lundi 10 février 2020

Le cabas ou le panier …



Surtout pas le chariot à roulettes.




Je suis né sur un marché. La chose peut paraître extraordinaire voire tout à fait improbable aux moins de cinquante ans. Mais je vous parle d'une époque où quelques femmes encore donnaient naissance à leur enfant, chez elles, en toute simplicité. Je naquis ainsi Boulevard du Champ de Foire, qui, comme son nom l'indique, accueillait une fois par mois la foire au cochon et tous les lundis, un des plus grands marchés de la région.

Curieusement, je vis assez longtemps d'un mauvais œil cette invasion de mon espace de jeu, de ma grande place où je pouvais tout à loisir jouer sans vraiment craindre les autos. Mais le lundi, pas question, le boulevard était envahi par des roulottes, des camions, des stands de toutes tailles. Le marché installait pour la journée, ses couleurs et sa foule.

Il faut reconnaître que je n'avais pas la meilleure part sur mon espace personnel. Il y avait là bazar à n'importe quoi, chaussures improbables, blouses et robes au mauvais goût certain, babioles impossibles et autres objets aussi hétéroclites qu'inutiles. Il me fallait pousser sur l'autre place pour avoir la partie alimentaire, ce qui explique sans doute que pendant quelque temps, je boudai ces rassemblements forains si envahissants.

Depuis, j'avoue une passion toute particulière pour le marché alimentaire. Je ne conçois pas de me fournir ailleurs en produits frais. Je ne manque jamais l'occasion de traîner mes guêtres en ce lieu et ce fut celui de Mimizan Bourg qui eut l'honneur de recevoir ma visite.

Il y eut tout d'abord la surprise de voir tant de monde alors que pendant cette semaine de mauvais temps, nous n'avions vu que bien peu de monde. Mais ici, comme partout ailleurs, le marché demeure le grand rendez-vous des autochtones auxquels viennent se mêler tous ceux qui passent par là.

C'est une tradition si ancrée dans les gènes que, dans ma petit ville, il se disait que les paysans d'alentour étaient venus malgré les bombardements de l'époque. Vendredi dernier, Mimizan, il devait en être pareillement. C'était la foule des grands jours, d'autant plus que les premiers rayons de soleil de la quinzaine perçaient la grisaille de cette triste période pascale !

Je fus assez mal à l'aise car c'est un marché tout venant. Le vêtement incertain côtoie l'étal du maraîcher. Le stand du vendeur de l'outil ménager extraordinaire est juste à côté du producteur de foie gras. C'est un joli méli-mélo de couleurs et d'odeurs, de formes et méformes. J'aime l'unité des marchés paysans et je ne goûte guère au capharnaüm sans unité.

Il y avait de tout et il était bien difficile de s'y retrouver entre revendeurs et producteurs, marchants occasionnels et artisans de bouche. C'est pourtant là le plaisir de la recherche, l'aventure gourmande du marché. On peut tout aussi bien tomber sur des merveilles comme sur des horreurs. Il faut veiller au grain et avoir un peu de chance ou de nez. Nul n'est à l'abri de la mauvaise surprise ou du bagout d'un fripon.

Nous trouvâmes cependant de quoi dépenser notre argent. Avons nous obtenue notre comptant, c'est une autre histoire. Il y va de nos marchés de France comme de la loterie, le gros lot n'est jamais certain. Il faudrait pour le moins qu'on nous propose affichage pour identifier le producteur du revendeur, le fabriquant du simple détaillant.

Mais là encore, il se trouve quelques gredins qui s'affirment producteurs et n'hésitent pas à proposer des ananas sans que certains ne s'en étonnent. Mais ce sont là les joies de la chose marchande, rouler le client est un sport national et il faut l'encourager autant que possible. Je vous fait grâce des menus détails, chacun met dans son panier ou son cabas ce qui lui plait, mais de grâce, évitez de causer au milieu de l'allée avec vos chariots à roulettes !

Forainement vôtre.


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