mercredi 13 décembre 2023

De la prose au devers

 

Mes pieds me réclament des comptes


 


 



Mes pieds me réclament des comptes

Je me demande à quoi ça rime

Alors que pour ma grande honte

Mes vers sont en pleine déprime


Toutes mes plumes au vent

Sur mon quatrain à vapeur

Allant toujours de l'avant

Je me prétends écriveur



Pour tous mes poèmes décomposés

La mesure est souvent bancale

Sans aucun rondeau à bien tourner

Pas même le moindre madrigal


Toujours sans compter mes pieds

Je croise quelques rimes

Dessus un presse-papier

Avec lequel je m'escrime



Quand mes doigts viennent à mon secours

C'est pour s'assurer d'un décompte

Que j'épelle en un ultime recours

Pour m'exonérer de la honte


Soudain versificateur

À l'insu de mon plein gré

Je me pensais prosateur

Dans l'émoi d'une épopée



Loin de maîtriser la métrique

Ni même la versification

J'use c'est ma foi fort pratique

De bien des approximations


On ne prête qu'aux riches

Sans qu'il faille des sonnets

Pout tant de strophes chiches

Qu'il convient d'arrimer



Foin de la bataille des genres

Sans déverser dans le sexisme

Mes rimes seront unigenres

Par volonté de dimorphisme


Ne pouvant faire la césure

D'un hémistiche incertain

Paie en petite coupure

L'allégorie du refrain



Si la critique m'apostrophe

La fadaise de l'assonance

Tout au long de mes pauvres strophes

Prouvera mon incompétence


Économe en litote

Pour investir l'anaphore

N'étant pas polyglotte

J'évite la métaphore



Pour la licence poétique

La remarque est hors de propos

La métaphore c'n'est pas pratique

Manque bien trop souvent d'à-propos


Devant l'anacoluthe

La phrase se rétracte

Privant ainsi la turlutte

De son tendre impacte



Je m'y prends donc comme un pied

Comme un misérable échanson

Les quatrains sont estropiés

Par des sonnets à l'abandon


Usant de mots sévères

Le verbe pathétique

Glisse dans un profond dévers :

Vertige extatique



Au pied des vers sans contrefaçon

Faisant la joie des sottisiers

Mes fariboles de Mirliton

Resteront en travers du gosier


La vapeur est condamnée

Et le quatrain déraille

Le poète sera damné

Lui qui s'exclut du sérail



Adieu le versificateur

Sans rime ni la moindre oraison

Lui le misérable verre-siffleur

Délaisse le vers pour le canon ...


Dans l'instant on le maudit

Pour cet affreux outrage

De tant de mots contredits

Pour noircir une page




















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Jouer au chat & à la souris

  Le chat et la souris Un chat perdant une dent de lait Se trouva soudain fort dépourvu Devant cette perte impromptue Q...