La Rumeur d'Orléans
Au bord de
l'eau vivait un homme
Simple
gardien de ses moutons
Un humble
berger en somme
Loin de la
ville et ses tensions
Sur la rive,
du matin au soir
Il sculptait
des personnages
Sur des bois
flottés de Loire
Pour les
enfants du voisinage
Ils aimaient
à le regarder
Lui donnaient
de tendres sourires
De tous, il
était respecté
Gentil berger
aimant à rire
Quand
soudain l'orage éclata
Pour les
adultes de ce bourg
Il ne
fallait pas qu'on aimât
Celui qui
vit à rebours
C'est la
femme de l'échevin
Grande dame
respectable
Qui distilla
tout le venin
Dont on la
savait capable
La mégère
se fit sorcière
Proclamant à
la cantonade
Par des
paroles à manières
Un mensonge
sans parade
Son
mari lui avait mandé
De
porter une affreuse rumeur
Pour
que l'homme fut pourchassé
Par
tous ces chiens sans honneur
À qui
voulait bien l'écouter
Elle
déclarait sans vergogne
Que non
loin était un berger
Plus
redoutable que charogne
Prétendant
le berger porteur
De la si
redoutée peste
La femme en
son déshonneur
Avait la
langue bien leste
Le berger en
ce pays délétère
Fut
soudainement mis au banc
Les enfants à
coups de pierres
Les adultes
bien plus méchants
Il se cacha
plus loin encore
Seul
maintenant avec ses moutons
Tandis que
ses maudits pécores
Lui jetaient
sans cesse des horions
Le temps
passa ainsi longtemps
Le berger
le cœur chagrin
Se
souvenait des jours d'avant
Quand il
n'était pas le vilain
Un jour un
chaland s'arrêta
Un vieux
marin s'en vint vers lui
Ce grand sage
lui conseilla :
« N'accepte
plus cette infamie ! »
« On te
rejette par ignorance
C'est de
cette arme qu'il faut user
Avec ton
flutiau pour la danse
Tu les auras
tous à tes pieds »
Ce que fit le
brave berger
Par ses
rondes mélodieuses
Envoûtant
ceux qui l'avaient chassé
Y compris la
dame odieuse
C'est la
langue des oiseaux
Qui
attrape par la douceur
Les
menteurs, et tous les sots
Qui
ignorent avoir un cœur
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