jeudi 12 avril 2018

Le pauvre voiturier


Le pauvre voiturier



Sur le chemin qui va sur l’eau
Je suis un pauvre voiturier
Qui conduit un train de bateau
Pour l’grand commerce négrier
Sur le chemin qui va sur l’eau
On en m’a jamais expliqué
Ce que faisaient les bateaux
Avec lesquels j’ai commercé

J’arrivais dans le port Nantes
Des marchandises par milliers
Sur ma belle Marie-Galante
Toute la Loire j’avais chargé
De verroteries de Roanne
Et de faïences de Nevers
Tous ces beaux rubans idoines
Qui vous mettent la tête à l’envers

-

Sur des mystérieux trois mâts
Sans savoir ce que je faisais
Je déchargeais tout mon barda
Tandis que je restais à quai
J’attendais que d’autres arrivent
Bondés de ces fèves magiques
Qu’on produisait sur l’autre rive
Elles nous venaient des Amériques

-

Il y’avait des grains de café
De grosses balles de coton
L’armateur était très discret
Sur le négoce des colons
Mais c’est de toute cette mélasse
Que je remplissais mes chalands
Du sucre qui allait en masse
Aux raffineries d’Orléans

Sur le chemin qui va sur l’eau
On en m’a jamais expliqué
Ce que trafiquaient ces salauds
Et pour lesquels j’ai navigué
Sur le chemin qui va sur l’eau
Je suis un pauvre voiturier
Qui conduit un train de bateau
Pour l’grand commerce négrier


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