Totale incohérence
Ce pauvre pantin, planté ainsi en plein champ
Ridiculisé dans ses affreux oripeaux
S'interrogeait sur le but de ses tourments
Tout en subissant les moqueries des oiseaux.
Quel sens donné à sa pauvre existence
Lui a qui l'on confie, c'est du moins ce qu'il croit
La garde de la précieuse semence
Quand souffle dans la plaine le vent de norrois
Chargé alors de repousser tous les glaneurs
Il s'agite dans tous les sens au gré du vent
Pour provoquer dans la troupe grande frayeur
Afin qu'à tire d'ailes elle lève le camp.
Puis la bonne saison approchant à grands pas
Il lui fallut encore repousser les assauts
Toute cette mauvaise graine qui arriva
Sous l'apparence d'une nuée de corbeaux
Contre-eux il connaît son impuissance
On ne les efface pas d'un trait de plume
Ils croassent en pays de connaissance
Se nourrissant de toutes nos infortunes
Ce sont martinets et hirondelles qu'il effraie
Avec ses grimaces et mimiques incessantes
Même si les humains poussent des cris d’orfraie
Quand leur disparition devient patente
Curieusement chaque printemps il s'enrhume
Lorsqu'on le saupoudre d'un terrible poison
Pulvérisé telle une mortelle brume
L'insecticide remplit ici sa mission
C'est alors que l'épouvantail s'interroge
Sur la logique qui prévaut à cette folie
Lui dont on a toujours tressé des éloges
Quand il chasse les volatiles de la prairie
Il découvre que pour tuer les insectes
Rien n'égale la méthode aviaire
Son action lui semble soudain circonspecte
Et d'une utilité tout à fait contraire
Pourquoi faut-il toujours agir à contre-sens
En sacrifiant notre dame Nature ?
Les humains s'autorisent toute licence
Pour justifier nombre de forfaitures
Supplément
La Révolte des épouvantails
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