Chants marins
Ils n'ont plus besoin de hisser la grand voile
De rouler les écoutes, de relever la chaîne
Les chants marins sont désormais à la traîne
Désertant le pont pour fleurir sur la toile
Bien de plaisants chanteurs fleurissent sur les quais
Poussant le refrain sans ahaner sous l'effort
Devant le comptoir, ils se montrent les plus forts
Entraînant tous les clients de ce mastroquet
Pour jouer en cadence, conservent le pied marin
Sans comprendre pourquoi ils souffrent du mal de mer
L'estomac chagriné de ces tonneaux de bière
Qui n'ont de cesse que de les clouer à terre
Parfois un capitaine prend une guitare
Offre une rengaine emprunte de nostalgie
Le silence se fait au milieu de la nuit
L'émotion enfin pour les piliers de barre
Son équipage ne voulant pas être en reste
Pousse la goualante à gorges déployée
Les chopes se heurtent prêtes à appareiller
Pour faire escale dans la rade de Brest
La taverne chaloupe en plein abordage
Certains pirates montent dessus les tables
Dans la tourmente de cette bacchanale
Le répertoire finit par prendre le large
Survient alors le plus terrible naufrage
Les passagers déroutés par ce vilain grain
S'abandonnent alors, ce n'est guère malin
Aux promesses d'un mystérieux rivage
Soudain, un déplorable changement de cap
Les dépose toujours sur le quai de la fosse
Le troquet devient un cul de basse-fosse
Un bouge sordide dans la contrescarpe
Vomissent des insanités au bout de la nuit
Le bréviaire du carabin monte à leur bord
Pour une aventure où beaucoup perdent le nord
Lorsque le vent se mue en un terrible bruit
Pour tous, la gueule de bois du lendemain
Constituera alors un très lointain écho
À ces vieux gréements, magnifiques bateaux
Qui firent la gloire des véritables malouins
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