Pas
de place pour vous mon cher ami.
La
culture en exclusivité.
Orléans
se prétend la grande métropole ligérienne et c’est sans doute
pourquoi, elle condamne celui qui s’approprie honteusement son nom
romain : Cenabum, à la peine Capitale. Punition radicale pour
quelqu’un de son espèce ; celle du silence. Il est vrai que
lorsqu’on se préoccupe de Culture locale, il convient d’aller
quérir les gens qui ne font ni vagues ni remous pour conserver une
Loire d’huile au pays du vinaigre. Le trublion ne cesse de faire
des salades pour un oui et surtout pour un non, alors le bâillon est
la plus prudente des précautions. Encore devrait-il se montrer
heureux de n’avoir pas droit à la muselière. Voilà en la
matière, un objet fort utile aux chiens d’Orléans, ceux-là même
qui aboient même si le Bonimenteur s’en passe !
Une
chorale au demeurant fort sympathique vient de signer un contrat
d’exclusivité avec la Métropole pour toutes les animations liées
à la rivière. C’est un peu se moquer du public que de lui servir
toujours la même chose, mais qu’importe, l’essentiel est
ailleurs. Ici, pas de trouble-fête ni de forte tête, l’animation
doit rester calme et ne pas pousser le chaland à la réflexion.
Quant aux décideurs, ils privilégient l’entre-soi et la
complicité de caste, c’est plus sûr.
Je
n’ai donc plus rien à attendre de cette cité qui aime bouter les
envahisseurs, ceux qui ne sont pas nés entre les murs aujourd’hui
disparus d’une ville figée dans son passé, ankylosée dans sa
consanguinité bourgeoise. C’est curieusement ce passé que je ne
cesse d’évoquer, sans doute de manière fort peu conforme au
catéchisme local, celui qui réécrit une histoire glorieuse qui
faillit faire de l’endroit la capitale du Royaume de France.
Persifler
à ce propos, décoder les hérésies et mensonges locaux, se gausser
de l'héroïne officielle, pourfendre la version enjolivée de la
saga marinière, se refuser à la gaudriole quand on évoque ce passé
officiellement glorieux, c’est prendre le risque immense de
déplaire et de contredire les quelques têtes de pont qui vendent
une parfaite illusion pour se faire mousser et servir leurs intérêts.
Qu’ils
aillent au diable même si celui-ci n’a jamais jeté de pont sur la
rivière en cet endroit. Il n’a cependant pas oublié la place, lui
offrant une part de choix dans les trahisons, mensonges, crimes et
autres turpitudes qui font et défont la grande Histoire et ses
petites mesquineries. Que je m’empare des travers et que je laisse
de côté les fanfreluches d’un récit enjolivé est insupportable
à ces gens plus soucieux de dorer la pilule aux naïfs que de
vérité.
Ils
sont d’ailleurs en masse à se précipiter à la représentation
navrante d’une histoire qui se plie aux attentes, qui fait la part
belle à une communication douteuse. C’est ainsi que lorsque
l’événementiel prend la main au détriment de la Culture qui ici,
hérite de la seconde place, que les choix ne se fondent pas
exclusivement sur la qualité. L’animation est clairement placée
sous le signe de la prestidigitation. On leurre le public pour ne pas
lui donner à penser.
Il est inutile d’espérer quoi que ce soit et cette énième
proposition de rencontre en mairie pour évoquer ce sujet est aussi
vaine qu’hypocrite. Ce ne serait qu’une dose anesthésiante
supplémentaire pour faire avaler la pilule. Je continuerai donc à
agir en franc tireur de la place. La Loire officielle dispose de ses
représentants de commerce, de ses gentils artistes montés au zénith
ou de son marinier émérite qui symbolise à lui seul la Loire. Les
guinguettes tournent le dos à une rivière qui ne leur sert que de
toile de fond et le conteur n’a qu’à aller se faire pendre
ailleurs.
C’est
ce que je compte faire. La Loire est assez grande pour cela et les
quais de votre bonne cité confite dans son formalisme frileux sont
assez grands encore pour que je vienne à la sauvette déverser à la
cantonade mes récits que vous vous refusez à entendre, vous les
élus sclérosés dans votre suffisance éternellement satisfaite.
Envoyez donc vos escouades policières si vous voulez ajouter la
censure au mépris, ce ne serait guère surprenant de votre part.
Scandaleusement
vôtre.
Les raisons de ma colère : https://www.larep.fr/orleans/2018/02/01/les-mariniers-chanteurs-et-musiciens-vont-animer-la-metropole_12723629.html
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