Le
rejet de l'écologie
J'ai
pu constater une fois de plus combien l'écologie pouvait déclencher
de haine et de propos absurdes, de mépris et de remarques délirantes
lors d'un récent billet. Il y a là un fait qui se systématise, une
pratique concertée pour abattre un message que beaucoup ne veulent
pas entendre. Trop gênant, trop pertinent, trop accusateur, trop
culpabilisant.
C'est
comme-ci les batailles idéologiques de notre siècle dernier avaient
figé le champ des possibles. Le libéralisme est sorti vainqueur et
s'imagine gouverner le monde jusqu'à sa fin prochaine qu'il va
contribuer joyeusement à accélérer. On tolère d'un regard
tendrement bienveillant les avatars du communisme, souvent mâtinés
d'une grosse dose de libéralisme. On laisse place au nationalisme,
sans trop oser s'opposer à cette folie sans issue.
Mais
tous les boucliers se lèvent dès que l'écologie pointe son nez
comme système cohérent et global pour penser le Monde. Là, pas de
pitié, toutes les moqueries, tous les poncifs délirants, toutes les
images archaïques sont sortis avec une jouissance rare. Vous avez
droit à l'âge de pierre, la bougie et le refus de toute modernité.
Vous êtes insulté, montré du doigt, ridiculisé par des arguments
délirants.
L'écologie
doit remuer bien des mauvaises consciences pour être ainsi en ligne
de mire de toutes les intolérances politiques. Il est difficile
d'avoir raison contre tous, de dire ce que personne ne veut entendre,
de demander un effort qui mettrait en cause un confort factice qui
nous conduit tout droit à la catastrophe !
Plus
les évidences crèvent les yeux, plus la Planète se détériore,
plus le système devient incontrôlable, plus le discours écologique
est rejeté avec une énergie du désespoir qui ne fera jamais
tourner la moindre Centrale, ni la plus petite éolienne. Pas
question de se rendre à l'évidence, les moqueurs tournent le dos
aux données objectives et se persuadent que rien n'est vrai, que
tout peut encore être régulé par les progrès de la science.
Bien
sûr, cette doctrine humaniste est largement victime de ses têtes de
gondoles. Les leaders des mouvements verts se distinguent par leur
division, leur capacité à retourner leur veste et leurs convictions
pour obtenir des postes ou des sièges, par l'habitude qu'ils ont du
prendre de franchir les limites de la légalité. Chaque fois, ils
sont cités en contre exemple pour décrédibiliser l'idéologie de
la vie. Comme si tous les margoulins des autres obédiences
n'existaient pas !
Puis,
il y a ce raccourci repoussant, ce vocable qui range définitivement
l'écologie au rang des propositions sectaires : « Écolos ! »
Ceux-là sont rayés de la carte des gens fréquentables, ils sont
vilipendés pour leur mode de vie, leurs pratiques extrémistes,
leurs excès de toute nature. Ils sont paradoxalement le paradigme de
la pensée.
Se
prétendre de cette philosophie politique c'est automatiquement être
comparé à cette franche marginale qui pousse les principes dans des
zones qui ne sont pas acceptables pour les braves citoyens, attachés
à leur confort et à un train de vie chèrement obtenu. Et là, quel
bonheur de pouvoir se servir de ces repoussoirs absolus. La
marginalité est pointée du doigt, dénoncée, porteuse de tous les
fantasmes.
Pourtant,
l'écologie ce n'est pas ça, ce n'est pas non plus les
gesticulations des élus de la cause qui semble avoir renié leurs
convictions pour entrer au gouvernement ( à moins qu'ils ne rejouent
la fable du cheval de Troie ). C'est une pensée nouvelle qui
suppose de revoir radicalement notre mode de vie, nos méthodes de
production, les échanges mondiaux, les transports, les priorités
pour la recherche (oui, le progrès est aussi écologique), le rôle
des citoyens, la démocratie participative, les systèmes économiques
fondés sur d'autres principes que la folie actuelle… C'est une
pensée cohérente bien loin des caricatures dans lesquelles votre
peur et votre mauvaise confiance nous enferment. Ouvrez les yeux !
Écologiquement
vôtre.
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