Le Bovidé et le Covidé
Un fier taureau paissant l’herbe d’un alpage
Voit venir au levant un marcheur de passage.
Le sac au dos l’homme traverse d’un bon pas l’herbage
Quand le ruminant intrigué l’arrête sans ambages :
— Holà l’ami qu’avez-vous donc sur le visage ?
Allez-vous à Carnaval ? Préparez-vous un braquage ?
— Je fuis, mon bon, je fuis lui répond l’intrépide,
Fuis ce vilain virus que l’on nomme Covid
Qui frappe les humains sur toute la planète.
Voyageant par les airs, il circule et s’entête
À nous pourrir la vie, parfois jusqu’à la mort,
Les plus fragiles ne pouvant échapper à ce sort.
— Comme je vous comprends compatit l’animal,
Je ne connais ce mal, mais au moins je devine
Qu’il est aussi sournois, fatidique et cruel
Que l’encéphalopathie spongiforme bovine
Qui frappa jadis tout le monde agricole,
Contaminant les étables, rendant nos vaches folles.
La solution trouvée pour nous fut radicale
Scientifiques et sages choisirent l’abattage
De troupeaux entiers et ce fut un carnage !
Ma famille ne dut sa survie, et ce fut là sa chance
Qu’à une pratique d’ici appelée transhumance.
L’homme s’en souvient bien, mais il feint de l’apprendre
Et craint que la situation ne dégénère
S’il vient l’idée à l’animal en soudaine colère
De se venger sur lui des méfaits de ses congénères…
Maladroitement le bipède vient alors s’épandre
Sur l’ampleur de la crise, les mesures sanitaires,
Il explique les masques, le gel et les gestes barrières,
Les parents isolés qui sont laissés en rade
Vieux, seuls, abandonnés tout au fond des ephad.
Il dit qu’on a fermé les bars, les restaurants,
Décrit la quarantaine et le confinement…
— Comme je vous comprends compatit l’animal,
Je ne connais ce mal, mais lors de son passage
Un enfant du bon dieu nommé canard sauvage
M’a raconté comment ses frères domestiques en milieu rural
Nés pour être confits sont aussi pour cela confinés.
Ils vivraient m’a t’il dit enfermés par milliers
Quand la vie d’un canard est de courir daredare
À défaut de voler de la ferme à la mare.
Et pour eux, point de masque, de gel, ni de geste barrière
À la plus petite suspicion de semblant de grippe aviaire
La solution trouvée pour eux est radicale
Scientifiques et sages choisissent l’abattage
D’élevages entiers et c‘est un vrai carnage !
Voyant que l’animal ne saurait pas le plaindre,
L’homme reprend sa marche ayant cessé de geindre
Saluant le tribun de la cause animale il dévale la pente,
Court tel un dératé comme chrétien à Rome
Son but étant d’aller dans un « vaccinodrome »
Mendier la seringue quitte à subir l’attente
Priant Astra et Zeneca à genoux sous la tente
De prolonger un peu son séjour ici bas.
Le taureau quant à lui reste dans les alpages
Vivre dans les nuages le reste de son âge
Loin des gouvernants et de toutes leurs cliques
Surtout loin des conseils, même scientifiques.
Il est moins difficile à l’élite savante et gouvernante de se couper un bras
Que d’avouer humblement que là elle ne sait pas…
©François Chadebec 17/04/2021
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