mardi 19 mars 2024

Fin du rouleau

 

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Dans les années 60, en pension dans une ville réputée pour ses usines de parfums, je passait mes week-end chez des amis de mes grands parents, qui cultivaient les fleurs. La cabane existait bel et bien, mais c’était, en guise de « trou » une énorme jarre de terre, dans laquelle l’on allait se soulager,distante de la maison de bien 20 m ! Et le comble du raffinement, c’est que lorsqu’elle était pleine, on « touillait » le contenu, puis à l’aide d’une vielle casserole l’on remplissait des seaux, que l’on déversait dans le système d’irrigation des parcelles cultivées afin de servir d’engrais ! Écologique avant l’heure ! A la saison des fleurs c’était impec, le parfum de celles-ci servait de déodorant, mais l’hiver !! ça caillait (tout d’ailleurs).

Il y a plus d’un demi-siècle, les vendangeurs étaient nourris, logés, abreuvés (je l’ai souvent été au Corbières ou au Minervois) et dotés d’un seau hygiénique.Nous l’utilisions au chant du coq, dans une rangée d’isoloirs fermés par des rideaux, disposés dans un couloir bien aéré, à raison de cinq ou six pour les hommes, porteurs et charretiers et d’une bonne vingtaine pour les femmes, la mousèigne et ses coupeuses. Outre son côté pratique, le seau hygiénique avait un aspect divertissant au plan musical.
Caisse de résonance de nos embouchures naturelles, nous étions charmés par un concerto d’instruments à vent difficiles à orchestrer.
Une joyeuse cacaphonie qui mêlait flutiaux et hélicons nous faisait commencer la journée de bonne humeur. Il suffisait de « parler de cul pour faire rire la figure ». Puis venait le cérémonial du vidage, toute honte bue pour celui -ou celle- qui avait tiré des coups de tromblon, inconvénient notoire d’une soirée cassoulet.Nos délestages voguaient de ruisseau en ruisseau, jusqu’à un confluent. Le plus évocateur de son triste destin passe sous l’ A 61 et se jette dans l’Aude entre Trèbes et Floure, bien signalé par un splendide panneau.J’allais vous quitter sans vous dire son nom : Le Merdeaux...ça ne s’invente pas.

Dans les années 70, chez papy, c’était cabanon au fond du jardin, annuaire effeuillé pendant à une ficelle, mille mouches vertes et bleues bien dodues, et surtout l’été ça fouêtait copieusement... Dire qu’il aurait suffit d’y ajouter de la sciure ou des copeaux pour y supprimer toute odeur... Curieusement ça ne se faisait pas alors qu’on connaissait à l’époque les vertus de la sciure dans les bars pour couvrir les renards....

 

Un conte sur le sujet  

 

 


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