Ceux
de la Tamise et de Plymouth
Nous
connaissons tous l’incroyable aventure romanesque de Ambroise
Louis Garneray, corsaire, aventurier, romancier, peintre né en 1783
et décédé en 1857. Il navigua sur l’Océan Indien aux côtés de
Surcuf et Dutertre, participa à l'abordage victorieux du Kent,
l’exploit le plus célèbre du corsaire, en octobre 1800. Il
sera ensuite corsaire sur la Belle Poule qui sera
prise en mars 1806 par les anglais. Il est conduit au Royaume-Uni et
passera huit années suivantes dans l'enfer des pontons en rade à
Plymouth. Il a la chance de mettre à profit cet enfermement pour
peindre. Il bénéficiera des commandes d’un marchand de tableaux
britannique qui lui permirent de survivre dans cet enfer. Nous
reviendrons une fois prochaine sur l’incroyable destinée de cet
homme d’exception.
Il
nous donne le prétexte d’envisager le système pénitentiaire de
nos amis anglais. Si la prison était une des réponses pour ceux qui
avaient la chance d’échapper à la pendaison, d’autres
perspectives s’offraient aux délinquants.
Pour répondre
à la surpopulation carcérale on envoya d’abord en Amérique du
Nord jusqu’à la révolution américaine (1775-1783) petits et
grands délinquants. À
partir
de
1787 l’Australie reçut 160 000 hommes, femmes et enfants qui
constituèrent la base de la population blanche.
Mais
revenons à notre peintre français. Si Garneray fut emprisonné à
Plymouth sur la pointe sud de l’Angleterre, d’autres prisonniers
connurent le même sort sur la Tamise. Des épaves de vieux
navires de guerre désarmés devinrent les fameux pontons. Simple
solution temporaire à l’origine, ces prisons de fortune,
véritables enfers, se prolongèrent pendant quatre-vingts longues
années. Les premières épaves pénitentiaires furent amarrées sur
la Tamise non loin de Woolwich, à l’est de Londres.
Le
logement des
prisonniers sur ces pontons s’avéra particulièrement onéreux
pour les finances anglaises. Afin de participer aux frais, les
autorités imposèrent des travaux forcés à leurs prisonniers
prisonniers qui œuvrèrent grandement au développement commercial
de la Tamise.
Les
malheureux prisonniers s’occupèrent du dragage du fleuve afin de
faciliter le passage des navires commerciaux. Les détenus furent
encore mis à l’ouvrage pour l’expansion de l’arsenal de
Woolwich et des quais avoisinants. D’autres étayèrent les berges
en enfonçant des piliers dans la vase afin de prévenir l’érosion.
Les
conditions de vie à bord de ces épaves pénitentiaires étaient
effroyables. L’absence d’hygiène favorisait de nombreuses
infections. Les malades n’étaient pas soignés et restaient parmi
leurs codétenus. Si bien que le typhus, la dysenterie et autres
épidémies encore firent des ravages dans leurs rangs. La mortalité
avoisinait les 30%. Inutile de vous dire que l’odeur qui émanait
de ces cachots flottants était répugnante. Entre 1776 et 1795, 2
000 détenus perdirent la vie dans les prisons de la Tamise.
À
partir de 1779 John Howard s’insurgea contre l’utilisation de ces
pontons. Il souhaitait des cellules individuelles afin que les
prisonniers puissent être mis au travail dans de bonnes conditions.
Une première prison, celle de Millbank, fut construite en 1816 après
un long combat pour cet homme valeureux et humaniste.
Ambroise
Louis Garneray, notre prisonnier français, quant à lui, fut
libéré le 18 mai 1814 quand la guerre entre la France et
l’Angleterre prit fin. Les pontons ne furent pas pour autant
abandonnés totalement. Il fallut attendre 1857 pour voir le dernier
ponton en activité disparaître au terme d’un incendie.
Tableau de
Ambroise Louis Garneray
Ambroise Louis Garneray
bonjour super interressant merci a vous
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