samedi 2 décembre 2023

Je hais les dimanches

 

Le destin sans foi ni loi !





Voilà l'aveu qui me coûte le plus, je hais les dimanches ! Le mal n'est pas unique, loin s'en faut. Nous sommes ainsi très nombreux à ressentir un vide immense quand cette journée survient. Et pour notre malheur, elle revient avec une fréquence qui ne cesse de m'exaspérer. Le dimanche est le jour le plus vide de la semaine, vide de tout ce qui fait le sel de la vie.


J'ai longtemps échappé à cette « sinistrose » hebdomadaire en me noyant dans le sport. J'avais, pour dérivatif à ce mal étrange, la tension et le stress qui accompagnaient les jours de match. Le Rugby remplaça pour moi la messe dominicale. Je suis un affreux mécréant que rien ici bas ne peut sauver du blasphème !


Ce jour maudit, tout se ferme. Je sais la remarque contradictoire avec la posture politique qui affirme qu'il ne faut pas céder au plaisir égoïste de faire des courses ce jour-là. Rassurez-vous, ce n'est pas là mon intention. Nul magasin ne bénéficiera de ma visite ce jour-là, c'est un principe auquel je ne dérogerai jamais. Je voue même aux gémonies les malotrus qui abusent de cette sortie marchande.


Non, cette fermeture que je ressens, c'est en moi qu'elle doit se produire. Un vide immense, une vacuité visqueuse m'englue à chaque fois que ce jour maudit survient. Je tourne, je vire, je cherche désespérément à remplacer l'émotion, la fièvre qui me prenaient jadis quand arrivait le jour du match.


Je suis un intoxiqué en phase de sevrage. La cure dure depuis bientôt dix mois et aucun signe d'amélioration ne vient éclaircir ce ciel d'orage. Il me faut trouver dérivatif, activité substitutive pour remplacer cette folie qui me prenait alors. Je cherche vainement, je ne trouve que portes closes et opportunités impossibles. Il me faut de l'émotion, de l'angoisse, du stress, de l'exaltation !


Ce n'est certainement pas devant mon poste de télévision que je trouverai ce supplément d'adrénaline qui me fait défaut. Drucker et les autres présentateurs soporifiques tiennent l'écran depuis belle lurette. Les médias participent à l'anesthésie générale. Il n'y aurait que l'avalanche de football sur nos écrans qui pourrait me donner satisfaction si ce spectacle n'était à mes yeux pire encore que l'ennui qui m'étreint.


Je cherche et ne trouve rien. J'attends vos conseils. Donnez-moi ma dose de surprise et de colère, d'indignation et de réflexion, d'amitié et de fraternité. Trouvez--moi une seule raison d'aimer le dimanche, je vous en conjure. Je vais devenir fou entre ce repas qu'on veut faire traîner et cette après-midi qu'il faut meubler à tout prix.


Je hais les dimanches et je me berce de l'illusion que le mal est nouveau. Il est durablement installé dans mon esprit retors. Je n'ai jamais, à la vérité, supporté ce jour entre parenthèses, ce temps suspendu où tout semble vivre au ralenti. Alors, j'ai cherché, une grande partie de mon existence à combler ce vide avec des ballons de toutes formes.


Que faire maintenant que j'ai rangé mes chaussures de sport ? Je veux trembler et avoir peur. Je veux être saisi par l'angoisse et la crainte. Je veux surmonter ce mal terrible. Je veux me perdre ensuite dans la convivialité et le plaisir du partage. C'est décidé, il me faut devenir conteur et traîner ma besace de contes et de bonimenteries tout au long de notre Loire.


Sauvez-moi de cette névrose dominicale. Invitez-moi à venir chez vous dire mes menteries vraies et mes vérités fausses, vous prendre par la main pour vous conduire auprès d'une Loire de légende. Je suis votre homme et tant pis si j'ai une trouille immense à cette idée. Je crois bien que c'est ce que je cherche vraiment ! Faites-moi aimer les dimanches !


 


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