lundi 16 mars 2020

Rue du pont de Cé


Et si c’était le premier nom de la Loire …



Étrange coïncidence puisqu’à Orléans se trouve une rue du pont de Cé tandis qu’en Anjou, juste avant l’embouchure de la Maine se trouve une ville ligérienne portant justement ce nom. En fouillant un peu, plus haut sur le cour de la rivière, on évoque également la présence légendaire ou non d’une cité portant elle aussi ce nom du côté de Chassenard.

L’importance des ponts sur la Loire n’échappe à personne, à la fois stratégique et économique. L'émergence du terme Pont atteste manifestement une existence très lointaine, d’un ouvrage enjambant une rivière qu’on pensait connaître à l’époque Gauloise sous le terme de Liger. Mais n’y aurait-il pas là une appellation antérieure, Cé, justement qui expliquerait alors aisément que Ceno la Celte a précédé Cenabum la romaine du côté d’Orléans aujourd’hui.

Cette hypothèse revient de temps à autre tandis que les écrits évidement manquent cruellement pour savoir ce qui se disait avant l’arrivée des envahisseurs latins. J’aime à penser que notre Loire a pu changer de nom au cours de son existence, manière sans doute d’accepter d’être courtisée par ceux qui vivent sur ses rives. Francis Perrot en 1892 à Roanne pensait pareillement.

Elle change de nom, elle demeure ce lien essentiel qui unit des peuples différents sur un parcours de plus de mille kilomètres d’où ces trois Ponts de Cé répartis presque à équidistance. Il y aurait là matière à énigme historique, questionnement cabalistique ou rêveries d’un raconteur de menteries. Permettez-moi de pencher pour la dernière hypothèse en me laissant aller à ce doux nom d’une brièveté radicale : Cé.

Et soudain je m’aperçois que mon pseudonyme reprend cette évidence. C’’ Nabum c’est Cé et le Nabum mésopotamien, celui qui intercède entre les hommes et les dieux. Me voilà soudain porteur d’eau en faisant un pont entre les deux. La boucle est bouclée et les méandres de la rivière n’ont d’égales que les circonlocutions de la pensée.

Voilà une rue qui mérite que je m’y arrête, parallèle à la rue de l’écu d’Or qui renvoie évidement à la légende la maille d’Or balgentienne et à la Rue Notre dame de Recouvrance, cœur du commerce et de l’industrie aux temps glorieux de la Marine de Loire. Vouloir lancer une passerelle à proximité de ces rues historiques et symboliques ne serait sans doute pour les promoteurs que l’envie de s’inscrire pleinement dans la grande histoire locale.

Il ne reste plus qu’à réhabiliter le port de Recouvrance, le grand oublié des travaux de réaménagement des quais. Il est vrai que son pierré magnifique dort sous la terre et l’herbe et sert d’espace commode pour les déjections canines des compagnons à quatre pattes des bourgeois du centre-ville. Il faut bien que ces choses-là se fassent sans mettre la main dans un sac plastique.

Les enfants n’ont qu’à regarder où ils mettent les pieds et à défaut, qu’ils pensent à préférer le gauche au droit, pour disposer d’un peu de chance dans l’existence. Mais revenons à Cé qui mérite de retrouver des bateaux de ce côté-là du pont Royal. Les mariniers modernes sont sans doute bien en peine de connaître l’histoire ancienne ou de lui rendre justice en mettant un ponton de ce côté-ci de la ville.

Le Festival de Loire n’a fait qu’une brève tentative de s’installer des deux côtés du pont comme il ne parvient pas à faire son trou sur l’autre rive. La Loire historique ne se résume pas qu’au quai du Chatelet même si les ports gaulois puis romains s’établirent de ce côté-là il y a deux mille ans. La rue du Pont de Cé aimerait déboucher sur une Loire vivante et naviguée, nous lui devons bien ça.

Ancestralement sien.


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