samedi 8 février 2020

La fille du voiturier


Née sur la rivière

 

Je suis née sur la rivière
Moi fille d'un grand voiturier
J'ai grandi sur la charrière
Avant de partir naviguer
La mère m'a confiée au père
J'étais encore écolière
Je suis devenue son compère
Quand j'ai ôté ma brassière

Ainsi devenue son garçon
Un gamin, un tout petit mousse
M'activant partout sur le pont
Je voulais oublier mes frousses
Gabier souple et attentif
Poussé par le vent de Galerne
À la bourde toujours actif
Lorsque les voiles sont en berne
Les années allant l'une l'autre
À mon tour j'ai tenu la piautre
J'étais alors second du père
Ce garçon dont il était fier
Était sa fille bien-aimée
Pour nous seuls était le secret
Car sur tous les bateaux d'alors
Nulle femme n'était à bord

Puis un jour maudit entre tous
Mon père se noya sans rescousse
Un sournois passage de pont
Un choc violent le mit au fond
Nous étions tous si affairés
Nul ne put alors le sauver
Car c'est la règle à notre bord
La manœuvre ou hélas la mort
A mon tour j'avais pris sa suite
Devenant facteur émérite
L'équipage me croyait homme
Je tenais bien ma place en somme
Acceptant cette comédie
Car naviguer était ma vie
Jusqu'au jour où dieu quelle histoire
Je me retrouvai dans la Loire

Mes formes me trahirent enfin
La femme était donc ce marin
Qui conduisait son équipage
Sans jamais risquer le naufrage
Sachant désormais ma valeur
Mes hommes me firent l'honneur
De me conserver à leur tête
Ma victoire fut cette conquête !
J'ai grandi au fil du courant
Moi fille d'un grand voiturier
Qui ai pris en mains un Chaland
Sur la Loire j'ai navigué
Première femme à ce bord
Sans plus faire de manières
On me respecte en tous les ports
Je suis devenue marinière


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