceux qui ont déposé ici une petite part de leur enfance soient remerciés. J'espère qu'ils comprendront que j'ai pris le parti de ne pas dévoiler leur identité. Bonne balade dans nos latrines d'alors ...
« Vous qui venez ici dans une humble posture de vos flancs alourdis décharger le fardeau, veuillez quand vous aurez soulagé la nature et déposé dans l’urne un modeste cadeau, épancher dans l’amphore un courant d’onde pure et sur l’autel fumant placer pour chapiteau cet austère couvercle dont l’auguste jointure aux parfums indiscrets doit servir de tombeau » Musset.
« J'avais pensé un moment percer un cœur dans la porte de la cabane de jardin mais de vieux souvenirs sont remontés à la surface .... »
« Chez notre voisin, dont la maison servait jadis d'école, l'étage étant réservé à l'instituteur.
Un instituteur avait écrit au crayon de papier, sur le mur du "cabinet", d'une magnifique écriture :
"Celui qui, de ses mains bâtit ce lieu d'aisance
fit plus pour l'être humain que Doumergue pour la France" »
« Vous avez oublié le pot de chambre ! Très utile à partir du crépuscule.
Plus besoin d’affronter ces bruits inquiétants de la nuit.
Ce message puissant de la chouette effraie qui glace le sang et bloque le rectum.
Vous avez aussi oublié la honte « d’y aller » en plein jour et au regard de tous et surtout des filles. »
« Ah, le fameux monstre des cabinets ! Je suis de ceux dont la fratrie se délectait à désigner cette hantise programmée avant chacun de mes passages vers l’endroit fatidique (heureusement d’ailleurs que les lieux d’aisance dans mon cas n’étaient pas en plus à 200 m du domicile principal !) : une peur dont je ne fus donc pas seul à souffrir, cela me rend tout d’un coup fort aise, merci. »
« Je me souviens que nous avions des seaux. Je me rappelle encore le bruit de cascade quand je me soulageais ainsi. Chez nous, le tas de fumier était en dessous d'une fenêtre. Les seaux étaient vidés par la fenêtre sans que personne ne s'en étonne. C'est ainsi que l'on faisait depuis toujours. »
« Ce billet soulage dans les 2 sens du terme ...en effet quelques souvenirs ! pas facile de se libérer dans ces conditions ! fesses en l'air pour ne pas se poser par peur de tomber dans le trou, yeux fermés pour oublier l'endroit , nez bouché pour éviter les odeurs et souvent une main pour chasser les mouches ! pas facile facile !!! »
« Avant la guerre, gamin, j'étais en vacances chez ma grand' tante Marie, qui habitait Tarnac (depuis devenue célèbre...). La cabane au fond du jardin débouchait (si j'ose...) sur la rivière, et je redoutais toujours de voir la planche percée basculer...
Un soir, j'y vais, et sur le toit un énorme chat aux oreilles surmontées d'un toupet me fixait. Qui a eu le plus peur des deux? on a détalé en sens inverse. De retour à la maison, je raconte...et la tata Marie me dit :"Pas besoin d'avoir peur. T'avais jamais vu un lynx?" Je ne crois pas que beaucoup de Français encore vivants aient vécu une telle expérience...encore que le lynx soit aujourd'hui "espèce protégée"... »
« Pour en revenir à votre billet, quand j'étais mariée, la famille de mon ex vivait dans une ferme en Normandie. La cabane était tout au fond du jardin, pratique en temps de pluie et de nuit... Et surtout, à côté, dans le pré, les vaches curieuses passaient la tête dans la porte qu'on laissait ouverte. La haie était basse et les vaches particulièrement curieuses. En plein jour c'était pas grave, mais de nuit... Frayeur assurée »
« Chez ma grand-mère qui habitait dans le vieux Tours, il y avait un seul WC à la turque au rez de chaussée, sous l'escalier. Tous les locataires disposaient de ce merveilleux seau émaillé de couleur bleu avec son couvercle assorti. Le matin, c'était la ronde pour vider son contenu. »
« Chez mes grands-parents et d'ailleurs dans tout le village , tout le monde allait au fond du jardin mais il n'y avait pas de cabane ! »
« Des souvenirs oui j'en ai : à "la maison" un préfabriqué à coté de la boutique, la cuisine, derrière un hangar au bout du hangar les"chiottes" une planche, un trou, un seau à vider sur le fumier au fond du jardin, c'était ça le plus "chiant" … Plus tard dans les années 70 j'ai vécu dans une vieille maison en Creuse et là ça rejoint ta description sauf que pour attraper le seau il fallait se mettre à plat ventre entre le fumier et la cabane et surtout ne pas oublier de le faire car si on l'oublie il est trop plein et qui dit trop plein dit déborde sur les mains , les bras et j'en passe ...c'est bizarre pas de mauvais souvenirs, c'était comme ça … »
« Point de cabane lors des semaines en forêt avec les "gradés"....! un simple trou et du grésil pour "assainir"....! quant au journal ....la feuille des arbres faisait affaire....! peu romantique comme souvenir mais la devise était "chie dur, chie mou, mais chie dans le trou...." »
« Très peu de souvenirs mon ami, ayant été en pension dès l'âge de 6 ans, il y avait là-bas des commodités modernes .... J'ai malgré tout souvenir d'avoir usé de ces cabanes, souvenir très vague mais chose étrange votre description des sensations éprouvées à vous et nos amis me sont familières ! J'ai des flashs de cette angoisse, de l'odeur, des mouches .... Ce que j'éprouve est très bizarre une sensation de connu, de vécu mais très vague ! »
La collecte n'est pas achevée. D'autres témoignages seront proposés à votre curiosité débordante. Restez en contact, ne perdez pas le fil de ce grand moment de confession publique. À Bientôt pour un nouveau billet qui met carte sur table ...
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