vendredi 21 décembre 2018

Loire dépotoir.





 
Photo REP

Celui qui aime le fleuve déplore de le voir ainsi souillé et malmené par des comportements qui ne cessent de m'indigner. Plus le Fleuve revient au premier plan, plus il est mis en avant par les villes et les collectivités, plus se pressent sur ses berges quelques personnes qui ne savent pas se tenir, ni contenir leurs déjections.

Nous voyons sur le cours de son onde, aller à la dérive, une armée de bouteilles plastiques qui conduisent à la mer l'insondable mépris d'une société mercantile. Et encore nous ne voyons là que la face visible de ces bouteilles de soda. Ceux qui ont jeté celles-ci ont fait l'effort de remettre le bouchon, d'autres jonchent pour l'éternité les fonds invisibles.

Pire encore, il y a désormais la foule immense et malfaisante des buveurs de bière. Il doit y avoir dans cette consommation particulière l'obligation de jeter à l'eau la canette vide. Mais cela doit se faire avec éclats, il faut disperser la marque du forfait, fracasser le contenant sur quelques quais ou bien de gros cailloux sur la rive. Que c'est beau ces petits fragments qui brillent au soleil et entaillent à plaisir le pied de celui qui voudrait patauger !

Ils n'ont rien à envier aux nouveaux orduriers. Ceux-là aiment à passer la nuit. Ils boivent des boissons sur-vitaminés dans des contenants métallisés. C'est à peine compressé que l'objet du délire ailé finit son parcours au fil de l'eau ou le plus souvent sur les herbes des rives. Expression même de la modernité, ces boissons infectes jonchent nos rivières et nos bords de route sans que jamais leurs immondes fabricants ne soient taxés au nom d'une responsabilité objective.

Puis il faut laisser un peu de place pour le plat principal. La restauration rapide n'aime pas la nature, ses emballages imputrescibles l'attestent mieux qu'un long discours. Les mangeurs à la va vite, font preuve, comment les en blâmer, de mauvais goût en laissant là ces objets cubiques, des pailles rouges et blanches et des gobelets contenant un poisson officiel. Maintenant la Loire, elle aussi hérite des déchets de notre indigeste société de consommation.

Il reste encore le tout venant du mépris. Le vélo qu'on a volé et qui finit à l'eau. Il rejoint les gros encombrants qui aiment décorer les levées et les digues. Même si la chose se fait plus rare, elle demeure encore, car il ne faut pas rompre trop brutalement avec les mauvaises habitudes. Par contre, il y a un geste anodin qui n'a aucune chance de s'interrompre, c'est le jet de ce mégot abominable qui finit dans la Loire. Vous savez désormais que ce geste que vous pensiez insipide, pollue 600 mètres cube d'eau, un argument qui vous laissera de marbre à n'en point douter !

Voilà tout ce que nous voyons de nos bateaux de bois qui ne sont nullement épargnés par vos gestes orduriers. S'ils sont à quai, ils seront alors un réceptacle ludique pour jeter tout ce qui vous passe par la main. S'ils sont à portée de visite, vous ne pourrez résister à un petit arrêt, pour un pique-nique, une soirée desquels vous partirez sans rien nettoyer. Non seulement, ces embarcations sont fragiles, elles sont également propriété privée ce qui ne semble nullement vous déranger.

Hélas tout ceci n'est rien par rapport aux poids lourds des coups tordus pour le fleuve. Centrales nucléaires, usines de traitements des eaux, industries polluantes, agriculteurs traiteurs, pyralène et pire que tout, l'homme en majesté qui ne cesse de souiller tout ce qui l'entoure. La Loire est le terrain préféré de tous ces joyeux gougnafiers sans respect ni conscience.

Quand cesserons-nous de nous conduire ainsi ? Faut-il que notre espèce disparaisse enfin pour que toutes les autres cessent de subir ses attaques putrides, ses petits gestes anodins qui font tant de dégâts, de comportements égoïstes et stupides en malversations organisées et programmées ?

Laissez la Loire et tous les autres fleuves et rivières. Contentez-vous de les regarder sans jamais rien y jeter. Ce sera un premier pas, nous nous en prendrons ensuite aux brigands patentés, pollueurs officiels et industriels merdeux !

Colériquement vôtre.




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