samedi 14 juillet 2018

La Loutre


La Loutre, un retour en toute discrétion.



Classée espèce protégée depuis 1981, la loutre avait disparu du paysage ligérien depuis fort longtemps. C’est du moins ce qu’il semblait aux observateurs attentifs tandis que les béotiens étaient incapables de deviner sa présence tant l’animal aime vivre caché.

La voir ? C’est pratiquement impossible à moins de la piéger de nuit avec un appareil photographique à infra rouge muni d’un capteur de mouvement. Pour le reste, il faut se contenter de partir à la recherche de ses traces. On identifie ses empreintes en repérant les quatre doigts groupés et le pouce écarté. Ses excréments confirment souvent sa présence.

Le retour de la loutre est un signe encourageant sur la diversité biologique. Les écrevisses et les poissons sont sa nourriture. Elle a donc de quoi manger à sa faim dans la Loire, ce qui explique qu’elle réoccupe progressivement tout le bassin. Nous en sommes ravis même s’il faut se contenter d’un jeu de piste, la demoiselle n’aime pas se montrer.

La loutre n’a sans doute jamais totalement disparu de la rivière. Quelques couples ont survécu à une chasse intensive. L’homme est déraisonnable dans sa prédation, il est mené par l'appât du gain en dépit des interdits et des dégâts irréversibles que souvent il provoque. Cette fois, l’animal a su courber l’échine et attendre son heure pour revenir en petit nombre. Il n’y a pas eu, contrairement au castor, d’implantation de loutres, c’est la nature elle-même qui a su reprendre du poil de la bête.

Si la loutre a manqué de disparaître, c'est pour deux raisons qui ne surprendront personne. D’une part la pollution des milieux aquatiques et d’autre part la chasse intensive dont elle fut victime à cause de sa fourrure. Prendre une loutre jusqu’en 1972 permettait un gain comparable à un mois de salaire pour un ouvrier. La tentation était trop forte, vous l’aurez compris. Une interdiction sévère en 1972 a sans doute enrayé le phénomène.

D’une taille de 80 à 140 centimètres, dont jusqu’à 45 cm pour la queue, la loutre pèse de 5 à 12 kilogrammes. C’est un mammifère carnivore nocturne de la famille des mustélidés comme la fouine. Seule la loutre d'Europe vit en France. Elle se caractérise par un corps allongé muni de pattes courtes épaisses et de doigts palmés. Sa longue queue épaisse et pointue l’identifie parfaitement. Son museau est court, ses oreilles petites tandis que son pelage est d’un délicat brun foncé et sa gorge marquée d’une tâche claire.

Elle vit dans un terrier dit " catiche " qui se trouve dissimulé dans la berge. Comme pour le castor, il est constitué d’un accès sous l'eau et d’un orifice d'aération car elle a besoin de respirer. La loutre se constitue un douillet nid d'herbes. Ses accouplements se réalisent dans l'eau tandis que les naissances se déroulent souvent sous les racines ou dans un tas de branchages. Neuf semaines de gestation permettent de donner naissance à 2 ou 3 petits qui naissent aveugles.
Les bébés doivent attendre leur sixième semaine pour commencer à nager. Ils sont allaités durant 8 semaines avant que de s’émanciper vers 6 mois. Ils atteignent leur taille adulte à un an, ils ont depuis longtemps quitté le terrier. La loutre est un animal aquatique qui mange des poissons de toutes sortes : truites, anguilles, chevaines, perches, vairons… pour un ratio de 60 % à 90 % de son régime alimentaire. Elle complète par des écrevisses, des mollusques (escargots, anondontes), des insectes, des grenouilles, et parfois des rongeurs et des oiseaux d'eau. En fin d'été, gourmande, elle mange des myrtilles. Une loutre mange de 500 à 1 800 grammes d’aliments par jour.




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