samedi 5 mai 2018

Le Thoureil sous le soleil.



Une fête authentique



La Loire angevine est un écrin de douceur. Celui qui aime à flâner parmi les belles maisons de tuffeau aura son content de sensations et de plaisirs. Il aura le sentiment de se trouver en une autre époque, loin de l’agitation des grandes cités , surtout s’il pose ses pas le long du quai au Thoureil. La rivière y fait quelques circonvolutions, elle se prélasse en majesté ; on ne se prétend pas Fleuve Royal sans raison ! Ici, en tout cas, l'appellation n’est pas usurpée ...

La campagne se met au diapason ; elle vous invite à la rêverie et aux promenades. Rien ici ne vous pousse à l'excitation et à la déraison. Les poèmes de Ronsard et Du Bellay vous reviennent en tête, vous baguenaudez le sourire aux lèvres avec l’envie folle de poser vos valises en ce petit paradis sur terre. Pourtant, aujourd’hui, il y a foule et c’est la fête marinière …

Vous vous surprenez à flâner entre les stands et les exposants. C’est un bonheur de partager ainsi la passion des uns et des autres. Le commerce n’est pas premier ; chacun cherche à transmettre une petite flamme : l’essence même de ce qui motive sa présence ici. Plus loin, les flonflons de la fête demeurent raisonnables : ce n’est pas là encore qu’on viendra nous assommer de décibels tonitruants.

La restauration bat son plein. On y prépare les succulents fouets qui font le délice de toutes les manifestations à l’ouest de Tours. On gourmande, on tartine, on rillette au beurre salé. On aime à se pourlécher les babines ; le pays de Rabelais n’est pas si loin et, pour faire passer le tout, le vin de Loire coule à flots en dépit des appels à la modération qui restent sans effet. Le bonheur est si simple quand on aime à se donner la main ...

On trinque et on chante, on chante pour mieux trinquer et quand on a de nouveau trinqué, une chanson à boire vous invite à remettre le couvert. Personne ne se fait prier ; les mariniers ont mis pied à terre, c’est pour manger et puis rire, chanter et se délecter de ce soleil qui fait rougir des visages, bientôt tout à fait rubiconds. Bien peu , en effet, ont songé à prendre une crème protectrice ; l’imprévoyance est mère de nos chers vices.

Un peu plus rougeaud que les autres, coiffé d’un béret, un curieux individu monte sur une chaise pour haranguer la foule. Loin de lui l’intention de tenir meeting politique. Ici, la farce et la bonne humeur ont été convoquées, oubliant ainsi les tristes mines de nos menteurs patentés. La foule fait cercle et le Bonimenteur se lance dans une de ses tirades alambiquées, un verre à la main pour mieux se souvenir que les histoires passent toujours de bouche à oreille. Les plus curieux boivent ses paroles et notre homme trinque à leur santé !

Quelques passants, séduits par le propos, poussent même la politesse jusqu'à lui acheter son roman d'autant que sa collègue est présente elle aussi. Le soleil, ou bien la belle ambiance de la fête, fait les chalands bienveillants. Il y a une atmosphère sereine en ce beau pays. La soirée se prolonge, la douceur printanière incite à ne pas vouloir partir. On devine enfin les prémices des vacances.

La fête au Thoureil est unique et je vous invite vivement à ne pas la manquer l’année prochaine. Vous aurez même l’occasion d’une balade sur la Loire si vous avez la patience d’attendre qu’une place se libère, à moins que vous ne fassiez belles œillades à un marinier, toujours prompt à se laisser prendre par le bout du cœur ou la promesse d’une bouteille.


Angevinement vôtre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

À quoi rêvent les bateaux qui restent à quai ?

  Partir À quoi rêvent les bateaux qui restent à quai ? Ces éternels prisonniers de leurs entraves Ils ont pour seules v...