samedi 18 août 2018

Marcher sur des œufs.



La peur qui donne des ailes ! 
 

Voilà une posture qui demande bien des qualités et pose plus de problèmes qu'elle n'en résout. On marche sur des œufs comme d'autres sur des charbons ardents. C'est sans doute une question de génération ; le charbon a été renvoyé dans les oubliettes de l'histoire : il donnait mauvaise mine ! Les œufs ont supplanté le boulet, ils sont sortis de leur coquille, les poules de nos jours pondent au-delà du raisonnable …

Il est certain que le vocabulaire évolue au gré des progrès sociétaux. On peut envisager une étape nouvelle, le nid-de-poule ayant, paraît-il, disparu de notre univers routier. Affirmation bien sujette à caution : on ne circule plus de nos jours sans casser des œufs et épuiser nos amortisseurs. L'état et ses substituts locaux apparemment ne sont plus en capacité d'entretenir le réseau routier, c'est pourquoi sans doute, dans un avenir proche, nous reviendrons à la marche.

Il nous faudra alors marcher sur des œufs en ayant bien soin de séparer la ligne blanche à ne pas franchir, de la ligne jaune qui est passée de mode. La signalétique routière n'a d'autre objet que de transformer la chaussée en patinoire y compris avant que monte la neige au créneau. Le sel qu'on y déverse alors favorisant le travail du pâtissier qui, de Paris à Brest, cherche à obtenir une consistance idoine et une adhésion ad hoc.

Marcher sur des œufs c'est encore faire l'impasse sur la seule question qui vaille dans l'histoire de l'humanité : « Qui de l'œuf ou de la poule a commencé ? ». La réponse soulagerait les défenseurs des animaux qui n'osent imaginer que nous puissions piétiner des poules pour nous donner des ailes. Le foulage de l'œuf devenant alors un pis-aller, une manière de ménager la crémière.

Il est incroyable de penser qu'on peut se prendre de bec quand le simple examen d'une expression ordinaire donne du grain à moudre aux polémiques du moment. On marche sur des œufs, on ne respecte pas la poule et on laisse tranquille le coq qui fait le beau sur le clocher. Il faut admettre qu'en ce lieu, il est à l'abri de nos piétinements intempestifs à moins que les batailles de clocher de l'heure, ne mettent à bas ce perchoir si peu œcuménique !

Des esprits rationnels trouveront mon propos sans queue ni tête. C'est méconnaître la morphologie des gallinacés. C'est la crête rouge de colère que je leur réponds qu'ils feraient mieux de ne pas venir ici brouiller les œufs et ma nécessaire réflexion. S'ils veulent mettre les œufs dans le plat, qu'ils aillent se faire fouetter ailleurs ! Je leur fais d'ailleurs aimablement remarquer que je ne les ai nullement invités à aller se faire cuire un œuf ; la marche serait trop simple pour qui a le mollet souple.

Nous pourrions en venir aux mains. Je me vois leur pocher un œil ou bien le leur mettre au beurre noir. Ils pourraient se retrouver avec un œuf de pigeon sur la tête, toutes choses que je désapprouve. Revenons donc à plus de tranquillité et évitons de nous conduire comme une poule qui a trouvé un couteau. Ne tuons pas ce billet dans l'œuf, il mérite d'éclore au grand jour. Laissons- le se faire aussi gros que le bœuf que je n'ai nulle intention de voler ….

J'en arrive au terme de cette démonstration laborieuse. J'ai pondu un billet dont je n'ai pas à être fier. Inutile de mirer le résultat. Il ne laisse pas passer la lumière ; la fable n'est pas fraîche et l'ampleur de la tâche a étouffé mon ambition dans l'œuf. Je retourne, l'air penaud, à mon point de départ. Je récupère tous mes œufs, les range dans mon panier tout neuf et cesse de me torturer un crâne parfaitement dégarni.

Laissons en paix la poule aux œufs, elle dort en paix ! Fermons l'enclos, le renard pourrait venir nous mettre tous d'accord. Quittons le poulailler sur la pointe des pieds. C'est l'heure de revenir à de plus sages intentions. Chercher du poil aux œufs ne nous a conduits nulle part. Laissons la volaille couver, j'espère que vous n'avez pas gobé cette farce !

Ovulement vôtre.

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