mercredi 6 novembre 2019

Quand on n'a que le vent !



Souffler n'est pas jouer …



Quand on n'a que le vent
Pour aller de l'avant
L'espace d'un instant
Ou encore plus longtemps
Quand on n'a que la voile
Pour suivre notre étoile
Un rêve qu'on dévoile
Au milieu de la toile



Et si la chanson ne nous disait pas tout ? Le vent souffle et il n'est pas toujours très bon. Ces jours-ci bien des vents mauvais nous viennent de par le monde ; ils attisent les braises de nos discordes, ils soufflent plus souvent le chaud que le froid et laissent les corps meurtris, disloqués, effondrés sur les plages ou contre les rochers, sur le sable du désert ou bien au fond de la mer.

C'est le vent de la défaite, défaite de la raison, de l'humanité, de la générosité et même de toutes les civilisations. Les barbaries ont repris le dessus : celle des fous de Dieu comme celle des nationalismes au pied de l'arbre, creusant pour découvrir une souche qui n'est sans doute pas la leur, tel ce Hongrois pathétique qui donne dans la surenchère haineuse pour s'assurer une réélection espérée.

C'est le vent de la tempête que des rafales vont déclencher, une fois encore, sans mesurer quelles en seront les conséquences. On s'agite, on fait du vent pour attester d'une capacité à prendre des décisions ; qu'importe si elle est à courte vue, sans effet réel et sans aucune efficacité. L'image, désormais il n'y a plus que ça qui compte pour gouverner en tentant désespérément de suivre le mouvement des girouettes.

Le vent de la fronde n'est pas encore pour demain. Tels de pauvres fétus de paille, les citoyens se laissent mener par le bout du nez et du cœur, ne raisonnent plus, ne cherchent pas à se faire une opinion, confondant l'impression immédiate qu'ils expriment à longueur de sondage, et la réflexion étayée qui devrait constituer une pensée mûrement établie. Ils sont ballottés au gré des images, des manipulations, des drames et des mouvements de sympathie dans un tourbillon délirant qui ne fait que tourner en rond.

Le vent de l'exaspération pousse les plus fragiles vers des idées dévastatrices, simplistes et illusoires. Comment le leur reprocher ? ils sont désorientés, perdus et oubliés sur le chemin de la croissance. Seuls quelques-uns ont le vent dans les voiles et les bourses pleines ; ceux-là ne manquent pas d'air : moins d'un pour cent de la population détient plus de cinquante pour cent des richesses de cette planète : tout va bien pour eux quand les autres sont dans la plus effroyable patouille.

Le vent du boulet, qui peut maintenant se garantir contre lui ? La menace est partout, chez vous, dans la rue, au travail. Le souffle de l'explosion, le rugissement de la haine, les rafales de la mitraillette : tout est désormais possible et nulle manche à air ne vous préviendra d'où vient la menace. Vous êtes cernés, nous sommes tous dans l'œil du cyclone !

Le vent est partout contraire comme s'il voulait opposer les uns contre les autres, provoquer cet immense cataclysme des civilisations. Plus rien n'a de sens, ni Dieu, ni l'économie, ni la politique réduite au choc des ambitions personnelles ni la philosophie réservée aux petits coqs vaniteux en chemise blanche. Tous de s'agiter, de faire autour d'eux de pauvres courants d'air, pas même des courants d'opinion : ce serait bien trop difficile pour eux qui n'ont plus que des envies à la place d'un projet entraînant le monde derrière leur sillage.

C'est un vent à décorner les bœufs, à souffler les ânes, à abattre les citadelles, qui souffle actuellement. C'est un souffle divin, qui vient des enfers, le prochain déluge sera provoqué par Eole à n'en point douter. Il rallume les braises, il embrase les cœurs, il consume nos espérances et nos rêves. Le diable est sans doute de la partie ; ces flatulences sentent la charogne et la décomposition de notre civilisation. Ses vents balaient tout sur leur passage !

Ne croyez pas que ce n'est qu'un vent du désert, une tempête de sable qui retombera bien vite. Le mal est plus profond, le dérèglement climatique fait en sorte que plus rien n'est désormais circonscrit en une région du monde. Vous n'êtes plus à l'abri, vous serez également les victimes. Si le vent a changé, c'est simplement de nature : il est mortifère, il est chevalier de l'apocalypse.

Le vent désormais nous cingle, nous frappe, nous gifle, nous flagelle, nous fouette, nous bat, nous abat. Les chênes et les roseaux subiront le même sort : le déracinement d'abord, la dispersion ensuite, l'anéantissement de tout pour finir. Il n'est que temps de réagir, le navire qui sera jeté sur la côte, ce n'est pas celui de quelques malheureux emportés par la tourmente, c'est le nôtre ! Les voiles déchirées, la coque percée, les rêves effacés, l'espoir anéanti, les survivants du désastre ne seront alors que quelques-uns.

Et si nous soufflions enfin le vent de l'espérance sans faire appel à Dieu et à ses sbires, au diable et à ses représentants. Si seulement les humains de bonne volonté acceptaient enfin de se donner la main ? Seuls les rêveurs et les poètes peuvent changer le monde, ne l'oubliez jamais. Nez et cheveux au vent, suivez-les et tournez le dos à tous les boutefeux de ce monde.

Venteusement vôtre.



Quand on a que le vent ! 

 

Quand on a que le vent
Pour aller de l'avant
L'espace d'un instant
Ou encore plus longtemps
Si tu n’as que la voile
Pour suivre une étoile
Un rêve qu'on dévoile
Au milieu de la toile


Ami prends un refrain
Et deviens son marin
Frappe le tambourin
Jusqu'au bout du chemin
Ami prends des couplets
Et ton ukulélé
Fais toi marinier
Pour nous faire chanter


Si tu n’as qu'une chanson
Pour brandir son blason
L'espace d'un frisson
Du petit moussaillon
Si tu n’as que l'espoir
Pour voguer sur la Loire
Rédiger des histoires
Sur une belle écritoire

Refrain

Quand on a que des fables
Pour taquiner le diable
Et se faire aimable
Quand elle est navigable
Si tu n’as que ses mots
Pour unique bateau
Pour combattre les maux
De tous les matelots

Refrain

Si tu n’as que la voile
Pour suivre une étoile
Un rêve qu'on dévoile
Au milieu de la toile
Si tu n’as que le vent
Pour aller de l'avant
L'espace d'un instant
Ou encore plus longtemps

Refrain





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