Aubours
et détours au fil de Loire !
An'hui
j'vons vous narrer les aubours et les belles heures d'un baladin de
nos chemins de Loire. Parti d'hez lui, où il était pourtant si
bénaise, il a pris sa besace sur le dos : un hoteziau aferé, pour
s'en aller remonter le fleuve jusqu'à sa Source lointaine. Y'a ben
queques bourgeoisiaux pour le traiter de berlaudin, mais n'en avait
cure, il voulait conter fleurette à la belle dame brune, fille Liger
et sauvage qu'il entendait ben biger dans son lit.
Chaque
jour sans bourdir, il avala les milles à rebrousser la levée et les
berges, à clabauder les gens du voisinage pour trouver toit pour la
nuit et belle histoire à coucher sur le papier. Il se fit colleux
des récits d'antan comme des vies des gens d'maintenant. Sans
décesser une minute, il a égréné les mots qu'il a péché de ci
de là le long de l'eau qui s'étiolait en cet été si sec.
Il
s'est embisstrouillé sur des senquiers mal fléchés, cassé l'nez
sur des barrières de paysans mangeux de berges, mis en danger sur le
frayé des autos. Pourtant, il a pris l'temps de jaspoter avec les
gens du voisinage, d'écouter les plaintes des peineux, les amuseries
d'la pratique des auberges. Trimardeux sur les traverses, y'en a ben
qui lui firent la lippe quand d'autres, mieux embouchés, lui
faisaient offrande de queques sourires ou parfois d'une lichet d'vin.
Sur
l'papier d'un carnet, il a gribouillé ce qu'on voulait ben lui
céder, marinier à pied, il a jeté l'encre noir sur de papier
blanc. Des histoires vraies ou ben fort arrangées, des confesses
grimacières ou des agaceries de bavards. Il en oubliait parfois sa
Loire mais n'avait de cesse que de s'en retourner vers elle et
d'écouter ses plaintes et ses récits. De tout ça, il a engagé
pour les veillées, toutes sortes de balivernes et autres sornettes
qui peuvent tomber dans vos orailles si vous l'prenez l'temps de vous
poser icit.
Laissez
les ouésiaux qui' s'berdillent le long des stands à gogos des
rouyiers de nos louées, c'est la bourse à tertous qui se démange.
Au lieu de vous trépigner sur l'devant de l'estrade, posez donc vos
culs et écoutez ses histoires. Enfeingnantez vous pour un petiot
moment, vous les villotiers en virés et rabedez l'époque où l'on
vous narrait des histoires.
Not'
fille Liger, la Loire, n'est que prétexte à r'devir les pequits aux
yeux émerveillés qui écoutaient le diseur au coin du feu un beau
soèr de veillées. Laissez les mots suivrent le courant, acceptez
que la grand voile se gonfle d'émotions et que le vent de galerne
vous soublaille de sapré belles menteries !
Avinaculairement
vôtre.
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