À tout seigneur, tout honneur.
Le balbuzard pêcheur nous fait l’honneur de vivre
au bord de notre Loire. Il promène sa grande silhouette claire aux
ailes coudées, vole très haut dans le ciel avant de plonger de
manière spectaculaire pour prendre un poisson dans ses serres. Sa
tête expressive au masque contrasté en fait une vedette des « Webcam » qui aiment à le filmer sur son nid lorsque la femelle
couve. Sa technique de pêche en piqué fait le délice de ceux qui
ont le bonheur de l’observer ; le bel oiseau disparaissant dans
une gerbe d’eau à la poursuite de sa proie, souvent un poisson
d’assez belle taille… Le balbuzard a parfois les yeux plus grands
que ses ailes et ne parvient pas toujours à s’envoler avec sa
prise. Quel régal pour les observateurs !
Laissons à d’autres le soin de s’extasier de sa
beauté en des mots plus appropriés que les nôtres. Paul
Géroudet, « les rapaces diurnes et nocturnes d’Europe »
« L’élégance de ce fin voilier est un plaisir des yeux.
Léger et puissant, il est taillé pour les longues randonnées,
usant avec une égale aisance des battements souples et réguliers ou
des glissés et des orbes (…). Le spectacle des pêches
mouvementées est toujours magnifique, bien que la technique ne varie
guère.»
Le Balbuzard et la Loire
L’homme est ainsi fait qu’il aime à entraver l’existence des animaux qu’il voit comme des rivaux venant concurrencer un de ses désirs. Le pêcheur a déplu, il faut l'éradiquer de la rivière.
Pourquoi le balbuzard pêcheur a-t-il été persécuté ?
Sa réputation de voleur de poisson fut telle que nos anciens le déclarèrent animal nuisible par une loi stupide dont il a le secret. C’était en 1883 et pour que la loi ne reste pas lettre morte, une prime à la tête abattue mobilisa les charognards de l’époque. Sa population fondit comme neige au soleil d’autant plus qu’aux chasseurs et pêcheurs qui se liguèrent contre lui, il fallait ajouter les collectionneurs d’œufs qui faisaient leur ponction à la source.
Ne désirant pas être en reste, les agriculteurs s’employèrent à éliminer ceux qui échappaient à cette folie meurtrière en contaminant les survivants avec les pesticides qu’ils employaient alors sans modération. Dans ce joyeux contexte, le bel oiseau disparut totalement de nos rives comme dans les pays voisins, pratiquant le même développement absurde : Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique, Italie, Suisse… Il faut donc rester prudent car les menaces demeurent.
La France s’engagea alors dans un
plan de réimplantation de l’espèce. L’espèce étant en voie de
quasi disparition, les rares couples nicheurs furent protégés. Le
secret était bien gardé. Il se murmurait alors en bord de Loire
qu’il était revenu, mais personne ne disait où se trouvait les
nids. La Ligue de Protection des Oiseaux eut un rôle considérable
dans cette réintroduction qui donna les résultats dont on s’honore
aujourd’hui. Une mission Rapaces œuvre en ce sens pour poursuivre
les efforts.
Nos amis balbuzards ont élus
domicile en forêt d’Orléans du côté de Combreux et en forêt de
Chambord avant que d’investir d’autres départements de la Région
Centre : Indre et Loir et Cher. Ainsi, c’est avec plaisir que l’on
observe désormais des reproductions isolées depuis quelques années
et son extension sur notre rivière réjouit les amoureux de la
nature. Il est même annoncé sur la Loire d’en bas.
Suivi et baguage
en région Centre
Une fois encore il convient
de laisser parler un véritable spécialiste :
« En région Centre, j’ai commencé l’étude du balbuzard depuis 1995.... Dans un petit groupe dynamique composé d’ornithologues confirmés particulièrement engagés dans la conservation de l’espèce. Il se réunit surtout durant la période de reproduction pour des « opérations spéciales », notamment la lecture de bagues colorées, ou pour une journée de prospection des nicheurs potentiels. L’étude est basée sur la biologie, l’écologie et l’expansion de l’espèce. Une présence intense sur le terrain commence donc fin février par des tournées journalières sur tous les sites connus de la forêt d’Orléans et se poursuit jusqu’à début août. Il s’agit de collecter un maximum de données utiles : dates d’arrivée des oiseaux, de ponte, d’éclosion, suivi de l’évolution des jeunes jusqu’à leur baguage à l’âge de six semaines environ, de l’envol des jeunes jusqu’à leur départ pour les quartiers d’hiver.
Les observations se font toujours à une distance admise par les oiseaux (sauf au moment du baguage). « Admise », dans ce contexte, veut dire que les oiseaux ne fuient pas lorsqu’ils sont observés. Cette distance peut varier selon les individus et selon la phase de reproduction dans laquelle ils se trouvent. Généralement, 250 à 300 m suffisent pour les observer sans les déranger. »
Rolf Wahl
Pour en savoir bien plus
Le site de référence :
http://rapaces.lpo.fr/balbuzard/le-balbuzard-pecheur
Quand la femelle couve puis
quand les oisillons grandissent des caméras filment en direct nos
rapaces pêcheurs : http://www.balbucam.fr/fr/accueil/
Enfin une fiche simple et
complète de la direction régionale de l’environnement vous
propose l’essentiel au format pdf :
http://www.donnees.centre.developpement-durable.gouv.fr/fiche_oiseaux/Balbuzard_pecheur.pdf
RDV
au Parle-Loire est une page de vulgarisation. Les lecteurs
peuvent ainsi compléter bien plus largement notre rapide et très
incomplet survol auprès des véritables sources de connaissance.
Naturellement nous ne
pouvons échapper au conte habituel de celui qui réinvente
l’histoire de Loire. La naissance du Balbuzard est ici mise en
scène de manière parfaitement imaginaire.
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