mardi 27 avril 2021

Le Bovidé et le Covidé

 

Le Bovidé et le Covidé





Un fier taureau paissant l’herbe d’un alpage

Voit venir au levant un marcheur de passage.

Le sac au dos l’homme traverse d’un bon pas l’herbage

Quand le ruminant intrigué l’arrête sans ambages :



Holà l’ami qu’avez-vous donc sur le visage ?

Allez-vous à Carnaval ? Préparez-vous un braquage ?



Je fuis, mon bon, je fuis lui répond l’intrépide,

Fuis ce vilain virus que l’on nomme Covid

Qui frappe les humains sur toute la planète.

Voyageant par les airs, il circule et s’entête

À nous pourrir la vie, parfois jusqu’à la mort,

Les plus fragiles ne pouvant échapper à ce sort.



Comme je vous comprends compatit l’animal,

Je ne connais ce mal, mais au moins je devine

Qu’il est aussi sournois, fatidique et cruel

Que l’encéphalopathie spongiforme bovine

Qui frappa jadis tout le monde agricole,

Contaminant les étables, rendant nos vaches folles.

La solution trouvée pour nous fut radicale

Scientifiques et sages choisirent l’abattage

De troupeaux entiers et ce fut un carnage !

Ma famille ne dut sa survie, et ce fut là sa chance

Qu’à une pratique d’ici appelée transhumance.



L’homme s’en souvient bien, mais il feint de l’apprendre

Et craint que la situation ne dégénère

S’il vient l’idée à l’animal en soudaine colère

De se venger sur lui des méfaits de ses congénères…

Maladroitement le bipède vient alors s’épandre

Sur l’ampleur de la crise, les mesures sanitaires,

Il explique les masques, le gel et les gestes barrières,

Les parents isolés qui sont laissés en rade

Vieux, seuls, abandonnés tout au fond des ephad.

Il dit qu’on a fermé les bars, les restaurants,

Décrit la quarantaine et le confinement…



Comme je vous comprends compatit l’animal,

Je ne connais ce mal, mais lors de son passage

Un enfant du bon dieu nommé canard sauvage

M’a raconté comment ses frères domestiques en milieu rural

Nés pour être confits sont aussi pour cela confinés.

Ils vivraient m’a t’il dit enfermés par milliers

Quand la vie d’un canard est de courir daredare

À défaut de voler de la ferme à la mare.

Et pour eux, point de masque, de gel, ni de geste barrière

À la plus petite suspicion de semblant de grippe aviaire

La solution trouvée pour eux est radicale

Scientifiques et sages choisissent l’abattage

D’élevages entiers et c‘est un vrai carnage !

 




Voyant que l’animal ne saurait pas le plaindre,

L’homme reprend sa marche ayant cessé de geindre

Saluant le tribun de la cause animale il dévale la pente,

Court tel un dératé comme chrétien à Rome

Son but étant d’aller dans un « vaccinodrome »

Mendier la seringue quitte à subir l’attente

Priant Astra et Zeneca à genoux sous la tente

De prolonger un peu son séjour ici bas.



Le taureau quant à lui reste dans les alpages

Vivre dans les nuages le reste de son âge

Loin des gouvernants et de toutes leurs cliques

Surtout loin des conseils, même scientifiques.



Il est moins difficile à l’élite savante et gouvernante de se couper un bras

Que d’avouer humblement que là elle ne sait pas…




©François Chadebec 17/04/2021

 



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