De
l’étable à la scène.
Il
a grandi en Saône et Loire, nul ne peut décider de sa provenance…
C’est pourtant en bord d’Allier, au petit matin naissant, lorsque
la brume enveloppe délicatement la rivière que le garçon me confia
son incroyable aventure. Est-ce parce qu’il venait de briser un
verre rempli de goutte, qu’il put ainsi laisser libre cours à sa
verve ? Je ne le saurai jamais !
À
l’heure où le coq ne chantait pas auprès de la pendule tandis
que trois Jaux donnaient de la voix entre Berry, Bourgogne et
Bourbonnais, un musicien vint me narrer son histoire. Les noceurs de
la Chavannée dormaient encore d’un sommeil lourd de musique et de
belles rencontres, seuls trois hommes s’activaient à la vaisselle.
Florentin profita lâchement sans doute de ma présence pour se
défiler de la corvée et venir me narrer en détails incertains et
vaporeux, le fil de sa vie.
Il
naquit à Roanne, le point de départ du chemin sur l’eau. Son
enfance fut bercée par la musique traditionnelle. Son père jouait
de l’accordéon après avoir débuté au violon. Le jazz manouche
et la java l’ont poussé à explorer les vieux airs d’antan. Il
l’accompagna alors sur ses flûtes puis sa clarinette. Tous les
deux se retrouvèrent sur la musique irlandaise, sans doute plus
entraînante pour le garçon de 12 ans.
Les
bistrots de village constituèrent l’initiation scénique de
Florentin qui avait une attirance toute particulière pour le bar.
Les notes et les verres, lui donnèrent cette envie folle de partager
sa passion avec des gens simples, loin des circuits classiques. Il
écuma les fêtes votives et les comices, les rassemblements et les
impromptus avec les Blue-Shuffles, les Drowsy-Maggy et pour finir
ETC, ayant enfin compris que les anglicismes ruinaient leur
réputation.
Sa
passion pour la nature et les animaux trouva son apogée dans la
rencontre de Virginie avec laquelle les circonstances les poussèrent
à se lancer dans l’expérience de l’élevage de ferrandaises.
Fort d’un petit cheptel, le couple fonda une famille. Deux enfants
naquirent et grandirent parmi la cinquantaine de bêtes à cornes,
jouant dans le foin et s’amusant aux folies de leur père. La
première vache achetée fut attelée et présentée au salon de
l’agriculture ; Josselin et Victor se prirent d’amour pour les
animaux, les tracteurs et la musique.
L’élevage
fut labellisé Bio et Virginie choisit la vente directe pour penser
une autre forme de relation à la consommation. Les difficultés du
métier, les contraintes de l’élevage et la vie les poussèrent à
se séparer tout en conservant une relation dénuée des querelles et
des désagréments des divorce guerriers. Florentin, relut la formule
et sentit la nécessité d’exprimer que c’est en partie
l’impossibilité de se retrouver en musique par les contraintes de
l’élevage qui fut la pierre d’achoppement de son histoire
amoureuse.
Virginie
conserva l’élevage, Florentin continua de l’aider
occasionnellement tout en s’épanouissant musicalement et en
conservant une relation saine avec la mère de ses enfants. C’est
ainsi qu’hier il fit un bœuf nécessairement impromptu, la chose
s’impose pour un éleveur, avec son groupe « Tarafan »
qui propose de la musique Tzigane.
Avec
ce groupe, ils écument les fêtes à boudins, jouent parmi les
odeurs de frites et ont souvent un verre de bière à la main. La
bohème en somme après les bottes de foin et la fourche chaque matin
et chaque soir. Florentin retrouve ainsi sa liberté tout en pouvant
aller jusqu’au bout de projets comme cette résidence d’artistes
dans un lieu de création nommé « La Ferme » entre
Roanne et Lyon, gérée par la Comcom du pays entre Loire et Rhône.
À
cette occasion la mise en scène du spectacle 2018 du groupe Tzigane
a été élaborée. Je ne peux que vous conseiller de les contacter
pour profiter à votre tour de ce bonheur exotique et du sourire
enjôleur d’Émilie, la chanteuse accordéoniste. La formation est
composée de Sandrine à la contrebasse, Serge à l’accordéon,
Doudou à la guitare chant, Joseph à la batterie, et Florentin à la
clarinette ou aux flûtes.
La
soirée s’est terminée fort tard, la narration de Florentin s’en
ressent ce matin. Ce récit, quelque peu découpé, manque certes de
ligne narrative mais qu’importe. La bonne humeur et le sourire sont
au rendez-vous de cette confession matinale qui mérite votre
absolution. Une petite gnole nous servira d’eucharistie. Nous
allons passer une excellente journée.
Mélodieusement
vôtre.
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