Et
si c’était le premier nom de la Loire …
Étrange coïncidence puisqu’à
Orléans se trouve une rue du pont de Cé tandis qu’en Anjou, juste
avant l’embouchure de la Maine se trouve une ville ligérienne
portant justement ce nom. En fouillant un peu, plus haut sur le cour
de la rivière, on évoque également la présence légendaire ou non
d’une cité portant elle aussi ce nom du côté de Chassenard.
L’importance des ponts sur la Loire
n’échappe à personne, à la fois stratégique et économique.
L'émergence du terme Pont atteste manifestement une existence très
lointaine, d’un ouvrage enjambant une rivière qu’on pensait
connaître à l’époque Gauloise sous le terme de Liger. Mais n’y
aurait-il pas là une appellation antérieure, Cé, justement qui
expliquerait alors aisément que Ceno la Celte a précédé Cenabum
la romaine du côté d’Orléans aujourd’hui.
Cette hypothèse revient de temps à
autre tandis que les écrits évidement manquent cruellement pour
savoir ce qui se disait avant l’arrivée des envahisseurs latins.
J’aime à penser que notre Loire a pu changer de nom au cours de
son existence, manière sans doute d’accepter d’être courtisée
par ceux qui vivent sur ses rives. Francis Perrot en 1892 à Roanne
pensait pareillement.
Elle change de nom, elle demeure ce
lien essentiel qui unit des peuples différents sur un parcours de
plus de mille kilomètres d’où ces trois Ponts de Cé répartis
presque à équidistance. Il y aurait là matière à énigme
historique, questionnement cabalistique ou rêveries d’un raconteur
de menteries. Permettez-moi de pencher pour la dernière hypothèse
en me laissant aller à ce doux nom d’une brièveté radicale : Cé.
Et soudain je m’aperçois que mon
pseudonyme reprend cette évidence. C’’ Nabum c’est Cé et le
Nabum mésopotamien, celui qui intercède entre les hommes et les
dieux. Me voilà soudain porteur d’eau en faisant un pont entre les
deux. La boucle est bouclée et les méandres de la rivière n’ont
d’égales que les circonlocutions de la pensée.
Voilà une rue qui mérite que je m’y
arrête, parallèle à la rue de l’écu d’Or qui renvoie
évidement à la légende la maille d’Or balgentienne et à la Rue
Notre dame de Recouvrance, cœur du commerce et de l’industrie aux
temps glorieux de la Marine de Loire. Vouloir lancer une passerelle à
proximité de ces rues historiques et symboliques ne serait sans
doute pour les promoteurs que l’envie de s’inscrire pleinement
dans la grande histoire locale.
Il ne reste plus qu’à réhabiliter
le port de Recouvrance, le grand oublié des travaux de réaménagement
des quais. Il est vrai que son pierré magnifique dort sous la terre
et l’herbe et sert d’espace commode pour les déjections canines
des compagnons à quatre pattes des bourgeois du centre-ville. Il
faut bien que ces choses-là se fassent sans mettre la main dans un
sac plastique.
Les enfants n’ont qu’à regarder
où ils mettent les pieds et à défaut, qu’ils pensent à préférer
le gauche au droit, pour disposer d’un peu de chance dans
l’existence. Mais revenons à Cé qui mérite de retrouver des
bateaux de ce côté-là du pont Royal. Les mariniers modernes sont
sans doute bien en peine de connaître l’histoire ancienne ou de
lui rendre justice en mettant un ponton de ce côté-ci de la ville.
Le Festival de Loire n’a fait qu’une
brève tentative de s’installer des deux côtés du pont comme il
ne parvient pas à faire son trou sur l’autre rive. La Loire
historique ne se résume pas qu’au quai du Chatelet même si les
ports gaulois puis romains s’établirent de ce côté-là il y a
deux mille ans. La rue du Pont de Cé aimerait déboucher sur une
Loire vivante et naviguée, nous lui devons bien ça.
Ancestralement sien.
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