mercredi 1 août 2018

Le canal du Midi



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En 1666, par un édit royal, Louis XIV autorise les travaux de creusement du plus grand chantier entrepris au XVIIe siècle : la construction d’un canal qui reliera la Garonne à la Méditerranée. À cette époque il porte le nom de Canal Royal en Languedoc et sera rebaptisé pendant la Révolution Française, en 1789 : « Canal du Midi ». Il est l'élément clef du canal des deux mers qui est destiné à joindre la Méditerranée à l’Atlantique.

Après de nombreux projets dans l’histoire, souvent irréalisables et utopiques en des époques plus lointaines, ce chantier qui arrive après la réussite du Canal de Briare, fut imaginé dans un but commercial et stratégique : le transport du blé par voie navigable entre Toulouse et Marseillan afin que les bateaux puissent éviter de contourner la Péninsule ibérique par la mer. Les bateaux échapperaient enfin aux pirates barbaresques tout en privant l’Espagne d’une partie de ses ressources.

L’histoire du canal du Midi est intimement liée à son concepteur : Pierre-Paul Riquet, un ancien collecteur de la Gabelle qui laissera son nom dans l’histoire par sa détermination à mener son entreprise à son terme. C’est par sa capacité à trouver une réponse acceptable au problème d’alimentation en eau qu’il eut un rôle prépondérant.

Le canal du Midi fut rapidement mené à son terme. Quatorze années seulement de chantier contre quarante en tout pour le canal de Briare d’abord et celui d’Orléans ensuite. Douze mille ouvriers pour deux cent quarante et un km et un financement largement assuré par Riquet qui avait allègrement puisé dans les caisses de la Gabelle. Colbert ayant fermé les yeux à cette condition, une bonne politique en somme.

Le canal du Midi fut considéré comme le plus grand chantier européen à son époque. Il a été classé au patrimoine de l’Humanité en 1996. Il matérialise une très ancienne idée que les empereurs romains Augustes et Néron, puis que Charlemagne ainsi que les rois de France Charles IX et Henri IV avaient eut sans pouvoir la réaliser. C’est Colbert qui signe le décret lançant les travaux.

Des projets ont précédé celui de Paul Riquet. L’État recule devant des questions techniques. Les réponses proposées par les différents concepteurs ne donnent pas satisfaction. Il faudra attendre les propositions de Riquet pour lancer enfin le chantier. En 1642, le canal de Briare démontre grâce aux idées d’Hector Boutheroüe que franchir une ligne de partage des eaux est possible. Ce dernier va se proposer comme expert hydraulique, la véritable pierre d’achoppement pour un canal, auprès des états du Languedoc. Le problème de l’alimentation d’eau est crucial, c’est la clef de voûte du succès de l’entreprise. La connaissance du terrain de Paul Riquet tout autant le fait qu’il soit propriétaire des droits sur l’eau de la communauté de Revel, vont lui permettre de trouver la solution grâce aux eaux de la Montagne Noire par une dérivation des rivières Sor et Agout par les seuils de Naurouze et Graissens.

Colbert, séduit par le projet de canal de Riquet, qui pourrait assurer la puissance économique de la France en particulier à l’égard de l’Espagne, fait nommer par le roi Louis XIV et les États du Languedoc, une commission d’experts chargée d’étudier la faisabilité du projet. A l’époque, le réseau des voies de communication entre les deux grandes foires annuelles de Bordeaux et de Beaucaire est en très mauvais état et ce projet arrive au bon moment. Riquet, pour emporter la décision du ministre, décide de faire creuser avec ses propres deniers une rigole d’essai dans la Montagne Noire et jusqu’à Naurouze, montrant ainsi que ce canal ne manquerait pas d’eau.

Pierre Paul RIQUET meurt en 1680 sans voir son ouvrage entrer en fonction. Le canal a bien sûr été modifié au cours du temps. Vauban dés son achèvement apporta certaines modernisations comme par exemple la construction du pont canal de Cesse, ou le tunnel des Cammazes. Un siècle plus tard, il lui fut même greffé une dérivation qui prendra le nom d’embranchement de la Nouvelle. Elle est composée du Canal de la Robine et du Canal de Jonction et se raccorde au Canal du Midi à la hauteur de Port La Robine jusqu’à Narbonne et Port La Nouvelle.

A partir du 19ème siècle, le Canal du Midi va se trouver en concurrence du chemin de fer. En 1838, curieusement, la Compagnie des chemins de fer du Midi se lance dans la construction du Canal Latéral à la Garonne qui sera ouvert à la navigation en 1856 et qui permet ainsi de relier Toulouse à l’Atlantique. Dans un souci de n’avoir qu’un seul gestionnaire, l’empereur Napoléon III confie en 1858 à la Compagnie des Chemins de fer du Midi, dirigée par les frères Pereire, l’administration du canal pour une durée de 40 ans. Si la liaison Atlantique-Méditerranée voulue par Riquet existe enfin, le train s’avère être plus rapide et plus économique. De ce fait, le fret fluvial est en déclin continuel. Petit à petit, la navigation commerciale laisse place au tourisme qui apporte une nouvelle prospérité économique au Languedoc.
Dans les années 1930, la traction hippomobile va être remplacée par des péniches équipées de moteurs. Les Anglais seront les premiers à avoir eu l’idée de réutiliser le canal pour la location de bateau de plaisance. Aujourd’hui, près de 50 000 personnes naviguent à bord de l’un des 450 bateaux de location. L'État est propriétaire du Canal du Midi et de ses berges. Les Voies Navigables de France (VNF) en sont le gérant.


Chiffres clés :
• 15 novembre 1662 : Riquet écrit à Colbert pour lui proposer son projet de canal
• 1662 : Début des travaux de bornage du tracé
• 1666, octobre : Édit de création du Canal signé par le roi Louis XIV
• 1680, 1er octobre : mort de Pierre-Paul Riquet
• 1681 : 15 mai, inauguration du canal
• 1789 : le « Canal Royal en Languedoc » devient le « Canal du Midi »
• décembre 1996 : inscription au patrimoine mondial de l’Unesco
• 14 ans de travaux (1666 – 1680) 12 000 ouvriers et ouvrières
• 240 kilomètres de longueur
• 2 m de profondeur
• 328 ouvrages d’art (dont 63 écluses, 130 ponts, 55 aqueducs, 7 ponts-canaux et 6 barrages)
• 45 000 platanes, cyprès et autres arbres plantés le long des berges.





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