jeudi 6 février 2020

La peur face à l'urgence.


Le rejet de l'écologie




J'ai pu constater une fois de plus combien l'écologie pouvait déclencher de haine et de propos absurdes, de mépris et de remarques délirantes lors d'un récent billet. Il y a là un fait qui se systématise, une pratique concertée pour abattre un message que beaucoup ne veulent pas entendre. Trop gênant, trop pertinent, trop accusateur, trop culpabilisant.

C'est comme-ci les batailles idéologiques de notre siècle dernier avaient figé le champ des possibles. Le libéralisme est sorti vainqueur et s'imagine gouverner le monde jusqu'à sa fin prochaine qu'il va contribuer joyeusement à accélérer. On tolère d'un regard tendrement bienveillant les avatars du communisme, souvent mâtinés d'une grosse dose de libéralisme. On laisse place au nationalisme, sans trop oser s'opposer à cette folie sans issue.

Mais tous les boucliers se lèvent dès que l'écologie pointe son nez comme système cohérent et global pour penser le Monde. Là, pas de pitié, toutes les moqueries, tous les poncifs délirants, toutes les images archaïques sont sortis avec une jouissance rare. Vous avez droit à l'âge de pierre, la bougie et le refus de toute modernité. Vous êtes insulté, montré du doigt, ridiculisé par des arguments délirants.
L'écologie doit remuer bien des mauvaises consciences pour être ainsi en ligne de mire de toutes les intolérances politiques. Il est difficile d'avoir raison contre tous, de dire ce que personne ne veut entendre, de demander un effort qui mettrait en cause un confort factice qui nous conduit tout droit à la catastrophe !

Plus les évidences crèvent les yeux, plus la Planète se détériore, plus le système devient incontrôlable, plus le discours écologique est rejeté avec une énergie du désespoir qui ne fera jamais tourner la moindre Centrale, ni la plus petite éolienne. Pas question de se rendre à l'évidence, les moqueurs tournent le dos aux données objectives et se persuadent que rien n'est vrai, que tout peut encore être régulé par les progrès de la science.

Bien sûr, cette doctrine humaniste est largement victime de ses têtes de gondoles. Les leaders des mouvements verts se distinguent par leur division, leur capacité à retourner leur veste et leurs convictions pour obtenir des postes ou des sièges, par l'habitude qu'ils ont du prendre de franchir les limites de la légalité. Chaque fois, ils sont cités en contre exemple pour décrédibiliser l'idéologie de la vie. Comme si tous les margoulins des autres obédiences n'existaient pas !

Puis, il y a ce raccourci repoussant, ce vocable qui range définitivement l'écologie au rang des propositions sectaires : « Écolos ! » Ceux-là sont rayés de la carte des gens fréquentables, ils sont vilipendés pour leur mode de vie, leurs pratiques extrémistes, leurs excès de toute nature. Ils sont paradoxalement le paradigme de la pensée.

Se prétendre de cette philosophie politique c'est automatiquement être comparé à cette franche marginale qui pousse les principes dans des zones qui ne sont pas acceptables pour les braves citoyens, attachés à leur confort et à un train de vie chèrement obtenu. Et là, quel bonheur de pouvoir se servir de ces repoussoirs absolus. La marginalité est pointée du doigt, dénoncée, porteuse de tous les fantasmes.

Pourtant, l'écologie ce n'est pas ça, ce n'est pas non plus les gesticulations des élus de la cause qui semble avoir renié leurs convictions pour entrer au gouvernement ( à moins qu'ils ne rejouent la fable du cheval de Troie ). C'est une pensée nouvelle qui suppose de revoir radicalement notre mode de vie, nos méthodes de production, les échanges mondiaux, les transports, les priorités pour la recherche (oui, le progrès est aussi écologique), le rôle des citoyens, la démocratie participative, les systèmes économiques fondés sur d'autres principes que la folie actuelle… C'est une pensée cohérente bien loin des caricatures dans lesquelles votre peur et votre mauvaise confiance nous enferment. Ouvrez les yeux !

Écologiquement vôtre.



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