La solitude d'une cistude
Ultime représentante de son espèce
Pleure la disparition de ses congénères
Autrefois petite compagne des druidesses
Elle vivait ici dès l'âge de pierre
La Loire ne lui réserve plus bon accueil
Bien des pièges se dressent sur ses berges
La rivière est devenue un linceul
Celle qui ne sera plus jamais son auberge
La dernière petite tortue se morfond
Depuis que son beau domaine est dévasté
Des engins monstrueux y construisent un pont
Défigurant à jamais sa belle vallée
Pour que traversent tous ces maudits camions
La cistude a subi bien des outrages
Comme l'odieuse destruction de sa maison
Dans la multitude des autres ravages
Sa carapace ne fit hélas pas le poids
Face à une pelleteuse ou un bulldozer
Elle finira écrabouillée comme il se doit
Au nom de leur dévotion routière
Les transporteurs doivent absolument passer
En dépit de l'absurdité d'une époque
Qui sacrifie notre biodiversité
Au nom de quelques maudits semi-remorques
Dans les étangs de Brenne, elle pourrait s'exiler
Exfiltrée d'une guerre qui se déroule ici
Mais comment peut-elle faire pour ainsi s'en aller
La route est si longue pour gagner le Berry ?
Comme les hérissons, ces malheureux martyres
C'est sous d'autres roues que finirait sa route
Les humains se font pires que des vampires
Pour toutes ces marchandises de la soute
La cistude se résigne à son triste sort
Latingy sera sa dernière demeure
Les impératifs économiques se font fort
Que la faune tout comme la flore s'y meurent
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire