Surtout
pas le chariot à roulettes.
Je
suis né sur un marché. La chose peut paraître extraordinaire voire
tout à fait improbable aux moins de cinquante ans. Mais je vous
parle d'une époque où quelques femmes encore donnaient naissance à
leur enfant, chez elles, en toute simplicité. Je naquis ainsi
Boulevard du Champ de Foire, qui, comme son nom l'indique,
accueillait une fois par mois la foire au cochon et tous les lundis,
un des plus grands marchés de la région.
Curieusement,
je vis assez longtemps d'un mauvais œil cette invasion de mon espace
de jeu, de ma grande place où je pouvais tout à loisir jouer sans
vraiment craindre les autos. Mais le lundi, pas question, le
boulevard était envahi par des roulottes, des camions, des stands de
toutes tailles. Le marché installait pour la journée, ses couleurs
et sa foule.
Il
faut reconnaître que je n'avais pas la meilleure part sur mon espace
personnel. Il y avait là bazar à n'importe quoi, chaussures
improbables, blouses et robes au mauvais goût certain, babioles
impossibles et autres objets aussi hétéroclites qu'inutiles. Il me
fallait pousser sur l'autre place pour avoir la partie alimentaire,
ce qui explique sans doute que pendant quelque temps, je boudai ces
rassemblements forains si envahissants.
Depuis,
j'avoue une passion toute particulière pour le marché alimentaire.
Je ne conçois pas de me fournir ailleurs en produits frais. Je ne
manque jamais l'occasion de traîner mes guêtres en ce lieu et ce
fut celui de Mimizan Bourg qui eut l'honneur de recevoir ma visite.
Il
y eut tout d'abord la surprise de voir tant de monde alors que
pendant cette semaine de mauvais temps, nous n'avions vu que bien peu
de monde. Mais ici, comme partout ailleurs, le marché demeure le
grand rendez-vous des autochtones auxquels viennent se mêler tous
ceux qui passent par là.
C'est
une tradition si ancrée dans les gènes que, dans ma petit ville, il
se disait que les paysans d'alentour étaient venus malgré les
bombardements de l'époque. Vendredi dernier, Mimizan, il devait en
être pareillement. C'était la foule des grands jours, d'autant plus
que les premiers rayons de soleil de la quinzaine perçaient la
grisaille de cette triste période pascale !
Je
fus assez mal à l'aise car c'est un marché tout venant. Le vêtement
incertain côtoie l'étal du maraîcher. Le stand du vendeur de
l'outil ménager extraordinaire est juste à côté du producteur de
foie gras. C'est un joli méli-mélo de couleurs et d'odeurs, de
formes et méformes. J'aime l'unité des marchés paysans et je ne
goûte guère au capharnaüm sans unité.
Il
y avait de tout et il était bien difficile de s'y retrouver entre
revendeurs et producteurs, marchants occasionnels et artisans de
bouche. C'est pourtant là le plaisir de la recherche, l'aventure
gourmande du marché. On peut tout aussi bien tomber sur des
merveilles comme sur des horreurs. Il faut veiller au grain et avoir
un peu de chance ou de nez. Nul n'est à l'abri de la mauvaise
surprise ou du bagout d'un fripon.
Nous
trouvâmes cependant de quoi dépenser notre argent. Avons nous
obtenue notre comptant, c'est une autre histoire. Il y va de nos
marchés de France comme de la loterie, le gros lot n'est jamais
certain. Il faudrait pour le moins qu'on nous propose affichage pour
identifier le producteur du revendeur, le fabriquant du simple
détaillant.
Mais
là encore, il se trouve quelques gredins qui s'affirment producteurs
et n'hésitent pas à proposer des ananas sans que certains ne s'en
étonnent. Mais ce sont là les joies de la chose marchande, rouler
le client est un sport national et il faut l'encourager autant que
possible. Je vous fait grâce des menus détails, chacun met dans son
panier ou son cabas ce qui lui plait, mais de grâce, évitez de
causer au milieu de l'allée avec vos chariots à roulettes !
Forainement vôtre.
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