Nul
ne se vantait de ce qu'il allait faire bien que chacun pût deviner
ses intentions.
« Vous
qui venez ici dans une humble posture de vos flancs
alourdis décharger le fardeau, veuillez quand vous aurez
soulagé la nature et déposé dans l’urne un modeste cadeau,
épancher dans l’amphore un courant d’onde pure et sur
l’autel fumant placer pour chapiteau cet austère couvercle
dont l’auguste jointure aux parfums indiscrets doit
servir de tombeau » Musset.
« J'avais
pensé un moment percer un cœur dans la porte de la cabane de jardin
mais de vieux souvenirs sont remontés à la surface .... »
« Chez notre voisin, dont la maison servait jadis d'école,
l'étage étant réservé à l'instituteur.
Un
instituteur avait écrit au crayon de papier, sur le mur du
"cabinet", d'une magnifique écriture :
"Celui qui, de
ses mains bâtit ce lieu d'aisance
fit
plus pour l'être humain que Doumergue pour la France" »
« Vous
avez oublié le pot de chambre ! Très utile
à partir du crépuscule.
Plus
besoin d’affronter ces bruits inquiétants de la nuit.
Ce
message puissant de la chouette effraie qui glace le sang et bloque
le rectum.
Vous
avez aussi oublié la honte « d’y aller » en plein jour
et au regard de tous et surtout des filles. »
« Ah,
le fameux monstre des cabinets ! Je suis de ceux dont la fratrie
se délectait à désigner cette hantise programmée avant
chacun de mes passages vers l’endroit fatidique (heureusement
d’ailleurs que les lieux d’aisance dans mon cas n’étaient pas
en plus à 200 m du domicile principal !) : une peur dont
je ne fus donc pas seul à souffrir, cela me rend tout d’un coup
fort aise, merci. »
« Je
me souviens que nous avions des seaux. Je me rappelle encore le bruit
de cascade quand je me soulageais ainsi. Chez nous, le tas de fumier
était en dessous d'une fenêtre. Les seaux étaient vidés par la
fenêtre sans que personne ne s'en étonne. C'est ainsi que l'on
faisait depuis toujours. »
« Ce
billet soulage dans les 2 sens du terme ...en effet quelques
souvenirs ! pas facile de se libérer dans ces conditions ! fesses en
l'air pour ne pas se poser par peur de tomber dans le trou, yeux
fermés pour oublier l'endroit , nez bouché pour éviter les odeurs
et souvent une main pour chasser les mouches ! pas facile facile
!!! »
« Avant
la guerre, gamin, j'étais en vacances chez ma grand' tante Marie,
qui habitait Tarnac (depuis devenue célèbre...). La cabane au fond
du jardin débouchait (si j'ose...) sur la rivière, et je redoutais
toujours de voir la planche percée basculer...
Un
soir, j'y vais, et sur le toit un énorme chat aux oreilles
surmontées d'un toupet me fixait. Qui a eu le plus peur des deux? on
a détalé en sens inverse. De retour à la maison, je raconte...et
la tata Marie me dit :"Pas besoin d'avoir peur. T'avais
jamais vu un lynx?" Je ne crois pas que beaucoup de Français
encore vivants aient vécu une telle expérience...encore que le lynx
soit aujourd'hui "espèce protégée"... »
« Pour
en revenir à votre billet, quand j'étais mariée, la famille de mon
ex vivait dans une ferme en Normandie. La cabane était tout au fond
du jardin, pratique en temps de pluie et de nuit... Et surtout, à
côté, dans le pré, les vaches curieuses passaient la tête dans la
porte qu'on laissait ouverte. La haie était basse et les vaches
particulièrement curieuses. En plein jour c'était pas grave, mais
de nuit... Frayeur assurée »
« Chez
ma grand-mère qui habitait dans le vieux Tours, il y avait un seul
WC à la turque au rez de chaussée, sous l'escalier. Tous les
locataires disposaient de ce merveilleux seau émaillé de couleur
bleu avec son couvercle assorti. Le matin, c'était la ronde pour
vider son contenu. »
« Chez
mes grands-parents et d'ailleurs dans tout le village , tout le monde
allait au fond du jardin mais il n'y avait pas de cabane ! »
« Des
souvenirs oui j'en ai : à "la maison" un préfabriqué à
coté de la boutique, la cuisine, derrière un hangar au bout du
hangar les"chiottes" une planche, un trou, un seau à vider
sur le fumier au fond du jardin, c'était ça le plus "chiant"
… Plus tard dans les années 70 j'ai vécu dans une vieille maison
en Creuse et là ça rejoint ta description sauf que pour attraper le
seau il fallait se mettre à plat ventre entre le fumier et la cabane
et surtout ne pas oublier de le faire car si on l'oublie il est trop
plein et qui dit trop plein dit déborde sur les mains , les bras et
j'en passe ...c'est bizarre pas de mauvais souvenirs, c'était comme
ça … »
« Point
de cabane lors des semaines en forêt avec les "gradés"....!
un simple trou et du grésil pour "assainir"....! quant au
journal ....la feuille des arbres faisait affaire....! peu romantique
comme souvenir mais la devise était "chie dur, chie mou, mais
chie dans le trou...." »
« Très
peu de souvenirs mon ami, ayant été en pension dès l'âge de 6
ans, il y avait là-bas des commodités modernes .... J'ai malgré
tout souvenir d'avoir usé de ces cabanes, souvenir très vague mais
chose étrange votre description des sensations éprouvées à vous
et nos amis me sont familières ! J'ai des flashs de cette angoisse,
de l'odeur, des mouches .... Ce que j'éprouve est très bizarre une
sensation de connu, de vécu mais très vague ! »
« Cet
édifice branlant ornait mon jardin quand je suis arrivé ici et il
était utilisé.....jusqu'au jour où ma compagne a été surprise
(horrifiée même) de constater que le lieu était squaté par une
magnifique couleuvre....la sortie en catastrophe (culotte aux genoux)
a été assez croquignolesque .»
« Sans
oublier l'édicule dans lequel Michel GALABRU dérivait sur un
cours d'eau car , pour des raisons pittoresques , " sa cabane du
fond du jardin " se retrouva embarquée à l' arrière d'une
embarcation genre futreau de Loire . L' auriez - vous secouru dans de
telles circonstances ? »
« Chez
moi, à Nice, on appelle ça un « cagadou ».
Une cabane au dessus d'un torrent, je me souviens du
grondement effrayant de l'eau, avec la peur de je ne sais quelle
chute ! »
« Billet
quelque peu trivial, mais toujours d’époque.
Je me souviens
bien des « cabinets » de ma grand-tante, posés sur un
petit torrent, Royo comme on dit chez moi dans les Hautes Vosges.
C’était nickel, mais même en été, on ressortait de là les
fesses gelées, tant l’air venant du torrent était froid ! »
« Allez
vous balader sur la mer de glace et remontez le glacier de Léchaux
rive droite, face aux grandes Jorasses, jusqu'au refuge du même nom,
du type "boîte de jambon" retenue à la paroi par des
câbles. Pendant que vous y êtes, allez donc aux toilettes, de
préférence l'après midi pour voir le papier remonter jusqu'au
plafond à chaque tentative de le jeter dans le trou... qui conduit
toutes les "matières lourdes" vers le glacier. Ramuz a
raison : "la pensée remonte les fleuves" et le vent
remonte les vallées l'après midi... »
« Ça
me fait penser à un passage d'un bouquin : "Tziganes" de
Jan Yoors. Il y était dit que les Roms Lovara trouvaient indécent
d'avoir des toilettes, car quand quelqu'un s'y rendait, tous les
autres savaient ce qu'il allait y faire alors que cela relevait
de la plus grande intimité. Eux allaient philosopher dans la nature,
en partant comme pour n'importe quelle autre balade. »
« Quelques
rochers en croissant de lune vous dissimulaient du refuge. Un simple
trou avec un spectacle à vous donner le vertige. Le lac de
Serre-Ponçon s'offrait à votre admiration. Perché à 2 200 mètres,
vous étiez maitre du monde, le pantalon en bas des jambes. Votre
dépôt terminé, il fallait brûler le papier, ce qui n'était pas
une mince affaire avec le vent qui soufflait en cet endroit. »
« Je
m’en souviens
aussi...
Mais nul mystère, dans la cabane près de la ferme :
un petit ruisseau coulait sous le siège, qui enchantait les oreilles
du résident temporaire.
Les canards, à la sortie, faisaient le
ménage...Recyclage assuré !
On prenait son temps et on
s’instruisait : lecture du journal local, de Spirou.
On
échappait aussi pour un temps à la surveillance parentale. »
« Dans
mon enfance, nous avions aussi un petit coin au fond de la propriété,
tout près du tas de fumier, dont mon père se servait pour le
jardin. Des couches de papier de toutes sortes étaient accrochées à
l’une des parois, et des toiles d’araignées tapissaient le
plafond.
Mais ce petit coin servit aussi à autre chose.
Comme
il y avait un vieil arbre couvert de lierre à proximité, mon père,
les jours d’hiver, se mettait « à l’espère » dans
le cabinet, son fusil à portée de la main. Il était ainsi protégé
du froid, et pouvait surveiller merles et grives venant déguster les
graines.
Enfant, j’arrivais en courant, comme tous les
enfants. Voyant mon père installé avec son fusil, je disais « papa,
ça presse, vite » et il sortait en rouspétant que j’avais
fait fuir les oiseaux.
»
« Et
y’avait même pas besoin de mettre une pièce pour que la porte
s’ouvre et se ferme ?
De quoi rendre JC. Decaux malade
! »
« L'épandage
aussi m'a marquée. Production collective qui rapproche l'humain de
la terre dont il est issu et à laquelle il est censé retourner un
jour... Je me souviens d'un oncle à la manœuvre, qui crachait dans
ses mains avant d'étaler le limon au bout de la fourche... Devant
mes yeux d'enfants horrifiés (je restais à distance comme quand on
tuait une poule ou un lapin), il clamait qu'il n'y avait pas mieux,
qu'on récolterait les meilleurs légumes la saison suivante »
« Chez
mon grand-père c’était très étudié !
En amont (la
maison était sur une pente) le tas de fumier. L
es liquides (pluie
polluée) partaient dans une canalisation à 1 m de la surface.
Cette canalisation traversait un petit bâtiment : dans l’ordre
-
poulailler : une petite pièce
-
cages à lapins
-
une petite pièce
- coin wc avec siège percé en bois, journaux
accrochés à la cloison. Cette troisième pièce outre la cabane wc
contenait un ’bloc" pour casser le bois, un petit stock de
bois cassé pour allumer le feu, le matériel pour tuer et dépouiller
les lapins et plumer les poules.
Après avoir traversé la cour, la
canalisation récupérait le purin de l’étable et terminait par
une fosse devant le logement du cochon ! »
« J’ai
connu ça dans ma jeunesse en Touraine, les pages de journal coupées
en 4 directement
attachées
avec une ficelle sur une paroi . La cabane était directement au
dessus du trou où l’on mettait le fumier des lapins, des poules et
des oies, le broc d’eau servait à la maturation du tout !
La nuit, nous allions nous coucher avec le seau hygiénique dans des
lits sans draps de dessus, juste un édredon en plume d’oie fait
par ma grand mère. Dans mon chalet, j’ai des WC chimiques mais
j’ai gardé la cabane originelle sur le terrain et chaque fois que
je passe devant je me souviens comme ma jeunesse est loin
désormais... »
« Chez
nous, nous avions les WC dans la maison. Invité chez un lointain
cousin alsacien dans les années 55, je fus pris d'une envie subite.
J'ai dû me rendre dans la cabane que ma tante avait désignée comme
étant l'endroit que je cherchais. Pas de lumière en ce lieu et pas
de lampe de poche pour cette aventure nouvelle, pour moi. Je
cherchais le fameux trou à l'aveuglette et j'ai fini par uriner là
où j'estimais viser juste. Ça éclaboussait un peu ! Le lendemain,
je suis revenu au grand jour sur le lieu de mes exploits. J'ai
aspergé le couvercle ! »
« Chez
nous, en Berry, la cabane était au fond de la cour, derrière les
clapiers à lapins. La nuit, les lapins faisaient grand bruit. Nous,
les enfants, étions effrayés par ce vacarme. Le produit de nos
entrailles tombait dans une grande casse (marmite en fonte de 100
litres de contenance). Quand celle-ci menaçait de déborder, il
fallait la charger sur une brouette pour aller la vider dans le
jardin distant d'un bon kilomètre. Nous traversions le village dans
ce bel équipage. Un jour, l'oncle alors âgé de 16 ans, ayant sans
doute mieux à faire voulut s'acquitter de sa corvée avec
empressement. Ce qui devait arriver, survint pour sa plus grande
honte, la casse chut de la brouette et se renversa au beau milieu de
la rue centrale qui par bonheur était en pente. L'oncle se prit une
avoinée mémorable et s'en est allé sans rien ramasser. Les gens du
bas de la rue ont du en profiter ... »
Dans
les années 60, en pension dans une ville réputée pour ses usines
de parfums, je passait mes week-end chez des amis de mes grands
parents, qui cultivaient les fleurs. La cabane existait bel
et bien, mais c’était, en guise de « trou » une énorme
jarre de terre, dans laquelle l’on allait se soulager,distante de
la maison de bien 20 m ! Et le comble du raffinement, c’est
que lorsqu’elle était pleine, on « touillait » le
contenu, puis à l’aide d’une vielle casserole l’on remplissait
des seaux, que l’on déversait dans le système d’irrigation des
parcelles cultivées afin de servir d’engrais ! Écologique avant
l’heure ! A la saison des fleurs c’était impec, le parfum
de celles-ci servait de déodorant, mais l’hiver !! ça
caillait (tout d’ailleurs).
Il
y a plus d’un demi-siècle, les vendangeurs étaient nourris,
logés, abreuvés (je l’ai souvent été au Corbières ou au
Minervois) et dotés d’un seau hygiénique.Nous l’utilisions au
chant du coq, dans une rangée d’isoloirs fermés par des rideaux,
disposés dans un couloir bien aéré, à raison de cinq ou six pour
les hommes, porteurs et charretiers et d’une bonne vingtaine pour
les femmes, la mousèigne et ses coupeuses. Outre son côté
pratique, le seau hygiénique avait un aspect divertissant au plan
musical.
Caisse de résonance de nos embouchures naturelles,
nous étions charmés par un concerto d’instruments à vent
difficiles à orchestrer.
Une joyeuse cacaphonie
qui mêlait flutiaux et hélicons nous faisait commencer la journée
de bonne humeur. Il suffisait de « parler de cul pour faire
rire la figure ». Puis venait le cérémonial du vidage, toute
honte bue pour celui -ou celle- qui avait tiré des coups de
tromblon, inconvénient notoire d’une soirée cassoulet.Nos
délestages voguaient de ruisseau en ruisseau, jusqu’à un
confluent. Le plus évocateur de son triste destin passe sous l’ A
61 et se jette dans l’Aude entre Trèbes et Floure, bien signalé
par un splendide panneau. J’allais vous quitter sans vous dire son
nom : Le Merdeaux...ça
ne s’invente pas.
Dans
les années 70, chez papy, c’était cabanon au fond du jardin,
annuaire effeuillé pendant à une ficelle, mille mouches vertes et
bleues bien dodues, et surtout l’été ça fouêtait
copieusement... Dire qu’il
aurait suffit d’y ajouter de la sciure ou des copeaux pour y
supprimer toute odeur... Curieusement ça ne se faisait pas alors
qu’on connaissait à l’époque les vertues de la sciure dans les
bars pour couvrir les renards....
Ainsi
se termine ce récit épique. C'est avec regret que nous quittons ces
tranches de vie. La modernité s'est installée chez vous, cabinet de
toilette et cabinet fermé de l'intérieur furent les deux éléments
du confort des trente glorieuses. La machine à laver a libéré la
femme, les WC ont soulagé beaucoup d'entre nous. Pourtant, nous
gardons un souvenir ému, de cette période durant laquelle l’eau
potable n’était pas utiliser pour évacuer nos excréments.
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