Musaraigne
Qu'on est pu la comparer à une araignée
Laisse notre petite amie dubitative
La pauvre musaraigne se sent dédaignée
À cause d'une réputation dépressive
Longtemps on prétendit fort abusivement
Que sa morsure pouvait être vénéneuse
Une odieuse affirmation sans fondement
Qui lui colla une image désastreuse
Allonge son museau pour défendre sa cause
Se fait très petite pour rester discrète
Qu'importe malgré tout ce qu'elle nous propose
Rien ne changera sa vilaine étiquette
Le mulot, son lointain cousin, est mieux loti
C'est d'ailleurs pourquoi il construit un terrier
Quand sa commère se cache sous des caillebotis
Où, comble du mépris, dans un tas de fumier
L'habit et la fourrure ne font pas le moine
Le nom que vous portez vous habille pour l'hiver
Musaraigne hérite d'un patrimoine
Qui bouleverse honteusement son univers
Décrétée nuisible elle devient pourchassée
Tandis que mulot hérite de la sympathie
Elle aimerait pouvoir enfin tout effacer
Cesser de passer pour une araignée souris
Son affreux nom vernaculaire la désole
Le lexique lui souffle idée astucieuse
Pour que, s'inspirant de ses petites guiboles
Elle se fasse pour nous tous la musardeuse
Un modeste glissement sans conséquence
Pour une formidable métamorphose
Car musarder entre dans ses compétences
Se persuade même d'en être virtuose !
Ce qu'on dit de vous est souvent décisif
Le patronyme devient pesante charge
Qu'il constitue le rocher de Sisyphe
Un fardeau dont jamais on ne se décharge
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