samedi 2 juin 2018

Concert de la Baraka


Baraka



La Chorale la Baraka, sa mélodieuse troupe de choristes, son impayable maître de chœur, ses techniciens absents mais suppléés au pied levé par ... tout autant que son merveilleux pianiste sont ravis de vous inviter dans leur poulailler. Le concert de cette fin d’année sera en effet placé sous le double patronage de la poule et de l’œuf. Pour la date de fraîcheur, c’est un peu tard, la Baraka atteint gaillardement ses 35 printemps, un âge canonique pour qui aime à chanter de la sorte. En dépit du thème, inutile de leur voler dans les plumes. Contentez-vous de leur faire comme le disent nos amis du Canada, un petit bec et de les nourrir de tous vos applaudissements même si tous ne sont pas de poulets de l’année. Profitez de cet étrange voyage et si quelques canards viennent se glisser dans la fête, rien de plus normal, leur basse-cour est une joyeuse pétaudière.

Le programme vous ravira par son éclectisme foutraque, sa faculté de passer du coq à l’âne, tout en marchant sur des œufs. Cet ensemble n’a d’autre but que de se retrouver pour se faire plaisir sans trop se prendre la tête. Soyez donc indulgents, le chef a une curieuse manière de se tenir sur son perchoir. Certains choristes se prennent pour des pintades, d’autres se rêvent en jars domestiques, quelques-uns sont les dindons de la farce tandis que tous caquettent sans atteindre l’unisson. Soyez indulgents, le soleil se lève sur un monde enchanté …


Première partie
  • Tebe Poëm

Le concert débute par un chant liturgique orthodoxe en russe: Tibié Poïem histoire de se concilier le ciel et ses occupants. C’est une œuvre chorale composé par Dmitri Bortnianski
musicien au nom imprononçable, né en 1751 à Saint Pétersbourg et décédé en 1825. Il fut considéré comme l'un des trois grands musiciens Ukrainiens de son époque.
Cette prière est composée en slavon d'église. C’est une forme de vieux slave qui constitue tout particulièrement la langue liturgique de l'église orthodoxe. Le texte est naturellement sans surprise une ode au maître du monde :



Nous Te chantons, nous Te bénissons
Nous Te rendons grâce, Seigneur
Et Te prions, ô Notre Dieu

  • Every sing Freedom

Pour rester dans le même registre, nous passons de l’autre côté de l’Atlantique avec cette prière célèbre, reprise par toutes les chorales du monde entier. Oh, Freedom Ce negro spiritual parle des rêves de liberté des esclaves déracinés d'Afrique pour sont priés de travailler contre leur gré dans les champs de coton en Amérique du Nord. Devenu symbole de liberté pour les esclaves américains, ce chant date de la guerre civile américaine.

Oh liberté. Oh liberté. Oh liberté pour moi.
Et avant que je devienne un esclave
Je serai enterré, dans ma tombe
Et rentrerai à la maison, vers mon Seigneur, et serai libre.
Plus de larmes ... pour moi.
Plus de regards ... pour moi.
Ils chanteront ... pour moi.
Plus de gémissements ... pour moi.
Plus de fuite ... pour moi.
Plus de coups de feu ... pour moi
.


  • Chanson à boire

Restons dans le même registre en faisant abus du sang du Christ. Puisque le vin de messe est tiré, autant le boire sans modération d’autant plus que le cochon est tué et qu’il convient de chanter à gorge déployé. Si l’abus d’alcool est dangereux pour la chanson, les chansons à boire se dégustent sans modération. Quant aux canards, ce sont en la circonstance des sucres trempés dans de la goûte. Gare à la migraine avec ce titre de Georges Bataille (1575-1630), une époque bénie durant laquelle ne sévissait pas encore la loi Évin qui nous contraint à vous lire ce message de prévention :

    Qui veut chasser une migraine
    N'a quoi boire toujours du bon

Et maintenir sa table pleine
De cervelas et de jambon.

L'eau ne fait rien que pourrir le poumon
Boute, boute, boute, boute compagnon,

Vide-nous ce verre Et nous le remplirons.




Mon mary va à la taverne

Tout aussi gourmande mais un peu plus leste, cette chanson vous invite à partager la couche de la femme d’un ivrogne. Quand le chat est gris, sa souris danse avec de nombreux amants. Le buveur est ivre comme un curieux oyson qui a la tête couverte d’un joli trophée. Fermons les yeux sur les turpitudes de la dame, elle a bien mérité de s’offrir un peu d’un plaisir tout aussi délicieux qu’il est gratuit et recommandé pour la santé.

Le Tourdion

Le tourdion est une danse en couple rapide, légèrement sautée, souvent avinée. Très en vogue dans le Royaume de France au début du XVI° siècle, le Tourdion exige de faire boire sa cavalière pour avoir quelque chance de lui tourner la tête.

Quand je bois du vin clairet,
Ami tout tourne, tourne, tourne, tourne,
Aussi désormais je bois Anjou ou Arbois,
Chantons et buvons, à ce flacon faisons la guerre,
Chantons et buvons, les amis, buvons donc!
Quand je bois du vin clairet,
Ami tout tourne, tourne, tourne, tourne,
Aussi désormais je bois Anjou ou Arbois.
    Chanson de groupe

Le tourbillon de la vie
La chanson Le Tourbillon de la vie, a été écrite par Serge Rezvani (sous le pseudonyme Bassiak) en 1957 pour Jeanne Moreau. Celle-ci avait en effet pour habitude à cette époque de se séparer en chanson de son compagnon du moment, Jean-Louis Richard, le meilleur ami du compositeur.

En 1961, au moment du tournage du film Jules et Jim de Truffault Le Tourbillon de la vie est intégrée au film. C’est l’histoire d’une femme qui hésite entre les hommes, et décide de les aimer tous les deux.




Sur l’eau, sur la rivière
Grand succès du groupe français « Mes Souliers sont rouges », sur l’eau sur la rivière se donne l’allure d’un traditionnel québecois. Quoi de plus naturel pour des normands que de se tourner vers la belle province. Le groupe depuis s’est dissout puis s’est reformé régulièrement au gré des couvées de la poule à Colin. Vous allez goûter à la fricasse même si vous n’en avez pas besoin. C’est du moins ce que nous vous souhaitons.

Cette chanson fut à l'origine de nombreuses prises de bec au sein de la chorale. Qui de l’œuf ou de la poule a commencé ? La chanson ne répond nullement à cette éternelle question mais fait la part belle aux basses, qui réalisent ici ce qu’on peut qualifier de chant du cygne ! La suite sera hélas d’un tout autre tonneau


    Marions les roses
Chant de quête pour ramasser les œufs, ce chant de printemps joue des ambiguïtés langagières. Sous des apparences tranquilles, il se veut quelque peu graveleux. Il serait question de mettre la main au panier. Rendu célèbre par Malicorne, cette interprétation rend hommage au travail de collectage de Gabriel Yacoub, grand amateur de chants traditionnels.


Ya se va
Cette belle chanson nostalgique tiré du folklore chilien a la délicatesse de vous donner des envies de bouger en cadence et d’accompagner les choristes durant le refrain. Surtout laissez-vous aller à cette pulsion légitime même si le récit est d’une grande tristesse.
À cette heure, je chante
Et cette nuit, je pleurerai
Je me demande quand
Quand je la reverrai
Il neige sur les hauteurs
Mon amour est au loin

Je pleure toute la nuit
La Chorita m’a quitté
Ma douce amie m’a quitté
Je me demande quand
Quand je la reverrai
Je m’assieds à ma table
Ivre comme je le fus hier
Je me demande quand
Quand je la reverrai

Madame Mado m’a dit

L’univers de Boby Lapointe est unique, inclassable et désopilant. Acceptez ses facéties, laissez-vous prendre pas son humour et sa verve langagière. Qu’importe si ce n’est pas tous les jours dimanche pour le pauvre mari trompé, porteur d’un bicorne qu’il aime à exhiber dans sa belle limousine. La diablesse pousserait bien son galant à trucider le malheureux cocu à coup de pelle à gâteaux.

Si vous n’avez rien compris, c’est tant mieux. Il est préférable de laisser la parole aux interprètes de cet étrange objet musical.



Jamaïca Farewell


La chanson « Jamaïca Farewell » fut un succès colossal en 1957 pour Harry Belafonte. Lord Burgess a écrit cette chanson à partir de mélodies traditionnelles des Caraïbes, un succès colossal. La version française reprise par Nana Mouskouri trahit les origines de la chanson en abandonnant alors la Jamaïque au profit du Brésil et de Tahiti.
Quant à son créateur, il consacre sa vie, à défendre les droits de l’homme, particulièrement aux Etats-Unis et en Afrique du Sud. Il fut désigné Ambassadeur de la Conscience en 2013 par Amnesty International. Reprendre sa chanson c’est honorer son combat.


Sur la route
Où les nuits sont joyeuses
Et où le soleil brille chaque jour au sommet de la montagne
J'ai fait un voyage sur un voilier
Et quand j'ai atteint la Jamaïque j'ai fait une halte

Mais je suis triste de dire que je suis en route
Je ne reviendrai pas pour un moment
Mon cœur a mal
Ma tête tourne
J'ai dû quitter une petite fille de Kingston





Partie 2:
Poulaillers' song

Nous revenons avec grand plaisir à notre label rouge de la soirée puisque c’est vers le poulailler que vont nos pas pour l’ouverture de la seconde partie. Alain Souchon sous un texte apparemment absurde décrit férocement la société et la propension de chacun à véhiculer les pires propos. Bien avant ce qu’on nomme désormais le populisme, le chanteur évoque sans complaisance ce terrible phénomène. Que chacun prenne garde à ne pas être une de ces maudites caquetteuses, qui reprennent en chœur les rumeurs les plus abjectes.
La Petite fugue

Paroles de Catherine et Maxime Le Forestier écrites en 1969 avec une musique de Nahum Heiman inspirée par le prélude de la fugue N° 11 de Jean Sébastien Bach. Cette chanson reste à jamais dans la mémoire de ceux qui n’ont pas manqué de la fredonner dans leur jeunesse. C’est là le mystère de la réunion d’un thème classique et d’un hymne à l’amitié. Le frère et la sœur sont partis ensuite à San Francisco dans une certaine maison bleue. Catherine s’éloigna de la scène tandis que son frère a eu et a encore le succès que vous savez.

C'était toujours la même
Mais on l'aimait quand même
La fugue d'autrefois
Qu'on jouait tous les trois
On était malhabiles
Elle était difficile
La fugue d'autrefois
Qu'on jouait tous les trois



La Javanaise

Un soir de l'année 1962...

Amis proches, Juliette Gréco et Serge Gainsbourg se voient régulièrement. Un soir de 1962, la chanteuse invite Gainsbourg chez elle à dîner. Gréco raconte : « Serge est venu à la maison. On a bu du champagne, on était quand même assez... plein de bulles. On était seuls tous les deux, on écoutait de la musique et puis je me suis mise à danser. Je voyais mon Serge avec des yeux qui s'agrandissaient tandis que moi, j'étais là comme un papillon de nuit. Le lendemain, je reçois un coup de téléphone de Serge qui me demande de venir ? »
En rentrant chez lui, Gainsbourg avait écrit sur un petit bout de papier le texte. Dans sa tête, la mélodie était née aussi spontanément. C’est ainsi qu’est née la Javanaise !
Ne vous déplaise
en dansant la Javanaise
nous nous aimions
le temps d’une chanson


Chanson de groupe : Hit the road Jack ! De Ray Charles

Hit the Road Jack est une chanson écrite par Percy Mayfield, enregistrée pour la première fois en 1960. Elle fut popularisée par l'enregistrement réalisé par Ray Charles en duo avec Margie Hendricks, le 9 octobre 1961. Le titre est un succès immédiat



À l'origine, Hit the road Jack ferait référence au célèbre roman culte : Sur la route de Jack Kérouac ce qui permet à ce texte de rentrer dans notre label rouge avec quelques nids de poule. Marchons les yeux fermés sur des œufs pour suivre les traces de Ray Charles.

Super Mamie


Nous allons maintenant changer de genre et de ton en brossant le portrait d’une vieille dame indigne, solide comme un roc et capable de toutes les fantaisies. Elle défie les lois de la biologie, elle a battu à plates coutures Jeanne Calment
Acceptons le doux délire de Guillaume Aldebert et profitons de cette aimable fantaisie. Seuls les administrateurs de la sécurité sociale se désoleront de cette chanson. N’hésitez pas, elle se consomme sans modération.

La Croisade des enfants

Le Grand Jacques a tiré sa révérence. Quel plus bel hommage que de lire ses paroles avant que de les écouter. Inutile de faire un hommage funèbre et de le comparer comme un autre, à Victor Hugo. C’est du Higelin et il sera toujours inégalable et unique

Pourra-t-on un jour vivre sur la terre
Sans colère, sans mépris
Sans chercher ailleurs qu'au fond de son cœur
La réponse au mystère de la vie
Dans le ventre de l'univers
Des milliards d'étoiles
Naissent et meurent à chaque instant
Où l'homme apprend la guerre à ses enfants
J'suis trop petit pour me prendre au sérieux
Trop sérieux pour faire le jeu des grands
Assez grand pour affronter la vie
Trop petit pour être malheureux







Papillon
Louis Chédid


Louis Chédid est l’un des membres de cette famille originaire d’Égypte. Nous y trouvons une poétesse, un peintre, une réalisatrice et quelques chanteurs. Ils défendent avec ferveur la culture française, ce qui démontre à ceux qui se renferment dans un nationalisme exacerbé que la France, on peut l’aimer et la servir en venant d’ailleurs.
Nous allons nous faire léger comme un papillon, sortir de notre cocon pour quitter notre maison, aller joyeusement sur les chemins de la poésie.

La vie c'est comme les papillons,
D'abord chenille dans son cocon,
Et puis un beau jour sortir du coton,
Se retrouver en plein soleil,
Bâiller en déployant ses ailes,
Et s'envoler
Comme les papillons.


    Chanson de groupe : J’envoie valser

La chanson a été composée par le frère de Zazie, Phil Baron, en collaboration avec sa sœur Quand Olivia Ruiz reprend ce titre en 2000 elle en fait un tube. La tournée de la Star Académie servit de chambre d’écho à son succès.

J'en vois des qui se lancent
Des regards et des fleurs
Puis qui se laissent
Quelque part ou ailleurs
Entre les roses et les choux
J'en connais des tas
Qui feraient mieux de s'aimer un peu
Un peu comme nous
Qui nous aimons beaucoup

Paris s'éveille

Laissons notre doyen, René, présenter la chanson suivant.

Ma philosophie

Ma philosophie est une chanson écrite et interprétée par Amel Bent. Enregistré en 2004 elle reste le plus grand succès de cette chanteuse. La qualité de son message et de son écriture lui valant sans aucun doute de se classer premier au hit parade durant six semaines consécutives "Ma philosophie" fut en France en 2005, le troisième simple le plus vendu. C’est vous dire que les arcanes du succès sont mystérieux. Je vous laisse vous pénétrer de cette poésie sublime.

Lever la tête, bomber le torse
Sans cesse redoubler d'efforts
La vie ne m'en laisse pas le choix
Je suis l'as qui bat le roi
Malgré nos peines, nos différences
Et toutes ces injures incessantes
Moi je lèverai le poing
Encore plus haut, encore plus loin




Aragon et Castille

C’est la toute première chanson de la carrière musicale de Boby Lapointe. À l'origine choisie par BOURVIL qui la chante dans le film Poisson d’avril. Le film tout comme la chanson passent inaperçus. La chanson va renaître en disque en 1960. Un clip est réalisé en 1970, où Boby Lapointe apparaît en vendeur de glaces pédalant sur un triporteur.
L'humour particulier de Boby Lapointe a bien du mal à trouver son public. Le succès sera tardif et même largement posthume. Seuls des connaisseurs comme notre maître de chœur avaient compris avant le grand public, l’extraordinaire talent du gars de Pézénas.



Tel qu’il est

Vous allez assister en direct à la déclaration d’amour de quelques-unes de nos choristes pour notre inimitable René, sémillant octogénaire et bientôt plus encore, dont le succès auprès de la gent féminine ne se dément jamais. Laissons ces dames à leur folie déraisonnable.
Pot Pourri
Ne souhaitant pas en faire des tonnes avec le défunt Hallyday, qui a eu assez d’hommages pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rajouter, le pot pourri de cette année se permet d’évoquer tous ceux qui ont tiré leur révérence de Johnny à France Gall, de Jeanne Moreau à Rose Laurens. À vous de chanter et place à la nostalgie.


Remerciements


Ce tour de chant s’achève par le traditionnel pot pourri et sans doute un triomphe mérité. Mais auparavant qu’il nous soit permis de remercier la mairie d’Orléans qui nous a prêté cette magnifique salle grâce à l’intervention de l’adjointe à la culture, Nathalie Kerrien-Forteau.
Rien ne serait possible sans Guy qui nous a menés à la baguette des mois durant, ne ménageant pas ses efforts pour tenter de résoudre la quadrature des quatre pupitre.
Olivier a donné une couleur musicale à notre répertoire en laissant aller ses doigts sur le piano. Il convient de l’applaudir chaleureusement.
Les acteurs de l’ombre ne doivent pas être oubliés. Sans eux, le son et la lumière resteraient lettre morte. Patrice et Christian nos duettistes de la console sont nos incomparables techniciens, fidèles depuis des lustres à la Baraka. Bravo à eux et encore merci !
Enfin, rien ne serait possible sans les choristes, leur bonne humeur parfois, leur patience souvent, leur disponibilité toujours et l’immense mansuétude de certains pupitres pour celui qui a le plus de mal.


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