Tant
de comportements malsains.
Celui qui aime le fleuve
déplore de le voir ainsi souillé et malmené par des comportements
qui ne cessent de m'indigner. Plus le Fleuve revient au premier plan,
plus il est mis en avant par les villes et les collectivités, plus
se pressent sur ses berges quelques personnes qui ne savent pas se
tenir, ni contenir leurs déjections.
Nous voyons sur le cours de
son onde, aller à la dérive, une armée de bouteilles plastiques
qui conduisent à la mer l'insondable mépris d'une société
mercantile. Et encore nous ne voyons là que la face visible de ces
bouteilles de soda. Ceux qui ont jeté celles-ci ont fait l'effort de
remettre le bouchon, d'autres jonchent pour l'éternité les fonds
invisibles.
Pire encore, il y a
désormais la foule immense et malfaisante des buveurs de bière. Il
doit y avoir dans cette consommation particulière l'obligation de
jeter à l'eau la canette vide. Mais cela doit se faire avec éclats,
il faut disperser la marque du forfait, fracasser le contenant sur
quelques quais ou bien de gros cailloux sur la rive. Que c'est beau
ces petits fragments qui brillent au soleil et entaillent à plaisir
le pied de celui qui voudrait patauger !
Ils n'ont rien à envier
aux nouveaux orduriers. Ceux-là aiment à passer la nuit. Ils
boivent des boissons sur-vitaminés dans des contenants métallisés.
C'est à peine compressé que l'objet du délire ailé finit son
parcours au fil de l'eau ou le plus souvent sur les herbes des rives.
Expression même de la modernité, ces boissons infectes jonchent nos
rivières et nos bords de route sans que jamais leurs immondes
fabricants ne soient taxés au nom d'une responsabilité objective.
Puis il faut laisser un peu
de place pour le plat principal. La restauration rapide n'aime pas la
nature, ses emballages imputrescibles l'attestent mieux qu'un long
discours. Les mangeurs à la va vite, font preuve, comment les en
blâmer, de mauvais goût en laissant là ces objets cubiques, des
pailles rouges et blanches et des gobelets contenant un poisson
officiel. Maintenant la Loire, elle aussi hérite des déchets de
notre indigeste société de consommation.
Il reste encore le tout
venant du mépris. Le vélo qu'on a volé et qui finit à l'eau. Il
rejoint les gros encombrants qui aiment décorer les levées et les
digues. Même si la chose se fait plus rare, elle demeure encore, car
il ne faut pas rompre trop brutalement avec les mauvaises habitudes.
Par contre, il y a un geste anodin qui n'a aucune chance de
s'interrompre, c'est le jet de ce mégot abominable qui finit dans la
Loire. Vous savez désormais que ce geste que vous pensiez insipide,
pollue 600 mètres cube d'eau, un argument qui vous laissera de
marbre à n'en point douter !
Voilà tout ce que nous
voyons de nos bateaux de bois qui ne sont nullement épargnés par
vos gestes orduriers. S'ils sont à quai, ils seront alors un
réceptacle ludique pour jeter tout ce qui vous passe par la main.
S'ils sont à portée de visite, vous ne pourrez résister à un
petit arrêt, pour un pique-nique, une soirée desquels vous partirez
sans rien nettoyer. Non seulement, ces embarcations sont fragiles,
elles sont également propriété privée ce qui ne semble nullement
vous déranger.
Hélas tout ceci n'est rien
par rapport aux poids lourds des coups tordus pour le fleuve.
Centrales nucléaires, usines de traitements des eaux, industries
polluantes, agriculteurs traiteurs, pyralène et pire que tout,
l'homme en majesté qui ne cesse de souiller tout ce qui l'entoure.
La Loire est le terrain préféré de tous ces joyeux gougnafiers
sans respect ni conscience.
Quand cesserons-nous de
nous conduire ainsi ? Faut-il que notre espèce disparaisse enfin
pour que toutes les autres cessent de subir ses attaques putrides,
ses petits gestes anodins qui font tant de dégâts, de comportements
égoïstes et stupides en malversations organisées et programmées ?
Laissez la Loire et tous
les autres fleuves et rivières. Contentez-vous de les regarder sans
jamais rien y jeter. Ce sera un premier pas, nous nous en prendrons
ensuite aux brigands patentés, pollueurs officiels et industriels
merdeux !
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