Le
transport du vin sur la Loire
La
Loire fut dès l’origine du transport fluvial une rivière à vin.
Les marchands qui venaient de Méditerranée pour aller chercher
l’étain avaient des amphores de vin comme monnaie d’échange
bien avant que la vigne établisse domicile sur nos rives. Nous
allons examiner le transport lié au vin.
Pour
permettre la culture de la vigne des régions deviennent
fournisseuses des territoires vinicoles. Les échalas, ces grands
tuteurs pour la vigne en pin sont ainsi acheminés là où ils
guideront la plante vers le ciel. C’est pour la tonnellerie que le
plus grand négoce aura lieu. Il en faut des barriques et donc
nécessairement du bois et des cerceaux de fer. Le vocabulaire est
riche en ce domaine du merrain aux futailles, des tonneaux aux
poiçons, des traversins aux feuillettes, des busses et des grands
tonneaux blancs qu’on nomme hambourgs, des pipes, des barils, des
barillons, des barioles, des bottes des bottes, des cuves, des
foudres et des muids et nous devons en oublier.
Le
vin nous vient de partout. Vous en saurez bien plus en consultant le
livre « La Loire un fleuve de vins » Ce livre d’Henri
Nochez et Guy Blanchard se trouve aux éditions Thoba’s. Il retrace
l'aventure du plus grand fleuve français intérieur du pays et
l’histoire des vignobles qu'il traverse. Il évoque les hommes qui
ont vécu la grande aventure de la navigation fluviale, de
l'organisation du commerce et des aléas du transport.
La Loire a conservé les traces de plus de deux millénaires d'aventure humaine et commerciale. Elle est le lien naturel entre le nord et le sud de la France et en a longtemps représenté le moyen de transport le plus rapide. Objet de convoitise et de craintes, elle a façonné les économies locales, régulé la vie de milliers d'êtres, véhiculé la peur et la détresse. A Saint-Rambert, à Roanne, à Pouilly-sous-Charlieu, à Digoin ou à Decize... Les hommes ont construit des bateaux, risqué leurs vies pour affronter les eaux, le froid, le vent, les crues et les sables, toujours sous la protection de Saint-Nicolas (avant qu’il ne soit marchand de vin). Les vins du Languedoc, des Côtes du Rhône, de Côtes du Forez et du Roannais, les vins du Beaujolais et du sud de la Bourgogne, le Sancerre... , tous ont transité par la dame Liger.
La
Loire a été appelée à juste titre « le fleuve du vin » .
Le vin n'est pas seulement une marchandise : c'est toute une
culture locale, un art de vivre. Les bateaux transportant du vin, de
même que pour les fruits, ont priorité sur les canaux desservant la
Loire et paient le droit qu’on nomme « La Navigue ».
Les ports de la Loire restaient ouverts pendant la saison de vendange
par préconisation d’une charte royale, le vin doit parvenir à la
cour, c’est une évidence.
En haute Loire le vin complète les cargaisons de charbon. Le charbon étant chargé à Saint Rambert, Brassas, Andrézieux avant le terrible saut du Perron, il ne faut pas charger totalement les sapines. C’est donc à Roanne ou plus en aval que les barriques viennent compléter la cargaison. Ce sont les Beaujolais assez proches ou les vins du Vivarais qui arrivent sur des mules. En Auvergne on embarque des vins de rendement de piètre qualité pour les bistrotiers de Paris. Plus bas, les bateaux chargent des vins plus nobles ; Pouilly, Sancerre, Giennois, Saint Pourçain. Puis ce sont les vins du vignoble du Val de Loire dont l’Orléanais qui sont à leur tour embarqués.
L'académicien Mignot de Montigny écrit en 1752
- « En sortant d'Orléans on traverse un vignoble immense, étendu dans une vaste plaine. Il s'avance dans l'espace de plus de quatre lieues sans interruption, au bord de la Loire jusques et par delà Cléry... »
La vallée de la Loire bénéficie d’un climat favorable et les crues fertilisent les terres tant qu’il n’y a pas de digues. Ce sont les conditions idéales pour le vignoble. C’est ainsi que durant des siècles, le vin du Val de Loire est réputé le meilleur de France avec sa vedette, l’Auvernat, un pinot noir qui, venu du sud, a fait une étape par l’Auvergne.
Le canal de Briare est à ce titre commencé sous le Bon roi Henry IV dans le seul but de pouvoir acheminer du vin sans le secouer jusqu’à la Capitale. Paradoxalement, les canaux vont provoqués la chute du vignoble de l’Orléanais. Les producteurs locaux voyant là une occasion considérable de s’enrichir multiplie leurs surfaces de vigne tout en privilégiant la quantité à la qualité. Ce sont des flots de piquette qui vont arriver à Paris et briser la réputation des vins de Cléry et d’Orléans.
Pendant un certain temps encore, le cout des taxes donne encore un avantage aux vins de Loire puis les réputations vont basculer vers d’autres régions. Mais ceci est une autre histoire. Quant au vinaigre, il fera la fortune d’Orléans, comme quoi la piquette n’a pas que du mauvais. Là encore, gardons-nous de nous gausser et conservons ce récit pour la bonne bouche.
À la vôtre.
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