Conseils d’un béotien pour les néophytes.
Une aventure au long cours en canoë sur la Loire ou un de ses affluents réclame quelques précautions préalables. L’hiver va arriver à propos pour vous laisser le temps de vous préparer à ces vacances originales.
La première consiste dans le choix de votre embarcation. Un compromis entre poids, taille, stabilité et maniabilité s’impose. Chacun trouvera midi à sa porte mais l’essentiel est d’essayer votre futur compagnon de route au risque d’un divorce ou d’un chavirement inopiné. Votre position à son bord doit être confortable, vous allez y passer des heures. À titre personnel, j’ai toujours pensé qu’une rame symétrique avec pagaie était préférable à la pelle du canoë même si en disposer d’une permet de varier les plaisirs. Les spécialistes et les puristes s’insurgeront contre cette hérésie.
Essayer votre canoé ou votre kayak suppose de le faire en conditions réelles avec tout le barda. Ce n’est qu’ainsi que vous jugerez de la faisabilité de votre projet. N’ayez aucune crainte, comme pour les grandes randonnées pédestres, vous embarquez toujours beaucoup trop et vous finissez par vous délester au fil du voyage. Pensez donc à user des conseils d’une personne ayant effectué un raid comme celui que vous envisagez.
Le matériel transporté doit supposer un examen rationnel de la chose. Non seulement il faut des bidons étanches mais vous devez apprendre à les repérer, à organiser un rangement dans cette étrange valise mal commode. Vous devez encore penser à l’amarrage des bidons afin de ne pas les voir disparaître en cas de chavirement. Pour moi, la chambre à air de motocyclette découpée en lanières est l’objet idéal à l’utilisation rapide et efficace.
Autre gros problème, la sécurité de vos trésors. S’éloigner du bateau c’est prendre le risque de tout voir disparaître. Il convient non seulement de trouver une chaîne et un cadenas pour votre destrier mais également un dispositif dissuasif pour les petits larcins. Pour les véritables actes de pirateries, vous serez totalement démunis, le mieux étant de ne jamais trop vous éloigner de votre compagnon.
Ce qui suppose donc des roulettes afin qu’il puisse vous suivre dans un terrain de camping ou bien un passage trop délicat qui nécessite une sortie de l’eau. Là encore le choix est primordial et la qualité en ce domaine très inégale suivant les modèles. À vous de penser la chose solide, efficace et surtout d’une mobilité aisée.
Maintenant, sur l’eau il convient de ne jamais oublier le gilet de sauvetage en dépit de la tranquillité supposée de la rivière. Choisissez un modèle confortable, seyant, capable de vous permettre d’aller dans les villages traversés sans passer pour un extra-terrestre. Ceci est une question d’esthétisme mais aussi de capacité à ne pas être repoussé par les autres.
Les chaussures étanches et sécurisées s’imposent. Aller pieds-nus pour une telle aventure est pure folie. Cailloux, verres, canettes et autres surprises sont là qui attendent sournoisement leur heure. Un pied blessé, c’est la fin du parcours. La crème solaire est également dans l’indispensable panoplie de l’aventurier ligérien. Méfiez-vous des ciels trompeurs et n’oubliez pas non plus les lunettes de soleil qu’il convient d’attacher.
Tout attacher, c’est la règle sinon tout finit immanquablement par tomber à l’eau. Chacun trouvera ses petites astuces qui vous viendront au gré des sorties préparatoires. Le sac à dos étanche est indispensable lui aussi pour avoir avec vous vos trésors personnels : carte bleue, argent liquide, appareil photo, ordinateur ou téléphone.
Maintenant place à la navigation. Ne soyez pas galérien. Donnez-vous un programme qui laisse le temps aux rencontres, à la flânerie et aux visites. Ce n’est pas une épreuve sportive. Six heures de navigation sont assez, au-delà ce n’est plus du plaisir surtout si c’est ainsi des semaines durant. N’oubliez pas non plus que toutes les opérations de la vie quotidienne demandent dans pareille aventure plus de temps, de la toilette aux besoins pressants, des repas aux achats pour le ravitaillement. Un véhicule d'assistance vous simplifiera la vie mais vous fera sortir du cadre aventureux. C’est à vous de voir.
L’hébergement réclame une grande capacité d’adaptation. Des opportunités se présenteront à vous pour un hébergement, une nuit sur une toue, un campement sauvage ou bien une proposition insolite. Il convient de ne pas se couper de tels bonheurs par un plan de route trop rigide. Les campings sont pour autant des points de chute très convenables.
Dormir sur une île n’est pas toujours recommandé ni même autorisé. Vous risquez encore de déranger la faune et de provoquer quelques désagréments. Vos besoins naturels supposent alors respect et organisation. Je doute que chacun soit disposé à faire ce qui convient en ce domaine. Même si le sujet peut prêter à rire, il est fondamental et ne pas y songer c’est devenir à votre tour un souilleur de rivière.
La navigation demande connaissances et prudence. Des guides existent, nous pourrions vous les conseiller mais nous préfèrons que vous alliez vous renseigner auprès d’un club de canoë Kayak. C’est ainsi que vous aurez en plus des conseils bien plus précis que ce bref petit texte. La distance que vous allez parcourir est si grande que bien peu pourront vous enseigner tous les pièges qui seront sur votre trajet. C’est ainsi qu’il vous faudra souvent interroger ceux qui connaissent les lieux.
Le passage des ponts est parfois périlleux. Un repérage s’impose quand ceux-ci sont anciens. N’hésitez jamais à accoster en amont et vous rendre sur le pont pour voir d’en haut ce qui vous attend en bas. Si le passage vous parait trop dangereux, les roulettes vous sauveront la mise car un chavirement dans pareil cas peut tout remettre en cause.
Voilà, vous pouvez préparer votre aventure. Elle mérite d’être vécue. Nous sommes de ceux qui pensent qu’elle mérite d’être réalisée en solitaire. Si vous préférez un compagnonnage, choisissez bien votre ami et disposez d’un bateau chacun. Pensez à votre confort. Bien dormir est nécessaire, pouvoir s'assoir confortablement durant les repas et les pauses aussi. N’oubliez pas de nous raconter votre périple, de partager clichés et sensations, rencontres et anecdotes. Votre voyage deviendra alors une occasion d’évasion pour ceux qui n’ont ni la possibilité ni les moyens de le faire. Le partage sera un cadeau que vous leur ferez.
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