jeudi 29 juin 2017

La coquille vide ….


La mirifique histoire de l'œuf de Pâques.

Il est ici bien inutile de savoir qui de l'œuf ou de la poule en chocolat a entamé cette mirifique histoire qui engraisse autant les chocolatiers de notre pays de bombance que les gourmands de tous poils et de tous âges, ravis de se moquer, ce jour-là, de la volaille et du fruit de ses entrailles. Il suffit de comprendre que nul coq n'a baigné dans l'aventure pour réaliser en fait que la chose a été créée de toutes pièces et je me fais fort de vous la servir sans coquille.

Depuis l'antiquité, l'œuf, décoré avec amour et fantaisie, célèbre le retour du Printemps. Les poules furent en cette occasion les dindons de la célébration. Elles livrèrent bataille mémorable à ces pauvres moutons qui jouèrent, eux aussi bien souvent, le rôle de la victime, si commode. Pour la fable que je vais vous conter, tout se passa il y a bien longtemps, bien loin d'ici … J'espère que vous goberez mon histoire sans vous étouffer .…

Or donc, en ce temps et en ce pays-là, de braves moutons en avaient assez d'être les seules victimes expiatoires de ces fêtes calotines ! Il est d'ailleurs étrange que l'on célèbre la vie par la mort de quelques milliers de pauvres ovins de substitution. La supercherie, pour eux, n'avait que trop duré puisque ce sont les agneaux qui devaient remplacer au pied levé, le bouc, trop occupé à reconstituer des stocks, si mis à mal par toutes les hécatombes promulguées au nom des obédiences monothéistes.

L'agneau, quoique de lait, aimait à se nourrir d'un bon chocolat éponyme (imputons à son jeune âge ce manque évident de goût). Pour incroyable que cela paraisse, il se trouve que dans ces élevages coupés du monde, la pratique était avérée. Les historiens se perdent en conjectures mais ne remettent pas en cause la fable. Il est vrai que, sous d'autres cieux, des écureuils se targuèrent de semer des noisettes dans leurs tablettes surnuméraires et qu'il existe encore une contrée où des vaches mauves baignent dans une étrange affaire chocolatée ! Tout est donc possible au pays des songes….

C'est dans un élevage de l'île de Pâques -puisqu'il faut situer l'anecdote, n'ayons crainte de fouler les territoires les plus improbables- qu'une fermière avait l'habitude de mouler à la louche son fromage frais d'agnelle. Un agneau facétieux et amateur de calembours et autres calembredaines de mots distordus modifia l'ordre des consonnes initiales et loucha sur un moule. On peut prétendre que l'approximation est tirée par les cheveux, mais rassurez-vous : l'agneau venait d'être tondu pour avoir folâtré avec un berger germain !

Le moule en question avait une forme oblongue rappelant étrangement un petit ballon de Rugby. Comme ce sport était alors parfaitement inconnu en cette île Pacifique, leurs lointains voisins Fidjiens prétendirent y voir la forme d'un œuf. Constatez que l'Histoire tient à peu de chose et que le destin se joue de bien des ironies. À Noël les marrons, à Pâques les ballons de Rugby ! Le Pacifique se fit ainsi Ovale et les gars de là-bas devinrent des sportifs redoutables. Mais ceci est une toute autre histoire ...

C'est naturellement dans l'unique jardin d'un couple de grands-parents aimants que furent dispersés les petits œufs de chocolat pour que des bambins se prennent pour des explorateurs aventureux … Semé dans ce minuscule enclos, l'œuf ainsi moulé de bon lait d'agnelle et de chocolat à l'origine inconnue, attendit longtemps l'arrivée d'un ecclésiastique en mission sacrée pour se répandre à travers le monde.

Il se trouve qu'un jour, de manière fortuite, un bon père blanc, voyant les marmots à quatre pattes fut bien vite attiré par la scène. Ne cherchons pas à épiloguer sur ses motivations réelles ; il est plus conforme à la morale chrétienne d'espérer que ce saint homme aimait, lui aussi, le chocolat. Ne sachant où donner de la tête, il fut transporté d'aise et se promit de revenir en France avec cette belle tradition sous sa soutane.

C'est naturellement par la Loire que la nouvelle se répandit dans notre pays. Depuis quelques années déjà, les chalands transportaient la canne à sucre et le cacao vers Blois et Orléans. Ces deux villes devinrent des plaques tournantes du chocolat gourmand. Les commerçants avisés, ne pas voulant mettre tous les œufs dans le même panier, créèrent bien vite la poule en chocolat pour accréditer l'idée que l'œuf vient toujours de celle-ci.

Les années passèrent, le petit commerce pascal fit des émules à travers tout le pays. Mais toujours à la pointe de l'innovation, un chocolatier abraysien, en visite à la fonderie Bollée eut l'idée merveilleuse de fondre le chocolat dans un moule à cloche. Ne cherchons pas à comprendre les arcanes de ce raisonnement spécieux : la cloche resta silencieuse mais fit grand bruit dans le monde des gourmands.

Ainsi est né l'œuf de Pâques et le Christ ressuscita, nous dit-on, pour profiter de cette belle gourmandise- nous ne sommes pas à un anachronisme ni une fantaisie près-. Il me plaît à croire que cette histoire est vraie, quoique de chocolat, je ne mange guère ! Quant aux marrons de Noël, ils furent bien vite remplacés par des crottes, vous comprenez aisément pourquoi. Le filon était bon, il fallait pousser la bonne affaire plus loin et profiter du moule tant qu'il était encore chaud… Le mouton pensait s'en tirer à bon compte, la gourmandise, hélas, le rattrapa encore. Voyez-vous, en cette belle période gourmande, c'est : « viande et dessert » !

Anachroniquement leur

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