samedi 30 juin 2018

La Loire Rebelle


La Loire Rebelle
de jean Rivier



Il y a sans doute bien des biais et des approches pour évoquer les crues de la Loire. Avec une classe, il convient sans doute de commencer par se promener le long d’un quai et d’examiner les traces rouges et ces dates inscrites là et que ne peuvent laisser indifférents. Il y a ensuite quelques dossiers pédagogiques de qualité qui permettent d’aborder les causes et les conséquences, les effets et les travaux mis en place par les hommes au fil des siècles pour se prémunir de ce qui fut souvent vécu comme une catastrophe.

Nous nous contenterons de citer ce document particulièrement complet si vous souhaitez vous y référer et approfondir le sujet pour vous ou avec des élèves :

Nous pensons qu’une approche romanesque permet sans nul doute une plus grande sensibilisation à cette incroyable aventure humaine que doit être une crue centennale même si notre génération a eu la chance jusqu’à présent d’en réchapper.

C’est à ce titre que nous ne pouvons que vous encourager à lire et à travailler à partir du lire
« La Loire Rebelle » de Jean Rivier aux éditons Granvaux qui évoque au jour le jour sur un petit secteur autour de Saint Benoît-sur-Loire la crue de 1846.

Vous aurez ainsi du dimanche 18 octobre au dimanche 8 novembre un aperçu des inquiétudes naissantes, de la propagation des informations, des criantes et des comportements irrationnels, des peurs et des douleurs, des actes de courage et des désastres, des drames humains et matériels qui sont le cortège d’un phénomène aussi violent.
Puis la vie reprend ses droits et vous suivez également la suite des conséquences jusqu’au printemps 1847 dans un récit haletant, merveilleusement documenté qui vous plonge véritablement dans l’actualité locale de l’époque.

Survolons ce récit pour vous donner envie de vous référer si vous avez envie de mieux toucher du doigt la réalité d’une crue centennale, loin des clichés et des idées reçues.

Dimanche 18 octobre 1846
C’est le temps des premières rumeurs. Les moyens de transmission de l’information ne sont pas ceux d’aujourd’hui pourtant les oiseaux de mauvaise augure annoncent l’arrivée prochaine d’un monstre d’eau et de boue. Des nouvelles alarmantes arrivent de Nevers, d’autres plus récentes évoquent ce qui se passe en Haute-Loire mais tout ceci ne sont alors que rumeurs folles. À Saint Benoît c’est la consternation et l’angoisse.

Lundi 19 octobre 1846
Des confirmations arrivent de partout. La Haute-Loire est sous les eaux, l’Allier est en crue. Les petits affluents de la Loire débordent à leur tour. Les pluies dans les Cévennes ont gonflé leurs cours. Les plus optimistes haussent les épaules, là-haut ce sont des montagnes, ici on ne craint rien. D’autres lèvent les yeux au ciel pour lui adresser leurs premières prières.

Mardi 20 octobre 1846
Des informations arrivent par la route de Cosnes et de Gien. Cette fois, il ne faut plus douter. La Loire va apporter son lot de malheurs. Il convient désormais de s’y préparer, de sauver ce qui peut l’être et d’évacuer ceux qui sont en danger. Toutes les inquiétudes se tournent vers la levée ; « Tiendra-t-elle ? »

Mercredi 21 octobre 1846
Des hommes ont passé la nuit sur la levée à surveiller, à renforcer les protections. Ils sont épuisés. Les premiers sinistrés sont accueillis par le curé de Saint Benoît, la solidarité s’organise. De mauvaises nouvelles arrivent des villages voisins, Sully est sous les eaux mais que faire ? Partout ce sont les mêmes nouvelles, Chateauneuf, Germigny, Orléans même à son tour. Mais pour l’heure, chacun doit penser à lui et à sauver ce qui peut l’être encore.

Jeudi 22 octobre 1846
La pluie a enfin cessé dans un décor apocalyptique. Les levées qui n’ont pas rendu forment un chemin au milieu des terres inondées et de la rivière en furie. Des mariniers réalisent de véritables actes de bravoure pour porter assistance aux gens isolés, leur porter du ravitaillement au péril de leur vie. De fausses informations sont propagées par la presse parisienne semant un peu plus le trouble dans les populations en grand désarroi.

Vendredi 23 octobre 1846
L’eau baisse. C’est la bonne nouvelle tandis que les dégâts apparaissent désormais au grand jour. Ils sont immenses, maisons détruites, bétail noyé, récoltes anéanties. Des victimes isolées sont à signaler ici ou là. De braves gens ont tout perdu et les maisons ne seront guère habitables dans l’immédiat. Des barques continuent sur des flots toujours tumultueux à venir aux nouvelles dans les fermes à la seule force des bourdes, c’est incroyable !

Samedi 24 octobre 1846
L’eau s’est considérablement abaissée, les terres apparaissent par endroit dans le Val qui durant quelques jours n’était d’un immense lac. La Loire semble vouloir prochainement retrouver son lit. Partout c’est la désolation. Quand l’eau se retire, elle laisse boue et destruction derrière elle. Pas une cité ligérienne n’a été épargnée. La Loire a frappé cruellement la diablesse !

Dimanche 25 octobre 1846
C’est bientôt le retour à la normale. Il faut déjà penser à la suite, à cet hiver à passer dans des maisons qui ne vont pas avoir le temps de sécher. Il faudra se nourrir et donner du fourrage aux bêtes. Mais comment faire ?

Lundi 26 et mardi 27 octobre 1846
C’est le temps du bilan et du travail. Les routes sont enfin rouvertes. Il faut s’organiser. Un ingénieur des Ponts et Chaussées vient spécialement du Rhin pour entreprendre les travaux d’urgence sur les ouvrages d’art. Chacun s’active d'arrache-pied en dépit de la fatigue accumulée. Le temps n’est plus au désespoir. Il faut aller vite.

Mercredi 28 octobre 1846
Les prairies sont inutilisables tandis qu’on enterre les morts. Les derniers réfugiés regagnent ce qui reste de leurs demeures. La vie reprend ses droits.

Jeudi 29 octobre 1846
Nouvelle alerte. La Loire refait de siennes. Elle forcit à nouveau. Une côte de 2 mètres 30 est annoncée par les gendarmes. Ce n’est rien par rapport à ce qui a été supporté même si c’en est trop en ce moment. C’est l'abattement de nouveau. Fort heureusement ce n’est qu’une erreur de la préfecture qui a fait une faute de frappe, rien que ça. La hauteur annoncée n’est que de 0,30 m.


Nous ne pouvons que vous conseiller de suivre heure par heure ce feuilleton qui dit bien plus à notre avis sur la crue du point de vue des humains qui la subissent que des rapports circonstanciés sans cette dimension. En espérant que jamais nous n’ayons à notre tour à vivre pareil épisode.


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