mardi 6 novembre 2018

Un petit Air de bien …


Les chants de ma Mémoire.





La chanson Française a accompagné mon chemin, elle a jalonné mon chemin de milliers de refrains qui sont autant de bornes, d'indicateurs du bonheur ou de marqueurs des heurts de l'existence. Il en est même qui se sont installées avec tous les couplets, elles peuplent mon imaginaire, ma nostalgie, ma vison du Monde.

Quand j'ai une histoire de vie à raconter, des chansons s'imposent comme autant d'évidences. Elles font danser les yeux, les conduisent immanquablement vers ces temps de jeunesse où elles furent écoutées pour la première fois. Des phares immenses seront à jamais mes guides sublimes, Brassens, Brel, Vian, Aznavour, Trenet, Ferré, Perret, Lapointe, Dassin… et combien d'autres encore, parfois pour une seule chanson, merveille fugace qui sera toujours mienne.

Ils sont auteurs surtout car ils m'ont élevé dans le culte des mots. Combien de fois, admiratif, jaloux, j'ai prononcé cette phrase stupide mais oh combien sincère «: « On peut mourir quand on a écrit un joyau pareil ! ». Car la chanson est une extraordinaire alchimie magnifique et magique. Elle est la fusion de paroles simples, d'une petite histoire qui est un film, un roman, un conte et d'une mélodie qui la sublime pour lui donner son habit d'éternité.

C'est simple et si complexe, c'est si efficace que rien ne parvient à vous investir aussi durablement la mémoire. Je me souviens d'une femme âgée, touchée par cette abominable maladie qui vous prive de votre propre passé, de la mémoire de votre vie et qui retrouva la joie de vivre l'espace d'une soirée autour des chansons de son autrefois retrouvé.

Seule, il me semble la chanson réunit longtemps après, ceux qui l'ont partagée alors. La fortune, la culture, la santé ne sont plus ces frontières infranchissables : quelques paroles simples sont cures de jouvence et réconciliation sublime.

J'ai toujours constaté qu'elle a aussi ce mérite immense de ne point connaître l'illettrisme. Jamais je n'ai vu un enfant ne pas savoir lire les paroles d'un air qui accompagne sa lecture. J'ai souvent usé de ce support pour travailler en classe, pour ouvrir les esprits, aborder des thèmes délicats, emmener les élèves loin de leurs difficultés supposées.

J'ai alors espéré que les karaokés allaient redonner la joie qui manque à ce pays. Je suis si attristé d'entendre dans nos tribunes cette Marseillaise guerrière qui monte des travées pour exprimer la joie d'un peuple vainqueur. Ailleurs, les nations ont des chants traditionnels que tous connaissent encore et entonnent en chœur. Nous n'avons point de répertoire commun et ça ne semble affliger nul ministre de l'éducation nationale.

Hélas, ces Karaokés furent l'occasion de briller en société, d'établir un jeu de dupe, une micro société de spécialistes qui se gaussaient des petits dérapages des maladroits. Notre Monde ne supporte pas la maladresse, il faut être parfait pour avoir le droit de chanter en public et si possible, jeune, jolie, mince et bien habillée. L'animateur à ses manettes ridiculisent encore plus le pauvre candidat qui n'a pas la voix ni la tête de l'emploi.

Alors, en France on ne chante plus en public ou seulement cet hymne si réducteur. Même au Rugby, je déplore le recul de cette belle tradition ovale. Pourtant lorsque quelqu'un organise une soirée avec textes pour soutenir les hésitations et guitare pour donner le « la » ou toute autre note utile à la fête, le miracle se reproduit et les yeux brillent d'une flamme jubilatoire.

Tout a commencé, pour moi, avec Henry Salvador et Ce lion qui se mourait sur les ondes 'crachotantes' d'une TSF d'alors. Je me revois, emporté par les paroles, rêvant d'un ailleurs que je ne connaissais pas. Nous n'avions ni télévision ni voiture et pourtant qu'est ce que je suis allé loin avec cette chanson si simple.

Beaucoup plus tard, elle fut reprise et je ne puis vous décrire l'émotion et le bonheur de la retrouver aussi vivace, de me retrouver au plus profond de mon enfance avec ce petit air de bien.

    Enchantement mien


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