La
fille du voiturier
Je
suis née sur la rivière
Moi
fille d'un grand voiturier
J'ai
grandi sur la charrière
Avant
de partir naviguer
La
mère m'a confiée au père
J'étais
encore écolière
Je
suis devenue son compère
Quand
j'ai ôté ma brassière
Ainsi
devenue son garçon
Un
gamin, un tout petit mousse
M'activant
partout sur le pont
Je
voulais oublier mes frousses
Gabier
souple et attentif
Poussé
par le vent de Galerne
À
la bourde toujours actif
Lorsque
les voiles sont en berne
Les
années allant l'une l'autre
À
mon tour j'ai tenu la piautre
J'étais
alors second du père
Ce
garçon dont il était fier
Était
sa fille bien-aimée
Pour
nous seuls était le secret
Car
sur tous les bateaux d'alors
Nulle
femme n'était à bord
Puis
un jour maudit entre tous
Mon
père se noya sans rescousse
Un
sournois passage de pont
Un
choc violent le mit au fond
Nous
étions tous si affairés
Nul
ne put alors le sauver
Car
c'est la règle à notre bord
La
manœuvre ou hélas la mort
A
mon tour j'avais pris sa suite
Devenant
facteur émérite
L'équipage
me croyait homme
Je
tenais bien ma place en somme
Acceptant
cette comédie
Car
naviguer était ma vie
Jusqu'au
jour où dieu quelle histoire
Je
me retrouvai dans la Loire
Mes
formes me trahirent enfin
La
femme était donc ce marin
Qui
conduisait son équipage
Sans
jamais risquer le naufrage
Sachant
désormais ma valeur
Mes
hommes me firent l'honneur
De
me conserver à leur tête
Ma
victoire fut cette conquête !
J'ai
grandi au fil du courant
Moi
fille d'un grand voiturier
Qui
ai pris en mains un Chaland
Sur
la Loire j'ai navigué
Première
femme à ce bord
Sans
plus faire de manières
On
me respecte en tous les ports
Je
suis devenue marinière
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