mardi 1 septembre 2020

J'ai la mémoire qui flanche.


Privé de soi !

 


Chaque génération a son repoussoir final. Le crabe fut l'angoisse première des cohortes privées de guerre pour éclaircir leurs rangs. Le Sida a frappé des plus jeunes, fauchant par amour pour montrer à quel point la haine est bien plus facile dans ce Monde. Maintenant, nous craignons de nous dissoudre dans notre passé avec ce mal abominable : Alzheimer !

Il est significatif de constater qu'une société qui se plaît à effacer son passé, à nier le temps, à évacuer les distances se trouve engluée dans un syndrome qui écrase le disque dur, anéantit l'héritage spirituel, enchaîne la victime dans le seul instant présent. On constate, sans qu'il soit heureusement question de maladie, les mêmes difficultés chez les enfants de nos écoles. Passé, présent, futur n'ont plus de sens ; maintenant et tout de suite est la seule expression qui vaille pour une enfance qui devient sans repère et souvent sans père.

À l'autre bout de cette vie de consommateurs sans esprit, la même attitude, cette fois imposée par un dérèglement cérébral qui vient encore renforcer le chamboulement des valeurs d'une société qui se refuse à admettre la dimension du temps. L'inconscient collectif serait-il coupable d'avoir distillé cette monstruosité pour nous rappeler l'importance de la mémoire ?

« J'oublie et je jouis de l'instant présent. Je profite sans me soucier des heurts et des malheurs. Je pense à moi, j'efface l'autre de mon système, je m'enferme dans ma bulle pour ne pas me tracasser de ce que subit mon voisin. » L'injonction à l'individualisme a perverti notre système mental, nous sous sommes isolés dans un égoïsme qui trouve sa concrétisation maléfique dans cette maladie de la dégradation absolue.

La victime commence par se perdre aux autres. Elle subit contre son gré, le désir de nos gouvernants qui peuvent se maintenir au pouvoir grâce à cette absence totale d'empathie qu'ils ont su distiller par cupidité, intérêt et calcul. Elle devient à ce titre le paradigme de l'électeur qui vote uniquement pour son seul intérêt particulier sans idéal collectif.

Puis elle perd tout contrôle. Ne peut plus maîtriser ses fonctions primaires. Elle n'a plus aucune retenue. Elle coule sous elle comme ces gens qui dégoulinent de fric sans aucune pudeur, qui agissent sans se soucier des autres, qui gaspillent, dispersent quand tant d'autres n'ont plus rien. Il y a quelque chose d'analogue dans ces comportements déshonorants.

Puis elle se perd à elle-même, se prive de sa propre identité. Elle devient une exilée en sa propre maison, au cœur d'une vie qui n'est plus la sienne. Se dissoudre au point de n'être plus rien et devoir être caché, écarté des gens ordinaires. Cela ne vous dit rien ? Des gens sans papiers, sans espoir de vie au grand jour.

Je sais la douleur des proches, je devine les souffrances de ceux qui plongent dans ce mal sans retour qui s'effaceront progressivement de la conscience bien avant la disparition du malade. Je ne veux pas ici ajouter à leurs maux par des mots déplacés. Je pense qu'il y a dans chaque plaie qui touche notre corps social quelque chose qui relève d'une symbolique complexe, d'une pédagogie transcendantale. Puissions-nous en tirer des conclusions pour nous-mêmes et mettre tout en œuvre pour faire reculer cette abomination.


Mémoriellement vôtre


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le mystère de Menetou.

  Le virage, pour l’éternité. Il est des régions où rien ne se passe comme ailleurs. Il semble que le pays soit voué aux...