vendredi 23 juin 2023

Marie-Claire, la belle fromagère.

 

Elle fait celle qui se met au vert







Il advint qu'une fermière se mit en tête de se faire appeler : « Exploitante agricole ! » Une drôle d'idée que lui avait soufflée ses chers chèvres, soucieuses de se voir affubler d'une dignité supplémentaire. Les mots savants plaisent à ces demoiselles si promptes à se moquer de la face de leur bouc, qu'elles en faisaient tourner leur lait.


Marie-Claire profita de la chose pour se lancer dans la production de délicieux fromages qui firent la joie des épicurien de l'endroit. C'est ainsi qu'elle compléta son cheptel 15 vaches qui se mirent elles aussi à l''ouvrage et au fourrage. Notre ami avait clairement l'intention de faire son beurre ainsi que quelques produits dérivés.


Le succès fut au rendez-vous au point d'ouvrir une boutique dans la ferme qui devient une exploitation aux multiples facettes. Les asperges pointèrent le bout de leur nez, Marie-Claire se prenant pour la marquise de Pompadour tandis qu'elles ramenaient ses fraises et ses myrtilles sur le devant de son étale.


Comme pour elle, il était question de faire son blé tout autant que son beurre, elle ne lésina pas sur la superficie, trillant sur plus de 50 hectares, le bon grain de l'ivraie. Craignant que des clients mal embouchés ne l'envoient sur les roses, elle songea à les envoyer sur les roses avant que de se persuader de associer avec une fleuriste.


Œuvrant ainsi une vingtaine d'années, elle se faisait appeler Pierrette par ceux qui la voyaient avec ses pots au lait. Mais comme il n'y a jamais de fumée sans feu, elle fit diversion en cultivant trois hectares de Tabac pour ne point mégoter. Le succès fit d'elle une formatrice qui portait la bonne parole auprès de stagiaires en formation BEPA.


Le ver ainsi s’immisça dans les fruits à moins que ce ne fut le virus de la transmission. Elle se reconverti, sans changer sa foi en la nature et ses bienfaits. Elle se fit monitrice de l'atelier Espaces verts, s'appuyant curieusement sur sa formation initiale de mécanicienne en confection pour se bâtir une doublure parfaite. Elle venait de changer de casquette sans vraiment perdre ses valeurs.


De fils en aiguilles à moins que ce ne fut de boutures en marcotages, elle fit son trou à la Maison d'Accueil Spécialisée mouillant sa chemise pour donner bonheur et compétences à des gens un peu fracassés par l'existence. Tant qu'à mettre les mains à la pâte, elle mouilla aussi le faubert pour compléter son emploi du temps et se faire ainsi, indispensable à la Devinière.


Elle se souvint que la Devinière fut également la maison natale de François Rabelais et se fit lectrice assidue de son petit cousin par la cuisse gauche, un Bonimenteur susceptible d'écrire n'importe quoi et notamment ce compliment de départ à la retraite. Qu'elle n'en soit pas surprise, elle mit tant de passion et de dévouement à son travail, qu'elle mérite bien qu'on lui tresse ici des éloges amplement mérités.


Il n'est d'ailleurs ici pas question de la faire devenir chèvre ni même de jouer de l'amour vache. Le temps est venue pour elle de cultiver ses jardins secrets, d'enfourcher sa bicyclette pour s'en aller flâner sur les rives de sa chère Sauldre. Elle y puisera l'inspiration pour d'autres aventures, toutes autant exaltantes.


Il n'est plus qu'à lui souhaiter bon vent et bonne route pour cette nouvelle étape d'une existence qui a démontré qu'elle n'avait jamais les deux pieds dans le même sabot, en bonne solognote qui se respecte.


À contre-faisselle.


 

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